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  • Les gauchers

    À l'occasion de la publication d'un grand livre (1), on voudrait affirmer outre une grande admiration pour la hauteur de vue, incroyablement saine et salutaire, de l'oeuvre, un total athéisme qui se voudrait "au delà" de la grande description de l'A. (l'Auteur, par l'au delà). 

    En gros, la sortie de la religion, thèse principale du monsieur, est arrivé à un tournant, en fait celui décrit par Todd: après la mort de Dieu, nous avons celle de son fantôme et de ses fans zombifiés. ll ne reste rien, et les structures mêmes du social, qui restaient basées sur l'hétéronomie ancienne s'effondrent: les "droits de l'homme" règnent en maitre, l'autonomie de tout est manifeste et la "démocratie", fierté occidentale, et d'ailleurs l'occident tout court, entrent en crise. Ce qui reste du religieux est ainsi complètement réduit à l'individu, la seule chose qui semble rester... 

    Le bouquin

    La description, détaillée, et argumentée, d'un état de fait indubitable est magnifiquement faite, et surtout articulée: partout des contradictions intrinsèques nouées entre elles,  font qu'on a même si il est "centralisé", un paysage pluriel qui, si l'on peut dire, "ne prend pas parti". C'est cela la hauteur de vue. 

    Les populismes de droite et de gauche sont convenablement identifiés et emboités, les libéralismes du centre, de droite et de gauche aussi et l'interprétation centrale, anthropologique, donc indulgente et aimante de l'humanité, séduisante et considérable, c'est-à-dire qu'elle peut être considérée, et avec attention. 

    Les 3 points nodaux de l'œuvre: 

    - ce qu'on appelle "démocratie" c'est en gros le régime issu de la 2ème guerre mondiale, c'est-à-dire l'Etat social actuel qui fit qu'un capitalisme atlantique dit "néo libéral" a négocié avec les populations ce qui était nécessaire pour échapper au communisme, et a fini par en triompher. 

    - la base de nos problèmes, et la substance à travailler ne sont pas les "modes de production" marxistes ou leurs avatars de réduction à l'économique (l'infrastructure), mais "les modes de structuration" de la société, c'est-à-dire ce qui fait l'existence et la déclinaison du "démocratique", le principe d'organisation de nos sociétés. La structure, c'est ce qui légitime et oriente. 

    - Il y a trois déclinaisons de ces structurations, qui concernent le politique, le judiciaire et l'historique. Là se déclinent séparément, mais suivant les mêmes lignes de force, les crises de notre temps. L'idéologie néo-libérale est ici motrice, dans les trois directions, sans être, donc, réduite à l'économique. Elle est un dispositif. 

    On y ajoutera le caractère "caché" de ce qui alimente la crise: le monde démocratique semble marcher, en fait on se plaint qu'il dysfonctionne, mais "tout seul". Une acception pour l'utilisation du mot "nœud", l'occultation concernant les trois modes. 

    Les contradictions

    En permanence et sur tous les points, l'A. identifie des contradictions support de sens effets ou causes de la crise à expliquer. Par exemple, la démocratie elle-même: universelle et proclamée à qui mieux mieux, elle fait l'objet de multiples conflits d'interprétation et de mise en oeuvre, dans tous les niveaux, et dans tous les modes. 

    Par exemple et surtout, histoire de descendre d'un niveau, il y a contradiction manifeste entre l'expression revendiquée de la souveraineté populaire, liberté du peuple et l'expression revendiquée de la liberté individuelle, droit de l'homme, les deux étant simultanées et assises l'une sur l'autre. Cette contradiction est conflictuelle et exprime une bonne part de la fameuse crise. 

    Il y en a d'autres, et on peut les citer: mondialisation et universalisation localisée de celle-ci, capitalisme basé sur et défiant la démocratie, contestation de la vérité officielle au nom d'une vérité tout aussi scientifique, sentiment d'insécurité dans une société maternante, injonction forcée à être un individu libre, 

    Ces contradictions forment des noeuds et stabilisent la crise (ça c'est de moi) les conflits structurant les existants. Par exemple, les dépenses sociales assises sur les revendications individuelles, stabilisent un capitalisme rendu possible par ces mêmes revendications individuelles dans les deux sens de leur expression. C'est cela en gros le néo libéralisme, pourtant contesté par les populismes, dans le grand débat de la crise actuelle. 

    Une grande cause à tout cela: l'achèvement complet de la sortie de la Religion, toutes les références même zombies au grand tout extérieur structurant et justifiant le social ayant maintenant complètement disparues. Gauchet souligne la longue durée (toute l'histoire antérieure à la nôtre) du phénomène et donc, l'importance de la mutation... 

    On avait parlé de la perte du "symbolique", le voilà expliqué tout simplement; c'est le "nihilisme" de Todd pour qui la date définitive de la chose est l'instauration du mariage pour tous (2013), Gauchet en parle à peine, se contentant de mentionner que l'hétéronomie ancienne eut deux phases, suivant la présence de l'extérieur divin ou son absence remplacée par des forces révérées humaines, aujourd'hui disparues.

    Les 3 piliers

    On peut décliner tout cela sur les 3 piliers politique, juridique et historique mais les discours et saillies sont les mêmes, même si nombreuses, et c'est à cela que s'emploie Gauchet. Au passage, la structure tri partite c'est aussi celle du sociétal "traditionnel": domination, sacralité, tradition qui expliquait tout, du moins "avant"... 

    L'Etat souverain est soumis ou discuté, la légitimité expression d'un contrat social, et l'histoire est celle de la perte des traditions. Le Politique, expression du collectif nécessaire se trouve complètement submergé par LA politique, expression calculée des acteurs irresponsables. Ainsi, les droits individuels, toujours eux, ont affaibli les alliances libéraux/conservateurs et communistes/socio-democrates, ce qui a mis en scène l'alliance libérax/socio-démocrates contre les populismes !

    Le droit, et donc l'Etat de droit, pourtant construit sur la séparation entre droit naturel et droit positif, le droit positif étant finalement contaminé par le naturel et devenant autre chose, comme pour mieux résoudre la différence marxiste entre droits rééls et droits formels. Dans le capitalisme, rongé par la chose, le "signal droit" se substitue au "signal prix" ! Ne se jugent plus que des droits individuels au-dessus de tout autre intérêt, national ou même collectif. L'Etat de droit de Kelsen est devenu débile et ne nous protège pas assez de la tyrannie des minorités, et le "contrôle" est devenu "empêchement": le couple "juge/média" annonce les jugements, et juge les annonces. 

    Note: la CEDH (novembre 2024) protège les droits d'un trafiquant de drogue étranger dont on interdit l'expulsion.

    L'histoire, modélisée finalement par la grande vision hégélienne de la "fin" (terminaison ou objectif) de l'histoire, le centre du dispositif progressiste, exploité par Marx, puis par toutes les finalisations, y compris celle de la disparition réchauffée de l'humanité, est multiple et éclatée, systématiquement contredite par les faits, depuis la victoire de la Prusse sur Napoléon (deux fois), du capitalisme technicien, de l'échec du club de Rome et aujourd'hui de l'échec de la conférence sur le climat... L'histoire n'est donc plus que présent, un "développement" ignorant du passé et... du futur. 

    La révolte des masses fut aussi suivie de la révolte des élites, abolissant le langage commun peuple/élite, autre facteur de la dissociation démocratique actuelle. 

    Nous serions donc dans un état symétrique du grand totalitarisme passé: "le" politique et "la" histoire, qui écrasaient tout au XXème siècle, ont disparu. 

    Mais il y a des contradictions essentielles: le néo libéralisme, autrefois puissance d'équilibre, se met à contredire l'autonomie qu'il promouvait, cela en luttant contre le populisme. Mieux, potentiellement lié à l'autoritarisme écologique, il pourrait devenir autoritaire tout simplement ! 

    Au final

    On (Gauchet) fait remarque que Kant lui-même parla de "l'insociable sociabilité" pour qualifier le monde émancipé visionné  à son époque: les concepts en oeuvre ici datent ou seraient éternels et m'amènent finalement à reprendre tout à l'envers, tout en admirant le résultat, qui pourrait être le même pour ce qui est la description de ce qui est et qui me semble un peu trop envisagé comme devant "vivre avec", au nom d'une destinée considérée trop magique à mon gout. 

    En effet, en digne représentant de l'ère post moderne, en fait post religieuse, je me veux maintenant "athée radical" pour mieux ignorer tout finalisme, projet divin émancipateur ou pas, toutes les lumières et autres funestes "fins" et même la "démocratie" enfin déclarée en crise véritable. Horrible blasphème, n'est-ce pas ? C'est pourtant ce que donne à voir le livre sans le vouloir (les philosophes ne sont pas responsables de ce que font leurs lecteurs de leurs délires). 

    Athéisme radical: il n'y a rien que ce qui est et les habitus et autres lois de la nature inspirées de la magique attraction newtonienne, incluant les dominations et émancipations variées qui jalonnent les créatives pensées de nos philosophes post antiques ne sont que des fictions dont il faut se libérer avec le reste. Au passage, il conviendrait de se libérer de ce qui est mis en accusation ici, (Gauchet est en fait un sale réac "à cancel") et qui sont les originellement funestes droits de l'homme devenus vérole de notre monde.

    Car mon athéisme va jusqu'à nier ce que Gauchet reconnait trop prudemment, dont la "question sociale" et autres billevesées anticapitalistes, la légende des enfants dans les mines ayant occulté celle des enfants dans les champs, (ou bouffés carrément en cas de famine) ce qui était la condition que tous ces peignes culs (dont mes ancêtres) ont quitté avec enthousiasme pour aller se faire plaindre par les syndicats. Le capitalisme fut avantageux (sans être un "progrès") dès son origine et c'est pour cela qu'il devint ce qu'il est et non pas l'inverse... Tous les déterminismes passés porteurs de faux avenirs étaient bidons, y compris Dieu et il faut s'en persuader, et aussi réformer ce qui manifestement ne va plus. 

    Car il y a des époques troublées, avec des troubles prolongés, et la désactivation du commerce méditerranéen dû à la funeste "civilisation" islamique dura bien trop longtemps, nous pourrions revenir à ce genre de situations suboptimales sans pouvoir nous y opposer vraiment. Quel destin est ce que cela ? 

    Si à l'origine de nos déboires, il y a une conception dévoyée de l'individu (d'origine chrétienne d'ailleurs ) qui pousse ce qui nous reste de Pape à déconner avec ses invasions humanitaires, et bien il convient de revenir à un saint égoïsme qui nous pousserait à nous obséder moins que maintenant des malheurs personnels des gens. En gros: il nous faut revenir à une sauvegarde calculée de nos familles et exclure du champs des droits des individus qui se croient tout permis. Oui, c'est un scandale, mais la preuve est maintenant faite de la nocivité de ces droits à tout accordés à des principes.

    Il y a des pauvres étrangers ou pas et il y en aura, et ils doivent vivre leur condition en fonction des situations culturelles, politiques, judiciaires et historiques. Ils n'ont AUCUN droit à vivre mieux aux frais de ceux qui font mieux qu'eux, quelque soit l'injustice des situations, qui ne peut se dénouer qu'au nom de l'intérêt de tous. Je défendrais donc ici d'une autonomie complètée par de principes égoïstes et cruels injustement ignorés par l'histoire et qu'il nous faut restaurer pour survivre. 

    Pour ce qui concerne les empires, et les nations et la "démocratie", j'ajouerai que les modes culturels tribaux sont incompatibles par définition avec la démocratie au sens où nous l'entendons, et qu'il n'est pas possible de donner les droits de l'homme aux sujets tribaux, et donc de les inclure à la légère dans un corps national trop différent d'eux. Encore une raison d'en limiter l'applicabilité, que ce soit sur notre sol ou même dans les autres pays, et le sud global va faire et peut faire ce qu'il veut, nos manies n'ayant pas à être promues hors sol, comme l'actualité nous le montre. 

    Pour ce qui concerne les wokes et leurs réclamations insensés, il conviendra de mettre le hola aux petits délires post féministes au nom du bon sens. Une vieille idée libérale serait l'instauration d'une réduction d'impôts explicite aux couples fertiles mariés ou non, la notion de famille ne pouvant plus s'identifier à un sacrement religieux ou laïque devenu dépassé. Encourager la reproduction sexuée est le rôle effectif et nécessaire de l'Etat, qui n'est pas de sanctifier scandaleusement des mariées moustachues issue d'une conception dévoyée de l'égalité.

    La deuxième idée toute aussi libérale, et en plus favorable au LGBT, est la suppression de toutes les espèces de "parités" législatives basées sur le sexe visibles des individus, nous avons décidé déjà depuis assez longtemps qu'ils étaient égaux en droit et en fait, et donc capables de se débrouiller. 

    La suppression de l'"éducation nationale" conception centralisée du bourrage de crâne qui exclut la vraie instruction, la seule nécessaire, l'Etat n'ayant pas à se substituer à la famille au nom d'une gestion d'un peuple uniforme qui ne l'est pas, l'inégalité des individus étant non pas à combattre, mais à encourager à tout prix ! 

    Combien de fausses socialisations sont à détruire avec la remise en place de ces foutus droits ? Ils sont en tout cas la cause du suicide de notre monde, et il est peut être déjà trop tard. 

     

     

     

    (1) Marcel Gauchet : Le nœud démocratique 

  • Les cathos philosophes

    Les prétentions catholiques à gérer le pouvoir allèrent assez loin dans le temps, et on se doit, alors qu'un certain conservatisme américain va se manifester avec une tentative sans doute assez énergique de rattraper un certain délitement au dernier moment, de décrire et comprendre certains tenants. 

    Au début du XXème siècle Maurras tenait le haut du pavé, et les thomistes héritiers d'Aquin philosophaient à toute vapeur.

    Aquin séparait nettement nature et surnature, le spirituel ayant ainsi sa place entière théorisée, la fin de l'humain étant la vision béatifique du Divin, obtenue par la grâce alliée aux vertus théologales foi, espérance, charité. La jonction avec le politique se faisait avec l'exercice du rationnel dominant la nature piloté par l'essentiel, mais restant temporellement autonome. De quoi satisfaire un rationalisme moderne tout en gardant la main. 

    Le maurassisme là-dedans était clairement un extrême, son "nationalisme intégral" monarchiste et totalisant, ouvertement antilibéral, royaliste et ... catholique (pour l'ordre) apparut comme un marxisme de droite, décrivant les fondamentaux intellectualisés du seul pouvoir possible, en ligne "scientifique" avec les sentiments réactionnaires de l'époque. Il y eut une jonction entre les deux, Jacques Maritain catholique s'il en est fut AF jusqu'à la rupture quand il obéit strictement à son camp, se sépara de Maurras, et alla par la suite jusqu'à l'humanisme intégral. On rappelle que Maurras était agnostique, instrumentalisait le catholicisme tout en mettant un nationalisme français prononcé devant toute autorité épisocopale. Et puis, c'est clair, le complot jésuite fut prééminent dans la décision de Pie XI de décembre 1926. 

    Ce seul pouvoir possible est en fait assez moderne, si l'on pense à tous nos réacs actuels, éberlués par l'ampleur du désastre moral actuel, et qui tiennent à restaurer les valeurs indispensables au bon politique. On y trouve d'ailleurs la personne de l'autorité royale qui doit être indépendante des partis (le mot "partisan" va bien au-delà du simple parti politique formalisé par la constitution), et doit aller jusqu'à la dévolution héréditaire pour se faire ! On y trouve aussi le contraire de la tyrannie, l'accord populaire devant se manifester et se respecter: l'autoritarisme monarchique EST "démocratique". De plus il est validé par l'histoire: les 40 rois firent la France et ce furent les "100 piteuses" de 1814 à 1914 qui la détruisirent, la firent envahir et mépriser du fait de la calamiteuse révolution (3).

    Et puis, et "mais", il y a Saint Augustin: distinguant cité de Dieu idéale et parfaite, mais après la fin du monde, et la cité terrestre, imparfaite, le pis aller de l'existence humaine dépendant du péché originel et de la grâce. Au passage sa définition des nations, faites de "une multitude de créatures rationnelles associées par un commun accord quant aux choses qu’elles aiment. Les nations ont l'Amour pour ciment. Et se définissent pour la première fois autour d'un peuple.

    Et là on passe sur l'explication de la chute de Rome et la responsabilité des chrétiens dans le funeste affaiblissement: Augustin explique bien sûr que c'est le christianisme qui était la seule chose vitale dans la pourriture de l'Empire. 

    John Hawley théoricien conservateur américain embraye alors (1) sur la destinée américaine: les puritains partis fonder une cité meilleur ailleurs. Voilà qui nous ramène aux origines de l'Amérique: un nationalisme chrétien. 

     

    (1) https://legrandcontinent.eu/fr/2024/07/20/laugustinisme-de-josh-hawley-aux-racines-theologico-politiques-du-trumpisme/

    (2) https://legrandcontinent.eu/fr/2024/10/02/la-conversion-de-j-d-vance-pourquoi-le-colistier-de-trump-est-devenu-catholique/

    (3) les conceptions de l'histoire de l'Action Française https://books.openedition.org/septentrion/39195

  • Les construits inexistants

    À l'occasion d'un interview de Jean François Bayart (1), s'expose la question d'une sorte de généralisation abusive qu'on retrouve partout, qui est dans les termes parfaitement absurde et contradictoire et qui pourtant hante notre temps, transformant l'Occident rationnel en pétaudière qui se suicide. C'est ma théorie. 

    La scientificité humanoïde, ou la sociologie, bref, ce qui introduisit à ce qu'on peut appeler le "deuxième marxisme", ou deuxième tentative de fonder à gauche via des systèmes intellectuels scientificisés en charge d'inspirer les gouvernances est basée sur ce tout ce qui se rattache au "constructivisme" ou description des faits du monde par leur apparition historique : ces choses là ne "sont" pas, elles furent créées par l'homme par convention, habitude, méchanceté, voire bon vouloir (parfois). Élément essentiel de la défense de tout constructivisme, et conséquence obligée, celle que je dénonce, la proclamation de non-existence, associée quasi directement à l'ancienne négation du divin, aujourd'hui privée de toute énergie mais qu'on recycle avec cette même énergie: état, paternité, nation, idéal, capitalisme, et aujourd'hui histoire et même sexe, tout cela n'existe pas, et n'a jamais existé. 

    L'opposition est celle, conceptuelle, entre état et processus parangon de la métaphysique. Déchirant le langage et toute conception a priori sur la nature de toute chose, l'expression intellectuelle réfléchie qui classifie toutes ces choses qui sont entre fugaces développement temporels et éternités des matières indestructibles, est ici à la manoeuvre, mais on dirait sans qu'on le voie. Pourtant le présupposé semble universel: n'existe que la chose essentielle et ce qu'on démontre apparu conventionnellement, ou même simplement historiquement n'a aucune valeur. Un faux caillou. 

    La démocratie ? Une invention récente, inutile et enjuivée, l'accord dans la forêt entre poilus hurlants suffit bien et a marché assez de temps pour qu'on y revienne enfin. Il y a d'autres exemples. 

    La divergence empire/état que décrit si bien Bayart, source du racisme et de la violence du siècle dernier, fait bien apparaitre le caractère construit et historique des nations, dont il affirme la non-existence et la relativité, avec les identités, les traditions inventées et en gros, tout ce qui fait le discours implicite des réactionnaires, prouvé faux, nous sommes ici avec un scientifique. 

    Ce qu'il y a d'étonnant avec cette scientificité imperturbable et destructrice, et son implacable assurance souriante, son imperturbable cruauté ironique: vous n'êtes qu'un fantôme ou un imbécile, de croire à tout ça et vous serez bientôt oublié. Votre vie n'est qu'un rêve absurde et vous devez disparaitre. La vérité a triomphé et vous aviez tort. 

    La chose est évidemment pourtant contradictoire: quelle meilleure manière d'essentialiser une chose que de a décrire ainsi en détail, en utilisant ses attributs cachés, dérisoires et mensongers mais véritablement descriptifs, contrairement aux officiels ? La chose existe en fait, mais, elle doit mourir, car mauvaise, voilà l'enjeu. 

    Pourtant, on pourrait imaginer, et c'est ce que fut, avant, la prétention, que, au contraire, l'étant conventionnel, puissant et collectivisé bien qu'enfin décrit comme améliorable, mutable ou historisé, soit en fait un étant respectable et à protéger dont l'histoire même, c'est-à-dire l'ancienneté connue, mérite respect et attention: ce qui fut si longtemps aurait-il des qualités ? Mieux ! Ce qui fut extrait de légendes avant-hier, et promu enthousiasmant hier, correspondrait-il à une valeur à considérer du fait de l'action de ses promoteurs, pas forcément illusionnistes ? Pourquoi ne pourrait-on pas créer des valeurs et le revendiquer ? Qu'y a-t-il de mal à inventer des traditions, et qu'est-ce qui fait que la Vache Qui Rit, sacrebleu c'était une pub en fait, doive disparaitre ?  

    Mieux, c'est cette recréation perpétuelle d'images et valeurs collectives symbolisées et symbolisantes, qui font l'histoire des esprits qui se rassemblent, en remettant toujours en commun quelque chose d'antérieur, qui fait que la tradition inventée est toujours en fait souvenir d'autre chose et partage d'avant, par définition. Quand j'étais petit. S'il doit y avoir considération, c'est pour le caractère "étique" universalisable du phénomène ou plus exactement de ce qu'il produit, ces choses apparemment superficielles qui font parler les gens entre eux. Les traditions sont TOUJOURS inventées. 

    Et puis il y a les fondamentaux. Les conventions se rattachent à quelque chose, et oui, l'épée brandie ressemble à un sexe  masculin en érection, le "décryptage" de la chose étant au moins autant fantasme rationalisé de vieille fille que profond dévoilement d'un inconscient dont la capacité de forclusion vaut bien l'hypocrisie du vieil escroc incestueux à l'origine de tout ça. Il y a un réel, d'ailleurs accessibles aux scientifiques des diverses obédiences. 

    Le sexe par exemple, malgré tous les efforts des vieilles guenons mal baisées qui veulent en faire un genre voire un autre, a une réalité avant les prises d'hormones et même réduit à un gène sur le chromosome Y qui peut apparaitre sur un X, reste un fait objectif que nulle connerie conventionnaliste ne réduira, et certainement pas la bipolarité asexuée d'adolescentes perdues qui se tatouent le sexe qu'elles veulent s'arracher. Tel était pourtant l'agenda caché des scientifiques, comment mettre le mot au féminin, toutes les thèses sur le genre étant le fait de greluches hystérisantes, par un pet de parité dans ces conclaves de non mixité nécessaire que sont devenus les jurys universitaires. 

    Nous avons sauté directement au woke, aboutissement de la chose qui en l'un des piliers. C'était bien le sujet, le point d'orgue d'une dégénérescence qui nous a mis au bord du gouffre, et qui vient de loin. 

    J'en reviens à la découverte de ce "conventionnel", grande invention de la modernité, voire de l'Occident, la maitrise de la nature étant par définition dévoilement que la chose n'est plus sujet "surnaturel" mais est bien objet soumis à des lois, expressibles dans le langage et que donc, ce qui en assurait la solidité avant ne peut plus exister, étant entièrement remplacé par le discours avancé. À partir de là, et c'est bien à la fois la dénonciation et l'affirmation nominaliste, il n'y a plus que des paroles, les nôtres, et je peux aller déclarer ma féminitude à un fonctionnaire interdit de me tâter les nichons. 

    Avant d'aller aux extrêmes, il y a pourtant bien une métaphysique particulière à l'oeuvre et une conception des choses qui s'illustre, la nécessité philosophique de la différenciation entre bien et vrai faisant qu'en toute logique on devrait pouvoir cantonner le conventionnel et lui attribuer la réalité qu'il a. 

    Le constructivisme a pourtant du mérite: c'est de là qu'on put décrire que des objets agissants symbolisés et présents dans nos quotidiens sont en fait des individus avec qui nous avons des transactions. Quoi de plus astucieux et séduisant ? Faut-il s'interdire de penser de la sorte de peur que de petits trous du cul débiles incultes hurlent à la divergence entre la machine et l'homme ? J'insiste ! Les découvertes et réflexions des temps modernes qui furent à l'origine de cette relativisation des considérations sur notre monde n'avaient pas eux l'agenda woke que toute la bande de frustrés terroristes assume aujourd'hui ! 

    On pourrait imaginer qu'une structure du monde séparerait les choses (on serait là dans une métaphysique de la gauche, ce qui rajouterait un livre à Aristote). L'avant et l'après, au sens ou la valeur présente serait à abattre car violant un passé qu'on voudrait revoir. La pensée révolutionnaire: le présent est illégitime car décidé par Papa, il faut revenir à avant sa naissance à lui. Non pas ressusciter le grand-père (cela serait pire), mais refonder le monde sur une éternité fondamentale dont la différence d'avec maintenant montre à quel point elle a été (injustement) violée. 

    L'autre côté de cette infection morale, qui agite tout de même la moitié de l'opinion, en moyenne, est l'inverse: le passé est à la fois réel et perfectible, non pas présent (il a disparu et on le réinvente en permanence) mais référence ancienne, fantasmée et désirée, qu'on veut réaliser "en mieux". Une sorte de progressisme sauf que le mot est déjà utilisé, pour désigner ce qui est en fait le strict contraire: le révolutionnaire destructeur dont on a parlé et qui a déguisé sa fausseté derrière tout ce qu'on peut légitimement désirer: scientificité, moralité, intelligence, mis en avant pour mieux tromper. 

    La preuve: le livre que Macron publia pour se faire élire s'appelait "Révolution". 

    Alors que la science est d'abord incertitude et recherche rigoureuse obligée, qui se doit d'être ignorante des grands intérêts, sinon comme instrument des technologies de la prospérité. Elle ne peut donc pas mobiliser en son nom des changements sociétaux sans devenir vilaine technologie ou instrument moraliste. Lutte contre le changement climatique ou surhumanité ne peuvent ainsi émerger d'une "science" directement, sans passer par un "construit", justement ! 

    Alors que les nations, évidentes communautés actives possibles sont les seuls rassemblements logiques des volontés humaines nécessairement à rassembler, entre empires et tribus, les deux autres formes de fausses associations, dévoluant au religieux ou au familial ce qui ne pourra jamais être ni à l'un ni à l'autre.

     Le rapprochement entre les deux hiatus est explicatif: la motivation pour l'inexistant construit est révolutionnaire, ou plutôt motivation du révolutionnaire qui s'engouffre dans la certitude d'un chemin obligé: du passé faisons table rase car rien n'existe ! Facilité par l'innocuité de son parricide (papa n'existait pas) le coupeur de tête et de traditions s'avance, innocenté. 

    Hélas, la position est trop tentante, et tout découvreur d'explications se voit découvreur de trésors cachés au point de finir par croire que c'est lui qui a enterré l'or trouvé: l'hasardeuse trouvaille devient prétention, voire guiage messianique extrayant un passé sans autre humilité que celle du mot "révolution", associée à l'évènement que son écrit provoque avant même qu'il ait vraiment changé le monde. 

    On passera sur les absolues certitudes qu'engendrent cette hubris là, allant jusqu'à ne jamais lésiner sur les violences nécessaires envers les adversaires du projet. Mais que diantre, qui sont ces gens qui s'opposent au progrès intrinsèque à la révolution ! Qui sont ces gens qui se battent pour rien ? 

    Toutes ces niaiseries ne siéent qu'aux faux intellectuels de notre temps, entrainés en meute dans des rêves collectifs fous, qu'ils soient ceux de la révolution prolétarienne dont l'infâme charogne fut maintenue puante pour animer l'endettement du monde au nom du misérabilisme social, et qui a muté mangée par les vers en une surhumanité (légitime, elle en est l'exemple même, 2 siècles après Hegel, les vers la rongent encore) informatisée qui avant ses 120 ans réclamés, s'achève dans la dénatalité à prothèses mammaires et bien sur à changement de sexe, conjugaison des deux. 

     

    (1) Elucid Jean François Bayart https://www.youtube.com/watch?v=kFJlPeJGRV8

  • Les noirs

    À l'occasion d'un débat à l'américaine entre un activiste "réac" est une jeune noire revendicatrice, s'aborde sans le faire vraiment, tout en le faisant, la question de  l'"explication". Pourquoi les "noirs" (aux USA) sont ils aussi meurtriers, au chômage et en prison ? (1) Bien sûr, l'explication nécessaire d'une situation comparable, quoiqu'historiquement incommensurable, se pose pour l'immigration africaine en France, qui s'inclura dans le problème 

    L'explication, le "racisme systémique" et tutti quanti est trop connue pour qu'on en discute. Mort aux fausses idées. 

    L'explication reste donc nécessaire et le propre de notre monde est de ne pas la donner. Nul intellectuel, moraliste ou philosophe ne se permettra d'en élaborer la queue d'une. Les féministes, curés ou militaires restent silencieux et on n'en parlera pas. De quoi? 

    Le débatteur américain, ils se sont donnés à fond, avant l'élection et on espère que cela aura porté ses fruits, livre pourtant la clé (du moins l'a-t-il tenté). Le patriarcat, ou plutôt son absence. 65% des jeunes noirs sont élevés sans père, contre 25% des blancs. L'absence des pères, ou plutôt la présence massive d'une culture adolescente et familiale privée de paternité active, et cela de manière stable dans la reproduction régulière (le phénomène démarre dans les années 60) des communautés, marque des comportements collectifs qu'on doit corréler avec l'autre différence, celle dont on se plaint vraiment: la violence, et la séparation culturelle et morale qui l'accompagne. 

    La comparaison allusive que j'ai faite avec la situation française est en fait profonde, car elle redouble un double phénomène explicatif, les intellectuels racisés qui viennent donner des leçons en France ayant été, au moins certains d'entre eux, formés aux US au pic de la vague woke dont nous espérons tous (inch Allah) qu'elle sera éradiquée avec violence après la victoire de Trump (Inch Allah). Pape NDiaye, si tu m'entends. 

    Bien sûr que les situations historiques entre Amérique et France et aussi Europe sont radicalement différentes. On notera l'extrême violence raciale qui divise la Suède (sans colonies africaines, ni traites atlantiques, ni même de lutte contre les turcs) et la France voire l'Angleterre dont le "modèle" multiculturel sensé résoudre tous les problèmes français a bien montré ses limites, pourtant. 

    On fera court: l'humanité mâle a besoin de modèles d'identification paternels et nationaux et leur absence ou leur remplacement par des appréciations déformées ou malséantes sont socialement handicapants. Le handicap social c'est la délinquance systémique, et celle-là est avérée. On pourrait parler de coopération féminine, et il est sûr, pour une fois une idée woke n'est pas dans le principe absurde, que l'intersection entre femme méprisée, mère sans autorité et violence masculine racisée n'est pas vide, mais bien sûr, comme toujours, avec une interprétation "translatée".

    L'oppression féminine dans les familles monoparentales délaissées par les géniteurs, au risque d'élever des sous-hommes dégénérés et violents, victimes du fait de leur manque d'éducation et de morale de toutes les discriminations possibles, est bien un problème et comment font-elles ? Les femmes noires sont aussi concernées ! 

    Surtout que le problème se focalise et on pourrait piocher dans les interprétations officielles, pour mieux déconstruire le symptôme dans le discours qui les marquent: l'obsession de l'esclavage subit, ou de l'oppression blanche colonisatrice subie, ou plus subtile, celle d'une "haine de l'islam" qui va au-delà de l'identification raciale en tentant désespérément de refaire le match de la guerre de civilisation perdue... La marque de l'identité indépendante perdue qui désespère le jeune garçon et qui fait de leurs compagnes leurs victimes et ... leurs éducatrices.

    On pourrait parler pour l'immigration européenne du déclassement des pères, trop exploités ou trop absents physiquement ou culturellement: ils ne propagent pas l'environnement de la vie. Cela concerne aussi les pères "blancs" d'ailleurs, travailleurs d'un monde industriel qui n'est pas celui de la "communauté" d'habitation, laissé aux femmes ou aux caïds au chômage. Le nombre de ménages monoparentaux augmente partout, simplement pas au même niveau suivant les appartenances. 

    Pour ce qui concerne ce qui est manifestement excessif, dans la "communauté" des étrangers radicaux, ceux qui importés malgré eux n'ont pas pu faire souche vraiment et ceux qui, importés aussi, mais d'une autre manière, restent pour les mêmes raisons, finalement, en échec. On ramenerait tout donc, à la construction de l'individualité par l'identification nationale à un collectif doté d'histoire, qui ne peut se faire harmonieusement que par la présence centrale du fameux patriarcat, bête immonde non pas à abattre, mais à révérer. Surtout qu'il n'existe pas, ou de manière différenciée suivant les anthropologies, mais on ne parle que du principe. 

    Le problème américain est ce qu'il est, et on pourrait les laisser se débrouiller, sachant que la question de la ségrégation, scandaleuse dans les années 60 et donc abolie, conduisit pourtant la situation globale des noirs à se détériorer. Grand paradoxe de la modernité cette dégradation, qui accompagna le déclin et apparemment aujourd'hui la ruine du rêve populaire américain submergé par le rap et le fentanyl, est patente et directement liée à ce qu'on soulève et qui fut au lieu d'être un symptôme une conséquence de la destruction des traditions, de toutes les traditions. 

    Le christianisme noir, inspirateur de bien des beautés, a ainsi basculé cela est certain avec le reste, et cela a bien contribué à la chose actuelle, il était partie prenante du patriarcat et l'Amérique comme le reste de l'Occident, a maintenant abandonné sa religion. 

    Bien loin de vouloir faire du "noir" la mauvaise couleur, il suffit d'expliquer brutalement la chose par la culture qui donna naissance à l'Amérique du nord anglo saxonne, sachant que l'Amérique en petit des français aux Antilles ne vaut guère mieux : perdue dans l'assistanat et la pseudo autonomie culturelle, elle a ses problèmes irrésolus aussi. Avait-on vraiment besoin de faire venir des esclaves à travers l'atlantique et qui a eu cette mauvaise idée ? 

    L'importation d'un peuple est toujours une mauvaise chose, voilà tout. La morale de cette belle réflexion est-elle la fin de l'immigration partout où cela est possible ? Sans doute et l'expansion africaine subie ou active n'a pas vraiment profité au monde, au final, raison de plus pour la rendre impossible aujourd'hui, s'il est encore temps. 

    (1) Radio Maudin https://www.youtube.com/watch?v=-02URx1p1Bg