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  • Le Bio

    La malbouffe est ultra rebattue et on doit prendre position. Y a t il des bons et des mauvais produits ? OUI. Le Bio est il bon ? NON !!!!

    On commence d'abord par les résidus de pesticides dans les aliments, dont la quantité mesurée est plus faible dans le cas des produits bios. Les résidus présents dans les produits traditionnels sont contrôlés, et sont en doses faibles, voire très faibles. La quantité de pesticide dans les produits bio est donc encore plus faible, moins que zéro donc...

    On mesure à 3% les productions de fruits et légumes non bios présentant des résidus de pesticides supérieurs aux limites autorisées. On rappelle donc que les pesticides sont des produits chimiques et que l'on contrôle ainsi DEJA leur résidus sur les produits destinés à la consommation... Et de mieux en mieux.

    Les normes

    On commence par la DSE, la dose sans effet. Elle correspond à la dose qu'un animal ingère toute sa vie sans que cela ne lui occasionne aucune espèce de trouble. Elle s'exprime en mg par kg, en fonction du poids de l'animal.

    On continue avec la DJA, la dose journalière admissible par un humain. Elle concerne toutes les substances pesticides, conservateurs, colorants. Elle est égale à la DSE divisée par 100 et s'il  a le moindre doute que la substance puisse être nocive à faible dose, on divise par 1000. Inventée en 1956 par le docteur Mengele (euh Truhaut), elle garantit la vitesse et l'efficacité de l'extermination de toute population humaine de la surface de la terre en le minimum de temps. On ne parle pas de dose, mais de "murge" tant ses effets nocifs et immédiatement mortels sont reconnus.  Diviser par 1000 ? Faut vraiment être con pour croire que c'est assez.  

    Il y a la LMR Limite Maximale de Résidus. Elle est calculée pour que l'AJMT (apport journalier maximal théorique) d'un pesticide soit inférieur à sa DJA. Il y a un LMR par produit et par pesticide. Les LMR diminuent encore les quantités possibles, typiquement d'un ou plus ordre de grandeur (on divise donc au moins par 10 encore). 

    Notons que le "bio" astreint à une obligation de moyens n'est pas justifiable des vérifications LMR. Ce qui fait, qu'on a trouvé des produits bio avec pesticides! (sur 1% des produits, mais bon). Des fongicides, en trace réduites. 

    On rappellera que quand une substance, par exemple du zyklon B, de la mort au rats ou de la crotte de nez de carmignola est présente dans le potage à une dose inférieure à 100 000 fois moins que le minimum admissible par les chtis rats sans qu'ils ne s'en rendent compte, et bien c'est trois fois rien et cela peut être NEGLIGé ! Capito? 

    La culture dans pesticide n'a donc au niveau des produits vendus aucune espèce intérêt, sinon d'en augmenter le prix sans aucune raison notable ou mesurable pour le consommateur. Capito?

    Les risques

    On continue au sujet des risques globaux. Le rapport 2014 sur la sécurité alimentaire considère qu'il n'y a pas de danger à consommer les produits actuels non bios et que les normes en vigueur sont suffisantes. Autrement dit et pour être clair: le bio ne sert strictement à rien. 

    Le dernier rapport dythirambique (2) prouve par a+b que la différence par rapport à des produits déjà sains est minime, la différence du niveau de cadmium étant à se tordre de rire (comment? Il y a du cadmium dans le bio?). 

    Les risques pris par les agriculteurs sont eux aussi minimes: des corrélations vagues, chez certains esclaves mal nourris des plantations intensives brésiliennes qui s'aspergent de produits chimiques à haute dose toute la journée pendant toute leur vie: une mortalité supérieure certes, mais ne serait elle pas due à la cigarette plutôt? 

    En europe, une fois les précautions prises, l'utilisation des pesticides n'est pas dangereuse, si ça l'était on le saurait, déjà que ce n'est pas dangereux et qu'on nous le répète déjà toute la journée... 

    Le glyphosate

    Pesticide ultra connu, le glyphosate est le nom générique du Roundup de Monsanto. 71 % des français abrutis de chez mes deux couilles, d'ailleurs on les appelle les cons et les veaux depuis qu'ils ont voté Macron récemment, sont pour l'interdiction du produit. Reportée à 5 ans par la commission européenne, le dangereux poison mortel, dont  Macron et Hulot ont courageusement porté l'interdiction à dans 3 ans (3 ans de fonctionnement supplémentaire pour les fours crématoires en sortie d'exploitations de l'extermination de masse, on ne pouvait s'en priver, ça nourrissait trop de migrants inemployés) a été mesuré: les agriculteurs américains qui en déversent des tonnes et des tonnes sur leurs plantations depuis trente ans n'ont pas plus de cancers. Ah non, pardon: il semblerait qu'une corrélation infra positive quelque part fasse qu'on ne puisse pas écarter complètement dans absolument tous les cas qu'une liaison puisse éventuellement être faite avec un cas de cancer tous les dix mille ans pour un type de nains globicéphale, on ne peut DONC pas prendre le risque, vous comprenez.

    N'importe quoi, son contraire et le reste: le ridicule, le nauséabond, et surtout, surtout: le mensonger foutage de gueule(3). Mes sources? Les journaux: je ne suis qu'un fasciste désinformé, un monstre. Et bien je vous encule et conchie messieurs et mesdames les cons. Que faire d'autre de logique?

    La nutrition

    On continue par les qualités nutritives. 

    Les différences entre produits bios et non bios du point de vue de la nutrition sont très faibles. Un peu moins de vitamine C sur les pêches non bios (10 à 20%) et un peu plus d'anti oxydants (10 à 20%) dans les produits bios.

    Les anti oxydants sont les substances qui luttent contre les radicaux libres ou "oxydants". Il existe une balance oxydative qui équilibre ces deux forces naturelles fondamentales (...). Manger des fruits et des légumes, ce qui est tout à fait recommandé, même par le carnassier Carmignola, accroit les anti oxydants ingérés. Manger bio pourrait donc diminuer cette consommation, en toute rigueur héhé: ne le faites pas (manger bio), et mangez des pommes et des noix c'est bon en plus. 

    Jusqu'à un seuil de 15 mmol par jour, la consommation d'anti oxydants, dans le chocolat noir, café, myrtille etc, diminue le risque de diabète de type 2 de 25%. C'est bon pour plein d'autres trucs aussi. Et ça se mesure.

    En gros, et pour comprendre, l'indice ORAC des aliments mesure pour chaque aliment son pouvoir antioxydant. Dans les noix c'est 15 mmol pour 100g de l'aliment. Une noix pèse 10g (4).

    De manière générale, on considère ainsi qu'il n'YAPAS d'avantages décisifs à manger des produits bios. Achetez et mangez normalement, il n'y a pas de différence. Bien sur mangez des fruits et des légumes, c'est bon en plus. Voilà.

    Au fait, au cas ou vous n'auriez pas compris: n'achetez pas des produits périmés, rongés par l'acide et qui ont gout d'eau de javel: ils ne sont pas bios, certes, mais surtout non consommables. Si vous ne faites pas la différence, achetez bio et faites vous tatouer "je suis un con" sur le front. Voir le paragraphe suivant. 

    Les cons et les connes

    Un sondage récent (2015) annonce que 67% des acheteurs de produits bio considèrent qu'ils sont meilleurs pour leur santé. Comme il s'agit d'une erreur factuelle, ces 67% de personnes sont donc dans l'erreur. Ce sont des cons et des connes. Dot barre. 

    Le prix

    Toute cette mascarade absurde a un cout. 

    Les produits bios doivent être emballés car sinon il pourrait y avoir des fraudes. Absurdité de l'augmentation du prix des produits, dus à l'emballage en plus bien sur des surcouts liés au respect des procédures de purification. Disons que l'emballage n'est qu'une marque supplémentaire de la pureté. Du papier crépon blanc sans doute, pour indiquer la viriginité, le caractère intouché (sauf par les mouches), la validité rituelle. 

    Une supposition: la connerie publique liée à ces mensonges aurait un but semi avoué: justifier les couts supplémentaires liés à l'achat à nos paupérisés agriculteurs. La pureté a un cout et il faut donner à la quête, les prêtres doivent vivre. Comme si les paysans EUX MEMES n'avaient pas à subir les cout des procédures de certifications et autres normes cacher et hallal absurdes et inutiles qu'on veut leur infliger. 

    Qu'ils se consacrent à la vraie qualité, pas aux respect des doses homéopathiques des tarés en mitre, des prêtres de la pureté imbécile !  Mort aux cons et aux tartuffes ! 

    En conclusion

    Pour finir avec une note intellectuelle cette explosion de haine colérique hargneuse, il faut ajouter que le bio représente en France 5% du marché alimentaire, même si il est en forte croissance (on part de zéro), le label n'étant que prétexte ridicule pour valoriser les couches ou les vernis à ongle. 

    Les éclatantes et permanentes déclaration d'intention au sujet de son avenir et de sa généralisation ne sont que des leurres bavards, expressions permanentes de la volonté d'"éducation" de la population par un discours cynique et sans objet à rebours de toutes les vérités et de tous les bons sens. La motivation de cette chienlit est parfaitement religieuse, obscurantiste et fausse, digne effet de la dégénérescence de notre monde médiatique et intellectuel. 

    De ce fait, nous cessons progressivement d'être occidentaux. C'est à dire rationnels et libres. A quand l'interdiction de cet écrit là même? Après tout je ne suis qu'un incroyant et un mal disant et mal pensant. En Egypte cela est condamné. Je le redis: mort aux cons et aux tartuffes ! 

     

    (1) http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2590

    (2) http://www.fibl.org/fr/medias/archives-medias/archives-medias14/communique-medias14/article/signifikante-unterschiede-zwischen-biologischen-und-konventionellen-lebensmitteln.html

    (3) https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/le-glyphosate-innofensif-une-etude-americaine-relance-la-controverse-5398642

    (4) http://www.thierrysouccar.com/nutrition/info/lindice-orac-quest-ce-que-cest-932

  • La signification

    Il est assez rare de trouver des exposés simples de la difficile théorie de la signification, over populée (qu'est ce que cette expression alambiquée peut bien vouloir dire?) dans tous les sens. On a lu (1).

    Disons d'abord que tout tient au nombre d'entités explicatives. Saussure en voyait deux (signifié et signifiant) comme deux faces de la même pièce de monnaie, la chose étant reprise par les structuralistes. 

    Les deux choses ont des sens et des positions différentes suivant les théories et tout cela est bien embrouillé. Cependant, on doit donner au couple l'aspect dualiste classique, quoique chez grolle, entremélé. Les deux choses sont mentales, concernent le signe, ou mieux le processus de signification, et puis on a bien sur le référent du signe, son objet final. 

    La structure globale est donc en fait ternaire, et cela depuis Platon puis les stoïciens (et enfin les scholastiques qui distinguent "vox", "conceptus" et "res" bien sur. 

    Le Cratyle

    Bien sur Platon s'illustre sur la question. Dans le dialogue socratique appellé le "Cratyle". Il renvoie dos à dos Protagoras (Hermogène) et Héraclite (Cratyle) en niant que le signe soit pure convention ou bien pure nature. Il est (le signe) porteur de "sens", et se trouve être une image (eikon) (et donc non conventionnelle) mais imparfaite (et donc non naturelle) des choses. On a bien une structure ternaire... 

    Au passage on apprendra que l'étymologie de théos (Dieu) est le mot "theein" (courir). Les anciens voyaient les étoiles courir dans le ciel. Les dieux du stade... Il faut considérer que pour Saint Grégoire c'est "flamber" (aithein) et pour Jean Damascène "contempler" (theaomai). Je prends Platon.

     

    La structure

    Restons on en à la structure. D'abord, elle est pour Saussure le "système" (c'est Jakobson avec ses amis russes qui imposera le mot "structure") et ensuite elle concerne la langue, un système fermé autonome indépendant des cerveaux et qui fait jouer les signes toute seule, entre signifié et signifiant. 

    Le mot "structure" s'est trouvé employé bien plus largement dans les sciences sociales et ce n'est pas la même chose. 

    Frege et Meinong

    Frege introduit bien l'essentielle différence entre Sinn et Bedeutung (sens et référence), mais n'oublie pas la Gedanke, la pensée et aussi la représentation (Vorstellung). 

    D'une certaine manière, c'est Frege qui insiste sur un caractère important et qui fit tout exploser au XXème siècle: le sens n'est pas la référence et Vénus qui identifie deux sens différent (l'étoile du soir et l'étoile du matin) est une référence unique qui n'égale pas les deux ipséités. Un nom propre désigne quelque chose et aussi, c'est toute la beauté de la chose, exprime un sens particulier. 

    Cette histoire de référence se trouve critiquée et c'est tout le problème: elle peut désigner des objets fictifs ou des objets réels et c'est tout le problème. C'est pour cela que Meinong différencie existence et subsistance.  C'est pour cela aussi qu'il promeut une notion de la référence à l'intérieur de la représentation: la négation d'une référence, la non existence, a du sens aussi... 

     

    La grande confusion

    On se retrouve alors avec la grande confusion qui m'avait toujours embrouillé: on a en fait 4 termes voire plus, en fait un continuum triangulaire. La meilleure,  et qui me ravit, est que l'on se trouve à citer les 4 activités de l'esprit selon Jung, à l'origine du test de personnalité Meyer Briggs. La pensée, l'intuition, le sentiment et la sensation. On peut alors ranger signifié, concept, représentation et référent. 

    Saussure identifiait signifié et concept, et on peut confondre concept et représentation. Il les identifiait ou plutôt les associait dans le signe, "signe psychique à deux faces".

    Peirce

    Peirce (pèrseuh) (4) mort en 1914, génie patenté mais américain, est bien sur trinitariste fanatique: tout va par trois chez lui et dans sa sémiotique (séméiotique dit il) depuis la tripartition du signe lui même (icone, symbole, indice), les trois catégories fondamentales de l'être (priméité, secondarité et tertiarité), et bien sur la tripartition du signe ou "representamen" en "fondement",(ou "premier"), "objet" et "interprétant".

    Il y a donc bien sur 3 sciences dérivées, grammaire, logique et réthorique et les 3 formes du raisonnement hypothèse, induction déduction. Pour finir, la linguistique c'est syntaxe, sémantique et pragmatique. 

    En gros, la signification est une interaction entre les trois catégories, valable et active partout, et source de toutes les considérations. Les 3 catégories se divisent et au final tout signe peut être classé dans l'une des 10 classes fondamentales. 

    Un signe c'est quelque chose qui tient lieu pour quelqu'un de quelque chose sous un certain rapport. 

    La proposition

    On va au cran d'après, au coeur des considérations Frege Russel: la proposition. D'abord, elle se compare au simple nom (et la chose est d'importance) en ce que sa référence, selon Frege, a une valeur de vérité alors que le simple nom a une référence objectivée. Cette distinction est un fondamental et classifie les philosophies de la signification.

    Pour W., par contre, la signification d'une proposition est une image du réel et donc W. introduit et cela serait son apport fondamental, la dualité de la nature de la proposition porteuse de deux notions différentes: vérité et réalité.

    On en vient à  son fameux slogan: "la signification c'est l'usage", c'est à dire que c'est l'activité, l'application des règles, l'interaction qui fait la signification. Le point intéressant, à rappeler encore et encore est qu'on a ici une approche "vérificationniste" de la signification, de ce qui fait sens: Popper lui affirmera encore et toujours qu'il n'y a de sens (scientifique) qu'à partir de l'exhibition des possible falsifications ! 

    Par contre, W. refuse bien le platonisme des objets mathématiques abstraits, désignés et rendus signifiants en même temps par Frege: c'est par un calcul que 2+2 fait 4, nul besoin d'un objet. "Tout est algorithme, rien n'est signification". De ce point de vue il semblerait bien donc que W. soit bien un précurseur, avec sa distinction entre calcul logique (celui de Russel Frege) et calcul fonctionnel, de la notion de "déduction sous hypothèses"

    Mieux, W. est un intuitionniste, en fait.

    SOAP: Alors que bien sur le positivisme de Frege méprise le calcul et assimile signification et pointage, ce que dénonce le constructivisme pour qui il n'y a que construction, et donc calcul, l'objet indépendant garde un sens: il est le réel derrière la nécessité du calcul et c'est bien cette nécessité là qui prouve le réel. Car l'objet abstrait qu'il suffirait de nommer est un peu trop dans notre esprit déjà. Atteint par un calcul qui pourrait ne pas converger, et bien il se trouve en dehors, et ses propriétés se découvrent hors du langage... 

     

    Linguistique

    On entre alors dans la linguistique à proprement parler.

    La classification des assertions propositionnelles entre jugement de vérité et jugements factuels est subtile et profonde. On peut l'introduire par les modalités qui sont caractéristiques des deux sortes de jugements: 

    -"vraiment","effectivement", "en fait", "réellement" concerne la réalité.

    -"être", "surement", "probablement", "sans doute" concerne la vérité.

    Lacan et le symbolique

    Lacan qui se voulait l'héritier et le ré interprétant de Freud, associe psychanalyse et sémiotique à partir du signifiant de Saussure qu'il met à toutes les sauces et en particulier dans l'inconscient en lui faisant organiser le symbolique. Les signifiant est le symbole, et le psychisme s'insère dans le symbolique. Le signifiant apparait comme très objectifié, il est un code, et le symbolique fonctionne comme un machine cybernétique.

    La fameuse structure de Levi Strauss, squelette de l'ordre symbolique qui préside au phallus est bien là. Un signifiant suprême, un objet G? 

    En passant, les expressions saillies de Lacan doivent être collectionnées: l'inconscient c'est le discours de l'autre, l'inconscient est structuré comme un langage, il n'y a pas de métalangage, le signifiant c'est ce qui représente le sujet pour un autre signifiant.  

    J'y ajouterais une citation mille fois faite, et issue de son public, paradoxalement passionné: "mais bon sang de bon soir, qu'est ce qu'il veut dire? "

    Les actes de langage

    Et puis il y a aussi les "actes" de langage, qui donnent aux phrases des significations au delà de la simple assertions. On promet, on ordonne etc. Il n'y a pas que les assertions dans la vie...  

    L'avenir

    Au delà de ces remarques didactiques, il faut considérer Girard et ses projets tout à fait actuels de révolutionner la logique. Serait on à la limite d'un saut décisif dans un autre monde ? Le fait est que, et toutes ces lectures tournent autour de cela, que nous sommes bien dans le grand mystère dont parlait Wittgenstein: la négation et sa nature asymétrique.

    "Il y a là un grand mystère. C’est le mystère de la négation : les choses ne se passent pas ainsi et pourtant nous pouvons dire comment les choses ne se passent pas". 

    A ce propos, je me permettrais de rappeler que "aletheia", la vérité en Grec est un privatif ("a") du nécessaire oubli de la vérité éprouvé après un bain dans le léthé nécessaire pour revenir sur terre, l'oubli des vérités vraies étant nécessaire...  

    La négation serait donc dans le langage et pas dans la réalité? 

    Ce que je comprends à l'heure actuelle des hurlements girardiens est lié à la fameuse distinction usine/usage: on teste l'objet manufacturé sur quelques critères seulement, et on l'utilise pour tout et n'importe quoi en étant sur qu'il marche... Ce n'est pas pareil ne ne PAS échouer sur quelques points et de toujours réussir sur tout... 

     

    Tarksi et la vérité

    On vient de parler des hurlements de Girard, il faut dire qu'ils sont bien orientés en la défaveur du pauvre Tarski, qui se fait appeler Alfred avec régularité... On reproche à Tarski son obstination circulaire (en fait régressive à l'infini) à définir la vérité en fonction d'une autre vérité dans un soi disant métalangage bien sur, mais lui même indéfini ou plutôt trop facilement défini lui même, et de la même manière. 

    Cette question de la sémantique est bien entendu primordiale et Girard, comme anti réaliste soit faire de la structure de la règle logique (sans doute la règle de déduction, immortelle invention de Gentzen) le seul support de la signification véritable des règles et constantes logiques. 

    On peut donc se passer tout à fait de cette notion cul cul de vérité, voilà l'enjeu. 

     

    (1) http://journals.openedition.org/germanica/2472

    (2) https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2003-3-page-481.htm

    (3) https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/2012-v39-n1-philoso0186/1011612ar/

    (4) http://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1980_num_14_58_1844

    (5) https://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2003-2-page-131.htm

  • Les Foucaldiens

    Une pépite du net, un monument incontournable, est le débat Foucault Chomsky de 1971: 


     

    La personne, le visage et le corps de Foucault, peu présents sur les médias (il est mort en 1984 bien avant l'internet) crève littéralement l'écran. Le débat, animé commence dans le théorique et se termine dans un apothéose de bistrot avec un Foucault totalement déchaîné qui menace Chomsky de l'étrangler avec ses tripes de bourgeois au nom du prolétariat dont la violence sans limites n'a pas à être motivée par une éthique ou quoique ce soit d'autre que la guerre nécessaire, inéluctable et victorieuse... J'exagère à peine, jugez sur pièces.

    Nous sommes en 1971. Dans la fièvre de la discussion fut conçu sans doute ce soir là un ou deux des jeunes hommes de 18 ans qui allèrent danser sur le mur de Berlin récemment chu. Souvenirs souvenirs... 

    On va y aller direct: Foucault, connu pour son homosexualité agressive (on trouva après sa mort un grand sac ou il avait rangé ses jouets d'avant Sida, cagoules, fouets etc), profita de bien des bienfaits de la société américaine lors de ses voyages au pays des hippies à la grande époque. Il n'en revint pas persuadé des libertés bourgeoises au demeurant, ou du moins de pas toutes. La complexité de ses pensées est difficile à sonder et a sans doute des mérites dans bien des secteurs, mais on aimerait se glisser dans ce à quoi il refuse explicitement de répondre pendant le débat: le rôle de la vie personnelle de l'auteur dans l'élaboration des idées... 

    L'homme

    Car la chose est d'importance il me semble, contrairement à ce qu'il dit (que ce n'est pas important): les passionnés du discours acharnés à détecter derrière les pouvoirs les intentions perverses se doivent de se soumettre, chacun son tour, à l'exposé de leur postérieur. La mort par ignorance de l'immuno-déficience acquise, à l'époque on n'en avait aucune idée, n'excuse rien: le monsieur a eu au moins un temps, une vie personnelle intense, en relation avec l'exceptionnel de vies particulières non fantasmées mais réalisées, que ce soit la sienne ou celle de ses amis proches. 

    Bien sur on ne va accuser en plus son cher ami Hervé Guibert d'avoir VRAIMENT découpé des gamins en tranches, comme il l'a décrit, et puis nous avons tous lu Sade, et ce n'est pas Caroline de Haas (quel nom!) qui va dicter nos préférences esthétiques en les marquant par la pruderie #metoo de 2017, mais tout de même. Le siècle de Gödel n'avait pas encore procédé au massacre cambodgien, ni au rwandais, et on se masturbait encore de crimes tordus, au nom de la connaissance.

    Pour un humble hétérosexuel semi impuissant, la ritualisation de la sexualité reste énigmatique. Absent lors du mariage de mes parents, navré de celui de mes soeurs et de mes amis, j'ai échappé à tous les déguisements et n'ai jamais baisé que nu, et sans accessoires autres que mon imagination. Imaginer les princes du savoir en costume, au nom d'une liberté un peu oxymorique, qui plus est alors qu'en public on proclame la guerre du prolétariat contre tous me fait me tordre de rire. 

    Tout cela est bien dans le passé, et le passé adorait le costume, justement. A ce propos on notera l'ambiguité extrême du rôle de celui ci: est il la marque de l'autorité, l'uniforme ayant un pouvoir intrinsèque sur les spectateurs? Ou bien n'est il qu'une source d'excitation, un moteur indispensable pour procéder à la cérémonie ? 

    Les deux aspects sont au coeur de la réflexion sur le sadisme et le masochisme, le cultissimo intellectuel texte de Deleuze sur la vénus à la fourrure (1967) revenant à la mémoire. 

    En gros, le sadomasochisme est il: un sado content de son maso, un double sadisme (le maso n'existe pas), ou deux pratiques séparées sans rapport ? De quoi s'écharper longtemps. 

    Pourtant, Deleuze semble moderne: il veut rompre avec l'emboitement des deux pulsions, qu'il juge daté, l'opposition mâle femelle, actif passif étant à dépasser, avec le freudisme, d'ailleurs, tout en gardant l'inconscient, bien sur, on ne tuera le père (le pré-père, l'objet G, quoi) que bien longtemps plus tard. 

    Pour ce qui concerne les pratiques et ce qu'on peut en dire, on commence par l'interprétation pure "pouvoir": le rapport à la loi. Le sadique s'identifie à la Loi et en la rendant absolument mauvaise et injuste et prend en main donc la totalité du manche pour sa jouissance à lui, tandis que le masochiste joue à fond le rôle du coupable et se soumet complètement à sa punition qu'il accepte le plus totalement possible, à la Loi donc, pour sa jouissance à lui, délibérément moqueuse. 

    Dissymétrique et sans rapport, c'est clair. Freud, lui, le vieux taré, voyait 3 masochismes, dont un féminin identifié apparemment à la sexualité féminine traditionnellement conceptualisée. Il conçoit même un masochisme moral, hors du sexuel. On peut naturellement continuer à explorer le thème, les perversions se classifient avec perversité, et la combinatoire, ah si j'avais le temps, assez volumineuse. 

    Le terme d'algolagnie se doit d'être mentionné: algo c'est la douleur. On la décrit comme une "paraphilie", j'aime bien, les mots sont les choses, comme dirait Foucault. 

    Le(s) mot(s) et la(es) chose(s)

    Au fait "le mot et la chose" c'est d'abord un poème galant un peu tordu de l'abbé Lattaignant:

    "Que, pour vous, la chose et le mot, doivent être la même chose...Et, vous n'avez pas dit le mot, qu'on est déjà prêt à la chose."

    Mais c'est aussi le maitre livre de Willard van Orman Quine (publié en 1960), qui marque la philosophie analytique moderne. En gros, mais on y reviendra, c'est l'indétermination de la traduction: l'expérience (de pensée)  du linguiste face à un aborigène. On ne pourra pas décider entre "lapin", "gavagai" et "expression de la lapinité": la référence est toujours indéterminée ou du moins nécessite un contexte. 

    En gros, on ne peut pas prouver l'existence d'un lien rigoureux entre un mot et une chose. A partir de là on rejette le vérificationnisme (on suivra Popper, d'ailleurs) du positivisme logique. 

    Le best seller de Foucault "Les mots et les choses", parlait d'une chose similaire. Il décrivait "l'archéologie du savoir", des conditions de la connaissance à chaque époque, de l'"épistémé" de chacune d'entre elles. Une introduction perverse au relativisme, et qui se termine par la possible disparition de l'homme des sciences humaines, "comme à la limite de la mer un visage de sable"... 

    Pourtant, il y a le coté sulfureux du nouveau dans tout cela, et surtout: "l’éventuelle récompense d’un certain plaisir, c’est-à-dire d’un accès à une autre figure de la vérité".

    Les deux livres veulent dire la même chose en quelque sorte, même si Quine semble être d'un autre bord... En tout cas, Kuhn et Quine sont proches, et la notion de paradigme ressemble à celle d'épistémé, bien que celle ci soit bien sur totalement inconsciente et masquée de tous...

    L'Iran

    Foucault tout visionnaire des années soixante qu'il était, eut l'oeil tout de même un peu bouché par les voiles noirs de la connerie révolutionnaire. C'était il y a quarante ans, en Iran. 

    Un monument que cet article qui nous rappelle la fin des années 70: 

    https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20180216.OBS2318/foucault-en-iran-il-ne-voyait-pas-les-femmes.html

    "le formidable espoir de refaire de l'islam une grande civilisation vivante"... On voyait donc ce qu'il voulait dire par "prolétariat", "guerre", "prise de pouvoir". En fait un gros con de bourgeois français communiste. 

    Au fait, l'article, tout plein de la rancoeur indulgente typique du féminisme envers ses amants de gauche qu'on éreinte après coup mentionne hypocritement que Foucault "s'intéressait peu au désir féminin". Qu'est ce qu'on se marre.

  • La Gnose

    On lira ici (1). La GNOSE!!

    On a aussi comme référence (2)

    D'abord, Jonas semble ici vraiment scientifico philosophe, intéressé, et passionnant. Il cherche le mythe, l'idée fondamentale, le contenu, le fond... 

    Promenons nous. 

    Les sources

    On doit en faire la liste: 

    - Pistis Sophia, Livre de Iéou (en copte)

    - Evangile de Vérité (Valentin) 

    - Apocrypkon de Jean, Sophia de Jésus (barbelognostiques) 

    - Hypostase des archontes, Origine du monde

    - Les écrits manichéens

    - Les écrits Mandéens

    - Poïmandres (Hermes Trismegiste) 

    - Actes de Thomas, Odes de Salomon

    - Extraits de Théodote

    Et bien sur les oeuvres des pères, Irénée, Tertullien, mais légèrement critiques, hélas. 

     

    On doit mentionner Plotin qui dénonce longuement les gnostiques dans les Ennéades.

     

    Les gnostiques

    - Valentin (165), puis ses disciples Ptolémée et Marcus. La gnose syro egyptienne.

    - Basilide un disciple de Simon le Magicien, l'homme des 365 cieux.

    - Carpocrate, le libertin, dénoncé par Irénée

    - Marcion

    - Mani l'inventeur du manichéisme, la première religion d'Augustin.

    Les Thèmes

    D'abord, cette question de la lumière disséminée dans le monde: elle est un fondamental, et une figure magnifique. Ces gouttes mélangées dans les ténèbres et qu'il faut recueillir partout. La raison du mélange reste obscure, et apparait de toutes façons comme une dégradation des ténèbres. Comme si on pouvait faire plus mauvais encore, par une contamination. 

    Il faut noter cette logique de l'infime et définitive présence: le principe du bien ne souffre pas la dilution, par définition. N'est ce pas? 

     

    Les gnostiques eux mêmes

    Citons Irénée, au sujet des inventions successives des gnostiques, incroyablement imaginatifs et prolixes:

    "Chaque jour l'un d'eux invente quelque chose de nouveau, et nul n'est tenu pour parfait s'il n'a cette manière de fécondité". Les gnostiques sont des spéculateurs, libérés de tout, ils généralisent, inventent et signifient à tout va. 

    Tout cela va très loin, en fait, et se trouve être radicalement nouveau. C'est ce qu'il faut retenir. 

     

    La gnose

    Ensuite le mot lui même, la "connaissance": elle est celle de toute l'histoire, celle d'un monde mauvais, conçu et crée justement par l'ignorance et la bêtise. Elle est connaissance de la sortie du monde, de la traversée des sphères, des ciels mauvais vers la lumière, vers le haut. L'homme pneumatique se sauve par la connaissance de tout cela qui est de manière ultime la connaissance du Dieu. 

    La question de l'ignorance est fondamentale: elle n'est pas privation mais force active, élément ontologique primordial. Elle est un trouble qui saisit le divin, élément de l'histoire du divin, elle est de plus ce qui "fait" le monde, ce qui le constitue. Par opposition, la gnose, connaissance pneumatique humaine est l'inverse de l'ignorance divine...  

    Les Archontes

    Le monde c'est celui des archontes ou éons, au nombre de 7. C'est bien cette histoire des sept "vêtements" superposés, au nom des différents noms qu'on donne au dieu Juif: Sabaoth, Adonai, Elohim, Iadalbaoth, Astaphaï, Iaoh, etc. Archontes, ceux qui règnent sur leur sphère. Iadalbaoth est le principal, c'est lui le démiurge. 

    En gros, on a aussi les 7 planètes: lune, mercure, venus, mars, saturne, jupiter, et le soleil qui leur correspondent, chacune a son archonte. Ce sont un peu les archanges chrétiens ou juifs. 

    Au fait, les Yézidis ont leur archontes. 

    Et puis il y a l'ogdoade, la 8ème chose. 

    En fait tout ça n'est pas clair et la plongée dans les délires de Valentin ne peut pas laisser intact. Au fait que le personnage soit considéré comme un saint et qu'on le fête pour une raison obscure de viol perpétré dans le passé m'a toujours hérissé... 

    Disons qu'il y a 4 couples d'entités, c'est l'ogdoade égyptienne: Heh, Kekou, Noun, Amon et la paire (ajouter "et" pour avoir la femelle). 

    Il faut mentionner les "douze" (les signes du zodiaques) autre expression du multiple mauvais. Au fait le zodiaque c'est la religion astrologique babylonienne, celle des mages... 

    En gros, il peut y avoir jusqu'à 365 mondes différents superposés, tous mauvais tous image de la terre et des empires en couches, en sphères (mais qui contiennent des fragments de lumière) et qu'il faut "traverser" pour monter vers la lumière.

    Ce monde est dirigé par le "heimarméné", le destin, et aussi le gouvernement des archontes. 

     

    Le Dieu inconnu

    Lieu de la théologie négative, la description du dieu inconnu (celui qui n'existe pas, selon Basilide) est forcément hors de tout existant qui l'associerait au monde. "Porteur de tous les noms, comment t'appellerais-je?".

    Il est au début en repos complet, il est abime,"pré père" (proarkhé), et coexiste avec Ennoia, la pensée, la grâce et le silence. Ils conçurent Nous (l'intellect) et Alétheia (la vérité). De là sont issus Logos et Zoé (la vie), puis pour compléter l'ogodade primitive "homme" et "église". On notera l'émission par paire male femelle, structure répétée partout. L'ensemble, c'est le plérôme, la communauté divine, complétée par la fécondité de Zoé et d'Eglise: 10  et 12 éons de plus et on se retrouve avec 15 couples en tout. Sophia est le dernier éon féminin. 

    Nous, le fils unique est seul issu de pépère, est le seul du plérôme à voir papa. C'est cette ignorance du père, commune aux éons, qui devient chez le dernier d'entre eux l'angoisse, et l'apparition de la "limite".

    On a alors création de la dualité primordiale, émise de l'un. 

     

    La chute de Sophia

    Il faut alors détailler l'histoire de la création.

    Sophia, la "sagesse", Pistis Sophia, tente de créer, elle aussi, par elle même, sans son conjoint. C'est l'erreur de Sophia, qui crée la limite, le voile, qui sépare lumière et ténèbres et crée l'ignorance. C'est cette faute qui crée le dual, le deux... 

    Sophia c'est aussi Sophia prouniko, la lascive, la prostituée. C'est Barbelo chez les barbelognostiques.

    Au fait, le 7ème ciel c'est celui qui est juste sous le voile qui sépare le haut du bas. 

    La projection de son désespoir, c'est l'être à face de Lion, Iadalbaoth, son fils le démiurge qui se prend pour Dieu. Il crée 6 Archontes mâles et femelles. Il est le premier archonte, né dans l'ignorance et la honte. 

    La création de l'homme par les archontes, à l'image d'un dieu qu'ils avaient vu dans l'eau. Et il y a 7 parties du corps/ame, une par archonte (nerfs, os etc).

    Cependant, l'oeuvre n'arrive pas à se lever. Il faut donc lui souffler un peu de pneuma pour qu'il s'anime. L'auteur du complot est le Dieu de lumière, et les archontes sont trompés: leur créature leur est devenue supérieure ! Ils l'enferment donc au fin fond de la matière. 

    C'est Sophia qui envoit le serpent pour tromper les créatures de Iadalbaoth et les pousser à manger le fruit de la connaissance (héhé). D'où les cultes ophiques, du serpent, pour célébrer le premier acte de la gnose. Ceux du serpent. Il y a la figure d'Asclepios, concurrent de Jésus, le dieux médecin avec le bâton aux serpents et la constellation. Le serpent d'airin des ophites a la  même forme et un succédané, le serpent Glykon eut un grand succès. 

    La suite

    Il faut mentionner la création des éons Christos et Esprit (qui se trouve donc femelle), destiné à communiquer aux autres éons la gnose qui doit les calmer. Valentin raconte même que Christos fut fils de Sophia, mais remonta au plérôme et laissan Sophia dans les ténèbres d'où elle suscita le démiurge. 

    Jésus est un éon, le seul a n'avoir pas de femelle... Il alla voir Sophia est la libérer des 4 passions (crainte, tristesse, angoisse et supplication). 

    Il faut mentionner qu'il y a en fait 2 Sophia, une d'en haut et une d'en bas, celle qui n'est plus dans le plérôme. 

    Une autre histoire, celle du viol d'Eve par Iadalbaoth, ce qui fit Cain et Abel, tandis que Adam eut Seth avec Eve...

     

     

    Les deux modèles: la Syrie et l'Iran

    Jonas distingue deux modèles, suivant que la dualité est intrinsèque (Mani, l'Iran) ou issue du drame divin (Valentin, la Syrie). Dans les deux cas, le salut est celui du Divin lui même, c'est l'idée "orientale" du Dieu à sauver... 

     

    Le libertinage 

    Il faut bien sur aborder l'épuisement du mal par sa réalisation totale. Il faut bien voir qu'on trouve ici le mélange de toutes les représentations du mal en occident, avec bien sur le fantasme du tueur en série, mais aussi le pacte faustien et la métempsychose: l'âme doit vivre la totalité de la vie avant de monter vers Dieu, et elle se doit d'accélérer son destin en hâtant l'épuisement des expériences nécessaires, condition de l'extase finale ! 

    On a là Pythagore, le Karma: tout ce qui permet d'échapper à la "roue des naissances", au monde quoi. 

     

     Le Cosmos et la thèse

    Il faut bien comprendre l'opposition frontale et drastique du kosmos grec, expression de l'ordre et de l'harmonie, et de l'heimarmene gnostique, l'ordre mauvais, étranger. Le gnostique a plus de solidarité avec l'homme, son semblable, qu'avec le monde globalement mauvais, et qui n'est plus porteur de l'harmonie globale. 

    Le corps appartient au monde, mais il contient l'étincelle, le "pneuma", l'esprit.  De ce point de vue, il n'y a pas de faute humaine, ou de culpabilité, bien au contraire: c'est le monde qui est coupable et mauvais. 

      

    Et il faut en venir à la thèse de Jonas, quand à l'héritage gnostique aujourd'hui. En gros, le gnosticisme et d'une certaine manière -avec- le christianisme (le reproche, et le constat, affleure) rompt avec l'équilibre vertu/nature du monde antique: c'est le reproche de Plotin. Car la vertu grecque, magnifiée par le stoïcisme, est acte de transformation naturelle de la nature: l'effort est mise en acte de la nature. L'"harmonie" stellaire est musicale. 

    Cette harmonie, est l'"arétê", l'"excellence", traduite par "vertu", caractère de l'accord avec le monde. La gnose promeut son contraire... 

    Le gnostique refuse et inverse tout cela: les "sept" planètes dont font partie Soleil et Lune assimilés à leur numéro et privés de toute vertu physique, ne sont que les parties mauvaises du cosmos méprisé.

    Le monde passe, c'est l'attitude "acosmique", "comme s'il n'existait pas"... 

    De ce fait l'homme gnostique se sent plus proche de l'humain quel qu'il soit, car portant potentiellement le pneuma, que du cosmos parfait: il a inversé le rapport de la vertu ! 

    C'est la raison du "libertinage", qui va jusqu'à nier la loi, manière pour le démiurge d'asservir les psychés méprisées. Bien et mal sont indifférents, purement mondains et radicalement différents du sentiment de la liberté pneumatique. Ce sentiment de liberté est lutte contre tout esclavage ou obligation, issu de la volonté démiurgique d'asservissement psychique: on redoute les démons intérieurs qui en sont la manifestation.

    Ainsi, le dieu inconnu ne porte aucune loi, aucun "nomos".

    Mieux: la liberté intérieure, pure lumière est valeur inconditionnelle absolument soustraite au monde: l'or dans la fange ne se transforme pas et le salut du pneumatique est inconditionnel. 

    Jonas alors évoque les vertus chrétiennes, elles aussi anti cosmiques et qui refusent l'arétê: l'homme est insuffisant, et doit être "sauvé". Sauvé de quoi? Nous sommes bien là dans la méconnaissance et le déni de cette histoire de "salut" qui reste pour moi une sorte de point aveugle...  

    En tout cas, la chose est claire, les gnostiques en veulent plus à l'antiquité classique qu'aux religions qu'ils concurrencent, et c'est là le fond de l'affaire: c'est la revanche des barbares. 

    (1) https://www.scribd.com/doc/229496792/Hans-Jonas-La-religion-gnostique-pdf

    (2) http://compilhistoire.pagesperso-orange.fr/gnosticisme.htm