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Les après guerre

Comme Bakhmut est pris et la guerre gagnée par "Putin", il est loisible de considérer ce qui va se passer "après".

Tout est possible, et le monde, dores et déjà durablement déstabilisé et qui s'habitue aux violences inter étatiques commence à entrer tout doucement dans un conflit global qu'on peut appeler "troisième guerre mondiale".

La première chose est que contrairement aux fantasmes, la première phase de la guerre ne sera pas une conquête russe de l'Europe ou même de l'Ukraine, mais un démembrement de l'Ukraine, avec annexion par la Russie de son sud et de son est, et installation d'un glacis anti-terroriste à l'ouest et au nord de la frontière russe. Derrière, ce qui restera de l'Ukraine, à reconstruire d'une part, si on part du principe qu'une sorte de cessez le feu va s'y instaurer, faute de combattants valides et de munitions, à réarmer d'autre part, l'Europe et l'Occident ne dételant pas, et c'est tout le problème.

Installés dans un état de guerre gelée, lançant son industrie (ou ce qu'il en reste, c'est l'occasion de se relancer d'autre part) dans le militaire, avec l'intention plus ou moins cachée de recommencer les combats plus tard, l'Europe et l'Amérique vont donc tenter sur un moyen terme (2 à 10 ans) de se refaire face à la Russie et de la surclasser économiquement et technologiquement afin de refaire le match au nom d'une revendication jamais abandonnée Inude rétablir des frontières oubliées, tant qu'on y est on pourrait refaire la Pologne Lituanie, le droit international d'il y a 500 ans pouvant en même temps s'appliquer et on fait ce qu'on veut... 

On pourrait se contenter de regarder la France, après tout pas si à l'écart de l'histoire car déjà en conflit larvé effectif avec la Russie. Depuis les positions malheureuses de la France contre le gaz germano-russe, le petit trou du cul ayant manifesté à l'occasion sa forfanterie et son absence de vision et de décision, la Russie a appuyé sur l'accélérateur de sa politique de contre encerclement en Afrique, animée par les miliaires privatisés de Wagner. 

Particulièrement fragilisée par ses prétentions insuffisamment appuyées et sa désormais affichée politique de désengagement d'une Afrique qui ne la concerne que dans l'autre sens (c'est l'Afrique qui vient en France, désormais), la France est une proie à dépouiller assez intéressante. 

D'abord le prestige militaire, qui fut manifeste 150 ans, et dont le dernier éclat fut le sauvetage "in extremis" du Mali en 2012. Installé au Mali, en CentreAfrique (autre domaine d'une dernière manifestation armée), au Burkinafaso, et bientôt au Niger et au Tchad, les Wagner représentent la force brute capable de défendre les gouvernements en place, ce que la France avait cessé de faire, démocratie oblige. Celle-ci enfin abolie, les gouvernants africains vont donc pouvoir en toute indépendance, trafiquer leurs autorités et leurs ethnicités en utilisant les ressources offertes par la Russie qui peut donc se tailler sans politique ruineuse de développement ni immigration désagréable, un prestige et surtout des bases arrières pirates conséquentes. Maitre des trafics de drogue et d'esclaves (et oui) qui traversent l'Afrique pour embarquer clandestinement en Europe et la véroler par un sud que celle-ci ne défend pas, la Russie servira de pivot à la grande lutte à venir contre la barbarie armée, contre les barbaresques, donc. 

Amie de longue date de l'Algérie avec qui elle pourrait bien s'entendre au sud ET au nord contre le Maroc, capable de traiter avec la Turquie avec qui elle n'est pas en conflit, la Russie va bientôt être en position de remplacer complètement la France dans le contrôle du sud de la méditerranée, et donc de servir d'arbitre rétribué dans tous les problèmes désormais visibles qui vont affecer mare nostrum, un comble. La fin des corsaires fut suivie de la colonisation de l'Algérie, nous voilà revenu deux siècles en arrière, il va falloir tout recommencer. La chose est encore plus difficile car la Turquie est là, nous déteste et veut reprendre ses droits contre la Grèce. 

La France n'a pas d'ennemis ? Elle a à ses portes, un concurrent pratiquement son égal militaire, la Turquie, plus un pays moyen avec qui elle entretient des rapports tout à fait troubles, l'Algérie, et surtout avec 2 à 3 millions d'Algériens sur son sol avec qui elle n'a rien réglé non plus. Là dessus, le conflit entre Algérie et Maroc, entre qui elle ne peut s'interposer peut aggraver les choses, en vexant tout le monde. Comptons sur la Russie pour nous faciliter les choses et si nous prenons parti pour le Maroc, cela est possible, on peut se retrouver en Afrique avec une belle guerre de moyenne intensité qui pourrait nous poser des problèmes certains. 

La Turquie choisira-t-elle son camp ? Historiquement colonisatrice de l'Algérie dont elle pourrait comme de toute éternité contester la souveraineté, son imperium s'est toujours arrêté à la frontière du Maroc. Notons le très fort déficit commercial à l'avantage de la Turquie, et le manque d'investissements turcs au Maroc. Le gaz algérien équilibre bien sur les échanges entre Turquie et Algérie. Notons la symétrie entre Maroc et Turquie quant aux détroits à l'ouest et à l'est de la méditerranée, et aussi bien sur la position d'arbitre naturel de la Turquie dans le conflit entre les deux pays maghrébins. 

Exactement ce qu'il faut pour précipiter la France dans un camp et donc dans la guerre. Une spécialité de Macron, quand on aime, on choisit. En tout cas, on peut situer là une bonne occasion de se re-sabler la raie. 

Il y a bien sûr aussi l'océan Indien, et nos iles éparses perdues que Madagascar veut absolument. Qui sera le nouveau Galliéni ? De quoi envoyer une marine exsangue, on ne domine pas à l'économie des mers du monde pour rien. Le prochain passage d'un bateau dans le détroit de formose pourrait nous aider à conforter notre domination impériale en entrainant une de ses rétorsions vicieuses dont les grands états (la Chine en est un) sont coutumiers. 

Je vois aussi une grande exaltation qui nous prendra quand la Russie sera obligée de nous abattre un ou deux rafales lors de son invasion des pays baltes que l'Amérique refusera de défendre, ne voulant pas réitérer l'affaire ukrainienne et laissant l'Europe gérer sa défense seule. 

Car il ne faut pas ignorer que l'Amérique a des problèmes et pourrait revenir à son grand égoïsme désormais sans doute nécessaire. En effet, les désaccords entre démocrates et républicains deviennent trop intenses d'une part, et la pression des cartels de la drogue mexicains désormais installés au sud des USA trop intense aussi d'autre part. Tout ce qu'il faut pour employer une armée divisée à guerroyer en semi-privé semi-public, les armes détenues par les citoyens étant trop nombreuses pour ne pas servir à l'occasion. Dans ce brouillard, il y a tout ce qu'il faut pour que l'Amérique, s'occupant enfin de son continent à elle, se mette à foutre la paix au reste du monde, en charge désormais de se gérer seul. 

Y a de quoi faire. 

 

 

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