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BWV 54 Wiederstehe doch der Sünden

Une cantate de jeunesse qui enchanta ma célébration bachique de 2013 et 2014 (on hésite entre 1713 ou 1714 pour sa première exécution à Weimar). BWV 54, un bijou incroyable, pur diamant et qui fait et fera l'admiration de tous, en tout temps et toujours. 

La célébration est celle du troisième dimanche de Carème (Oculi). 

Les paroles sont en http://www.bach-cantatas.com/Texts/BWV54-Fre6.htm

On passera sur l'enregistrement du premier couplet par Marcon, Giulio Carmignola et Angelika Kirchschlager

 

http://www.qobuz.com/fr-fr/album/bach-arias-various/5099708992422

On passera aussi sur le trop lent mais parfaitement baroque du film noir et blanc de Glen Gould:


https://www.youtube.com/watch?v=keT3Gnypbt4 avec Russel Oberlin à la voix alto... 

On notera l'illlustration graphique parfaitement géniale de https://youtu.be/3iKFi2DH-sA qui montre la balance de tout ce qui intervient pour faire marcher l'incroyable machine. 


Mon préféré est le BachStifftung avec Markus Forster, énervé et en colère et surtout avec l'admirable enregistrement de la complexité de la machine à violons qui anime la "chose". Car la chose doit être faite à mon avis avec vigueur et vitesse et ce n'est pas l'avis de tout le monde.  https://www.youtube.com/watch?v=PqO4Npbo_WM

 


Gardiner, par exemple est extrêmement doux là dessus. 

La cantate est exceptionnellement courte, deux arias d'Alto séparés par un récitatif. 

On commence par une attaque rythmée étrange, celle qui hélas est parfois développé avec lenteur et nostalgie avec ton égrelé qu'on n'attribue qu'aux vieux enregistrements. Cette étrangeté est parfaitement dissonante et introduit le rythme de la marche surprenante que constitue tout ce merveilleux moment. 

Widerstehe doch der Sünde,
Fais face au péché,

tient toi debout devant le péché ! 

Sonst ergreifet dich ihr Gift.
Avant qu'il ne te distille ses poisons.

Les violons peuvent être ornementés et l'Alto peut aussi se le permettre dans la démarche puissance de l'injonction finale incroyablement étrange et puissante: 

Laß dich nicht den Satan blenden;
Ne te laisse pas aveugler par Satan ;

Denn die Gottes Ehre schänden,
Avoir honte de la gloire de Dieu conduit
Trifft ein Fluch, der tödlich ist.
À une situation qui mène à la mort.

Assénée deux fois seulement, la menace toute de nécessité, la honte de la gloire est "mortelle", suffit à la répétition des deux vers d'introduction qui font l'aria, jusqu'à la fin... Comme souvent, un silence suit le centre de l'exposé. Et puis ça repart. On remarquera les ornementations propre à Bachstiftung, absente des autres versions. Ces cadeaux là sont optionnels et font partie de ce que peut offrir la maitrise complète d'un sujet, la transparence et la facilité de ses petites améliorations. 

Le récitatif étrange associe péché et mort tout en remarquant que l'apparence du péché est "wunderschön".

Il  s'en prend aussi aux "pommes de sodome" (Sodomsäpfeln) étrange allusion à une homosexualité qui ne permet "plus" (étrange compassion) d'appartenir au royaume. Il se termine par un énervement caractérisé du violoncelle toute en grave irritation. 

L'aria terminal se déchaine alors. 

Wer Sünde tut, der ist vom Teufel,
Celui qui se livre au péché est du diable,
Denn dieser hat sie aufgebracht.
Car ce dernier l'a en fait engendré.
Doch wenn man ihren schnöden Banden
Et pourtant lorsque l'on fait face
Mit rechter Andacht widerstanden,
À ses attaques grossières avec un esprit droit,
Hat sie sich gleich davongemacht.
Il ne tarde pas à s'enfuir.

 

Le thème est le même, mais complètement endiablé: teuuuuuuueeueueueueu fel !

Deux contre chants violoncelle et violon qui se dépassent l'un l'autre, avec la chute sonore de la fameuse note: plongée dans le vide, la figure est celle du combat dans le ciel. Cet accompagnement est inouï il traduit le combat  contre le péché qui est du diable. Mais on peut le vaincre ! davon davon davon gemachhchht ! 

Les dissonances diaboliques montrent toute l'ampleur du combat dont la fluidité est admirable les flux de conviction qui affirment la légitime victoire, toute de souplesse (et de robustesse, dirais je). 

La chose est enlevée et  joyeuse, comme une petite fille qui aurait vaincu la peur du noir, trois petits tours et puis s'en vont. Ca y est le diable s'est enfui. 

 

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