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Les sexes

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Avant la question du transhumanisme, se pose celle du transexualisme, c'est à dire de la possibilité, du droit et de l'effectivité sociale et humaine du changement de sexe. Rêve de surhumanité ? Volonté de s'affranchir au nom de la liberté, de la science et du droit des dernières souffrances que la nature inflige encore à quelques humains? 

On a lu par exemple (1) et (2).

On y voit posé bien des éléments de la réflexion, depuis la mobilisation du corps médical, jusqu'à celui de l'état civil ou encore mieux, l'exclusion des policiers qui se voudraient inclus. Au passage, on notera la nature de la lutte, et qui la caractérise comme l'exclusion de (rien que ça) des critères "transphobes, sexistes, agistes, putophobes, validistes, toxophobes, sérophobes, psychophobes, classistes" de toute la gent antitrans (expression nouvelle, avec une connotation musicale). 

On voudrait poser d'abord le critère de liberté, le choix de certaines personnes de faire ce qu'elles veulent de leur corps, y compris de le détruire étant un élément du choix libéral, cela dans une société qui a pénalisé la consommation des prostitutions, et qui expose ainsi l'opposition entre les deux féminismes: celui des vieilles et celui des jeunes, le plus récent étant le plus libéral. On avait déjà noté ainsi ce que la revendication transexuelle, en plus du queer, avait de subversif pour l'"image de la femme": mise à mal, donc, car refusée, ou revendiquée de manière outrageante. 

On pourra noter la question du corps, celui ci étant enfin entamé (nous vivons à l'époque des tatouages, et des mamectomies préventives), l'interdiction de la circoncision étant maintenant hélas hors de portée, non seulement du fait de la présence trop massive d'une immigration musulmane, mais aussi de la vogue à venir de la subincision (3), naturelle aboutissement d'une évolution inéluctable, le principe de la "fermeture éclair", déjà décrit ici étant à l'oeuvre dans l'histoire, Hegel avait raison. 

On pourrait commencer par l'état civil, le choix du sexe civil pouvant être un droit, et d'ailleurs il l'est, les limites portant sur le nombre possible de ceux ci, la limite n'étant pas claire (3, ou 7, non je rigole, et à peine). Pourquoi pas ? Au delà du déguisement que l'on veut le plus parfait possible, la carte d'identité, forme de tatouage supplémentaire, ne "gène" personne (héhé).

Cela a toutefois pour conséquence, au delà de la futilité de la prétendue erreur corrigée de diminuer la gravité de certains actes commis sur le justiciable: le meurtre du trans n'est plus un féminicide, c'est marqué là.

Le cas évoqué montre l'absurde du libre choix dont l'absurdité ne peut être supprimée (par exemple en considérant la mention du sexe comme optionnelle sur les documents d'état civil). Responsable de son choix, on devra à la majorité choisir son sexe, sa religion et bien sur j'allais l'oublier, sa nationalité... Tout cela sera fait pendant la durée du service militaire (sous sa forme retaillée), la subincision n'étant pratiquée (que sur les sexes déclarés masculins) que dans un futur proche. C'est le matriarcat, idiot, on va en reparler. 

Identité

Les aspects scabreux du sujet étant traités, il faut bien aller au delà des représentations que nous devons nous faire des états de l'humain.  La transexualité, au delà de l'homosexualité et de la multi genréité focalisée ou non caractérise les modalités possible de ce qu'on appelle l'identité, marque de l'unique au sein du multiple. L'expression "identité multiple" qui vient à l'esprit en montre bien le constat dérisoire: le sexe et l'identité et tout le reste sont multiples, et on peut choisir. 

"choisir" ? Non en fait, et c'est la première aporie: coincé dans un sexe non voulu, ou non perçu, la revendication consiste simultanément à se plaindre d'une contrainte (l'habitation dans un corps détesté) et à vouloir s'en affranchir au nom d'une autre (l'obligation autant que le désir de vivre son être véritable). On veut le "choix", au nom d'une obligation interne. C'est donc sous la contrainte que le choix officiel (physique et symbolique) veut pouvoir avoir lieu. La liberté de "choisir" son sexe se fait parce qu'obligatoire, la nécessité de la transition se faisant au nom de la nature. 

Cette nature à laquelle on se plie tout en la violant par ailleurs se trouve ainsi non pas changée mais rendue encore plus souveraine, le "véritable" sexe étant à la fois faux et vrai et réciproquement. Que des êtres intelligents doués de raison, d'humour et de sens commun puissent se vautrer à tenir de pareilles pensées est absolument atterrant mais aussi parfaitement réel et d'actualité. C'est même l'avenir tendance.

Leur conseiller  ce qui fut de tous temps appelé la "sagesse" et leur permettre par la liberté et le respect de leur originalité (les cas peu fréquents pouvant parfaitement être supportés dans tous les sens du terme) de vivre tout simplement, avec simplement une forme particulière du malaise qu'est la vie humaine ? Cela est transphobe.

Car la nature des choses est ce à quoi on ne peut rien, mais véritablement. Non pas seulement le fait qu'on soit persuadé d'être une femme alors qu'on dispose d'une constitution manifestement masculine, mais aussi qu'on ne peut pas s'identifier à la négation de ce qu'on est, sinon symboliquement. La considération de la nature dans ce qu'elle a de plus brutale mène inéluctablement, du moins si l'on raisonne un peu, à la nécessité logique du symbolique comme objet autre virtuel ET réel qui marque à la fois la fiction et la réalité, qui marque la réalité et la fait exister, par la fiction elle même. Vouloir abolir ce fictionnel dans sa forme symbolique tout en le sachant, c'est remplacer le symbolique par le faire semblant, par le réel simulé, par le fantasme. C'est aussi la cessation du jeu, du clin d'oeil, du rire. C'est pour cela que je parlais d'humour: le travesti est utilisé comme objet de rigolade dans les systèmes conventionnels utilisant encore le symbolique, rigolade ou signification profonde du castrat révéré, mais tout sauf le nouvel être transitionnel qu'on veut nous faire voir et nous imposer comme image, ou symbole de ce qui veut renoncer au symbole, bref, l'absurde.

Image de l'absurde, donc ? Pourquoi pas ? Mais qu'a-t-il donc à vouloir se prévaloir de son nouveau sexe, physique et "symbolique" ? Pour mieux marquer le dégout des mondes où se genre de chose existe ? Pour mieux donner envie de le voir disparaitre ? Comme si le suicidaire généralisait son suicide... Hitler parait il chiait dans sa prostate et dégoutait tout le monde avec son odeur (sauf Eva Braun, de sexe indéterminé, celui des anges sans doute)... (Là j'y vais carrément). 

Revenons sur cette question d'identité. Comme si elle était fondamentale, alors que délaissant leur culture millénaire, des millions d'hommes se précipitent en Occident pour y manger, à rebours de tous les instincts qui leur dicteraient de faire de leur propre monde l'espace de leur être propre: de quoi donner l'idée d'un réel dans lequel ces choses n'ont pas d'importance et peuvent être supportées pourvu qu'on vive, ou bien au contraire d'un monde qui n'a  jamais cessé de laisser s'exprimer les pulsions intimes quitte  à leur laisser imposer la seule chose qui compte: leur désirs impérieux de ne pas être contredit. Expression de la liberté, que le devoir des humains se doit de satisfaire, diraient certains. Certes, mais pourquoi ne demande-t-on pas l'avis des gens, majoritaires, qui doivent subir les injonctions de ces désirs ? Pourquoi seule l'identité des peuples, les plus nombreux, ceux qui peinent dans leur majorité à équilibrer leur collectif est elle en cause?

La seule identité qui compte est celle de celui qui n'en a pas, sauf celle de vouloir la destruction nécessaire du monde qu'il envie. Comme si la revendication d'identité ne pouvait être que prédatrice, et ne pouvait tirer sa satisfaction que de la destruction d'une autre. Habile retournement de ma part: car c'est pourtant bien l'identité pesante de papa qui mutile les pauvres transgenres: y aurait il une notion d'identité non meurtrissante ? NON ! dit le symbolique. 

Science

Puisque nous sommes dans la nature, restons y. La caractérisation génétique du sexe ferait partie des 4 critères de l'attribution du sexuel: le génétique, donc; la conformation des gonades, l'équilibre hormonal (induit, mais distinct), les rôles sociaux. Selon l'article cité, 3 des critères sont "transitionnables" (et personne ne le nie). Donc...

Pourtant on oublie le critère oublié, la capacité virtuelle ou potentielle d'assumer un des deux rôles que un milliard d'années (environ) d'évolution donne à chaque individu (et dieu sait s'ils sont divers) membre de l'une des nombreuses espèces ayant (peut être à tort) adopté ce pénible mode de se propager (de se reproduire, quoi). 

D'autre part, le caractère génétique, porteur de ce qui est l'origine chimique des transformations embryonnaires président au développement de l'organisme individuel semble bien fondamental: il y a du sexe, glaireux, réel et indubitable. Ses manifestations sont variées, certes, mais sur une base constitutive, appuyée sur la notion même de vivant. 

La vie (comme on se la raconte)

On rappellera ainsi que les cellules se divisent entre bactéries et archées (procaryotes, sans noyau, avec un seul chromosome) et eucaryotes (la majorité, avec noyau, organites et plusieurs chromosomes). Le blob est eucaryote. 

Les être vivants eucaryotes sont des proto ou méta zoaires suivant qu'ils sont unicellulaires ou non. Le blob est unicellulaire.

Il se trouve que le sexe est pratiqué par les protistes, eucaryotes unicellulaires (ou multicellulaires primitifs), qui sont des protozoaires et aussi par les metazoaires, eucaryotes bien sur mais surtout multicellulaires. Les métazoaires sont très majoritairement sexués. On note que le vivant c'est animal ou végétal ou champignon en plus des protistes dont le taxon n'est pas bien défini en fait. 

Une cellule multichromosomique est soit diploïde soit haploïde (un gamète). Le passage de l'un à l'autre c'est la méiose. Les amibes (qui sont des protistes) ne font pas de méioses mais des mitoses, tout comme les cellules de l'embryon humain en gestation, d'ailleurs. 

Il faut distinguer méiose de gamétogénèse... En effet, certains protistes fabriquent leur gamètes en phase haploïde, et même n'ont pas pratiquement pas de phase diploïde (hors l'état de zygote, juste après la fécondation) alors que d'autres associent méiose et production des gamètes. Les métazoaires sont plus carrés de ce point de vue. 

Il y a plusieurs sortes de méiose, mais disons que les animaux en utilisent la forme complexe partout la même, avec duplication  des chromosomes, et appariement en deux sortes avec recombinaison. La simple mitose, qui serait pourtant la forme la plus logique de multiplication a ainsi été abandonné par le règne animal. Pourquoi donc ? Ne pourrait on pas innover sur plan ? Cela fait envie, non?

De manière générale, et apparemment c'est une contrainte qui s'impose aux protistes trop primitifs pour s'en protéger, il n'y a bien, pour qu'un zygote (cellule résultat d'une fécondation entre gamètes distincts) soit produit, que deux origines possibles différenciées. Certains zygotes protistes par exemple, ne pouvant se distinguer chimiquement de gamètes, se font violer à leur tour, les rendants inaptes à la méiose... Y aurait-il ainsi une vie "virtuelle" possible, sous la forme d'un zygote stérile génétiquement multiple ? Il semble que non. 

Pour préciser, on doit ajouter que les ovocytes sont formés pendant la fin de la vie embryonnaire de la petite femelle humaine, et que leur stock diminue constamment, passant de 7 Millions à la 5ème semaine à 400 000 lors de la naissance, puis à 1000 lors de la ménopause. 

La méiose humaine se fait en plusieurs phases, il y a deux sortes d'état d'ovocyte, le I et aussi le II produit durant l'ovulation. Cela correspond aux deux phases, réductionnelle et équationnelle, de la méiose. On rappelle que l'humain a 46 = 2*23 chromosomes. La première phase de la méiose consiste en une duplication de chaque chromosomes de cellules diploïdes pour former des tétrades qui se divisent en deux, chaque unité étant double et se divisant finalement lors de la phase équationnelle pour produire les gamètes haploïdes.

Avant cela le follicule (contenant l'ovocyte I) produit avant la naissance reste à l'état inhibé "dictyotène" de la réduction équationnelle, jusqu'à la puberté. Le "cycle" ovarien produit quelques unités d'ovocytes qui arrive à maturité progressivement, parachevant la méiose complète qui produit l'ovule fécondable.

En fait, et ça c'est marrant (et peut être cela pourrait faire vaciller ma thèse, quoique), l'ovule ne termine vraiment sa méiose qu'APRES la fécondation. De toutes façons, l'énormité de la cellule fécondée (relativement au pauvre gamète male) est telle qu'elle peut bien faire ce qu'elle veut... 

En dehors du fait qu'une telle cellule soit inapte sans fécondation à une différenciation complète la conduisant vers un état embryonnaire véritable, la considération de la binarité de ce type de reproduction est incontournable, irréfragable, donc (à moins que des esprits forts arrivent à démontrer le contraire, et je ne m'y risquerai pas), et donc consacre l'absolu de cet état  du vivant réduit à DEUX formes, la preuve que le sexe existe donc, et avec des bases solides. 

Ma transphobie est donc scientifiquement fondée. 

Vérité

A partir de cette certitude, tous les accommodements sont bien sur possibles. La vie peut être aussi privée, et qu'importe que cet homme se vive comme femme, que cette femme se voie homme? Là arrive alors la question de la reconnaissance et de l'identité, la chose se voulant "trans" c'est à dire transgression de la vérité objective et toute la question est de savoir si cette transgression là est acceptable officiellement, symboliquement et en droit. Bien loin des accommodements, il s'agit d'imposer la trans-gression dans le discours officiel et dans les pratiques et d'établir le réel de la transition, les usages devant changer entre avant et après l'opération qu'elle ait lieu au billard, au guichet ou les deux, on est père quand on déclare un enfant, et sexué comme ça quand on l'affirme.  On est femme avec une bite en moins, et homme avec des seins en moins, c'est le couteau qui parle et il faut se séparer de ce qui rappelle l'injuste. 

Distinguons la souffrance personnelle et sa mise en public. 

Mélancolie

Depuis toujours, le "mélancolique", tristesse de ce qui n'arrivera jamais forge des êtres extra-ordinaires, structure les sentiments, les créativités ou dans la plupart des cas les médiocres souffrances de personnes innocentes et aimables qui n'y comprennent rien (l'inconscient c'est pas fait pour les chiens). Parmi tous les sentiments mixés qui agitent les pauvres humains, il recouvre tous ceux à qui on peut attribuer un peu de négativité. Il a le mérite de maintenir dans le réel ce qui s'opposera toujours aux préceptes de l'accomplissement forcené qui caractérise notre monde rationnel et technicien. "Tu n'as qu'à faire un effort, te remuer..." Phrase ignoble et l'étrangeté de soi et d'envers soi sera toujours le propre de l'humain libre et malheureux et vous me faites tous chier; cela est sans doute sur. 

Y aurait il des remèdes à la mélancolie ? Cela sera la première attaque: se couper la bite pour répondre à une injonction positive de s'accomplir comme personne dans un monde libéré apparait ainsi comme une solution. C'est pour cela que les vrais artistes ne peuvent que trouver absolument infâme et dégradant de se soumettre à la chimie, la pratique ou l'autorité de techniciens qui prétendent résoudre le mal de l'âme par le couteau, le vrai, l'objet tranchant qu'on ne peut manier soi même... 

Plaisant de voir le refus de la pénétration se transmuter en acceptation inconditionnelle: plutôt le métal que le gorgé de sang, plutôt la menace de mort que la conjonction fertile. L'aporie est partout dans ce monde là, et la contradiction refusée qui mène au n'importe quoi est bien à l'oeuvre. On va là jusqu'aux massacres chirurgicaux, dont les "normaux" sont aussi les victimes esthétiques et morales  manifestes, jusqu'aux traitement chimiques invasifs dont tous les cancéreux souffrent horriblement pour leur bien: laide et masochiste mélancolie qui soigne une fausse douleur par une vraie; qui soigne son mal être par un mal vivre (poétique expression, n'est il pas ? Réversible en plus). 

La haine de soi, de son corps, de son être, avec les refus des plaisirs ancrés dans le passé, dans l'enfance, est fréquente et multiforme: nous sommes tous acharnés à causer notre malheur présent au nom de nos soit disant malheurs passés. Nous passons notre temps à justifier notre peur et notre incapacité à vivre, et cela par tous les moyens possibles.

Trouvons nous un prétexte que nous nous acharnons à le rendre incontournable et ce discours même, cette logorrhée ridicule et haineuse n'en est peut être qu'un exemple (au passage, certaines saillies sont plaisantes tout de même, non?).

La mélancolie a sans doute là quelque chose de vraiment consistant à se mettre sous la dent: la malformation de l'être, l'injustice de la nature qui a mis une âme d'homme dans un corps de femme, alors que l'âme n'existe pas et que le corps célébré partout par ailleurs n'est que le seul symbole disponible, tous les autres ayant été assassinés. Pas complètement: il en reste un, et l'on va même jusqu'à vouloir la fin de son corps sexué, croyant en l'impossible: par la transformation chimique ou chirurgicale des gonades, la transformation de ce qui ne change jamais, même après un milliard d'années.  Mélancolique ? A pleurer. C'est pour ça qu'on le fait, sans doute. 

Reconnaissance

Mais on doit parler aussi de la reconnaissance. Il y a des personnes étranges qu'on rencontre, avec des caractères ambigus, qui trompent les classifications sommaires. La discrétion, la simple politesse, le respect des humains et aussi la tolérance moderne impose qu'on n'y fasse pas vraiment attention et que cela ne change rien à l'affection voire l'amour qu'on peut avoir pour eux. Ce défaut de considération est pourtant insupportable, et il faut que l'exception soit officielle, et les autres (ils sont multiples) sexes reconnus et identifiés. Mais bon sang pourquoi ? 

Réel

Il y a dans le réel quelque chose de surprenant que nos lectures (voir tout ce qui précède) abordent sans cesse: l'incapacité de celui ci à se manifester hors du langage. Truisme évident mais qui n'en finit pas de surprendre par ses conséquences: on ne peut garder longtemps, ou imposer de garder longtemps une peine, un sentiment, un affect qui soit unique sans représentant communicable qui se doit d'être général. C'est le mécanisme de la signification et de l'apparition de l'idée, du concept, de la conscience des choses, et donc de sa manifestation "réifiée" hors de nous même et dans l'esprit des autres. Le réel a besoin de communication, et tout depuis le religieux, en passant par le politique se doit d'être exprimé pour exister. 

Problème idiot? En fait on pourrait imaginer que ce désir d'être une femme reste secret, mais pratiqué dans les masturbations, dans les rêves éveillés, quoi. On a une vie tout seul, non? Et bien non, cela ne serait pas "vrai", et il faut que la pratique soit connue, et légitimée au point de ne plus provoquer l'effarement dégouté que commande la convention sociale, mais au contraire l'approbation enthousiaste que réserve l'admiration sans borne que l'on voue à ceux qui assument leur destin: votre pénis greffé marche avec une petite pompe ? Super ! 

Art

L'étrange exceptionnel a toujours été porteur d'information. Bien que les propagandes populistes tiennent absolument à fêter les mères, la patrie (qui étant morte renaitra) et le travail, cela ne peut être que quand c'est absolument nécessaire, pour favoriser une régénération sous l'occupation ennemie, par exemple. Le reste du temps, l'art se doit d'être "dégénéré" (entartung) tordu et la confusion sexuelle source d'énergie, comme toutes les transgressions et tous les viols (tiens tiens) l'essentiel étant de rester excité. 

Longtemps maintenu dans l'allusif, l'expression artistique soumise aux lois rigides de l'identification du réel et du symbolique, a pu aborder tous les sujets sans y toucher mais cela n'a plus suffit. Il a fallu aller au delà et matérialiser les transgressions évoquées. Fascinées par le "réel", les foules ont toujours été réjouies par la suppression des masques, des vêtements et des lois. L'artiste n'en peut plus de ne matérialiser dans ses oeuvres que la sueur de la difficulté à les produire: il lui faut épingler sa bite elle même sur la sculpture et participer ainsi totalement à son rêve: devenir ce qu'il produit, être l'oeuvre elle même, la sienne, ça c'est sur. 

On connait les Orlan et autres auto phages, et toute la partie de l'art moderne de protestation qui issu d'une pissotière révérée ne finira jamais de se chier dessus. Conçu exclusivement comme transgression à mener aux extrêmes et jamais comme "thème", cette portion (chiante et sans valeur, elle ne séduit que ceux qui ne savent quoi faire de leur fric, en plus de vendre du luxe...) de la création modernicole ne mérite que mépris et indifférence, l'indifférence méprisante étant le correspondant oxymorique de la désymbolisation: juste assez de mépris pour saler l'indifférence, juste assez d'indifférence pour ne pas se laisser submerger par le dégout. 

Etat civil

Ensuite parce que le mensonge ne peut pas être cru dans l'ombre, et que la négation de la différence sexuelle a besoin d'officiel. Tout comme l'affirmation de la communauté humaine instituée, improbable défi aux luttes éternelles des tribus, état originel évident de l'humanité, est un mensonge, elle aussi; et que DONC elle a besoin d'une cérémonie de conjuration de son impossibilité, et bien l'impossible à qui tous sont tenus ne peut exister qu'avec la pompe. C'est pareil, donc. Pourtant, alors que l'institution est en fait le projet humain par excellence, en gros ce qu'on appelle la civilisation et tout son caractère magnifique de projet proprement humain, la sanctification de l'impossible, à la limite du graveleux n'est qu'une horreur révulsante pour presque tous (et toutes).   

On se marie tous et toutes, on enfante sans père toutes, on se coupe la bite à vous tous. En chantant la marseillaise, on fait signer un maire ceinturé, qui se fendra d'encouragements ampoulés à votre nouvelle vie et surtout on touchera l'argent de la pension, sans parler du prix de l'opération remboursé non pas par une assurance mais par une constitution, un droit c'est un droit. Le droit de cette liberté là demande à être inscrit et respecté. Il est amusant, c'est encore une aporie qu'il soit aussi constitué de ce qui est la négation même du droit de l'homme ordinaire: le droit financé par la communauté nationale à se nuire à soi même. On rembourse le suicide, en quelque sorte.

Une pareille transmutation symbolique de la liberté, à proprement parler une socialisation morale du libre arbitre, qui s'accompagne évidemment en plus d'une nouvelle morale officielle à respecter sous peine d'opprobre est manifestement la manifestation de l'aporie dénoncée partout ici: le n'importe quoi s'attaque aux grands symboles, et la connerie ronge la République... Une nouvelle institution autoritaire construite sur la négation de l'autorité impose sa religion et sa loi à tous: la moquer est un crime et le gazon ne plaisante pas, il est maudit. 

Le Matriarcat 

On se doit de gloser sur ce qui est à la mode, et le spectre du matriarcat hante notre civilisation sans repères. 

Indistinction des sujets, rôle essentiel de l'oncle et du grand frère (le père absent n'existe pas), sacrifice et scarification, et surtout ablation, marquage et incision de tout ce qui peut combler le grand vide qui nous habite toutes: le symbole lacanien aujourd'hui coupé en petits morceaux, la fureur de ses maitresses étant éteinte, comme celle de celles de Sartre d'ailleurs, elles aussi devenue hommes après n'être pas nées... 

Nous y voilà donc et le "choix" de son sexe dans un système ou le marquage sexuel, avec les féminicides, les plafonds de verre et autres salaires inégaux, la prostitution interdite et les porcs balancés par leur putes (la putophobie est répréhensible) atteint une force démesurée. Qui plus est bien meilleure à l'école, les femmes trustent les postes à responsabilité et la recherche scientifique. Petit (on lui a supprimé la viande), malingre et tremblant le dernier bourdon humain fait des petites crottes qui sentent bon et ne peut plus être fécond qu'une fois par mois, alignement sur la règle implacable oblige. Que l'on soit femme devenue homme ou homme devenue femme, on voit bien qu'il y a quelque chose de trop ici, et qu'il doit disparaitre. Notre monde a un projet et on ne peut s'y opposer. 

Pour en rajouter une couche, la technique moderne se couple admirablement à la nouvelle ère géologique, dite "phéminocène": les fameuses PMA (papa maman abolis) vont permettre, non seulement l'éradication de toutes les maladies prévisibles par destruction préventive de tout futur patient, mais aussi bien sur, c'est le plus facile à faire, par la réduction drastique du nombre de porteurs de l'infâme chromosome phallocrate. Quelques paires de couilles témoins ponctionnées à loisir, bien sur issues d'un prix nobel blond aux yeux bleus de l'ancien temps (quand on savait encore y faire) devraient suffire à garantir un bonheur certain à la seule espèce qui compte vraiment: "La Lesbienne", et le rêve total de Monique Wittig se réalisera. 

Le patriarcat

Le grand coupable, l'ennemi absolu, insulté et bafoué par tous les camps, toutes les gauches et bien sur tous les sexes est l'infâme patriarcat, identifié au premier abord au donneur de taloches à la main lourde, au violeur de mamans, au gueulard aviné raciste, à l'empêcheur de tourner en rond, au censeur du jeu vidéo et du maquillage outrancier, à l'injuste autorité. Au passage, on dénoncera aussi le radin transphobe qui refuse les subventions pour raisons d'économie, le borné cul serré qui refuse de surseoir au principe de contradiction et bien sur, l'ignoble ricaneur qui humilie l'ex lesbienne pour défaut de vrai poil, et ma tante à talons avec son rouge à lèvres qui bave...Tenant de l'ordre à faire disparaitre et qu'on remplacera par son contraire, le matriarcat bien sur, c'est en bonne voie, en tout cas c'est le plan. 

L'évolution

On pourrait parler de la nécessaire et inévitable évolution des moeurs à laquelle il convient non seulement de se résigner mais aussi de collaborer avec enthousiasme, quitte à changer de sexe soi même. Mieux, il y a dans le revendication de la femelle chtarbée plus qu'une volonté de soumission, une volonté de dédommagement pour les humiliations passées qui ne pourront se résoudre que dans un asservissement volontaire, seul gage révolutionnaire que l'on puisse donner à la demande du vrai pardon... Bref, la totale. 

Le passage d'une "société d'ordres" à une société "fluide" de classes. Toute segmentation de la société empêchant de passer d'un "état" à l'autre est "pas glop". On DOIT donc pouvoir changer de sexe, et bientôt pouvoir passer de mort à vivant, sous peine de passer pour transphobe. Ma haine de la connerie devient folie, et je veux maintenant du sang. Ah le sang de ces connasses dont je m'enduirais le corps pour mieux marquer ma conscience de la menstruation, ah le gout de cette viande vivante que je pourrais consommer directement sur la bête...Bon je me reprends. Je ne suis pas d'accord. 

Cette "évolution" qui pourrait passer pour un évolutionnisme,  n'est pourtant pas basé sur la survie du plus apte, je dirais manifestement. Autre exemple de l'aporie, cette considération accentue le coté dégénéré d'une évolution qui bien sur semble surtout destinée à affaiblir son camp, l'avenir étant AUSSI à l'arrivée de personnes d'un autre genre (suivez mon regard) dont la virilité bien plus excitante ne fera pas semblant elle: la demi portion polie à la barbe bien taillée ne fait pas le poids, nous a bien déçu, et va comprendre pourquoi, mais trop tard. 

Associer transexualisme et féminisme dégénéré peut sembler paradoxal: la chose est effective pourtant et ce n'est pas du coté des travestis de chez michou que viennent les revendications les plus terribles, mais bien de mouvements non sexués, phases finales d'un abandon pur et simple du mode de reproduction décrit, celui ci n'ayant que trop duré, et bien trop pénible finalement, car causant bien trop de vergetures pour être conservé. 

Associer transexualisme et migrations peut sembler inapproprié: il y a bien pourtant rejet pour soi des troubles du sexuel et de la reproduction. Déléguer les pénétrations furieuses aux porteurs virils ultra fécond de sexes de grandes dimensions (un godemichet, cela fait vingt centimètres) et les grossesses pacifiées (à défaut d'être nerveuses) à des mamans déjà grosses dont les migraines n'ont plus à être supportées sera bientôt possible et donc tendance. Qui pour s'y opposer à part les transphobes ? 

L'évolution des moeurs a toujours été vers plus de tolérance, et donc de capacité d'associer les états pacifiées et donc bien symbolisées avec de possibles transgressions que la liberté rend inévitable. Qu'importe les excentricités exploratoires dans les mondes ultra stables passionnés surtout par les prospérités, les contacts entre des personnes différentes, et toute la merveilleuse faculté de l'internet et du monde à convoyer tous les spectacles ? 

Ce qu'on appelle évolution nous mène pourtant maintenant vers la suppression de toute référence langagière logique à un au delà pensable, la suppression du symbolique, c'est à dire de l'identification d'un objet donné à une signification claire inspirante. Impossible d'identifier sa mère chérie à une vierge debout dans une grotte, ou de rêver le spirituel d'une paternité comme attaché aux nécessaires dieux de l'antique, voire à leur association dans une complexe trinité: trop ringard, trop pédophile. Impossible même de croire à la seule chose dont on soit à peu prés certain du fait des progrès de la science: la permanence du sexuel chez les organismes vivants et son rôle décisif dans la construction de tout ce qui a mené à ce que nous appelons l'humain. Cela n'est qu'une tromperie démentie par les faits car le sexe naturel n'est pas ce qu'il est et que le langage n'a pas besoin de porter aucun principe de vérité ou de réalité. Le summum de ce monstrueux déni: prétendre le contraire est transphobe ! 

Car il y a plus qu'un sens virtuel évanescent reconstitué par l'arbitraire. Mieux: ce "choix" est en fait une obligation, et toute critique de sa puissance une marque réprouvée de dissidence criminelle. Se moquer d'un gazon arrosé par une main éponge en tire bouchon, ironiser sur l'incroyable prétention de pauvres connes à se soustraire à un milliard d'années d'évolution est cause de souffrances à pénaliser, à punir, à castrer. 

Gaudrioles, fantasmes, il n'y a plus que celles et ceux d'associations de défense de semi psychotiques furieux qu'on ne peut que subventionner en baissant la tête. Ah oui: refuser l'écriture inclusive c'est transphobe. 

L'évolution est devenue le contraire strict de ce qu'elle fut: la fermeture éclair est en train de remonter... 

Et bien pour terminer sur une note positive, je dirais que je refuse absolument de me plier à l'unanimité d'une société en perdition, réduite à se réduire à son noyau dur: la distribution de prébendes à ses clubs de quartier de folledingues. Je refuse d'accepter que l'on m'impose le respect à ce que je ne respecte pas: le symbolique nouveau, trop pelé, trop verdâtre pour qu'il remplace une moquette et je me comprends.  

Car le monde législativement constitué de l'obligation de penser le contraire du vrai et un monde fasciste et je le conchie. 

Le transgenre 

Je voudrais me référer ici à un livre (6) et aussi un article (5), qualifiant la demande de reconnaissance du transgenre comme une "fantastique demande relationnelle", l'auteur de la réflexion étant Judith Butler in persona. En guise de post colère, il faut bien penser la colère de l'autre et elle est réelle, même si en fait non et je ne changerai pas d'avis, à défaut de considérer la question. Coincée dans le queer, et donc dans la liberté des identifications multiples, Butler se trouve défiée par la revendication transgenre stricte, bien évidemment contradictoire, cela est suffisamment exposée comme telle ici. La question est la relation entre le dehors et le dedans, entre l'intériorité psychique et le social public, et toute la question du genre s'y situe bien sur. 

Délié sur ces questions, je n'ai, c'est assez clair, de mépris que pour les essentialistes, le reste étant reconnaissance de l'essentiel, la gaudriole en fait, et cela est suffisant pour moi. Qu'en dit Butler ? 

D'abord elle parle de la fameuse mélancolie, le deuil impossible, (on y a associe la spectralité, et le retour éternel du fantôme) source de la tristesse et de la révolte du futur (ex) transgenre. Connaissant bien le sentiment, qui est précisément celui du triste perdant de la modernité, celui à qui on a retiré la Nation et le bon sens, au profit de la folie écologiste et transexuelle, je jouerais donc à fond la carte de l'individu solitaire meurtri en permanence par une société matriarcale implacable, et réduit à être triste comme ses pieds. Héhé, comme la position est confortable ! 

On se permettra donc de faire la comparaison, et de comprendre et penser le transgenre comme le transpatriarcal, c'est à dire celui qui veut rétablir le patriarcat détruit par la modernité. Tremble Butler ! 

Butler définit le genre comme "limite" entre le dedans et le dehors, sachant qu'intérieur il ne peut que manifester des normes sociales, et que s'il n'est extérieur et bien l'intérieur ne compterait pas... Entre les deux, donc, pour ne pas dire que comme le sexe, il n'existe pas... 

Si l'on revient au mélancolique, il s'y manifeste un impossible, un contradictoire, caractérisé par l'entretien mortifère à l'intérieur de soi d'un existant qui n'est pas reconnu extérieurement. Butler compare cela au deuil impossible de la mort invisible du fait du Sida du compagnon caché qui marqua tant les communautés homosexuelles.

Le mélancolique alors exprimerait, selon Freud, de manière détournée extérieurement et publiquement un manque qu'il ignore en fait. La perte de l'autre extérieur se traduirait par une perte "en soi" et pour survivre, il faut se révolter... 

Manière second degré de ré-exprimer encore et toujours l'imitation, et le donc le thème du sacrifice (une sorte d'objet G bis) cette interprétation psy très queer devrait déplaire à certains, et je pourrais me l'approprier, le deuil de mon phallus patriarcal en morceaux valant bien celui de mon désir frustré de devenir une femme... 

Butler associe alors clairement à la mélancolie l'exclusion du collectif dominant, qu'il soit national ou sexuel et l'intelligence de cette dame est évidemment hors norme... 

Elle conclut pourtant avec une nécessaire et colérique rupture avec ce noeud là, comme si le paradoxe de Girard resurgissait (voir 7) et qu'une certaine forme de violence (supposée non pathologique) serait en fait nécessaire et inévitable...

Et bien je crois moi que cette rupture, si elle en vient à violer ma liberté et aussi la vérité logique, doit être brisée, et par la seule violence légitime, la vraie. Je l'avais déjà dit, mais "mort aux connes". 

 

 

 

 

(1) https://www.observatoire-des-transidentites.com/tag/identite-de-genre/#_ftn19

(2) https://www.facebook.com/collectif.existrans/posts/sofect-fpath/2794382417255376/

(3) http://cdarmangeat.blogspot.com/2014/07/une-initiation-australienne.html

(y avait des photos de subincisions sur le web, mais j'ai pas osé)

(4) http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/2868/1993_12_1392.pdf?sequence=1

(5) https://www.cairn.info/revue-champ-lacanien-2009-1-page-111.htm

(6) Sexualités genres et mélancolie (s'entretenir avec Judith Butler) (Monique David-Menard, 2009, Campagne Première)

(7) Girard http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2015/11/06/rene-girard-5711964.html

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