Les passions historiques
Le mot "passion" s'applique à la passion du Christ, mais aussi à la collection des timbres, sans parler de la passion, ou plutôt "des" passions religieuses, toutes confondues et distinguées.
On voudra ici voir le monde actuel à cette lumière-là, tenaillé que je suis par l'immense désarroi de voir ma civilisation occidentale déraisonner complètement et en même temps, s'effondrer brutalement.
Le jugement est celui que l'on veut porter sur Israël en lutte contre les palestiniens. On parle de l'erreur de son gouvernement à droite depuis 30 ans, de son premier ministre réélu plusieurs fois, de ses colons criminels dont les voix forment le pivot de la démocratie israélienne, de son apartheid pour décrire la situation des non citoyens, de son génocide pour décrire des opérations militaires instrumentalisées pour cela, et aussi des "Palestinens" pour décrire l'une des factions qui les représentent, parlant de tout sauf d'un "État", car pilotés par des fanatiques religieux, expression de la forme active de l'islam politique international, les frères musulmans, sans parler d'une solution à deux États dont absolument personne ne veut, et surtout pas la faction citée dont le seul objectif est la destruction de l'État d'Israël.
Derrière ce qui pourrait être décrit comme un malentendu global, doux euphémisme, il y a une réalité qui n'est pas évoquée, et pour cause, elle dépasse conceptuellement l'occidental moyen, cet être rabougri et stupide, qui groupé en masses consommantes ne peut faire l'objet que de campagnes de communication à son niveau d'appréciation: la passion religieuse est à l'oeuvre et déverse sa lave surgie des profondeurs sous les yeux ébahis de dormeurs ignorants.
Cette passion est elle absente de l'ouest du monde ? Pas tout à fait, et au combien, on va le voir.
Au Moyen-Orient, les volcans sont deux. Le Juif d'abord, rallumé pour la création de l'État d'Israël et de son développement dans l'adversité, avec un moteur assez cylindré, en gros celui qui anima la création première du royaume Hébreu sur ces mêmes terres. Le Musulman ensuite, qui fut dès l'origine en compétition d'amour/haine avec le judaïsme dont il prit le monothéisme et l'orthopraxie tout en le haïssant d'emblée de ne pas s'être soumis. La mosquée d'Omar fut construite dans les tout premiers temps à Jérusalem, lieu du voyage céleste du prophète, on ne peut pas faire plus originel et plus concurrentiel. L'islam est édifié sur la soumission nécessaire du juif.
La confrontation des deux volontés, folies et passions est conflictuelle par essence, par nature et par nécessité. Imaginer une "solution" à cela hors le refroidissement hybridé des deux laves après lent endormissement des deux volcans est une naïveté.
Pour l'instant, ce qui se déroule est la violence des tentatives de détournement des flots visqueux bouillants. En banaliser au nom du droit international le caractère tragique est une naïveté et une ignorance. Surtout que l'aveuglement en forme de déni d'un drame relativement comparable qui se termine doucement à quelques kilomètres est patent: le chiisme résiduel alaouite se confronta dix ans avec un terrorisme sunnite financé par le golfe au nom du marquage à la culotte de l'Iran. La fitna originelle de l'islam, qui ne devait rien à l'antisémitisme, ni à la résistance palestinienne, occupa les gens un certain temps, et les traces laissées, braises jamais éteintes, sont toujours là.
Reprochez sans trêve aux musulmans échoués en Europe leur déni et leur silence sur le prodigieux massacre d'arabes commis en Syrie sur des civils de toute obédience: ils s'en foutent. Parlez-leur des luttes territoriales menées aux confins de l'Irak et de la Syrie par des mouvements islamistes directement inspirés par le plus strict respect de la pureté originelle de l'islam: ils s'en branlent. Parlez-leur des Yézidis massacrés par Daech, ils rigolent; des Kurdes massacrés par les Turcs, ils vous regardent éberlués.
Avoir la moindre naïveté sur l'ampleur des dénis manipulés qui maintenant ronge l'Occident abruti tétanisé par son invasion en cours est impardonnable et on a fait le tour.
Un souhait et une espérance: que l'armée israélienne, à n'importe quel prix, je dis bien à n'importe quel prix, écrase et détruise l'organisation militaire du Hamas, puis négocie un statu quo pacifique avec ce qui restera d'autorité palestinienne assez corrompue pour se taire face au réel d'une reconstruction qui prendra du temps. La seule chose à faire: laisser la lave refroidir.
On n'a pas tout dit, cependant. Alors que la passion religieuse moteur de l'histoire, motiva les puritains à quitter l'Angleterre, et joua son rôle en Amérique du sud, tant celle des Aztèques dégouta les espagnols, sans parler de l'obstination qui poussa les jésuites à faire des hommes nouveaux, et aussi des prêtres à tout convertir; regardez le résultat... Les passions chrétiennes subvertirent l'Amérique en gros, et aussi une partie du moyen orient, et cela sous l'orbe musulmane, qui plus est... Il n'en reste plus grand-chose, sauf l'étrange passion qui pousse le pape lui même à encourager la submersion: mais pourquoi diable ne réalise-t-il pas que c'est sa mort qu'il promeut ?
Mais l'autre aspect est bien sur le woke, nouveau christianisme, nouveau transhumanisme: il ne s'agit plus de voir Dieu mais bien de le devenir, en abolissant les sexes et aussi les races (surtout la blanche, seule à troubler la fête), le ver est dans le fruit, et les persécutions ne seront pas efficaces, bien au contraire... Cette passion là déferle, et la guerre en Ukraine en est le premier vrai symptôme: c'est bien pour devenir "européen" c'est à dire woke, que le peuple d'Ukraine s'arrache au monde orthodoxe et se trouve prêt à mourir en martyr pour cela. C'est au nom de la nouvelle foi que l'Europe se ruine, concurrençant la dévotion morbide de son nouveau captif, qu'elle doit finir par aider: le parlement français en a décidé ainsi.
On ne peut rien faire contre la lave.