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  • Les sexes

    À l'occasion d'exposés variés de la part de scientifiques variés, une petite mise au point au sujet du sexe, élément fondamental caractérisant pas mal d'espèces animales dont la nôtre, et qui se trouve remis en cause par des jugements erronés faits et pas découragés par des personnes fragiles généralisant au nom de fantasmes mal placés des communications pseudo-scientifiques mal assimilées. 

    D'abord, la binarité mâle femelle imposée par le principe de la reproduction sexuée, inventée assez tôt dans l'histoire du vivant, disons il y  un bon milliard d'années. Incontournable et obligée, elle détermine biologiquement une appartenance à la partie (l'une ou l'autre) des individus qui ressortent d'une appartenance non quelconque à l'un ou l'autre des rôles asymétriques qui gouvernent la vie personnelle. XX ou XY marquent les chromosomes, le chromosome Y tout petit (150 gènes en rapport avec 1500 gènes pour le X) caractérisant l'homme. Rassurez-vous messieurs, la femme n'a pas d'avantages sur ce point, non seulement elle a comme vous un chromosome X, mais en plus, elle inactive l'autre X c'est le principe de l'"inactivation du X".

    Mais aussi, et cela je ne l'avais pas réalisé, il faut savoir que toutes les cellules, et pas seulement les cellules sexuelles, ont les chromosomes X ou Y. En fait tout l'organisme d'un humain quelconque est sexué. Le moindre des cheveux ou des ongles a son XX ou son XY, et donc, si on est femme, on l'est "jusqu'au bout des ongles". De quoi décourager les pauvres transgenres, accrochés à leurs hormones, qui en se tranchant qui les seins qui les testicules, ne font que se débarrasser d'une partie assez infime de leur problème... 

    D'autre part, puisqu'on parle d'hormones, il faut bien comprendre que ces transmetteurs en charge de la régulation de l'activité corporelle dans des domaines aussi variés que le sommeil ou la pression artérielle, ne sont pas actives au début de la vie, alors que l'embryon se comporte déjà de manière très différente suivant le sexe génétique de l'individu. De fait le blastocyte, l'embryon 100 cellules est déjà sexué et se nourrit et grandit soit en bleu soit en rose, et cela avant même que les hormones jouent un rôle ! Avant toute chose pour un être, le sexe est déjà là. On ne change pas de sexe, car on est d'abord d'un sexe, de l'un des deux possibles

    À ce point, toutes les illusions wokes sur l'indifférenciation ou la socialisation du sexe doivent tomber: fétichisme de la testorérone, et autre fausses moustaches ne sont que ce qu'on savait déjà qu'elles étaient: des déguisements: le transgenre, pas plus que le transexuel, ne change pas et ne peut pas changer, de sexe. 

    Par contre, et cela a bien sur donné lieu à d'autres élaborations résistantes, il y a le gène SRY. Situé sur le chromome Y, mais aussi sur le chromosome X, où il est désactivé la plupart du temps, c'est lui qui est vraiment responsable de la croissance de la gonade male. On a donc ici substitution du processus à la simple attribution:  être ou devenir, on peut donc en n'étant pas, devenir autre. Et oui, ou pratiquement, car cela ne change rien à l'affaire. En effet, s'il y a 4 anomalies chromosomiques qui conduisent à des êtres bizarre à peu près viables (absence de Y, XX avec SRY activé,XY sans SRY, l'anomalie XY étant là pour qu'on en plaisante) on a vu que la sexuation était antérieure à la gonade. 

    Il n'empêche que le syndrome de Swyer conduit à un développement génital féminin chez des mâles (mais sans ovaires)  et serait pour cela que Sheila était en fait un homme ? Sans doute pas mais la chose est effective, et même si privée d'ovocytes, la dame en question ne peut faire de grossesse sans implantation d'embryon ou don d'ovocyte, cela reste possible. Dû aussi à d'autres déficiences génétiques liées à l'activation d'autres gènes, le syndrôme reste peu fréquent et ne remet pas en cause le "vrai" sexe.

    Et puis il y a l'épigénétique et le rôle trouble du genre. En effet, un gène ça s'active ou pas et c'est là toute l'histoire. Des comportements, par exemple, le léchage des petits par leur mère conduit à une activation de gènes anti stress qui consuisent les petites souris léchées à faire de même une fois grandes: un caractère acquis, donc et voilà toute l'histoire. Et bien cela joue pour les gènes liés aux différents développements des comportements (c'est pour cela qu'on parle de "genre") liés à l'appartenance aux différents (il n'y en a que deux, on le rappelle) sexes. Mieux, suivant le sexe (l'incontournable), le genre léché et le genre lécheur ont des effets différents sur les corps: car la chimie n'est pas la même, et on ne traite pas de la même manière médicalement une vraie femme et une transgenre... 

    Qui plus est, cette revendication féministe là (pour une fois entièrement valide) et qui consiste à exiger de considérer le corps des femmes comme différent d'un corps d'homme comme les autres, doit s'appliquer entièrement ! On veut une médecine sportive spécifiquement féminine, et le transgenre moyen dans les chiottes des femmes doit être médiqué séparément. 

    On terminera par un fait incontournable et manifeste: les femmes sont deux fois plus sujettes à la dépression que les hommes et on n'y peut rien, un homme dépressif n'étant pas femme, toutefois. 

    Terminons alors sur le genre, et sur ce qui noie l'humain dans ce qui influe sur son "être" en général : le psychologique, le toxique, et le microbien. Voilà ce qui peut le transformer ou le faire souffrir et modifier son comportement ou mieux modifier l'activation de son patrimoine génétique quel qu'il soit. Exposées aux influences dites masculines (celles qui sont traditionnellement davantage réservées aux hommes, alcool, violences, pollutions), les femmes réagiront spécifiquement et voilà toute l'histoire. 

    Ainsi, 1/3 des gènes s'expriment différemment suivant le sexe, dans un sens ou dans l'autre, ce qui gouverne l'adaptation aux contraintes extérieures. L'attribut extérieur modifie l'être, ou plutôt tente de le modifier et les maladies des femmes ne sont pas celles des hommes, leurs réactions ne sont pas les mêmes. Mais cela on le savait déjà. Si ma tante en avait. 

    Pour conclure, on se permettra une petite disgression "complexe": c'est bien la perception claire de certaines scientificités qui peut conduire à des raisonnements sociaux ou psychologiques "sains", reconnaissant clairement certains droits à la différence mais aussi à l'égalité. On rappellera en effet que les femmes élèvent les garçons et que les deux sexes sont interféconds, qui plus est par définition. Qu'en conclure ? 

  • Les mondes nouveaux

    À l'occasion du sommet des BRICS à Kazan, le monde multipolaire se déploie peut-être pour la première "vraie" fois. 

    Poutine, sous mandat d'arrêt de la CPI, invite les nouveaux mondes et rassemble la moitié de la planète, qui comme par hasard regroupe déjà le tiers du PIB mondial.

    Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud et depuis 2024, Arabie Saoudite,Iran,  Egypte, Ethiopie, Emirats.

    32% du PIB mondial, 45% de la population mondiale. Le G7 est dépassé en 2022 avec 30% du PIB mondial. 

    À l'occasion, on voit se profiler la fin de l'Occident (rien de moins) et une opposition claire entre les deux blocs pour ce qui concerne 2 des 3 grandes questions qui se posent aux sociétés humaines. 

    Voyons voir, c'est important. 

    Le sexe

    La première des "questions" est celle du sexe, objet binaire par définition mais aussi partagé dans sa pratique, car il est moyen de reproduction et aussi de distraction, les deux pôles extrêmes, opposant dans les vies humaines le plus grand amour celui de bout de chaine de la mère pour l'enfant à naitre s'opposant à l'extrême de la recherche du plaisir, les drogues modernes montrant qu'elles peuvent n'être que des stimulants pour la vieille pratique de la recherche effrénée du spasme orgasmique (comme c'est bien dit). Toute culture, toute civilisation doit accommoder et maitriser ses polarités là.

    L'économique

    La deuxième des questions est celle de la vie elle-même nécessitant pour s'entretenir d'obtenir au prix d'une dépense d'énergie les ressource nécessaires au passage des jours: nourritures, survie, nécessitent de passer des contrats dans des dispensateurs de ressources et chaque peine mérite salaire dans tous les sens possibles. L'économique c'est quand on s'occupe de sa maison. Les possesseurs de capital l'emploient pour le faire grossir et cela nécessite de l'attention, ou se fait en récompense d'une accumulation préalable etc. La polarité de l'échange, s'il y a domination, c'est celle de cette asymétrie là, est une structure fondamentale du monde, et cet échange n'est pas équilibré. C'est la question sociale, et toute culture, toute civilisation doit accommoder et maitriser ses polarités là. 

    Pour un certain nombre de raisons, encore sujettes à controverses, alors que se déployaient les modes d'exploitations dit "capitalistes" rendus possibles par les facilités données à certaines classes de la population européennes dans les 3 derniers siècles, on remarqua deux choses contradictoires. D'une part que l'expansion des biens et de leurs consommations fut considérable, étendant à sa mesure les pouvoirs d'achats de tout un chacun, d'autre part que des parties importantes de la population voient leurs modes de vies grandement modifiés, voire bouleversés certaines conditions de travail et de vie étant extrêmement pénibles à défaut d'être nouvelles. Ces inconvénients sont non seulement matériels mais spirituels, les personnes engagés dans ces processus de transformation permanents étant obligés de se consacrer entièrement à l'adaptation à ceux-ci, perdant tout leur temps et ... toute leur âme. 

    La Nation

    La troisième question, plus lointaine, est une sorte de fusion des deux premières, tout en étant qualitativement profondément distincte et incontournable: les communautés d'hommes s'affrontent et se constituent, étant toujours et à toutes les échelles des ensembles constitués et en opposition. La forme suprême de ces communautés, la Nation, doit être considérée comme une forme suprême et essentielle d'entité, quasiment une personne, mais celle-là absolument souveraine en principe. La question de cette souveraineté se pose pourtant, en principe, et peut se comprendre de plusieurs manières. 

    Disons que la mode a changé, avec le monde. Partant de l'éclatante domination des nations européennes à la fin du XIXème siècle, qui toutes fières et puissantes se sont partagé le monde entier sans vergogne aucune, proclamant leur supériorité absolue en armements et organisations au reste de la planète, on arrive aujourd'hui et cela de manière au moins aussi éclatante, à la totale soumission de celles-ci à une puissance nouvelle/ancienne, elle aussi, maintenant affreusement fragilisée et défiée. Cette soumission totale s'accompagne comme de juste par une absolue faiblesse, militaire et diplomatique qui se trouve redoublée par la finalisation en cours d'un projet de fédération interne à l'Europe qui soumet d'abord ces nations d'Europe à une entité quasi fantoche, elle-même pilotée quasiment en direct par le biais de corruptions multiples, au système américain. 

    Au même moment les développement économiques partout sur la planète ont fait surgir de vraies puissances,  l'Inde et la Chine n'étant pas les moindres d'entre elles, 3 milliards de personnes qui commencent à être productives, elles ne formaient qu'un tas de miséreux faméliques il y a cent ans. Au passage, elles deviennent souveraines et exigeantes, pouvant en terme d'affirmation de puissance damer le pion au reste du monde sur tous les plans. Vont-elles se mettre à coloniser le reste du monde, elles aussi ? 

    Le Sexe

    Pour ce qui concerne le sexe, il se trouve qu'il est aussi, bien au-delà de la couleur de peau, pratiqué de manière très différente dans les deux parties du monde multipolaire. De tout temps réservées aux parties supérieures des sociétés, les turpitudes sexuelles, même matinées des polygamies nécessaires aux questions de succession du pouvoir là où il se voulait héréditaire, pouvait autoriser toutes les pratiques imaginables de débauche. Les sociétés libérales et sociales d'Occident ont mené leurs "révolutions" dans ce domaine en les démocratisant comme on dit, les rendant accessibles de droit à toute la population. On peut rattacher à cela l'ensemble du dispositif sociétal de loisir, identifié à la forme de liberté qu'on peut considérer "non économique" et qui marque, avec les libertés d'expression, le monde occidental. S'y rattache, comme de juste, les droits égalitaires donnés à toutes les pratiques sexuelles, cela au-delà de la contrainte reproductive. L'instauration du mariage non paritaire est ainsi un marqueur civilisationnel incontesté et la clé de l'appartenance à l'occident, sa date marquant le passage dans le nouveau monde du pays qui l'adopte. 

    Le "Sud global" (comme on dit, la Russie en étant), a pour caractéristique, on pourrait dire principale, quasiment (l'Amérique du Sud faisant exception), de se refuser absolument à cette évolution, pour l'instant. L'exception mentionnée reste conséquente toutefois et donc manifeste la limite qu'on doit apporter aux généralisations trop généreuses... On notera que politiquement, l'Amérique du Sud est fragile, et sa soustraction aux régimes traditionnels des dictatures s'accompagne d'instabilités chroniques structurelles qui datent de sa décolonisation. 

    Bon, on conclura en disant que politiquement, la liberté se conçoit au sud comme excessivement développée en Occident, le menant au désordre familial. On notera que la faible natalité, qu'on pourrait croire un marqueur de ce désordre, affecte maximalement la Chine, mais pour une autre raison, strictement inverse: se reproduire y fut tyranniquement interdit ! 

    La question sociale

    La question sociale reste ouverte, ou plutôt close pour ce qui concerne les pays émergents qui vivent actuellement des sommets jamais vu quantitativement en matière d'exploitation économique des masses: conjointement à l'élévation du niveau de vie qui sortit définitivement de la famine endémique, puis de l'extrême pauvreté, des centaines de millions de personnes (bien plus que ce que l'Europe ne parvint jamais à procréer), se constituent des classes ouvrières et employées gigantesques, qui une fois la promesse d'enrichissement stabilisée, pourraient devenir revendicatives. 

    Là se pose précisément la question de la liberté politique et de celle des moeurs, l'équilibre atteint pour l'instant "au sud" étant le fait d'un certain autoritarisme qui freine les demandes excessives. La gestion de la démocratie à l'intérieur du monstre humain qu'est l'Inde pose évidemment question, on notera que le développement forcené de son nationalisme a certainement un rapport avec la chose, en fait je n'en sais rien, l'Inde est fédérale, énormément diverse et cela la stabilise. 

    La "question sociale" reste ainsi ouverte, et se trouve donc tel le boulevard, libre pour des multiples manifestations et on verra bien. On notera qu'elle reste le marqueur au moins en Europe de la grande fracture qui sépara les opinions au début du XXème siècle causant au final ce qui est l'effondrement actuel. Précisons. 

    De la même manière que le sexe récréatif minoritaire fut pris comme règle de vie et pratique commune par toute la société occidentale, créant une société du divertissement de plein droit à tout prix, la nécessité de vivre même sans ressources elle aussi érigée comme droit humain universel amène à une conception de l'humain comme libre, en fait assujetti à un état ordinaire d'une recherche infinie du plaisir sans avoir à travailler. Voilà l'idéal aristocratique qui a saisi toute la société et qui s'impose comme seule politique possible aux gouvernants, alors nécessairement conduit à emprunter à l'extérieur les ressources nécessaires à leur "devoir gérer" leurs électeurs. Cet extérieur, qui fut pour l'empire Romain ses conquêtes extérieures et les esclaves qui en provenaient et pour l'empire européen à peu près la même chose, ré-exprimée aujourd'hui par les marchés financiers mondiaux et l'immigration, commence à peser sur la souveraineté. On se retrouve donc à un noeud de la boucle bouclée, et l'Occident qui pensa un temps avoir résolu la question sociale grâce au plaisir maximal de vivre assis sur sa puissance d'emprunt, est en train de tout perdre. 

    Revenons sur le côté sociétal, pour bien illustrer la grande réforme culturelle et social de la France ces 40 dernières années, les années de ma vie. D'après Jérôme Fourquet: 42% de tatoués parmi les moins de 35 ans, 20% en 2010; 70% de baptisés en 1980, 27% en 2018; familles monoparentales 10% en 1990, 25% en 2023. 

    Le collectif a changé. 

     

  • Les Frères

    Les frères musulmans sont d'abord frères dans un contexte anthropologique familial décrit par Todd: un communautarisme favorisant les mariages entre cousins, enfants des frères de la famille. C'est le mariage "arabe", bien connu. La fraternité c'est celle de l'alliance sociale et militaire dans la fratrie issue du père souverain provisoire, lui-même etc. 

    La complexe succession d'Ibn Seoud donne une idée de la chose. Bref, le concept est "marqué" comme on dit, et cette famille là, peu catholique, doit être considérée si on veut "comprendre" les tenants du concepts et de ce qu'il implique. 

    Et puis il y a l'islam, l'islamisme et les frères, dénoncés, mais dont les dénonciateurs sont aussi dénoncés, voire menacés de mort. Et puis il y a les compagnons de route, les relaps, les "faux frères" et tous ceux qui agonisent d'insultes tout ceux qui appellent à la méfiance et au combat: des "islamophobes", c'est à ça qu'on les reconnait... 

    Tarek Obrou (2013): " Les Frères Musulmans ne reconnaissent pas les frontières entre les peuples musulmans. Ils reconnaissent une communauté qui doit être réunie autour d’un Califat qui a ses représentants dans ces différents pays (Wilaya)". L'imam de Bordeaux, l'"ali" de "Ali Juppé" en 2017, est une sommité de l'ambigu moderniste. Pourtant, fréro jusqu'aux cheveux et dont l'habile jésuiterie mielleuse est absolument redoutable, comme on dit. Il s'agit de présenter la complexité d'une position globale universalisante comme "pacifique" alors qu'elle est tout le contraire. 

    L'Histoire

    Mais d'où vient la chose ? 

    Alexandre del Valle dans "Le projet" évoque la trahison de Lawrence. Les milieux arabes qui se jetèrent magnifiquement (enfin!) dans la lutte armée contre les Turcs en s'alliant avec le mécréant colonisateur britannique pourtant mis à mal par un orient qui impressionnait, le firent moyennant une promesse trahie: la reconstitution d'une domination arabe sur le Moyen Orient arabe comme Califat, un vrai, un orthodoxe. Sykes Picot et (pire) Balfour enterrèrent la chose avec cynisme et le pauvre Hussein bien que Calife à la place du Calife Ottoman en 24, se fait trahir une deuxième fois, toujours avec les Britanniques en arrière plan: Ibn Seoud conquiert militairement le Hedjaz, c'est à dire les lieux saints. C'est fini: plus de califat, et l'Arabie est devenue séoudite. Elle se vend aux Américains juste après. 

    Les "vrais" Arabes ulcérés par ces malheurs-là se tourneront alors vers le frérisme: l'objectif est toujours le califat, l'obéissance à Dieu à travers l'État unique des musulmans, chargé de résoudre l'aporie fondamentale de l'islam: instaurer le règne de la soumission totale à Dieu à travers un gouvernement humain. L'injonction paradoxale, jusquelà condamnée à l'échec, mais que le fanatisme et l'obstination de la vraie foi ne peut que reconduire à travers les siècles et en faire un idéal au sens plein. On y ajoute ce qu'il faut des traditions (il y en a plein de disponibles) pour meubler intellectuellement et spirituellement la chose et on se lança dans ce que Bergeaud Blackler appelle un "Système d'Action": un fascisme ou un communisme, assis sur des textes innombrables, mais "politique" en tant qu'organisé temporellement avec pour objectif de dominer les coeurs et les cerveaux et de régner sur une partie du monde, effectivement. Un idéal, mais une mission.

    La chose est complexe, globale collective organisée et inorganisée. On ne peut lui comparer que l'incomparable, et qui aussi continue de marquer l'Occident comme concept combattu par tous (les partisans comme stigmatisés, les dénonciateurs comme ... ): la "gauche". Idéal social et politique, assis sur la morale personnelle et l'identité moraliste collective, voire familiale, associée, la question sociale et sa solution immanente évidente et obligée, donc à révérer, marque les âmes et sépare le monde.  Qu'un parti communiste que De Gaulle qualifiait de "séparatiste" en 1951, alors qu'au fait de sa puissance sociale et culturelle, l'idéologie de mort et de domination tyrannique envisageait de prendre le pouvoir, elle venait d'achever la conquête de l'Est de l'Europe, puisse la représenter toute entière paraissait improbable, voire invraisemblable, mais c'était le but. Les chrétiens de gauche se voyaient autonomes, les socialistes se vantaient de leur rupture datant des années vingt, on comptait encore les fidèles qui ne tourneraient casaque qu'en 89: la puissance de la gauche, opposée au capitalisme et rêvant de la retraite à 60 ans, ce que tout être sensé ne pouvait concevoir que comme une ruine économique évidente, fut instauré sous l'égide de celui qu'on crédita de la mort du truc (comme si le mur effondré tout seul ne compta pas): un pétainiste passionné de cocufiage. C'est dire si elle est à la mode, la Gauche.

    Cette comparaison qui fait comprendre l'emprise et la puissance de la chose est évidemment inaudible, et enterre toute tentative d'explication efficace, l'apostasie étant déjà difficile pour les adeptes d'une religion, alors pour deux... 

    Pourtant, toute l'innocence de cette emprise, le mot, à la mode, pouvant séduire celles qui confondraient alors viol et voile, avec raison d'ailleurs, est ainsi décrite et expliquée : la pureté des intentions suffit à mener le monde vers Satan, le vrai, celui qu'aucun religieux ne pourra conceptualiser, l'affirmation de son existence suffisant à créer une illusion à laquelle, comme de juste, personne ne croit. Disons qu'un principe est à l'oeuvre et que certains en profitent. 

    Le "complot" n'est pas unique mais pourrait l'être, c'est le fameux document saisi dans la banque Al Taqwa en Suisse en 2001 (voir le livre de Sylvain Besson), le texte de 14 pages décrivant de manière anonyme un "projet" de domination islamique du monde. Le directeur de la  banque, Youssef Nada déclara à Al Jazira être un délégué aux affaires internationales de la confrérie.  

    Avant de se focaliser sur cette histoire là, ou plutôt en se contentant de la citer sans en faire le fromage suprême, ce qui pourrait révulser, il y a bien d'autre cas à citer d'entrisme et la nature du projet, revendiquée publiquement par tous ceux qui font référence, Banna, Mawdudi, Qotb et de nos jours Gazhali et Karadawi, est suffisamment claire pour que l'on n'ait pas de doutes: une idée est en marche, reprise partout et dont les émetteurs sont considérés comme des images à révérer, y compris par des personnes considérées sympathiques. 

    On se souvient par exemple, de cet imam comorien (Bajrafil), un temps très en pointe, qui innocemment fit l'éloge devant une commission de l'assemblée nationale de la "science" de Karadawi, scellant la fin de sa bankabilité. Le redoutable propagandiste que Sarkozy lui-même empêcha de venir en France (en 2012, après avoir participé en 2003 aux rencontres fréristes au Bourget), est évidemment le diable, mais reste ce qu'il est et a dit ce qu'il a dit, et pendant des années, au point que cela suffit. Secret et influence, islamisation de la vie, de la société et aussi de la connaissance, cet islam là est en action, il est "actif". Lui rattacher l'ensemble de ce que voudrait un islam (ou une partie de l'islam) comme différent du simple culte et de la simple spiritualité, c'est-à-dire un véritable complot visant à changer la société, et bien cela est assez naturel... 

    L'islamisme comme "principe". Surtout que l'histoire de ce siècle a fait des concepts afférant une vaste littérature, qui dans un monde multinational et multiculturel s'est répandue partout, animant et motivant bien des histoires, depuis l'assassinat de Sadate jusqu'au drame algérien en passant par l'écrasement en Syrie et l'entrisme actuel auprès des institutions européennes, officiellement aujourd'hui considérée comme finançant les frères...

    Partout un activisme pro musulman, défend en Occident au nom de la liberté d'expression, des aberrations comme le "droit" de ne manger que de la viande d'animaux torturés ou de couvrir la tête des femmes de tissus sombres. Organisant une séparation fidéiste considérée légitime, voire utile au monde (on se demande en quoi ces pratiques considérées dégoutantes et répulsives par une majorité d'occidentaux leurs sont utiles), il existe ! 

    Les critiques soeurs

    Tout cela ressemble aux sages de Sion, n'est-ce pas? La thèse existe et Bergeaud Blackler assimilée à Drumont. La question du degré de vérité d'une révélation reste entière et l'évaluation de l'importance du document, qui n'a pas suscité grand écho, reste posée. 

    Disons qu'il y a des opposants à l'"islamisme" en général qui considèrent l'accusation contre les frères comme à la fois trop et trop peu (1), car ceux-ci ne seraient qu'une partie de l'islamisme, et se focaliser sur un complot improuvable pourrait être "improductif". L'idée est que l'islam ne se sépare pas de l'islamisme. Ainsi la non-séparation, pourtant associée au raciste Zemmour a son pendant de l'autre côté ! En effet, l'islam est depuis son origine projet social et politique et cela est difficile à nier. Il convient donc simplement de le "réformer" ou de n'en présenter que sa face vertueuse, le méchant côté étant l'"islamisme" global indifférencié dont on ne pourra se débarrasser qu'à terme par une "éducation" toute féministe. 

    Accepter un islam qui ne serait pas "frériste" et qui en donnerait des gages, reviendrait alors à péréniser l'islam tout simplement et cela comporte des risques: mal assis sur des traditions qui sont ce qu'elles sont, indépendamment de tout activisme politique, il est culture dégénérée inacceptable qu'un progressisme familial moderne ne peut accepter et qu'il se refuse à considérer, même comme pis aller au "projet"... 

    Il faut comprendre qu'ici se noue une partie de communication qui est toujours en cours et qui tourne autour de la dangerosité du fameux projet, la chose étant totalement occultée dans les mileux islamo gauchistes actuellement refuge et base arrière des méchants. Car bien sûr il y a l'omerta du compromis avec les wokes, l'agenda qui consiste à jeter les homosexuels (et les transgenres, évidemment) du haut des immeubles ne pouvant être brandi pour l'instant. On ne parle donc que de racisme systémique et d'islamophobie, l'important étant de désarmer toute résistance sociale et policière à l'activisme généralisé; dans une révolution l'important est que  dans un premier temps, tout le monde manifeste, on trie après, à la fois les sujets et les personnes. 

     

    Innocents ? 

    Mieux certains vont jusqu'à innocenter les frères du mauvais "islamisme" et continuent à les présenter comme progressistes. Il faut savoir que la thèse fit flores longtemps au titre d'un enfumage islamique intelligent qui fit flores dans les années 80 et 90 lors de l'installation en Europe de ses messieurs. On commença par présenter le salafisme du début du XXème siècle (Afghani, Rida) comme une "réforme" (tu parles, il s'agissait de redonner à l'islam sa puissance mondiale et d'encourager le wahhabisme) intellectuellement utile à la sortie de la religion musulmane de son "sommeil dogmatique".

    On occulta bien sur le seul véritable réformateur (Abderraziq) le seul à vouloir abandonner le califat, et on lança l'occultisme frériste comme profiteur organisé d'une réislamisation en profondeur du monde arabo musulman, la "réforme" transformant (enfin) le piétisme tranquille et abruti qu'on voyait partout avec mépris, en une religion "moderne".

    Tu parles, en un populisme effroyable qui échappa à ses réformateurs, dont ne reste que les tranquilles intellectuels fréristes qui se contenteraient de limiter la casse et de tenter de transformer l'inéluctable révolution en "social démocratie" ( on compara les frères à la démocratie chrétienne) plus acceptable et moins meurtrière. Pour Tarek Obrou ce sont les frères qui l'ont "déradicalisé". 

    On peut s'élever en faux bruyamment contre cette théorie, les frères ayant été pratiquement les inspirateurs de la version chiite de la restauration du Califat, Khomeiny le grand théoricien théologico-politique ayant sorti du néant un pouvoir religieux d'une nouvelle forme et qui est ce qu'on voit actuellement... L'instauration d'un pouvoir "juste" ou rien. 

    On pourrait ainsi tracer la démarcation à ce niveau: voulez vous un pouvoir qui soit en ligne avec le religieux, ou bien le religieux ne peut qu'y rêver, et la spiritualité inciter au respect de lois humaines n'espérant que la fin du monde ? Y a t-il une vraie différence intellectuelle entre les deux options, et comment s'empêcher de rêver éveillé ? 

    Les contrer méchamment

    Le signifiant "frère musulman" a pourtant pénétré avec sa connoation diabolique dans la psyché des politiques. Depuis Valls, qui se risquait à l'employer (seul contre tous, il y laissa sa carrière), jusqu'à Fillon qui voulait l'interdire en 2017 et Retailleau qui fait des allusions. Pourraient être mis sur la table plusieurs choses. D'abord la reconnaissance de la confraternité, confratrie, confrèrie comme terroriste. On collaborerait avec l'Egypte pour les traquer et les livrer aux justices qui les poursuivent, en Arabie Saoudite (un temps soutien des frères, les saoudiens se sont révisés), et bien sûr aux Emirats. Pourquoi avoir des états d'âmes? Ce qu'on leur fait et qu'on leur fera n'est il pas conforme aux principes humanistes en vigueur  dans ces pays musulmans là? 

    Ensuite, l'interdiction pure et simple des officines fréristes, ex fréristes ou tout simplement tenues par des personnes attachées publiquement aux frères. L'officine "Musulman de France" ou l'association "Les musulmans", dirigés historiquement et actuellement par des fréristes patentés connus, Amar Lasfar, Marwan Muhammad devrait être dissoute et interdite de gestion de mosquées ou d'associations reconnues d'intérêt public. Le lycée Averroes, fondé et dirigé par Amar Lasfar et porte avion de la formation d'une élite frériste devrait être fermé sans autre forme de procès. 

    De fait la proclamation publique de l'incompatibilité entre le projet frériste et les institutions françaises et aussi européennes devrait être faite. A bas bruit d'abord, puis de manière insistante, il ne peut y avoir de reconnaissance de l'islam présenté par ces gens, on ne discute pas de l'organisation commune de la société avec des fascistes. 

     

    (1) la complexe Razika Adnani https://www.marianne.net/agora/entretiens-et-debats/le-frerisme-tel-que-le-definit-florence-bergeaud-blackler-est-un-concept-ambigu-comportant-beaucoup-de-risques

    (2) Pierre Vermeren https://youtu.be/rrJv1yVIb0c

  • Les désastres

    Porteur d'un certain pessimisme et depuis longtemps, contempteur désespéré des turpitudes publiques, et depuis longtemps, on ne peut se résigner au désastre, surtout si non noté séculairement, lorsqu'il se profile explicitement et qu'il est repris (enfin) en choeur par tout le monde, on ne voit ni politique, ni leçon véritable se faire jour ou du moins si les embryons d'iceux qu'on croit distinguer se matérialisent dans leur insuffisance apparente, on craint de devoir précisément ne pas échapper au désastre ou du moins à la triste résignation devant celui-ci. 

    Citons les domaines, les actions passées et leurs absurdités pourtant dénoncées: 

    Les retraites: axe principal de l'espoir social instauré brutalement en 1982, la désastreuse et inaugurale politique justifia les mises au chômage prématurées qui détruisirent l'emploi français, construisant la désincitation au travail productif qui marque ce qu'on appela sincèrement le "modèle français" ou financement par la dette d'un modèle social insoutenable. 

    Le reste ne fut que conséquence: 35 heures, subventions généralisées, smicardisation, revenu minimum garanti, tout le système productif fut vérolé par un social dément et débile qui détruisit l'envie et surtout le besoin de la production de richesses, moteur de l'accumulation (indue selon certains) qui fabriqua l'Occident capitaliste donc coupable et à abattre.

    Mu initialement par la démagogie ignorante assise sur l'air marxiste du temps, puis rattrapée par les cheveux au seuil de l'effondrement immédiat qui menaça 1983, et qui induisit une stabilisation silencieuse, le déclin qu'on voulu au début réduire, s'amorça au gré des cycles électoraux, balloté par l'hypocrisie de la gauche pleurnicharde, et de la droite qui jouait son jeu pour mieux séduire. La société se recentra dans le mensonge et Macron fut élu. 

    Appliqué sans barguigner aux accidents de la vie, la recette de la dette fut alors mise en oeuvre à grande échelle: gilets jaunes, réforme de la SNCF, covid, bouffée d'inflation, crise de l'énergie, cela sans aucune des indispensables réformes de structure que c'était la dernière occasion de mener fit voir la lourdeur, devenue insupportable, du fardeau. 

    Ne parlons pas de réforme des retraites, on voulut la faire à points et un an de disputes ridicules et insensées s'acheva sous les masques imposés aux enfants. Ce qui fut arraché finalement fut un contesté recul de l'âge, négocié à trop cher et qu'il faudra refaire. Toute l'Europe est à 67 ans et la dernière campagne législative, cet été, eut pour thème le retour à 60.

    Car il n'y avait pas que le secteur productif. L'autre, le "public", s'était déchainé, en emplois surnuméraires et inutiles arrachés partout pour lutter contre le chômage et le capitalisme. On annonça qu'on le réduirait raisonnablement et on l'augmenta partout: État, Social, Territoire, ont eu besoin de soldats, de beaucoup de soldats. Hélas pas exclusivement de combattants: infirmières, gendarmes, policiers et profs eurent bon dos: une administration pléthorique règne, norme et contrôle partout dans le pays, ses pouvoirs démultipliés par l'informatique. Tout cela à crédit. Le privé ET le public se sont endettés à mort pour seulement continuer à vivre. Au-dessus de leurs moyens. 

    Qu'au bout de 7 ans de rapines, de mensonges et d'immobilisme, le président et son ministre des finances passent devant une haute cour pour l'ultime cachotterie, celle qui cacha le désastre final qui justifia la remise du pouvoir au grand public déchiré, cela délibérément, car gouverner n'était plus possible, n'est que justice. C'est pour bientôt, mais cela n'est pas certain, et ne pourrait faire partie que de mes souhaits non réalisés, le Père Noël n'existant pas. 

    Il n'y a pas que cela. Il y a l'Europe. Longtemps considérée comme utile aux tendances françaises à déraper dans le social, la sévérité allemande étant un exemple à suivre, elle fut en fait l'objet d'une prédation : en échange de sa réunion, la Germanie fut forcée d'accepter l'endettement sans limites mentionnée plus haut au sein d'un marché de dupes dont elle tira profit et puissance. Nous eûmes donc la dette, et la perte de souveraineté qui va avec, l'"idéal européen" n'étant que la procédure rituelle et religieuse nécessaire à la justification de l'abandon de son indépendance. 

    Il n'y a pas que cela. Il y a la nature. Longtemps considérée comme telle (naturelle), l'écolâtrie qu'on voulut longtemps réduire au tri des ordures, s'inséra dans le politique partout en Europe et détruisit la production d'énergie (atomique) française et l'entreprise qui va avec (EDF), cela sous le coup d'un complot à la fois interne et externe. Alliés à la table de l'Europe, écologistes français et stratèges allemands se mirent d'accord pour tuer leur ennemi commun. Toutes les histoires de climat serinées jusqu'aux vomissures chroniques qui nous accablent n'avaient pas d'autre but, les éoliennes payées par la dette n'étant que des fétiches. La corruption rurale qui les accompagna: un effet collatéral. Au sujet de la ruralité, elle fut ruinée par les normes écolâtres, les petits oiseaux devant faire du yoga, disent les fonctionnaires. 

    Il n'y a pas que ça, il y a le sociétal. Initiée par une peine de mort glorifiée, car abolie contre l'avis du peuple, le démontage des traditions morales fut mené tambour battant, on en est à l'euthanasie, la GPA couramment pratiquée n'ayant pas besoin pour l'instant de reconnaissance officielle, les candidates françaises à ce beau métier n'ayant pas encore, RSA oblige, de vraiment gros besoins. Entre temps, homosexualité rendue égale à sa duale malgré sa faible fréquence s'allie via le refus de toute binarité au racisme le plus échevelé, l'ensemble de cette décadence étant exploitée sans vergogne par un islamisme politique dont le cynisme n'a d'égal que la cruauté dont il saura faire preuve à l'égard de ceux qu'ils méprisent déjà ouvertement. Assis et prospérant sur les diasporas fondées au nom de l'humanisme laxiste de leurs dupes, ils font grossir leurs rangs par tous les moyens, tout migrant opprimé qui arrive étant citoyen d'office de leur république à eux, avant-garde nécessaire de leur famille qui arrive juste après. 

    Il n'y a pas que cela, il y a l'alliance de tout cela, et la remarquable cohérence de cet ensemble, dont la façade éclatante a illuminé les nuits de ces 25 dernières années, abolissant toutes les méfiances (sauf la mienne et celle des vieux fachos qui me ressemblent, tous ceux qui n'ont que ronchonné dans le noir toutes ces années). Tout le monde appuyé sur la dette, sur le mépris du bon sens, sur la haine du capitalisme et des traditions et sur l'illusion d'une négligence globale pour l'évidence. Mais, bon sang, quand se produira-t-il, le désastre ? 

     

    (1) Verdier Molinier espère: https://youtu.be/x2_mWCslXmU

  • Le témoignage d'une victime

    Prof d'histoire gauchiste, auteur d'un livre sur la bataille de Poitiers et sa récupération, lecteur de Charlie Hebdo, amateur de rock métal, deux heures dans la fosse du Bataclan au pire moment et pas une égratignure, sauf à l'âme.

    Sincère et honnête et surtout infiniment respectable, l'homme livre son journal (1) et son état profond, je veux dire le fond de sa pensée à la fois celle d'une victime d'un choc traumatique, il le dit et explique et expose son travail de récupération (il suit les thérapies en rapport), et de prof en charge d'élèves (il a repris presque tout de suite la classe), et aussi d'un opiniâtre idéologue amateur (c'est un intello de gauche).  

    D'abord il nomme et parle longuement de cette gauche "islamistophile", le thème du bouquin en fait, tout en se démarquant des "islamophobes" (il tient au concept, qui lui fait horreur, sa soeur vit avec un "originaire d'Algérie").

    Car "ils" (les "entrepreneurs de l'islamophobie") emploient les mêmes méthodes que nos ennemis communs. Sublime expression complexe qui résume sans doute son point de vue. Le mot "ennemi" est prononcé c'est la seule occasion on y reviendra. Pour ce qui concerne ses agresseurs, il a vu et mémorisé le visage du tireur vers la fosse qui se fit abattre par le commissaire de la BAC qui intervint pistolet au poing, et s'est convaincu d'une chose pour expliquer la chose: la motivation religieuse est essentielle. 

    Ensuite il donne des noms, les "ennemis" à gauche, en charge d'excuser et de quasiment justifier la violence que lui, ne peut pas accepter, et pour cause. Il cite plusieurs fois l'article (2), listant les "islamologues" en charge, Plenel, Ramadan, Roy, Burgat, Kepel (lui a une image particulière, il a théorisé, le malheureux, l'insrumentalisation du mot islamophobie). En cela il se démarque définitivement de la gauche racialiste décolonisatrice, qui dénonce la police et explique socialement le djihadisme dans la plus pure acception de la grande théorie qui fait les gauchistes de toujours et bien sûr d'aujourd'hui.

    Pourtant il a participé à la "marche contre l'islamophobie" (organisée par le CCIF qui fit crier Allah Akhbar devant le Bataclan), malgré la connaissance de leurs organisateurs et de leurs méthodes, car à cause "des récupérations politiques incessantes de gens parlant au nom des victimes pour alimenter leur islamophobie". Des musulmans l'ont remercié et on l'a traité de dhimmi sur les rézosocios. Il termine là-dessus.

    Il a eu la chance d'avoir beaucoup d'ami.e.s. Bref, un gauchiste, sympa, mais gauchiste, pas islamo, mais gauchiste. 

    Pourtant le fond de son message et de son discours est absolument atterrant. D'abord, il ne se détermine, c'est sa répétition fondamentale, son "beat", que par rapport à des valeurs et à des valeurs ennemies: celles de l'"islamophobie", hypostasiée, au nom de celles d'une "gauche" hypostasiée. L'homme libre n'est qu'une conscience astreinte à se sanctifier en résistant au démon. Nul choix, évaluation, pensée, calcul, élaboration réflexion sur la nature du monde et de ses ressorts: la simple soumission à une idolâtrique vision binaire du monde formée de deux anges surnaturels dont l'un est bon et l'autre mauvais. Ce n'est pas qu'on soit dans le binaire, qui pourrait laisser croire qu'il y a du vrai et du faux: on est dans le binaire du bien et du mal, en fait au-delà comme on l'a dit: des anges puissants doivent être révérés. 

    Son drame: il a vu un démon pire depuis une fosse et reconfigure son paysage spirituel en le complexifiant: le monstre agissait au nom d'un Dieu, chose qu'il semble appréhender et qui motive sa réflexion, justifiant ainsi le "Allah Akhbar" devant le Bataclan: ce n'est pas le vrai islam qui tua, mais sa force est grande, et Dieu aussi.

    Il est parti loin, l'islamophile... 

     

     

     

    (1) Journal d'un rescapé du Bataclan Christophe Naudin 

    (2) https://shs.cairn.info/revue-du-crieur-2016-1-page-4?lang=fr

  • OTAN en emporte le vent

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