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  • L'antisémitisme ou l'anti anti moi

    Le contact à l'autre perçu comme différent de soi et lui même conscient de cette différence est un sentiment constituant de sa propre identité. 

    La perception du "juif" est donc un élément important de la formation de soi. 

     

    Cette perception peut être traumatisante ou innocente, rejetée ou supportée tranquillement. On a là l'antisémitisme fondamental, qui trouvera tous les arguments du monde pour se justifier. Quand la perception de l'autre radical affirmé (radical au sens de racine) n'est pas douloureuse, il y a deux cas, suivant que l'on est au second ordre ou non. 

    Qu'est ce que le second ordre ? Il est la situation d'un monde après l'antisémitisme du premier ordre ainsi décrit, quand il y a chasse et diabolisation, non pas du juif, mais de celui qui éprouve le sentiment identitaire décrit, virtuellement et constitutivement antisémite. 

     

    Là encore il peut y avoir ou non traumatisme : la conscience de soi coupable d'un sentiment est analogue à la lutte contre sa sexualité envahissante et il y a forcément des révoltes. L'antisémitisme qui en résulte se trouve dénonciateur d'une bien pensence qui redouble l'antisémitisme du premier ordre: comme si il était constitutif du juif d'imposer une morale insupportable portant sur l'intime... 

     

    Bref, les choses sont bien compliquées et il se trouve que certaines défenses trop énergiques contre des fantômes pourraient avoir pour effet de les invoquer. Faut il vraiment diaboliser le diable ?  

     

  • Le problème avec les partis politiques

    A l'occasion de l'affaire Bygmalion, un homme politique de l'opposition actuelle se trouve lors d'un interview à France culture (18 Juin 2014) pris dans ce qu'il faut bien appeler le "syndrome français" : la généralisation abusive. 

    Bruno Le Maire est un normalien (normale supérieure Ulm, premier à l'agrégation de lettres modernes), IEP, ENA. Difficile d'imaginer plus lettré, plus formé sur ce qu'est la rhétorique et la structure de la langue. Et pourtant, sa description de la situation de l'UMP ne se départit jamais de la description de cas généraux qui concernent TOUS LES partis politiques.

    L'affaire Bygmalion a beau être historiquement datée, être un objet singulier, individuel qui porte sur un parti politique particulier, l'UMP, parti dont Bruno Le Maire est par ailleurs militant et candidat à sa direction, celui ci ergote "en général", parle des conflits d'intérêt "en général," et se propose même de soumettre de nouvelles lois qui s'appliqueraient, naturellement, à tous. 

    Au passage, c'est l'activité actuelle de Jean François Copé, qui sitôt démissionné de son parti, soupçonné d'avoir organisé une double comptabilité pour mieux frauder une élection nationale,  travaille à une proposition de loi sur la transparence de la vie politique (soupir).

    Cette capacité de "sur généralisation" caractérise l'esprit Français (en général) et colore toutes les appréciations des hommes politiques, toute leur rhétorique quelque soit les sujets abordés. 

    On aurait pu ainsi imaginer aussi que sur une affaire qui le concerne aussi directement, il prenne en charge le sujet, donne son propre avis, rentre dans les détails, assume une situation sur laquelle il donnerait des informations, bref soit présent, acteur. Et bien non: des analyses générales, on pourrait dire "synthétiques", des lieux communs, un peu de morale. 

    On pourrait aussi imaginer que Bruno Le Maire fut ici piégé par le journaliste, et entraîné malgré lui dans des généralisations hors de propos qui le desservent.

    Je ne le crois pas: il sert à l'occasion un discours qui lui est habituel, très "langue de bois" avec le rituel "je n'aime pas les donneurs de leçons", et ne se départit jamais d'un point de vue surplombant qui compte tenu de sa situation personnelle dans l'affaire (militant d'un parti accusé, parti prenante de décisions récentes à son sujet, candidat à sa direction) laisse planer un fort sentiment d'étrangeté.  

    Le sommet de l'entretien quand le journaliste se décide: "qu'en pensez vous ?" Le Maire se retranche alors derrière un "je ne sais pas" généraliste, on s'y attendait, il était venu pour cela. 

    Bref, un homme politique très traditionnel, et surtout extrêmement décevant. Sa carrière l'est aussi, directeur de cabinet de Villepin, il décrivit la calamiteuse réforme du cpe dans un livre très sentimental, parfaitement décalé et en tout point semblable à la bande dessinée "Quai d'orsay". Les bons sentiments mélancoliques de droite, encore pire que ceux de la gauche... Pour finir avoir gentiment fait salarier sa femme par l'Assemblée, sans être grave, n'est jamais qu'un micro conflit d'intérêt qui attriste un peu, sans vraiment révolter toutefois, juste de la mélancolie.  

    Juste après, au passage d'une nouvelle, une allusion à une fuite; il y aurait un SMS de Jérome Lavrillieux mentionnant : "JFC en a parlé au PR". Aucune allusion cela ne permet pas de généralité.