L'humour de Hollande
Le président de la République est un adepte de la "blagounette", forme d'humour qu'il a d'une certaine manière standardisé, avec des aspects particulièrement retors et riches de signification variées, nous mettant aux frontières de l'absurde. Absurde qui devient celui de sa propre personne, ou au moins de sa position de responsable, sa position dans les sondages étant ce qu'elle est.
Evoquant une baisse d'impôts à venir, il la qualifie par un "c'est du sérieux", allusion à la déclaration d'amour publique de son prédécesseur. Creusons. Alors que sa défaveur est due largement à un terrible imposition qui frappa d'ailleurs son propre camp, il promet non un remboursement mais une diminution de la charge de l'année d'après, promesse d'ailleurs vague et qui semble t il serait surtout le report d'une augmentation supplémentaire.
Le sérieux de la promesse est d'ailleurs renforcé par la réalité de son contraire exact, la plupart des mesures du gouvernement se réduisant à des suppressions de crédits variées, qui sont l'équivalent exact de hausses d'impôts.
Ce sérieux se manifesta aussi par les annonces régulières ces derniers mois, d'une amélioration sensible de la situation économique, hélas non suivies d'effets.
Le sérieux en question est bien sur aussi une allusion à sa propre vie sentimentale, faite de changements de cap multiples, faits sous la pression médiatique, après cachotteries puis révélation en costume ! Tout ceci d'ailleurs sur fond de rumeurs, qu'il balaye avec humour, d'un mariage futur.
Il y ainsi la capacité de communiquer sur son action "sérieusement", en mettant en avant ce qui motive, ce qui suscite l'espérance et conforte la Nation. Le contraire donc de la blagounette vicieuse, évoquant ainsi avec cynisme toutes les formes de mensonge que le monsieur pratique.
Quelques exemples similaires:
Au sujet de Cahuzac, dont la démission déséquilibra la parité homme femme dans le gouvernement il plaisanta par un "ce n'était pas le but" assez tordu sensé justifier sans doute les six mois passés à hésiter quand au sort du ministre (du budget quand même, convaincu de mensonge), hésitation faite de concert avec un membre féminin du gouvernement, tenue informée en détail, malgré ses dires, de l'enquête. Bref une pile complexe de dénégations variées et d'allusions sexuelles subtiles et variées. Là encore, une forme de sérieux dans les actions passées et dans leur commentaires, qui évoque une forme de cynisme.
Au sujet des plaisanteries graveleuses, il convient aussi de parler du président de Michelin, qui l'aurais "pris, mais avec beaucoup d'égard", et aussi d'une voiture présentée par le prince Albert, nommée "volage" et dont il demande si c'est parce que le prince la conduit. Bref, une forme d'esprit assez stressée je trouve, quasi masochiste et sans contrôle. L'ensemble "sent" un peu, comme disent les américains et on se prend à regretter la franchise brutale d'un Sarkozy, finalement rafraichissante, elle.
Pour conclure, avec cynisme, il convient de préciser que le cynisme, c'est vivre libre sans se soucier de la poursuite des honneurs; cela ne convient certainement pas au monsieur, qui s'est contenté cyniquement, d'en retenir la pratique la masturbation en public.
Un post scriptum, qui n'a rien à voir mais presque. En réponse au "patron des patrons" qui estime la situation économique "catastrophique", Hollande affirme que celui ci a "un problème de langage". Intéressant, pas drôle, mais intéressant.
Un autre post scriptum, celui ci extraordinaire, au sujet de ce qu'il faut faire après les assassinats et bien "il faut éviter les amalgames, les caricatures". De l'humour brut.
Commentaires
Les marques d'humour du personnage se multiplient.
Tout d'abord la fantastique augmentation d'impôts aux familles qui manifestent. BOUM !
Un chef d'oeuvre, du jamais vu.
Parler d'humour est tout de même un peu limite, mais l'énormité de la réponse fait tout de même rire. Bravo. De plus ce qui caractérise l'humour est qu'il fait rire tout le monde. Mon rictus est partagé, soyez en sur, et cela en aggrave le propos.
La nomination de Lang à l'Institut du monde Arabe, sans parler de sa décoration Marocaine, est assez frappante, et farce à la fois. Trente ans après, il fallait oser. C'est bien.
Longtemps après, mais il faut le mentionner, Hollande se permet en Avril 2015 de comparer le FN à un tract du PC des années 70. La blagounette, qui fit que Pierre Laurent secrétaire du PC exigea des excuses publiques (sans résultat) a ce coté retors, vicieux et tordu qui illustre parfaitement le propos tenu ici.
2 allusions, l'une au programme économique (nationalisations, protectionnisme) et aussi à la volonté de
limiter l'immigration publiquement exprimée par Georges Marchais à l'époque. Le refus de l'un et de l'autre qui fait l'allusion en est en fait une acceptation humoristique, ce qui en "fait" l'humour, car étant une marque d'auto dérision.
Et oui, moi président socialiste je suis responsable, simultanément, de gérer des points de vues qui sont à la fois acceptés et refusés par mon camp, ou plutôt par deux portions séparées de mon camp et ce "en se croisant" (au PS aujourd'hui, les frondeurs ne sont pas anti immigration), tout en assumant le fait que le PS détruisit historiquement l'importance électorale du PC, et aussi (quatrième élément de la complexe figure) le fait que le FN, ici dénoncé est mon allié objectif, mon repoussoir idéal.
Cela force l'admiration et aussi le dégout, il faut bien le dire.