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  • Les unités

    Image illustrative de l’article Sagittarius A*

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  • Les plateaux télés

    On parlait de folies occidentales, on doit parler de folies Françaises, à la Télévision, nous sommes sur France TV, chaine du service public, dans une émission (1) qui fait le point sur la situation en Ukraine à une heure de grande écoute, avec des présentateurs "vedette" Karim Rissouli, Laure  Adler. Un expert militaire, Michel Goya. Nous sommes le 12 septembre 2022, l'offensive Ukrainienne dans la région de Kharkov vient de réussir, à la surprise générale, après ce qui semble être l'échec d'une offensive sur Kherson, annoncée elle depuis des mois. 

    Un des participants (Gérard Araud, ex ambassadeur de France aux USA) s'est fendu d'un article dans le Point pour évoquer l'ambiance extraordinaire qui régnait sur le plateau. Le fait est qu'elle défiait l'entendement. 

    Une Russe, qui cite des articles écrit par une opposante Russe exilée depuis 25 ans aux USA, une Ukrainienne qui ne doutait pas du succès de l'offensive surprise, font partie de la bande d'enthousiastes qui parlent tous humblement "sous le contrôle de Michel Goya", dont la bonhommie experte parle d'un "1918", c'est sa thèse: après des années de guerre de tranchées sur un front immobile, une série d'offensives sont déclenchées, qui mènent en quelques mois à la fin de la guerre... Thèse étrange: les offensives allemandes de 18 furent brisées par la défense française, qui détruisit l'armée Allemande pourtant toute entière rassemblée.

    Le plus féroce des combattants est Nicolas Tanzer, prof à Science Po, haut fonctionnaire mais surtout (Wikipedia dixit) enthousiaste défenseur de l'OTAN. Directeur d'un mystérieux institut lobbyiste de l'assemblée nationale, le "CERAP", il apparait comme ce qu'il est: un agent d'influence anti Russe, dans l'exercice de ses fonctions.

    Son discours est énergique: l'armée Russe a des pertes énormes et les compense en recrutant des vieux, et aussi dans les asiles psychiatriques et les prisons. Dans les régions occupées, on torture, et on déporte les enfants, ce qui est un acte de génocide d'après les conventions internationales. On trouve partout des charniers dans les régions libérées, et on va bientôt devoir libérer la Crimée, cela n'est pas négociable, la minorité tatare injustement traitée devant être défendue. 

    Bien sur, on ne mentionne pas les pertes Ukrainiennes, un startupper est trop malin pour mourir, l'absurdité totale qui consiste à recruter des fous ou des criminels en leur donnant des armes, le fait que les régions "occupées" sont russophones et le sont à la demande des populations, le fait que les charniers sont rien moins que douteux, et que la minorité "russophone" en Crimée n'est bien sûr jamais évoquée en regard de la tatare. Quand au fait que la Crimée étant considérée Russe par les Russes, une tentative de (re)conquête pourrait être une menace directe contre une puissance nucléaire, la chose, inconcevable pour Tanzer, est juste brièvement évoquée par Goya... 

    Qu'un adulte francophone puisse proférer ce torrent d'insanités débiles est absolument sidérant: on veut décrire là le monde, et cela est monstrueux. Le caractère psychiatrique de la chose apparait d'ailleurs: par cette accusation de mobiliser les asiles. L'asile est mobilisé, Nicolas Tanzer l'a fait ! 

    Le pauvre ambassadeur évoque l'incertitude de la guerre, tout en se joignant à la meute (il mentionne délicatement que "nous" souhaitons tous la victoire Ukrainienne)... 

    Une représentante de l'ONG "Stand by Ukraine", le principal lobby Ukrainien en France, crache le morceau et cite Zelensky: "tout commence par la Crimée et tout finira par la Crimée". Critique selon elle pour l'économie Ukrainienne, la Crimée n'est pas négociable... L'ONG en question a porté plainte contre  Ségolène Royal "au nom des victimes" pour avoir évoqué de possibles manipulations au sujet des crimes de guerre russes.

    Sous nos yeux peut être enfin dessillés, se manifeste l'opinion d'une belle blonde, résolue pour les beaux yeux de l'Ukraine à convaincre ou à forcer le monde pour des raisons morales à quelque chose de précis: forcer la Russie à abandonner la Crimée (et aussi toutes ses menées à l'intérieur des frontières de l'Ukraine en 1991). 

    L'idée serait la suivante (si je comprends bien): bien que faisant partie de la Russie, ces territoires ne valent pas la peine de déclencher une guerre nucléaire pour les maintenir dans le giron Russe et la Russie doit donc les abandonner. On pourrait imaginer l'inverse, et l'annexion par la Russie vieille déjà de 8 ans, pourrait au contraire signifier que la reconquête doive être abandonnée du fait de la menace de guerre nucléaire qu'elle implique. Bref, un conflit est en place avec comme enjeu, la renonciation à une guerre nucléaire, à assumer par l'une ou l'autre des parties. Sans vergogne ni doute, la belle blonde insiste: c'est à Poutine de s'incliner et l'hypermotivation européenne devrait le faire plier, il suffit d'insister et de le menacer avec assez de force. Pour garantir la manoeuvre, des fournitures d'armes au glorieux peuple de l'Ukraine devrait suffire à assurer la victoire sur le terrain.

    Tanzer approuve: l'Europe n'en fait pas assez et l'engagement de l'OTAN est insuffisant. Comme on pouvait s'y attendre, il y a bien un point de vue, actif et représenté, qui milite pour une guerre effective contre la Russie de la part de l'OTAN, l'expression de la force juste suffisant à dissuader la Russie, celle ci devant et devant l'évidence, renverser Poutine le démon en trop. Cette insistance à vouloir la chute de Poutine lui monte d'ailleurs au cerveau, son souhait émouvant de voir DEUX mausolées sur la place rouge, l'un pour les crimes de Staline, l'autre pour ceux de Poutine, tout comme nous avons nous dénoncé les crimes de la collaboration et de la colonisation est ahurissant... La conscience du crime doit ainsi faire des progrès en Russie, la dénonciation d'Ivan le Terrible étant encore à venir et nous avons bien maculé de faux sang notre statue de Colbert. 

    Nous devons donc nous battre avec l'Ukraine au nom de la liberté et bien sûr du "droit des peuples à disposer d'eux même" sans doute, si tant est que l'Ukraine soit un peuple et doive forcément disposer du droit de disposer des peuples qui lui sont soumis. Ceux-ci s'expriment ce week end dans des référendums que Macron considère sans valeur, dommage que Poutine soit d'un avis différent et signifie par cela dès aujourd'hui son intention de sanctuariser dans la fédération de Russie des territoires qu'on doit déjà considérer Russes. 

    Vient alors la grande discussion sur la fragilité du pouvoir Russe face à la défaite, celle devant le Japon et l'Allemagne au début du siècle fragilisant le tsar, notre ambassadeur évoquant alors celle face à l'Allemagne en 1941 qui fusionne communisme et nationalisme Russe pour 50 ans de domination absolue... 

    Et alors l'apothéose, Laure Adler cite Vaklav Havel: l'Ukraine est la frontière du monde occidental, puis un stratège européen, pour qui "l'Ukraine a toujours représenté la tête de pont de la démocratie et de l'incarnation de la démocratie européenne". La statue gigantesque de Stepan Bandera vous remercie, Laure, vous parlez d'or. 

    (1) Le plateau télé : https://www.france.tv/france-5/c-ce-soir/c-ce-soir-saison-3/4034743-guerre-en-ukraine-faut-il-croire-a-un-tournant.html

    (2) L'article du point signé Gérard Araud https://www.lepoint.fr/monde/gerard-araud-peut-on-encore-debattre-de-la-guerre-en-ukraine-18-09-2022-2490375_24.php#xtatc=INT-2438-[topconversions|2490375]

     

  • Les folies occidentales

    La rentrée en Occident se passe bien, la une du Figaro du 15 Septembre 2022 le montre avec éclats. Les news qui se succèdent de même... 

    Sans doute médusé "exagérément", j'y note avec effarement une succession ( ) de nouvelles enchainées qui toutes témoignent de la profonde psychose qui s'est emparé de ce qu'on appellera bientôt "occident" avec commisération et pitié, voire mépris: 

    - le parc nucléaire Français est à moitié à l'arrêt au seuil de l'hiver. Victime de dix ans de désinvestissements massifs et de la politique active de dénucléarisation pour cause de sureté, il n'est pas considéré comme indispensable par l'élite "écologiste" Française. Il l'est en fait. Le "renouvelable" est totalement dépendant du gaz Russe. Folie suicidaire, soumission à la politique prédatrice de l'Allemagne, qui inspire la désastreuse politique de l'énergie Européenne. 

    - Car la libéralisation de la distribution (pourtant structurellement monopolistique) de l'électricité, se traduit par une explosion des prix des fournisseurs "alternatifs" dont l'existence imposée par l'Europe montre sa nocivité. 

    - La France va mettre au point un dispositif de fourniture de son gaz à l'Allemagne... Responsables en principe du futur mirifique Hub Européen du gaz à l'arrivée du merveilleux Nordstream 2, arrêté enfin par les USA en Février, l'Allemagne pille la France, comme en 40, non pas de son beurre et de ses vaches, mais de son gaz. 

    - L'Australie, soumise aux USA, a rompu brutalement un contrat de sous marins signé avec la France. Illustrant le mépris et la prédation américaine, et sans doute l'étonnante corruption de pays occidentaux pourtant luttant ensemble dans un camp de la liberté dont on se demande à qui il profite, il se traduit, dans les faits, par l'impossibilité des USA de fournir  une solution de remplacement à l'Australie qui se trouve donc for dépourvue. De quelle nature était la décision et qui l'a préparée aux USA, en Australie ? 

    - La CEDH impose à la France de rapatrier les familles des djihadistes actuellement en Syrie. Composant avec des assassins ennemis de la France, ces femmes (avec leurs enfants), toutes issues d'une immigration de masse récente en Europe ont vécu la folle et barbare tentative d'installer un califat génocidaire et esclavagiste au Moyen-Orient, organisateur en Europe d'attentats effroyables. L'Europe serait responsable de l'éducation d'un peuple conçu pour la détruire et doit ajouter à l'échec d'une immigration subie, la honte d'une immigration forcée imposée par un tribunal dont les juges Turcs et Azebadjianais se gondolent de rire en jugeant. 

    - Inaugurant avec sa femme (la pauvre vieille, toujours soupçonnée d'être une transgenre par des rumeurs maintenant établies, se pavane déguisée avec une veste rouge de singe savant faisant du vélo dans un cirque pour une occasion qui par définition ne la concerne pas) la nouvelle table du conseil des ministres. Il nous annonce pour l'occasion une de ses futures activités: élaborer une stratégie nationale pour traiter les crises multiples que nous traversons et qui sont les transitions, numérique, énergétique, écologique et ... démographique.  

    On notera la belle anticipation (dix ans déjà au pouvoir pour y réfléchir ) et aussi la prise en compte d'une transition démographique qui évoque des évènements mystérieux sans doute inéluctables, en tout cas va être pris en compte. 

    - Le Pape annonce que l'Occident a fait fausse route et a échoué en matière de justice sociale, en particulier dans l'accueil des migrants. La rupture entre Occident et catholicisme et donc en bonne voie, mais on le savait. Que cela se fasse comme ça est assez hallucinant, par ailleurs. 

    - Des canons Français réputés pour leur précision sont utilisés par les Ukrainiens pour bombarder une capitale séparatiste sans objectif militaire affirmé, tuant des civils. Cela au milieu de protestations contre des tortures supposées infligées à des cadavres de soldats morts déterrés à l'occasion d'une visite du président Ukrainien, protégé par un garde du corps portant un insigne néo nazi depuis retiré des photos. Le président Français, à l'annonce de la mobilisation partielle Russe, dit regretter profondément ce choix qui mène la jeunesse de ce pays à la guerre... 

    - Tué par la police lors d'un refus d'obtempérer après avoir tenté d'écraser un policier dans une voiture volée, un Tunisien avec 21 antécédents judiciaires dont le soupçon d'une participation à une course poursuite de passeurs ayant causé un mort parmi des migrants, émeut la foule : une marche blanche est organisée en son honneur: "Justice pour Zied, un ange parti trop tôt".

    - Le chef de la diplomatie Européenne, Josep Borrel, ex Ministre PSOE des affaires étrangères de l'Esapagne, propose de créer un tribunal international pour juger les crimes de guerre Russes. Diplomatiquement et tout aux négociations qui justifient son salaire, il affirme de plus que "la Russie met en danger la paix mondiale". Cette action, toute diplomatique, le rend persona non grata pour toute activité de négociation avec la Russie. Un diplomate, donc, mais aussi un sinistre connard décérébré "bien dans son rôle". 

    - Confrontée à une généralisation du refus d'obtempérer que le slogan "la police tue", largement repris par des forces politiques variées, ne peut qu'encourager, la police est souvent désarmée, en particuliers par les lois et la justice en général. L'ordre public troublé par des errants étrangers qui ont le droit d'aller où ils veulent en Europe, et par des toxicomanes qu'on ne peut obliger à se soigner, ne peut en moins de plusieurs mois de procédures judiciaires complexes mettant en jeu diverses conceptions de la liberté, éviter l'occupation illégale de lieux publics ou privés pendant ces périodes là. Squatteurs, camps de migrants et autres pollutions radicales de l'espace public complètement abandonné ne sont pas réprimés ni par les pouvoirs publics, ni bien sûr par ceux dont ils sont sensés, et avec succès, empêcher la violence sanguinaire, pourtant maintenant nécessaire.   

     

     

  • Les mémoires de Péan

    On a lu les mémoire de Pierre Péan, le journaliste "investigateur"  ou plutôt, selon ses dires de "journaliste d'initiative", ou d'"enquêteur". L'investigation, c'est Plénel, et cela consiste à publier au jour le jour les compte rendus des enquêtes judiciaires en cours, selon le principe de l'accoquinage bien connu entre la "violation du secret de l'instruction" et la "protection du secret des sources". 

    Tout est là (une bonne partie) : Péan déteste Plénel et l'a flingué magnifiquement "je cherche une façon de me payer Le Monde" avec la "Face cachée du Monde" qui abat la direction du Monde (Colombani, Plénel) en quelques mois. Une conception du métier, une conception de l'éthique personnelle, toute la vie publique de Péan qui se révèle ainsi comme une personnalité pensante majeure de notre époque, qu'il a traversée en fait comme un homme politique. 

    Car tout est là aussi (la seconde partie, la plus importante). Péan est un prince, un homme d'Etat, en tout cas leur égal, en fait (il les fréquente, recueille leurs vraies vérités, Mitterand comme Chirac) et en droit : il les flingue publiquement sans y toucher au nom de la vérité dans des cérémonies auxquelles ils doivent se plier, il les cajole, se fait cajoler par eux, les combat, les fait plier, tout cela dans une symbiose étonnante.

    Tout un ensemble de réflexions se déclenche à cette lecture: l'homme est d'une puissance incroyable, et atteint des sommets émouvants dans ce qui concerne les jugements que l'on peut faire sur l'histoire, et les hommes, du passé et du présent. 

    On commencera par comparer justement cette conception là du "jugement". L'exemple est Mitterand: admiré depuis les années 60, il est globalement épinglé par Péan comme "bon" et "nécessaire" on pourrait dire "a priori". À partir de là, et dans le cadre d'une fidélité morale totale et jamais remise en cause (il ne s'agit pas de cela, ou plutôt, justement, il s'agit de cela), Péan accumule sadiquement à propos de cet homme-là toutes les informations qu'il arrive à dénicher et les compose dans un portrait saisissant qui à la fois, se trouve être le dévoilement de ce que toute une carrière politique avait réussi à cacher (sous peine de mort publique) et aussi se trouve obtenir l'assentiment de la victime, qui réussit à cracher le morceau quelques mois avant sa mort tout en ayant, objectivement (mais pas médiatiquement) réussi aussi à ne pas "manifester contre les métèques en 35", car il n'a jamais été raciste, ou plutôt (c'est mieux) a toujours été "antiraciste". 

    Péan est il dupe ? En tout cas, il a le culot de mettre en exergue une clé (comment cela ne pourrait-il pas en être une"? ), la citation de Mitterand: "Qui se confesse ment ! La confidence toujours songe à la gloire et à la propagande". 

    Gérée jusqu'au bout, la légende du vieux truand a donc réussi à passer, se déguisant derrière un opprobre que Péan d'ailleurs dénonce presque à raison, en étant la cause. Un chef-d'œuvre. 

    Au centre de l'accord passé avec Lucifer, l'appartenance à la Cagoule, niée absolument et définitivement par Mitterand, qui en fait manifestement un casus belli, déterminant l'existence du livre, la seule chose à quoi tient vraiment Péan. 

    La fréquentation assidue pendant tout l'après guerre de tous les responsables cagoulards, les liens familiaux, l'emploi salarié, le lien avec les Bettencourt, tout cela ne compte pas. Casus belli, vous dis-je. À sa décharge, il n'a que 21 ans lors des attentats cagoulards et a protégé, sorti de prison et toléré des gens de la mouvance d'extrême droite, jusqu'à la ressusciter à des fins électorales 50 ans plus tard...  

    Et puis la Francisque... La défense du monstre est que De Gaulle lui même l'avait nommé ! Un député gaulliste lui rétorque en 53 à l'assemblée (

    « En faisant cette désignation, le général de Gaulle s'était peut-être trompé. Vous aviez jeté votre Francisque aux orties suffisamment à temps !  »

    puis: 

    « Je suis convaincu que vous vous intéressez beaucoup moins à la France qu'à la carrière de M. Mitterrand ! »

    Tout cela Péan le "décrit". En ce sens, il remplit son contrat: donner les faits permettant de juger au lieu d'affirmer un jugement de vérité qui dans le contexte de son activité (publier des enquêtes) n'a en fait aucun intérêt. Le "tu ne jugeras pas" des chrétiens est donc entièrement endossé par Pierre Péan le chrétien (il l'est profondément, d'après son fils)... 

    On a donc l'entièreté de cette manière d'être et de penser qui caractérise effectivement ce qu'on appelle "hypocrisie chrétienne" et qui a un sens, comme on dit, en tout cas une existence, la preuve. Le jugement y est celui que l'on attribue au divin et que l'on a l'impudence de s'approprier. La foi donne souvent de l'assurance en ces matières, hélas. 

    Péan se permet même le luxe de dénoncer l'entourage dénué de moralité de Mitterand et même d'affirmer ses désaccords politiques. Mais, il l'affirme: il n'a  pas de "comptes à régler" et n'est pas un "déçu du socialisme", n'étant pas socialiste. Un aveu ? Sincère hypocrisie, toute la complexité du personnage... Qu'est Péan lui même !!!  

    Et puis le revers de la médaille. On a dit qu'il était un "homme politique". Un brin de suffisance à ce sujet: un "je" qui est peut-être une coquille le rend décideur entouré de décideurs en action dans une passe difficile: il en jouit, clairement. De manière générale, cette familiarité avec la transparence de l'action politique, qui la rend évidente et claire, est parfaitement assumée, sans vrais doutes ni vrais problèmes. Une assurance en béton. 

    Pourtant, les marques d'attention, qu'elles soient de Mitterand ou de Chirac, ne lassent pas d'interroger: comment ne pas chercher à séduire l'incorruptible fonceur, mais en y mettant tous les moyens que des animaux politiques supérieurs sont capables de mettre ? 

    Il est connu, et Péan n'y fait pas allusion (à moins que je ne me trompes), que l'essence du politique comme humain est d'abord la capacité de séduire: l'interlocuteur doit avoir l'impression de compter, d'être considéré et compris. Les marques d'affection privées sont permanentes, multiples, exagérées: les larmes, les protestations de fidélité les plus excessives se multiplient sans jamais d'oublis. Pris dans cette nasse, toutes les manipulations peuvent être essayées, toutes les nuances introduites, tous les mensonges proférés. La victime de l'insecte prédateur dont la position essentiellement asymétrique ne doit pourtant pas laisser place à aucun doute sur toutes les attitudes empathiques, ne peut être que celle de la femelle pénétrée égoïstement ou bien celle de l'ennemi mortel combattant de toutes ses forces pour sa vie. Voir les larmes c'est la jouissance femelle d'avoir contre cela donné ce dont elle n'a pas idée de l'importance, ou le plaisir de voir la victime à terre si on a réussi à abattre. Chirac, comme Mitterand ne furent pas abattus, sinon par la maladie: rien ni personne ne les découvrit, et les biographies se succèdent sans avoir trouvé les failles. 

    Comment imaginer une relation d'amitié effective, voire sincère, même occasionnelle, entre Péan et Chirac, entre Péan et Mitterand ? Sachant tout ce qu'ils savent, tout ce qu'ils sont ? 

    Pour comparer, et c'était ce que je voulais dire, De Gaulle fut abattu non pas par la maladie mais par le désaveu: sa grandeur fut de s'en plaindre, et nulle "enquête" n'en "révèlera" quoique ce soit... Quant aux relations sincères de De Gaulle avec qui que ce soit, à part sa femme, et encore, je ne vois pas, et qui peut y attacher de l'importance ? 

    Continuons sur Chirac, le soit disant "inconnu" surtout connu pour sa médiocrité globale, et l'éloge par Péan de ses engagements "artistiques" et aussi tiers mondistes n'y change rien, bien au contraire. 

    Président d'une République Française passionné par les arts premiers, la culpabilité occidentale, les souvenirs des communistes en Espagne, l'homme, anti-fasciste et anti-raciste convaincu a séduit le tiers-mondiste Péan. Non pas que sa passion ne soit pas ancienne, elle est celle de sa médiocrité globale et de son désintérêt profond pour son propre pays, mais il put pour la première fois l'exposer en détails sans risque de se faire mettre minable, au contraire, c'était pour la postérité : au seuil de sa sortie de la scène, il peut enfin se valoriser aux yeux de ceux qui le conspuent depuis toujours... Suprême modestie, l'ex président reconnait même que son pire ennemi connaissait mieux l'histoire de France que lui: désespérant, et c'est bien ce qu'on lui reproche. 

    Que la destruction de l'éducation et la culture française ait commencé avec lui, incapable de se choisir un autre successeur que Nicolas Sarkozy (ce président là fut sodomisé par son prédécesseur ET son successeur), ne lasse pas d'interroger: mais bon dieu à quoi pensait-il ? A l'entrée de la Turquie dans l'Europe ? À l'immigration massive qu'il inaugura ? A l'assistance sociale généralisée qu'il installa ? À sa propagande écologique ? Son seul fait d'armes : avoir rompu avec l'Amérique sur l'Irak, nous rendant pour toujours hors course et exclu de tout respect de la part des USA... 

    Le mystère de cet homme est en fait sa nullité profonde. Ce n'est pas de sa méchanceté qu'il fallait se garder, mais bien de sa connerie. Pardon, mais le message de Péan n'est pas passé, là. Pourtant, l'homme au sommet du pouvoir qui en profite pour vivre ses passions (intérêt pour l'asie, les religions, la profondeur de vies humaines) et qui finalement défend avec bonheur un certain idéal de respect de l'humanité et de paix globale du monde, a aussi un peu mérité de l'histoire. Voilà t-il pas que je me péanise... 

    Et pourtant, que de jugements superficiels de satrape prétentieux, qui se croit au sommet du monde ! Pour lui, c'est Péan qui le révèle un peu navré, Rome et Athènes sont des civilisations coloniales. L'homme a bien le jugement de valeur incarné comme l'ongle.