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  • Les totalitarismes

    L'Occident est en train de devenir totalitaire. C'est l'explication que toute l'opposition au monde actuel est en train de réfléchir et discuter, à différents niveaux. 

    Jusqu'ici caractérisé par son "libéralisme" qui même rendu "néo" par les résidus marxistosistes restait marqué par la victoire symbolique de 91 sur le totalitarisme soviétique, et encore, on passa l'éponge sur le goulag, la distinction entre totalitarisme immoral des nazis et totalitarisme moral attribué au bolchos restait  présente, les vieux cons devenus capitalistes exigeant qu'on respecte leur adolescence, car seul le nazisme était immoral et encore, sauf Azov. Après tout le wolfangel n'est qu'un Z barré et en cela excuse Ouradour sur Glane; bref nous voilà dans le sujet. 

    Les 3 caractéristiques du totalitarisme

    Qu'est-ce que le totalitarisme ? Je dirais 3 choses: une langue, celle de Klamperer, le mot image imposé se devant d'être utilisé pour penser et agir sur le seul réel disponible; une contrainte permanente, la douleur faible devant toujours permettre de garder à l'esprit qu'elle peut s'accentuer si besoin ou par faute; un ennemi collectif identifié avec qui par définition il n'est pas possible physiquement et moralement de négocier. 

    Il faut bien sûr se référer à Arendt et je voudrais exposer ici que je ne suis pas d'accord avec elle, au moins sur certains points, en particulier sur le caractère soi-disant "banal" du mal totalitaire. Le totalitaire est civilisationnel et culturel et se trouve un mode de gouvernement et de domination. 

    Tout d'abord, les 3 caractères du totalitaire sont ceux du dressage ordinaire, et l'éducation qu'elle soit celle des enfants ou des chiens est basée sur ces 3 principes. Système de communication, de maintien et de collectivisation, système de domination tout simplement. Soumis à une vie dans un espace totalitaire, le chien, ou le chinois sont d'accord et acceptent leur sort. L'éduqué aussi, et le caractère non totalitaire d'une éducation n'est du qu'à l'autonomie qu'a su garder l'individu malgré son dressage et qu'on ne lui a pas inculqué, par définition, de force. 

    La liberté d'esprit et la liberté tout court est ce qui survit à l'éducation, charge aux professeurs d'en parler de temps en temps, pour être sûr que leur dressage a échoué au final, heureusement. Certains cours sont ainsi assuré par des profs bizarres, qui à contre-emploi, s'efforcent de montrer l'exemple de l'indiscipline, de l'autonomie, de la liberté et de l'indépendance d'esprit. 

    Les grandes distinctions

    Mais il faut bien sûr passer d'abord par les grandes distinctions classiques du politique rappelées par Arend. 

    D'abord les types de domination (aristocratie, démocratie, autocratie) qui identifient l'entité en charge du pouvoir, ensuite le mode de gouvernement suivant qu'il sépare ou non formation et exécution des lois, ce qui distingue la raison du despotisme. Kant en établissant cela pose tout le débat: la liberté c'est la loi, et la démocratie a deux sens suivant qu'on l'identifie à la liberté ou au pouvoir. Cet admirable mic mac est le terrain de jeux des manipulations, des hypocrisies et aussi de l'histoire... 

    On introduira alors deux axes supplémentaires, l'un de Montesquieu qui introduisit la notion du principe accepté du pouvoir (vertu, honneur ou crainte) et ainsi les notions d'homme public et privé,  l'autre de Machiavel qui introduit les notions de politique intérieure et extérieure. Les deux dualités sont constitutives de tout système de pouvoir et on pourra y voir son caractère d'"ouvert" ou de "fermé".

    Le totalitaire serait alors ce qui dissout les deux distinctions: l'individu est entièrement public et le gouvernement mondial. 

    On commencera par l'individu: l'homme citoyen est égal à tous les autres, et l'homme individu différent de tous les autres. La distinction vie privée, vie publique est fondamentale car elle distingue droit et morale et fonde par là même le possible du droit respecté. Le totalitarisme s'opprime la distinction: la loi règle la morale et la représente. Par là même elle interdit à la personne d'être plus indulgente ou plus sévère que la loi, elle abolit donc le jugement moral, devenu inutile car, forcément, entièrement assuré par la loi. L'homme n'est plus juge, ni de lui-même, ni des autres ni de rien: la loi s'assure complètement de régler toute évaluation. 

    On continue avec le gouvernement mondial: l'homme n'a pas de nation et pas de région, sinon un département dans une administration mondiale, une sous préfecture de l'unique pouvoir. Cela pour sa paix: toute appartenance fractionnaire est source de revendication territoriale ou sociale et se trouve un facteur de guerre. Soumis à une unique loi, on y revient toujours, l'individu n'a qu'un seul président. Le dissident porte atteinte à la paix et se trouve donc fauteur et cause de guerre et du mal suprême: il est donc l'objet de la guerre civile, la guerre juste, la seule, celle que va lui faire le monde entier qui l'entoure. 

    Les lumières

    Il faut bien comprendre que ces deux formes extrêmes de l'oppression sont d'abord des idéaux fondamentaux issus des lumières du XVIIIème siècles, idéaux poursuivis jusqu'à aujourd'hui par toutes les vraies élites et cultivés par les vrais philosophes ceux qui, au sommet du monde, au milieu des plus riches, se sentent investis du pouvoir de régler et d'améliorer le monde dans son ensemble. 

    On note que Kant qui parle de la confédération des peuples et de l'impératif catégorique, inspirateur du juridisme pur est l'un de ceux, sinon celui qui préside au fameux complot. Est-ce un complot ? Plutôt un rêve éveillé qui continue de bruler les coeurs, et notamment ceux des nouveaux jeunes maintenant complètement détachés des derniers feux du nazisme et du communisme et qui ne furent jamais brulés donc par les flammes de l'enfer sur terre du XXème siècle. Ils reprennent tout à zéro... 

    Il suffit pourtant d'avoir connu un militant trotskyste des années 70 pour savoir et comprendre ce qui anima un Netchaiev. Trop effrayés de ce qu'ils avaient pratiqué en secret dans leurs cénacles, les monstres se convertirent au libéralisme social pour faire leur carrière, n'osant partager ce qu'ils avaient vécu. Exactement ce qu'avaient vécu leurs pères nazis ou pétainistes ou bolcheviques : la honte éternelle et impardonnable d'avoir vibré et joui à l'assassinat nécessaire des méchants.

    Les lumières dénoncées par le cardinal Lustiger et par tous les contempteurs des droits de l'homme furent elles justiciables de toute cette infamie. On verra pourtant le concept de Nation se forger dans la révolution bien au delà des idéaux mondialisés des philosophes, comme si l'Europe avait d'abord besoin de se fractionner avant de s'unir, tout en s'unissant pourtant, et ce fut le cas de l'Allemagne, de l'Italie, voire de l'Autriche et de la Hongrie... 

     

    Contre le totalitarisme 

    Qu'est-ce qui peut s'opposer au totalitarisme ? Et bien il n'y a pas grand-chose. Une occasion unique pour les grandes philosophies adossées au christianisme et qui se sentent chargées de restaurer la grande foi que ce monde a maintenant complètement abandonnée. On pourrait conclure avec l'essence de ce qu'avec la religion, l'Occident a abandonné, c'est-à-dire le concept de "salut", seule vraie raison d'avoir besoin (on ne prie que ce qui peut rendre service) de quelque chose d'autre. Il n'y a que quelque chose d'autre qui pourra nous sauver du totalitarisme qui est déjà là... 

    Car le totalitarisme une fois en place agit. En particulier et là Arendt introduit le concept de terreur, il s'agit de rendre la situation effectivement comme on l'a prévu à l'avance. Suppression des classes et des races il faut accomplir dans le réel ce que l'on a théorisé et pour cela bien sur retirer tout obstacle à cela. 

    Le totalitarisme progressiste comme idéologie veut éliminer toute négativité. Par conséquent, sera détruit comme négatif justement tout ce qui critique et dévalorise, seul le positif acquiescement étant toléré. L'éducation et la rééducation sont donc permanentes et constituent l'axe essentiel de la domination, le dressage comme but en soi. 

    Cette boucle fermée de l'éternelle amélioration positive et positivée de soi est l'objectif et la raison d'être d'un savoir technique suprême, seule manière de faire mieux avec soi. Voilà  je crois, le ressort secret de ces formations à n'en plus finir, de ce culte omniprésent du développement personnel, seul objectif de tous. Ou presque. 

    Le groupe "reinfo covid" (1) mentionne et concrétise les deux caractères essentiels du totalitarisme mis en oeuvre lors de la folie covid. Langue et idéologie. 

    La langue

    La langue transformée du monde totalitaire est bien sûr celle qu'a décrit Klamperer, elle fut lors du covid, d'abord une tentative d'effacer le passé et tout le savoir accumulé sur le domaine à considérer: celui des maladies infectieuses. D'abord, on n'a pas un "virus" mais le Sars Cov2 ce qui radicalement différent et niveau, non pas une "grippe" mais "la" Covid. Tout le bon sens médical dispensé par la médecine fut dénié et remplacé par un langage global technocratique entièrement confisqué par l'État. Cela alla jusqu'à l'organisation d'une défiance explicite envers le conseil scientifique, par ailleurs mis en scène selon les besoins. 

    Plus généralement, on notera bien sur l'abus de mots "concepts" destinés à introduire de nouveaux objets comme radicalement nouveaux. Un exemple récent est le fameux "Conseil National de la Refondation". Scandale absolu pour le bon sens (refonder quoi? Rome?), l'histoire (le Conseil National de la Résistance arriva à la fin de la 2ème guerre mondiale, et se trouve un référent transpartisan), et bien sur pour le Conseil Economique et Social, constitutionnel et soigneusement tenu à l'écart de ce qu'on veut dire et faire. Le pouvoir s'exerce par la langue, et le nouveau pouvoir par la nouvelle langue. 

    L'Idéologie

     

    L'idéologie est un scientisme, tel que défini assez précisément en (1: 1.07) et la modélisation abusive, telle que présentée  au début de la pandémie et qui a convaincu les dirigeants occidentaux est sans doute la cause racine du basculement. Il s'agissait d'appliquer l'onction mathématique aux deux domaines collectifs les moins susceptibles d'être modélisés comme peut l'être la physique: l'épidémiologie et l'économie. Ces deux domaines, abusivement mathématisé, et cela d'ailleurs initialement afin de modéliser leurs concepts explicatifs généraux permettent à un discours public mis en oeuvre explicitement de décider péremptoirement.

    On nous annonce ainsi que 1) la modélisation épidémiologique justifie le confinement 2) la modélisation économique justifie le pass sanitaire. Deux foutaises totales que rien, absolument rien ne justifie: bien au contraire, des simples comparaisons entre pays montrent que le confinement n'eut pas d'effet globaux notables et les simples mesures montrent que le vaccin ne protégeant pas de la contamination, son obligation généralisée n'eut pas d'utilité. 

    Le scientisme qui peut se définir comme une conception profondément faussée de la science, qui vise à la considérer comme expression de la vérité sur la base d'une idôlatrie de sa méthode. Tous les discours qui imposent les fameux critères méthodologiques (échanges entre pairs, expérimentation, pratiques) comme critères du vrai sont scientistes, transformant des critères locaux pratiques en critères du vrai. Les fameux critères du "scientifique" qualifient non pas la vérité des résultats scientifiques, mais le discours scientifique lui même (celui qui organise sa réfutabilité) seule possibilité pour produire des résultats provisoirement acceptables, la "vérité" bien sur étant définitivement hors d'atteinte. 

    Outil des idéologies classiques du XXème siècle, le scientisme est aujourd'hui l'idéologie des technocrates, les membres des classes sociales élitaires sous éduquées, ou exclusivement éduquées aux savoirs utilitaires du droit et de la politique, à l'exclusion des sciences, qu'ils ignorent et ne pratiquent pas, et des techniques, jugées secondaires ou à importer. Comme idéologie et donc comme méconnaissance et ignorance, la science scientiste est instrumentalisée comme fétiche, ses tenants n'étant que des subalternes soumis au politique. Car le technique, tout comme le médical et le militaire ne sont que des domaines administrés soumis par définition et donc manipulables. Leurs vérités ne sont que de méthodes, donc de procédures à vérifier et à manipuler à loisir.  

    Formés à l'administratif, les praticiens de haut niveau de ces domaines n'ont bien sur plus de vraies compétences, juste le vernis permettant de dominer les opérationnels et de convaincre les politiques de leur donner tout pouvoir sur les carrières. Loin de la méritocratie, la soumission et l'instrumentalisation deviennent la règle: plaire est le moyen. La conséquence est actuellement en place, partout: tous les domaines techniques deviennent "consultables" c'est à dire organisables par une seule methode de direction, qui ne se trouve même plus politique, mais managériale. 

    Que vous soyez militaire, technicien ou médecin vous ne dépendez plus que du même jeu de slides qui vous hiérarchise et vous met en situation de répondre aux questions et surtout d'obéir. 

    Cette perte d'autonomie des secteurs savants est organisée, d'abord au nom de la gouvernance mondiale. Localisés dans l'OTAN, les grands groupes industriels mondiaux et les laboratoires pharmaceutiques les autonomies créatives ne sont plus nationales et ne se connectent que via les grandes alliances et les discussions transnationales. Elle caractérise aussi bien sur les entreprises "individuelles": il n'y a plus de possibilités d'individuation créative hors le passage dans la moulinette massive industrielle: point de startup qui ne soit d'abord rachetée, point d'entreprises qui ne soit contrôlée par un grand groupe ou par des alliances nécessaires. L'individu local ne peut exister: il est nécessairement inclus dans une structure organisée, qui plus est, et par définition transnationale. 

    Le religieux

    La disparition du religieux traditionnel est général et se trouve être l'une des causes du développement du totalitarisme, ou du moins un phénomène associé à son développement. Se pose alors la question du totalitarisme lui même comme phénomène religieux de remplacement.

    La question est ancienne et tient à la polémique avec le Marxisme, qui introduisit le terme "idéologie" pour désigner le capitalisme et ses soutiens intellectuels, avant de se faire désigner lui aussi comme "idéologie" (cela viendrait de Karl Mannheim dans Idéologie et Utopie). Mais avant cela, Marx décrit bien l'idéologie comme une fausse conscience auto justificatrice à l'intérieur du mécanisme de la superstructure, soumise au moteur violent de l'histoire de la lutte des classes. L'idéologie ne disparait que dans le monde de la victoire finale du prolétariat, qui abolit la distinction. 

    De fait, une telle description du monde est du religieux au sens strict, une réalité souterraine dirigeant un monde créé et qui se consume finalement dans une parousie. Un peuple élu, marqué par son destin célèbre en permanence les rituels de l'abolition de l'individu... Là se marque par contre ce qu'il y a de non chrétien dans le totalitarisme celui-ci voulant abolir l'essence du christianisme qui est l'absolutisation de l'individu, caractère de sa liberté. 

    D'une certaine manière, ce religieux là rompt avec la forme finale du religieux (si l'on peut définir le christianisme de cette manière, sa foi étant en fait abolition du religieux classique) au nom de la mécompréhension de ce qui fut à l'origine de sa décadence terminale actuelle: le refus de la responsabilité morale de l'individu qu'impose sa liberté. L'association moderne de l'état souffrant de l'homme à des circonstances extérieures (sociales ou historiques), rompit avec la seule raison de cette souffrance: l'éloignement du divin, seule justification de la foi qui anime le religieux chrétien. 

    Il ne resta alors que la nécessité du rituel, et de l'histoire totale, le tout basé sur une foi explicite en l'assujetissement du sujet. On en vient alors aux prétentions kantiennes d'Eichman, qui se prétendait bureaucrate aveugle, simplement inséré dans un système de lois. Il mentait. Persuadé par l'histoire nazie, par la supériorité de sa race et la nécessité de l'extermination des juifs, il fit ce qu'il fit avec conscience, volonté et efficacité. Le totalitarisme est voulu, car convainquant, enrichissant et vu comme nécessaire. Ses soutiens sont persuadés par sa nécessité et se battent en conscience, ne l'oublions jamais. 

    On en revient alors à ce qui peut s'opposer à cela. Je parle en connaissance de cause, car je devrais en être... Libéral, post chrétien avec ma génération, anti marxiste enfant je suis le macroniste typique et pourtant je vais voter Mélanchon presqu'à coup sur de manière à exprimer ma haine totale de cette infamie. Que m'a-t-on injecté pour que ma cutie vire de cette sorte là ? 

    Une fille de philosophe (quel macho ! Stiegler est philosophe elle même) nous explique (2) la différence entre les conceptions individuelles et collectives de l'intelligence et de l'inadaptation. Croyant en l'intelligence individuelle (alors qu'elle n'est que collective et socialisée) et donc en la bêtise individuelle (alors qu'elle n'est que collective et socialisée), le monde au pouvoir a substitué lors de la pandémie une gestion institutionnalisée des affaires publiques (en gros l'Etat Nation dont on dispose depuis le moyen âge) par une gestion déléguée, toutes les décisions et leurs mises en oeuvre étant le fait de cabinets de conseils qui ont bypassé tous les experts, tous les profs, tous les scientifiques, tous les ex ministres. Ceux ci ont inventé des moyens inédits de domination du peuple acceptés car c'était pour son bien, et qui ont remplacé défintivement tout débat, représentation ou respect d'iceux : les commissions parlementaires se sont succédées ont évoqués certains problèmes, mais cela fut sans conséquence. Le pouvoir fut reconduit. 

    Comment résister ? La dame pose la question et parle de collectifs variés, il y en a. Encore une tentative pour remplacer  ce qui l'est déjà: la démocratie traditionnelle a cessé d'exister, déjà. 

    (1) https://www.arianebilheran.com/post/interview-avec-vincent-pavan-pour-le-cnt

    (2) Un exposé récent de Stiegler: https://www.youtube.com/watch?v=Z71oV00aqxk

  • Les délires

    Qu'est-ce que le délire ? Je suis bien placé pour le savoir, tenant ici une forme de délire, justement. 

    Il s'agit d'un discours, donc une production communicable mue par ce qui semble raisonnable et non contradictoire, MAIS qui apparait en fait comme "fou" ou inadapté. Cette inadaptation, signe vrai de la folie peut être interprétée de diverses manières par exemple, comme une excentricité amusante provisoire, une exagération signifiante (il faut la retenir, celle là),  une exigence de rigueur, ou, et là on part dans le pire, un rappel au bon sens dans un cas grave. Ceci pour décréter qu'il ne s'agit pas d'un délire, en fait, simplement d'une déviation. 

    Cette déviation peut être détectée dans deux directions différentes. Car le délire, c'est d'abord cet original qui se met à parler tout seul dans le métro, exprimant tout ce qui peut interprété comme cité plus haut. Amusant ou compréhensible il est réel et cohérent simplement inapproprié et manifestement "délirant". Son auteur, qu'on a peur d'avoir à maitriser physiquement et dont on écarte le regard sera sans doute attrapé pendant le reste de son voyage. Drôle, répétant sans arrêt la même incantation, obscène ou hurlant, il mérite d'être mis à l'abri, il a perdu le "sens commun" (et non pas la raison). 

    Mais il y a aussi le monde médiatique actuel. En dix minutes de zap télévisuel, le 31 Mai, l'impression étrange d'être enfermé dans le métro, obligé d'écouter des délires variés de personnes manifestement en pleine crise de folie me saisit, et me glace... 

    D'abord les récits hallucinés des supporteurs anglais ou espagnols fuyant les gaz lacrymogènes de la police française dans les couloirs de métro de Saint Denis à 2 heures du matin dimanche, entourés d'arabes hurlants cherchant par tous les moyens à les détrousser et à les frapper, récits rapportés par des journalistes déplorant tous quelque chose de différent entre les mensonges du ministre, le silence du président, l'hypocrisie des anti racistes, l'incapacité policière, les salaires des footballeurs, que sais-je... 

    Au même moment, le ministre affirme qu'il n'y a pas eu de morts, que les faux billets étaient 30 000 (il parait qu'il n'y en eu que 3000), et que c'est la faute des anglais en fait. 

    Indifférent au football, et déjà convaincu que le département de la Seine Saint Denis, occupé à 50% par l'immigration extra européenne est invivable et doit être cédé, comme la Louisiane ou le département de Constantine, ou récupéré par la force, comme le Donbass, que sais-je, je me permets de ricaner sarcastiquement, riant de me voir pris en plein délire, celui là même que ce même ministre attribue explicitement à l'extrême droite (42% aux dernières élections présidentielles) et qualifie (bien sûr) de "nauséabond".  

    Zappant de lassitude je suis immédiatement mis en face de la mort d'un journaliste français dans un convoi humanitaire, déplorée par la frange pro-Ukrainienne des médias français (frange qui en occupe en fait la totalité, sans que cela ne le leur pose aucun problème, au contraire, l'unanimité en matière journalistique faisant maintenant foi de vérité). 

    Voulant exprimer sa tristesse navrée un commentateur se lança alors dans une diatribe qui afin d'évoquer la cruauté intentionnelle Russe, évoqua aussi les guerres (sans doute passées plus celles de l'avenir espérons-le) où on savait se tenir, un homme ça s'empêche. Un artilleur Russe prisonnier avait été condamné pour bombardement de civils aujourd'hui même. Mon éclat de rire fut bref, puis j'appuyai sur le bouton et me rua sur mon clavier pour délirer à moi tout seul. 

    Au passage j'appris qu'alors que les Pays Bas et bientôt le Danemark se privaient eux même du pétrole Russe, avec le paquet no6 des sanctions européennes âprement négociées cette semaine (pour le gaz on va attendre un peu), les USA voyaient la Russie augmenter considérablement leurs livraisons de pétrole alors même qu'ils étaient sous embargo... 

    La soirée avait commencé avec l'évocation du touriste déguisé en vieille dame qui jeta un gâteau à la crème sur la vitre qui protégeait la Joconde, cela au nom du climat. Un commentateur évoqua la tristesse identitaire de la vie moderne qui rend désespéré et anomique. 

    Ma thèse est différente. Le délire public est officiel, permanent, absolument déconnant et universel en Occident, qui est devenu complètement fou. Seuls les abrutis goinfrés de médicaments ou ivres de tout ce qu'on peut trouver ne trouvent rien à dire à tout cela. Comment réagir sinon en disant n'importe quoi ou alors en faisant n'importe quoi ? Pourquoi réagir, d'ailleurs ? 

    Non, comme dans le métro, baisser les yeux, avoir honte et passer à autre chose. À quoi ? 

     

  • Les sonates de Scarlatti

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