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  • L'avocat du diable

    Je suis un musulman sunnite. 

    Et peut donc débattre avec Jack le fou et défendre victorieusement l'"isleum" face à un athée mécréant.

    Tout d'abord, je reconnais tout: le mariage des petites filles, l'esclavage, tout le reste. C'est la Sunnah, point, et l'accord explicite et littéral est acquis. 

    Et alors ? 

    D'abord, l'islam sunnite est au courant de la dissonance entre la loi religieuse proclamée et les lois à mettre en oeuvre dans un gouvernement réel. Il gère. De plusieurs manières, aussi hypocrites que possibles, mais effectives et là aussi explicites: dans la mesure où les populations en cause soutiennent ou non à divers degrés les règlements en question (par exemple la polygamie), les lois en vigueur sont calculées et instaurées, dans le cadre englobant des principes sunnites mais avec les limitations propres aux traités internationaux et aussi aux opinions en vigueur, tout de même influencées par la mécréance mondialisée. C'est la démocratie ou ce qui en tient lieu dans ces pays-là, qui proclament tous, démagogie auprès de populations islamisées oblige, être "musulmans" ou "l'islam est la religion de l'Etat" (première phrase du texte de la constitution algérienne). 

    Cette ambiguïté effective et établie doit faire justice des accusations d'une ingérence obligée de l'islam dans le gouvernement des hommes et des femmes. Qui plus est, cette relation entre islam et gouvernement est travaillée dans l'histoire depuis l'origine de la civilisation musulmane (et du règlement de la question mutazilite). La séparation église/état parfaitement établie même si elle fonctionne d'une manière "spéciale" (et au combien). 

    Par conséquent, il n'y a pas dégout (ou pas de dégout à avoir) à traiter la question par exemple du mariage des petites filles: coutume qu'Allah (qui n'en avait pas grand-chose à cirer) a respecté, ou plutôt a laissé son prophète respecter, et qui peut prendre un sens (on va le voir) spirituel au sens des relations entre hommes et Dieu, question que l'islam porte et à qui il donne une solution particulière complète.

    Cette solution n'est pas chrétienne, ou "déconstruite" ou moderne en quoique ce soit. Elle assume une conception de l'humanité intrinsèquement non divine ou non divinisable (il n'y a qu'un seul dieu, et le slogan a bien des applications) et donc non pas pécheresse mais imparfaite. Par conséquent, que les lois "positives" qu'elles soient déduites des dires du prophètes ou décidées par qui que ce soit, sont incomplètes par définition et la seule loi qui vaille est celle de la soumission en absolument tout à Dieu. Comme par hasard, c'est le sens ultime du mot "islam". 

    Nous avons donc et c'est la première des choses, la conception d'un humain non pas pêcheur, mais imparfait et qui ne peut que s'"en remettre", ou s'abandonner, ou se soumettre totalement à la "chose" Dieu, absolument unique par ailleurs. 

    Le projet, et la foi en rapport est le projet musulman, et il s'accommode de son expression dans l'histoire, qui pour des raisons de réalité de la signification même du mot "religion", ne peut s'exprimer concrètement que dans une affirmation publique qui inclut, oui, l'acceptation ou la tolérance de pratiques que certains considèrent barbares, avec une nuance à noter: aucune des pratiques insupportables qui choquent tant les occidentaux n'est obligatoire, à part peut être la circoncision (qui serait donc la seule chose à discuter). La consommation du porc, ou le jeûne et les quelques autres obligations sont elles-mêmes assez bégnines pour être laissées en dehors du débat sur la barbarie. Du moins dans un premier temps. 

    Ainsi donc, on peut être musulman sunnite et ne pas avoir d'esclaves, ne pas être pédophile etc. Cela suffit bien et le propre de ce genre d'humanité est donc de bien se comporter alors qu'il n'est pas obligé de le faire. Cela tombe bien car c'est la marque des consciences supérieures de l'humanité, précisément d'ailleurs ce que revendique l'humanisme athée critique des "lois" horribles de l'islam: que l'homme se dirige lui-même.  Que demander de plus ? La prescription obligatoire n'a de valeur que cultuelle comme explicitation non sacrificielle (la chose fut inventée par les juifs, en fait) du respect divin dans toutes ou presque des circonstances de la vie. Elle est le prix à payer de la liberté de bien se comporter par ailleurs, dans tous les aspects de la vie proprement humaine.

    Pour ce qui concerne les prescriptions positives (peine de mort pour les homosexuels et les apostats), il suffit d'appliquer les lois du pays de mécréants qu'on a le malheur d'habiter, ou au pire de former les juges à trouver dans tous les cas des circonstances atténuantes évitant la punition extrême. Dans tous les cas, on peut garder la prescription divine, encore une fois, preuve de la liberté de l'homme de bien. 

    Liberté ? Et oui, malgré l'orthopraxie, le musulman est en fait assez libre, au moins autant que l'en accusaient les occidentaux au Moyen Âge, qui décrivaient les sarrazins comme débauchés. L'islam est une mystique populaire positionnant la bonté véritable hors de la prescription et donc la faisant bien plus pure que la chrétienne: il est libre de faire le bien. Cela est inscrit dans le mode de la transmission de Dieu à l'homme : via un homme qui plus est non pas le "meilleur"  mais le plus puissant au sens humain. Chef de guerre victorieux, paillard et cruel, il représente l'homme dans sa totalité historique réussie, et donc est bien plus "humain" que ne peut l'être le trop parfait Jésus fils de Dieu qui s'est amputé du sexe et de la violence. 

    Il est sûr que le prophète n'est pas un "saint" au sens occidental ou même au sens woke ! S'il est le "meilleur" c'est bien par sa réussite humaine qui lui permet AUSSI de convaincre les foules par sa sagesse (ou sa perversion). Chef de secte prédateur matériel et sexuel ? Et alors ? S'il ne l'avait pas été, tout comme Alexandre, César, Gengis Khan ou Napoléon, il se serait fait crucifier quelque part et personne n'en aurait entendu parler et plus que ceux là, il peut se réclamer du vrai Dieu, le seul qui vaille, celui qui valide et rend possible ses succès, humiliant par là même l'humanité comme il se doit. 

    Ainsi, la question de l'applicabilité barbare des accommodements d'Allah avec la vie bédouine de la grande époque en tout temps et en tout lieu ressort de ce caractère non obligatoire et renforce l'universalité de cette loi là ! Valable aujourd'hui (on n'est pas obligé et on peut s'empêcher, pour n'importe quelle raison, de violer les gamines) et AUSSI à l'époque, cette loi est diablement bonne: elle s'applique au monde moderne, et aussi au tiers monde, sans le vexer ! Cette conscience matérialisée de l'humanité souffrante EST le principe fondamental de compréhension de l'humain et de son rapport à Dieu que promeut l'islam. 

    Car là est tout le problème de ces solutions aux problèmes humains fondamentaux que l'on appelle les civilisations: comment relier l'homme charnel au divin en pensée et en réalité. 

    L'islam le fait sans le péché, ou avec une conception du péché plus large et directement liée à l'obéissance envers une entité à la foi suffisamment transcendante pour être indiscutée et suffisamment humaine dans ce qu'elle révèle être pour être crue et comprise. C'est le sens des malédictions coraniques: elles expriment à travers une révélation divine un message transcendant traduit dans les mots de l'humain. Les mots et les maux, la vraie langue de la révélation est ainsi le français (et pas l'arabe) et c'est moi qui comprends le mieux. 

    On a ainsi tout un corpus textuel qui peut et doit être compris en un degré qui n'est pas le premier ! L'islam est occulte et c'est peut-être bien le chiisme qui l'a le mieux compris ! En tout état de cause, le texte du monde est AUSSI celui des lois réfléchies par les savants musulmans et leurs textes en valent d'autres. Tout peut être interprété, non pas en changeant le sens des mots mais en y pensant avec attention avec une seule visée, celle de la foi en un inexplicable perçu, la réalité vivante du troisième monde, celui qui me fait humain, ou en tout cas suffisamment pour être soumis à ces injonctions venues d'ailleurs et qui me sont destinées par définition de moi-même.

    La "révélation", en plus incréée, de la parole divine a ainsi pour fonction de matérialiser l'impossible à travers le minimum d'expression possible, le caractère minimal de l'injonction principale étant essentiel: unicité et c'est tout, tout le reste n'étant que verbiage codé dont l'explicite est d'autant plus obligatoire qu'il est inutile. De ce point de vue, l'orthopraxie est mysticisme en fait et son caractère provocateur (la petite fille est "épousée", mais mystiquement respectée) n'est que cultuelle et symbolique. Forcément, d'ailleurs, le caractère absurde de la prescription littérale étant d'ailleurs le plus sûr indice qui soit de la nécessité du sens second. 

    Nous voilà donc au-delà de l'interprétation, et de la re-visitation, comme si tout l'islam n'était qu'un dessin de Charlie Hebdo: monstrueux mais avec de bonnes intentions. Alors Jack ? Tu te convertis ? 

     

     

  • Le Psaume

    On pourrait parler du "Psaume". 

    Ici on a le psaume 110 "dixit Dominus Domino meo", le plus populaire de tous, mis en musique par tout le monde sauf Bach.

    Les trois derniers numéros chantés, Gloria Patri , Sicut erat  et Amen (9, 10, 11) ne sont pas hébreux, mais chantés systématiquement à la fin par les catholiques bien sûr qui chantent en latin, traduction des septantes. 

    Les psaumes sont communs aux liturgies juive et chrétienne, ici on a une proclamation de puissance du roi d'Israël protégé par l'Éternel. Ce roi est David, on parle des psaumes de David, en fait le Roi Messie à venir, le Christ pour les chrétiens. 

     

    Le verset mystérieux "De torrente in via bibet propterea exaltabit caput", le dernier du psaume, qui donne lieu dans toutes les mises en musique à des chef d'oeuvre baroques merveilleux n'a pas de sens bien précis. Le chemin, les afflictions du combat, et pour finir la victoire, tête levée, en buvant à la cascade, ou bien après avoir bu. 

    Une interprétation tardive l'associe au "torrent" moyen efficace partagé de se communiquer entre amateurs non seulement les musiques concernées mais aussi n'importe quelles autres. 

     

    Vivaldi

    Le "torrent" à mon avis le plus talentueux est celui du RV 807 le troisième "Dixit Dominus" de Vivaldi avec RV 594(2) et RV 595 (3). Il ne lui fut attribué que sur le tard, en 2005, après être resté longtemps à Baldassare Galuppi. 

     


     

    Voici un RV 807 entier; par ailleurs absolument merveilleux, c'est celui d'Alarcon, orchestre de Namur. 


    (2) RV 594 https://youtu.be/aKRadU-n104

    (3) RV 595 https://youtu.be/kBLQaUbpwqw

     

    Haendel

    On ne peut bien sûr pas se passer de celui de Haendel, composé à 22 ans en 1707, à Rome. 

    Une interprétation en petit comité, incroyablement énergique est :

    C'est l'honneur de ce qu'on appelle le monde occidental que d'avoir produit de pareilles beautés, expressions triomphantes de ce qui s'assume comme le sommet de l'art. Encore un temps attaché à la célébration de la gloire de Dieu il se sépara alors de l'humble prière chantée et transporta à travers le temps le génie de ses immortels auteurs.