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  • Les gaullismes

    On parle de de Gaulle de bien des manières, mais au fur et à mesure que le temps s'écoule il devient mythologique voire évanescent, son image se réfugiant dans un éthéré qui finalement lui fait du tort (1). 

    D'abord il est un militaire, et cela jusqu'au bout des ongles: toutes ses attitudes, ses réflexes et en fait toute son oeuvre ne fut qu'adaptation au feu nourri des circonstances et décision adaptée à la nature du terrain et des hommes, les siens et ceux de l'ennemi. C'est cela la "méthode" gaulliste: celle du capitaine d'infanterie chargeant en 14... 

    Inutile d'y rajouter le "pragmatisme" et la claire conscience des moyens à mettre en oeuvre, la connaissance des hommes, lâches, veules ou prêts à se sacrifier, la hauteur de vue qui fait voir l'objectif atteint et la victoire, ou même l'insensibilité à l'égard des sacrifices utilisés, tout est là. La stratégie est celle qui impose aux siens et aux autres et le style, celui des grands soldats de l'histoire de France, ceux dont il avait rêvé enfant. L'action au milieu des circonstances, la conduite à tenir dans chaque cas particulier. 

    On l'avait dit catholique. De fait, il ne l'est pas du tout, sa relation à Dieu, strictement privée, n'a absolument jamais débordé à part quelques communions discrètes en représentation et encore. Une seule vertu proprement chrétienne fut affirmée par lui, mais là, il le fallait bien: l'Espérance... 

    Militaire et catholique il fut évidemment un mouton noir du monde radical socialiste de son époque, un monstre et on le lui fit savoir. Il développa alors une conception du monde qui lui fit traiter le présent et plusieurs avenirs, dont l'un au-delà de sa vie propre. 

    Car il faut bien voir qu'il fut visionnaire de son propre destin et de ses multiples vies: en 40 de la victoire de 44, en 46 de la nouvelle république, en 58 de la France moderne. Pour finir, il a quasiment théorisé une alternative démocratique à la démocratie telle qu'elle est comprise partout dans le monde occidental, y compris aux USA... 

    On passera sur la vision, prévision qu'on cherche à réaliser. Elle suppose une conscience des réalités et une envie d'un réel futur, lui-même suffisamment possible pour être poursuivi par une volonté devenue essentielle. 

    L'articulation de son action se fait au carrefour de ce décrit avec bonheur Bourdin : la légitimité et la légalité, seule justification de la personnification de cette volonté et ce qui fait "de Gaulle", l'homme pourtant porteur de beaucoup plus que ce qu'un simple humain ordinaire peut supporter et assumer. Demi Dieu, en quelque sorte, l'homme n'a pourtant jamais revendiqué cet état, pourtant évident (il suffit de considérer l'étourdissante suite de ses réussites). C'est précisément l'objet du carrefour ou de l'articulation (on pense à un coude, ou à un genou) de la capacité légale et de la capacité effective, chacune n'étant rien sans l'autre... 

    Le légitime c'est ce qui doit être, au sens de valide, nécessaire et aussi souhaité, exprimé, et encore aussi exigé par l'honneur, par l'histoire. Il qualifie l'action nécessaire et discrédite la bassesse et la soumission aux circonstances. 

    Le légal c'est ce qui, cadré par un extérieur décidé hors des personnes, guide la forme de la prétention et de l'action. Il ne peut être que constitutionnalisé et transmissible. 

    Le coude est l'exception. De Gaulle fut un utilisateur de la théorie de l'exception, celle qui connue des Romains fit de lui, d'ailleurs selon ses propres mots , "un dictateur pendant 6 ans". Le pouvoir se prend exceptionnellement dans certaines circonstances , quand la situation le commande et que le salut de la Patrie, loi suprême, est en péril. De Gaulle ajouta pourtant qu'il ne croyait pas à une dictature en France... C'était exceptionnel: il démissionna en janvier 46.

    Éclairant la vraie nature du pouvoir, cette notion, pourtant théorique et exprimée (Carl Schmitt la décrivit, mais la Rome ancienne, consciente des vrais périls, la connaissait bien) semble inaccessible à un Paul Reynaud: il démissionne par lassitude, au courant des périls, mais inscrit ainsi sa lâcheté et l'abandon qu'il fait de sa tâche dans une conception du pouvoir qui fait semblant de croire à l'uniformité de la transmission du pouvoir: à ce moment, il donne la France à Pétain et il le sait... Opposé à l'élection au suffrage universel du président, il soutiendra Mitterand en 65, juste avant de mourir...

    On peut à se propos gloser sur l'"exception" gérée en fait par le maréchal Pétain: elle fut pourtant légale de bout en bout, consumant en fait l'abjection du légalisme qui décida collectivement de l'abandon à l'ennemi en prétendant lui donner forme légale revendiquée. La légitimité du refus de cet abandon n'en est que plus éclatante ! 

    L'Exception est mise dans la constitution: l'article 16, celui du dictateur, et aussi l'article 11 qui fait du peuple l'arbitre par référendum de toute question sur l'organisation des pouvoirs publics. La constitution est celle de René Capitan, lecteur de Rousseau et de Schmitt et articule la légalité de la légitimité de l'État et de son chef. 

    Là Bourdin en rajoute. Même s'il n'est pas dictateur, bien sûr, de Gaulle n'est pas non plus "roi" ou fondateur de royaume. C'est bien l'Etat qui est légitime à perdurer sans contrôle un certain temps, et son chef, en assumant sa direction prend en charge cette légitimité. Jamais l'orgueil de De Gaulle n'alla jusqu'à se mettre lui-même en position suprême: cela lui suffisait bien d'être fondateur de système et de se couronner lui-même, dans le cadre légal qu'il fixait. Son orgueil est celui de celui qui réforme la légitimité de l'Etat. Très grand certes, mais à la mesure de l'enjeu et respectueux de la Nation, au point de ne se plaindre qu'à peine (un soupir, pas plus) de l'ingratitude qu'on lui infligea. 

    En juin 40, la légalité républicaine fait voter les pleins pouvoirs à un vieux militaire (84 ans) dégouté par la République qui la détruisit alors deux fois: en abolissant ses libertés, en la soumettant à l'ennemi. Cet abandon à la défaite est considéré illégitime par le encore jeune (50 ans) général de Gaulle qui décide, et là il entre dans l'histoire, de récupérer la légitimité de l'État français. Contre l'"État français" qui n'est que "légal", en tout cas reconnu comme tel en apparence par la totalité de la France, il se fait, seul, dictateur en charge de la guerre qu'il a décidé de continuer. Il l'emporte et réinstaure le couplage essentiel entre légitimité et légalité en "restaurant la République" en rétablissant un gouvernement légal. Pendant toute la période, il ne fit d'ailleurs que cela, passant de la "France Libre" à la "France combattante" puis au "Comité français de libération nationale" puis au "Gouvernement provisoire de la République". Non pas seulement chef militaire de la résistance, mais chef de gouvernement, pour résoudre la terrible aporie du gouvernement de l'abandon qui déshonora la Nation. Mieux,  dit Bourdin, sa légitimité et celle de son choix d'individu révolté est issue de cette volonté de restaurer la légalité du pouvoir français ! Mieux encore, cette légitimité devient celle de tous les "Gaullistes", conjurés avec leur chef pour "réparer" la légalité française et qui se définissent donc par cela même. 

    Belle explication et concepts passionnants: comment relativiser l'extraordinaire aventure historique ainsi menée. On le réalise avec l'identification (peu humble, mais de fait réaliste) avec Jeanne D'Arc, faite d'ailleurs par de Gaulle lui-même. Quelque chose de cet ordre a bien eu lieu. 

    De Gaulle fut aussi un politique créatif comme on dit. La Vème république fut la solution à une errance historique qui concernait la République française depuis sa véritable création, soit 1871 ! Le parlementarisme dévoyé qui faillit faire céder la France en 1917 et qui se fracassa en 1940 après avoir objectivement organisé la défaite par incompétence et aveuglement échoua à nouveau, malgré tous les avertissements sur une nouvelle forme de catastrophe nationale. Et ce fut le "retour" du général que seul un drame national violent rendit possible... Définitivement incapable de se réformer hors de ce type de drame, cette méthode de gouvernement faute de se doter d'un vrai chef pour survivre aux circonstances, a donc prouvé et cela 3 fois qu'elle est à rejeter absolument. On inventa le régime présidentiel à la française, le 49-3 et l'élection du parlement au scrutin majoritaire. Livré à l'heure actuelle à bien des remous le régime actuel tient magnifiquement, une autre constitution nous aurait depuis longtemps plongé dans les troubles les plus graves: qui la remercie ? 

    Mais cela ne suffit pas, et de Gaulle fut là aussi visionnaire, sans que cela soit perçu bien que partiellement théorisé, et pas par nos théoriciens du politique, il faut le dire singulièrement muets (et aussi sourds et aveugles). 

    Disons qu'on voudrait se lancer ici dans une poursuite des conceptions de Carl Schmitt, clairement un influenceur moderne sur les nouvelles notions d'État (4). De Gaulle et le gaullisme c'est donc, et c'est mon point, une conception de l'État qui n'est plus celle en vigueur actuellement. Il s'agirait d'un État institué (pour éviter son affaiblissement total au sens de Schmitt (4)), maitre de l'exception et aussi titulaire du "monopole du politique" permettant le contrôle de la politisation de la société. 

    Ceci passe donc par revoir la notion d'État de droit, et de ruiner, sans cesser d'être démocratique, les prétentions à changer la société assumées par des intérêts particuliers. C'est bien la conception "spéciale" du politique exprimée par Schmitt qui est porteuse de cette nouvelle vision de l'Etat et de la société qui lui est soumise. 

    Cette conception immédiatement identifiée comme "fasciste" par tout observateur du monde et de l'histoire mérite d'être creusée. Mène-t-elle à une catastrophe nazie ou communiste ? On pourrait dire que oui, Schmitt ayant été nazi, bien que mis à l'écart pour antisémitisme insuffisant, il s'opposa et c'est tout l'affaire à la notion d'Etat de droit, tel que définit par Hans Kelsen et c'est toute l'affaire, dont il convient de discuter. 

    La conception volontariste d'un de Gaulle va dans ce sens: l'Etat de droit doit être aboli et c'est l'affaire de la modernité à venir, au delà des autoritarismes totalitaires communistes maintenant dépassés et aussi des fantomatiques et fantasmées extrêmes droites. Ceci alors que frappent à la porte les fascismes wokes et islamistes qui sont eux les vrais dangers. Contre ceux-ci il faudra décider et ce qui devra se manifester au delà de cette décision nécessaire qu'il faudra justifier ne pourra pas rester dans l'ambiguité qui quoiqu'on en dise, nous fut laissée par de Gaulle.

    Car la Vème république qu'il laissa est maintenant réformée: elle n'est qu'un Etat "de droit" dirigé par une fédération européenne en cours de finalisation, elle même soumise à un fédérateur extérieur qui ne lui veut pas du bien. Le temps de la réaction à tout cela va devoir venir. 

     

     

     

      

    (1) Conférence de Bernard Bourdin https://www.youtube.com/watch?v=-U5nOfTd9CE

    (2) La primauté du droit européen https://eur-lex.europa.eu/FR/legal-content/summary/precedence-of-european-law.html

    (3) l'interview de Gueno à Elucid https://youtu.be/iKxO3pzJrLQ

    (4) L'État total faible dénoncé par Carl Schmitt https://youtu.be/IPMBJiASgDg

  • Les laïcités

    A l'occasion d'un ride sur le site (1), un petit aperçu de ce qu'est la laïcité prétendue aujourd'hui et qu'"on" impose non sans mal aux pauvres musulmans éberlués et ya pas qu'eux...

    Valeurs et principes

    Tout d'abord, on doit statuer (ce n'est pas fait) sur la différence entre "valeurs" et "principes" républicains. Entre indiscutables élément moraux propres à nos chairs républicaines, et éléments légaux statuant sur l'organisation de la République. Entre principes fondamentaux (pour valeurs) et lois démocratiquement votées... 

    Le soupçon de "catéchisme" républicain édicté par des laïcards bornés est ainsi pleinement justifié ici. Incapables d'aborder la vraie neutralité du fait d'une sécularisation considérée si avancée qu'il convient de faire de la morale au sens le plus basique du terme pour de petits barbares privés de tout sens commun, nos censeurs vont très loin.

    Parlons des principes républicains. 

    Tout d'abord, l'indivisibilité: le pouvoir normatif s'applique pour tout le peuple sur tout le territoire. C'est le principe d'égalité entre les citoyens qui se traduit ainsi pour les normes et les principes de la république. 

    Ensuite la laïcité. Elle assure la liberté de conscience et de culte, pourvu que: 

    a)sa manifestation ne trouble pas l'ordre public

    b) que nul ne se prévale de ses croyances pour se soustraire aux règles communes

    Bien sûr, il y a la neutralité de l'État, et aussi son abstinence de reconnaitre, salarier ou subventionner aucun culte.

    La neutralité des cultes à l'égard du politique est aussi obligée: il est interdit de tenir des réunions publiques dans les locaux et dépendances réservés au culte ou d'y tenir des réunions électorales.  

    Puis, la souveraineté du peuple, qui exprime à la fois que la loi est l'expression de la volonté générale, et que celle-ci s'exprime par le vote du peuple au suffrage universel et donc est synonyme et revendication de la démocratie. 

    Enfin la fraternité, qui est le lien qui unit les membres de la Nation du point de vue de la reconnaissance des droits politiques et du devoir de solidarité.

    De ce point de vue, l'arrêt "fraternité" du Conseil constitutionnel (3) avec l'immortelle et déshonorante  connerie hors de propos: 

    "8. Il découle du principe de fraternité la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national."

    constitue une forfaiture et un délire immigrationniste graveleux vomi par des traitres à la nation qu'il conviendrait de destituer et de punir. 

    L'éducation

    On notera ainsi que l'essentiel de l'enseignement est "éducatif" et que tout absolument tout le discours projeté par l'école a vocation à "faire des citoyens" (2). On parle ici de la fin de l'école primaire et du collège... 

    En fait et plus précisément : 

    "L’article L. 111-1 du Code de l’éducation nous rappelle qu’« Outre la transmission des connaissances, la Nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République. Le service public de l’éducation fait acquérir à tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité".

    L'enseignement des sciences :

    "Les élèves sont amenés à construire progressivement un esprit d’analyse et d’observation qui servira de socle à leur esprit critique."

    et aussi: 

    "De la même façon, les nombreuses photos satellites disponibles en ligne, les vidéos prises depuis l’espace ou les modélisations animées du système solaire contribuent à installer cette vérité que la Terre est ronde."

    ... Outre la transmission des connaissances (...)? 

    Citoyen français, biberonné à l'école publique, et bon élève en plus, ai-je été formé par CA? La réponse est clairement non. La science n'a pas pour objet de "développer l'esprit critique" mais d'accroitre de manière organisée les connaissances dans les domaines théorisés correspondants. Si tant est qu'un esprit "critique" soit nécessaire dans l'exercice de la recherche scientifique,  l'acquisition et la maitrise préalable de ces connaissances nécessite effort intellectuel, discipline dans l'accomplissement de ces efforts et respect des enseignants, et cela d'abord et en premier lieu. 

    Pour ce qui concerne la rotondité de la terre, qui n'est pas une vérité mais une approximation, la terre étant en fait un "patatoïde", l'expression nous ayant fait rire à l'école et les considérations sur la gravité suffisant à faire accepter ce pont aux ânes scientiste qui veut s'affranchir de la connaissance de la vraie science qui n'est pas "vérité" mais théorie provisoirement acceptée et d'abord révisable. 

    On voit donc marquer noir sur blanc ici les "principes"de ce qu'est devenu l'éducation nationale, un bourrage de crâne woke animé par des sous éduqués imbéciles et désespérés d'avoir à pisser ce catéchisme inutile à des petits crétins qui mesurés mondialement sont la honte du monde occidental faute d'avoir été disciplinés, la partie immigrée d'entre eux se révoltant à raison au nom de l'islam des "vérités" dont on veut les infecter. Le mélange des genres, je veux dire, la confusion mâle/femelle fait partie de cette "éducation", il ne faut pas l'oublier, elle éduque aussi à la considération des stéréotypes de genre, le port de la bite étant compatible avec la femellité, on fait ce qu'on veut dans la vie, cela illustre la liberté. (Là je me suis bien défoulé).

     

    (1) https://www.education.gouv.fr/le-conseil-des-sages-de-la-laicite-et-des-valeurs-de-la-republique-41537#edugouv-summary-item-15

    (2) https://www.education.gouv.fr/media/194523/download

    (3) L'arrêt fraternité: https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2018/2018717_718QPC.htm