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Les submersions

Ainsi donc, il est "indigne" de parler de submersion pour décrire l'immigration, phénomène qui, migratoire, s'appliquerait au vilain sentiment (qui plus est)(1).

On passera sur la notion de sentiment, qui bien fait pour atténuer et rendre caduc, voire imaginaire la chose ainsi purement subjective, fictive et sans réalité (qu'est-ce qu'un sentiment ? Sinon la vague et imprécise sensation immotivée et fantasmatique d'un possible sans objet ? ). Il n'a pas suffit, la submersion mot donc le choc liquide envahit tout interstice et mouille jusqu'aux os ayant tout écrasé. Qui plus est, en période d'inondation, l'inapproprié est encore plus patent: on en a jusqu'aux... (on se souvient de ce jeu de mots débiles associant couilles et grenouilles) sans parler du cou, les quelques bulles qui subsistent une fois le grand remplacement achevé n'étant qu'une trace d'un passé révolu, qui peut dire que c'était mieux avant?  Avant quoi ? 

De fait, qualifier une perception par l'évocation d'un extrême de sa possible manifestation est effectivement inapproprié. Cela à deux titres: d'abord en exagérant à dessin le fameux sentiment, pour le mieux rendre absurde et irréel. Comment? Votre racisme est tel que vous qualifiez la chose de submersion ? Pourquoi pas de remplacement complet, tant que vous y êtes ? Ensuite, en rendant le sentiment incontournable: on ne peut que penser à la chose, en voyant ce qu'on voit. Mais alors, la chose serait grave et on n'aurait rien fait ? Dans l'impossibilité d'agir, il convient de s'adapter, et la première adaptation au réel est de ne pas le dévaloriser. 

La tactique expressive était donc vouée à l'échec, et la phrase malheureuse est effectivement maladroite. En rient les droitiers qui vont jusqu'à dire que la faute rhétorique est telle que nulle subvention ou lâchage pécunier ne pourra la compenser: même arrosé de toutes les primes du monde, allant jusqu'au salaire pour ne rien faire pour tous, le racisme reste inexcusable et Bayrou est donc foutu: il lui faut donc se soumettre au fascisme, puisque c'est déjà fait.

Fabuleuse puissance du langage et de son usage en public, les sentiments qu'il permet d'évoquer avant et après son usage ravageant toute la sphère publique, et radicalisant toutes les expressions d'opinion, renversent les alliances et font exploser les consensus ! 

Un théâtre du centre de Paris est occupé par des faux mineurs africains en migration (il s'agit de mineurs déboutés de leurs minorité prétendue). La direction solidaire annule ses spectacles et refuse de porter plainte tandis qu'un collégien du 14ème arrondissement est poignardé à mort pour son téléphone par des lycéens mis à l'épreuve en liberté après des vols avec violence. Nous voilà donc submergé par le culte de l'excuse de minorité, l'"infans" incapable, envahissant voire meurtrier devenant trop présent à nos détournements du regard navrés. 

"Submersion" et "minorité", dérisoires éléments de langage d'une société par ailleurs en détresse démographique et qui vient d'inscrire le droit à l'avortement dans sa constitution. 

 

(1) https://www.nouvelobs.com/politique/20250128.OBS99599/submersion-migratoire-quand-bayrou-emprunte-le-vocabulaire-de-l-extreme-droite.html

 

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