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  • Les juges

    On persiste à penser qu'il y a un problème avec la justice dans ce pays, et on n'est pas le seul (1).

    D'abord, la justice n'est pas soupçonnée ou à peine: à part quelques lazzis, la plupart du temps de droite, point de doute à avoir quant à l'intégrité du juge en tant que tel: protégé tel un marcheur sur la lune par un scaphandre à toutes épreuves, jamais on n'envisagerait de surveiller ses notes de frais ou le métier de son épouse. Ceux qu'il surveille et condamne par contre, en sont à se dégouter de vivre pour justifier à chaque culotte en dentelle si elle est autorisée. 

    Ensuite il y a les lois: elles n'existent plus en tant que telles car essentiellement révisables et soumises à toutes les vérifications possibles au point d'en être virtuelles: constitution (2), cour de justice européenne, cour pénale internationale, on ne peut plus rien faire et décider d'une loi c'est décider de rien. D'où sans doute le nombre pharamineux de celles ci, on ne sait jamais dans le nombre, certaines seront acceptées et appliquées. 

    On évoquera donc la QPC source d'un travail infini pour la cour con, avec l'incompétence négative (2), argument délicieux. En gros: des principes vagues permettent aux juges de méta-controller les lois et d'y introduire leur subjectivité. 

    Et puis, il y a l'Etat, dont on contrôle le pouvoir, enfin dans un certain sens, oubliant la définition de la liberté de Montesquieu: 

    « la tranquillité d’esprit du citoyen qui provient de son opinion que le gouvernement non seulement ne l’assujettit pas, mais fait en sorte qu’il ne puisse craindre d’un autre citoyen ».

    La balance entre les deux oppressions devrait être un méta principe: est-ce le cas ? 

    En parlant de balance, la subjectivité des juges a donc lieu de s'exercer, d'abord à l'encontre des hommes politiques tous pourris et aussi des crimes sociaux, tous explicables et excusables. Et puis bien sur il y a les plaintes sociétales variées, le nombre d'associations et autre lobbies pouvant se porter partie civile étant devenu infini et l'Etat condamné pour inaction climatique n'a toujours rien fait.

    Revenons à la QPC, ou contrôle constitutionnel à postériori, qui n'est pas une condition exclusive de l'Etat de droit et dont on abuse. 

    Tout cela fait partie de ces réformes "libérales" accumulées par des pourtant tenants de l'autorité (Giscard, Chirac, Sarkozy) qui affaiblirent délibérément l'Etat en le livrant au juridique. A des fins de modernisation on fit exactement comme Louis XVI: en rétablissant les parlements, il se priva de la possibilité de réformer et cela finit mal. 

    Faudra-t-il une révolution pour abolir ce fatras juridique d'un trait de plume ? 

     

    (1) Eric Schoettl  sur les juges https://www.revuedesdeuxmondes.fr/jean-eric-schoettl-droits-chacun-interets-de-tous/

     

    (2) L'incompétence négative analysée: https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/l-incompetence-negative-dans-la-qpc-de-la-double-negation-a-la-double-incomprehension

  • Les échiquiers

    On a lu le "grand échiquier" de Brzezinski, prénom Zbigniew. Sorti en 1997, il est totalement démodé, bien sûr, ne parlant ni du 9 septembre, ni de Poutine et pourtant tout y est, la politique et la pensée américaine y est exposée sans fard, et c'est la même aujourd'hui, quoiqu'on en dise... Utilisé comme "preuve" de la méchanceté américaine par tous les complotistes et tous les complotismes, il ne s'agit pas d'en tirer quoi que ce soit en ce sens, simplement ce qui est logique de penser en tant qu'américain quand on regarde le monde. 

    D'autre part, il suffit de lire, et la position actuelle des "occidentaux" telle qu'elle est exprimée actuellement est très exactement ce qui est décrit dans le livre. 

    Allons à l'essentiel. 

    L'Amérique "est" hégémonique, point. La Russie post soviétique est trop faible pour partager l'hégémon, point. Son projet géopolitique, seul projet qui lui reste après la fin de l'empire et du communisme est donc de coopérer avec l'Europe et l'Amérique. Ici le mot "coopérer" est bien sûr le sens de la coopération entretenue par l'Europe avec les USA... 

    C'est le seul moyen de récupérer son rang et de se moderniser.

    L'alternative, faire avec d'autres une alliance visant à contrer l'hégémonie américaine "n'est pas souhaitable". Elle se ferait à l'avantage de la Chine, qui elle pourrait revendiquer des territoires, ce qui n'est pas le cas de l'Europe. 

    En revanche, pour être acceptée dans le club, la Russie doit 1) renoncer à toute ambition impériale 2) cesser de craindre les alliances entre l'Europe de l'Est et l'Amérique. Et pour cela, la reconnaissance de l'existence séparée de l'Ukraine est fondamentale. 

    Et voilà. Les considérations suivantes sont accessoires : la Russie n'a pas encore son Ataturk (on est en 1997), et prétendre imposer à des pays des restrictions à sa politique étrangère (rejoindre l'OTAN) sous des prétextes variés n'est pas acceptable. L'hégemon est absolu, il est celui de la Grèce dans un monde "mélien" : Athènes ne négocie pas avec des puissances inférieures: elle assiège Mélos qui voulait rester neutre, tue les hommes et met en esclavage le reste. 

    Avant de crier contre les complotistes, comme dans un certain nombre de cas, il se révèle qu'il n'y a pas complot du tout: c'est écrit dans "Mein Kampf" ou dans "Le grand échiquier", il suffit de lire et les choses sont claires. 

    Brzezinski là devient visionnaire: 

    « En revanche, l’intégration de l’Ukraine bouleverse les certitudes les plus enracinées. L’admettre, c’est reconnaître que le destin de ce pays ne dépend plus d’un lien organique avec la Russie. La survie de l’Ukraine comme État indépendant suppose qu’elle s’arrime fermement à l’Europe centrale et s’émancipe de la région eurasienne. En toute logique, il lui revient de partager les liens que l’Europe centrale entretient avec l’OTAN et l’Union européenne. L’attitude de la Russie sur ce sujet servira de révélateur : aura-t-elle choisi de devenir un acteur européen, ou, rejetant cette option, s’entêtera-t-elle à poursuivre une identité eurasienne et un destin solitaire, émaillé de conflits avec son proche voisin ? »

    Ainsi les choses sont limpides: la Russie doit rompre avec le rêve funeste de l'Eurasie. Le carrefour des carrefours doit se normaliser et abandonner la tentative grecque de fusionner avec la Perse, la Viking d'avec les slaves, la Mongole d'avec les Turcs. Tout cela pour partager avec l'Ukraine les subventions européennes sous la protection militaire Américaine. 

    On sent derrière tout ça la, très justifiée historiquement, haine féroce du Polonais envers la Russie, et l'apatride fanatisme envers son maitre d'un revanchard haineux... 

    Bien sûr, il y a plus, et l'évocation gourmande d'un toujours possible "flirt" entre la France et la Russie comme déjà plusieurs fois dans l'histoire, le montre: l'Amérique ne veut pas d'une souveraineté alliée à son est, l'Europe ne doit pas s'allier à la Russie comme ensemble souverain. C'est ce qu'explique Del Valle (2) qui ajoute qu'à la fin de leur vie, aussi bien Georges Kennan (3) que Brzezinscki lui même ont expliqué qu'en fait cela était une erreur totale, et que cela précipiterait la Russie vers la Chine. 

    De fait, la sous-estimation de la Russie et sa perception comme un pays failli est une erreur monumentale. Obama, élu en 2008, architecte du Maidan et aussi de la catastrophe Daech est le plus taré de tous les présidents US. Avoir laissé un keynian prendre les US fut ainsi une erreur monumentale de la part de l'Occident... 

     

    (1) Friedman et Stratfor : https://blogs.mediapart.fr/jocegaly/blog/170515/g-friedman-c-est-cynique-amoral-mais-ca-marche-discours-au-council-foreign-relations-de-chicago

    (2) Del Valle sur l'Ukraine: https://www.youtube.com/watch?v=iVGDj2m_VWs

    (3) Georges Kennan https://fr.wikipedia.org/wiki/George_F._Kennan

  • Les élections législatives

    Pour mieux se confronter à la réalité, il convient de donner son avis dans les phases intermédiaires, alors que le destin n'a pas encore frappé. 

    Au lendemain du premier tour des élections législatives, "Ensemble" a une microscopique avance 25,75/25,66 sur la NUPES, d'après le ministère de l'intérieur, débunkant ainsi la fake news du Monde qui à 6h30 annonce toujours sur son site le chiffre 26,10/25,81 en faveur de NUPES en vigueur à 22 h la veille... Incompétence et propagande quand tu nous tiens... 

    Bon, Mélanchon s'est planté en fait, et des sondages récents lui donnaient beaucoup plus, sa prétention à être premier ministre, qui lui était monté à la tête, était vaine. Macron reste, en dépit de toute rationalité, de tout examen objectif de sa personne, de ses politiques, et de son entourage, au pouvoir. 

    Une majorité relative ? On ne voit pas bien si elle lui sera gênante, tant la NUPES, vaste coalition de carpes et de lapins et qui va exploser dès la semaine prochaine, si cela n'est pas le cas dés celle-ci, n'a pas d'existence et que son échec est patent, malgré tous les cris de victoire. Maintenant cible unique de tous, son islamo gauchisme assurera une majorité absolue à son adversaire et il pourra partir en retraite la tête relevée, à défaut d'être haute.

    La France s'abandonne à sa déprime prudente et l'indexation des retraites en quoi les retraités croient, plus le chèque carburant qui a calmé les gilets jaunes déjà calmés par leur oeil en moins, ont suffit à persuader tout le monde que tout va continuer comme avant. Education, Immigration, Industrie, Dette, Agriculture sont en ruines, l'Europe est un dégueulis belliciste sans stratégie ni puissance qui va se faire saigner à blanc, et tout le monde est content. 

    J'ai espéré une victoire Russe rapide, avant les présidentielles, puis une plus lente, avant les législatives. L'Ukraine a tenu jusque-là, sans que le moindre débat, la moindre prudence, la moindre lucidité ne change rien à la course à l'abime qui se continua en silence. Aucune information, aucune explication, un tombereau de mensonges éhontés, et d'indicibles stupidités. 

    Electeur de Zemmour, j'ai fait zinc % , encore pire que d'habitude et donc me réfugie dans ma tristesse. Je m'en vais voter NUPES, tient, la semaine prochaine, cela me fera passer pour un mec ouvert dans certains milieux et me permettra encore une fois de perdre, je vais finir par aimer ça. 

     

  • Les guerres en Ukraine

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  • Les totalitarismes

    L'Occident est en train de devenir totalitaire. C'est l'explication que toute l'opposition au monde actuel est en train de réfléchir et discuter, à différents niveaux. 

    Jusqu'ici caractérisé par son "libéralisme" qui même rendu "néo" par les résidus marxistosistes restait marqué par la victoire symbolique de 91 sur le totalitarisme soviétique, et encore, on passa l'éponge sur le goulag, la distinction entre totalitarisme immoral des nazis et totalitarisme moral attribué au bolchos restait  présente, les vieux cons devenus capitalistes exigeant qu'on respecte leur adolescence, car seul le nazisme était immoral et encore, sauf Azov. Après tout le wolfangel n'est qu'un Z barré et en cela excuse Ouradour sur Glane; bref nous voilà dans le sujet. 

    Les 3 caractéristiques du totalitarisme

    Qu'est-ce que le totalitarisme ? Je dirais 3 choses: une langue, celle de Klamperer, le mot image imposé se devant d'être utilisé pour penser et agir sur le seul réel disponible; une contrainte permanente, la douleur faible devant toujours permettre de garder à l'esprit qu'elle peut s'accentuer si besoin ou par faute; un ennemi collectif identifié avec qui par définition il n'est pas possible physiquement et moralement de négocier. 

    Il faut bien sûr se référer à Arendt et je voudrais exposer ici que je ne suis pas d'accord avec elle, au moins sur certains points, en particulier sur le caractère soi-disant "banal" du mal totalitaire. Le totalitaire est civilisationnel et culturel et se trouve un mode de gouvernement et de domination. 

    Tout d'abord, les 3 caractères du totalitaire sont ceux du dressage ordinaire, et l'éducation qu'elle soit celle des enfants ou des chiens est basée sur ces 3 principes. Système de communication, de maintien et de collectivisation, système de domination tout simplement. Soumis à une vie dans un espace totalitaire, le chien, ou le chinois sont d'accord et acceptent leur sort. L'éduqué aussi, et le caractère non totalitaire d'une éducation n'est du qu'à l'autonomie qu'a su garder l'individu malgré son dressage et qu'on ne lui a pas inculqué, par définition, de force. 

    La liberté d'esprit et la liberté tout court est ce qui survit à l'éducation, charge aux professeurs d'en parler de temps en temps, pour être sûr que leur dressage a échoué au final, heureusement. Certains cours sont ainsi assuré par des profs bizarres, qui à contre-emploi, s'efforcent de montrer l'exemple de l'indiscipline, de l'autonomie, de la liberté et de l'indépendance d'esprit. 

    Les grandes distinctions

    Mais il faut bien sûr passer d'abord par les grandes distinctions classiques du politique rappelées par Arend. 

    D'abord les types de domination (aristocratie, démocratie, autocratie) qui identifient l'entité en charge du pouvoir, ensuite le mode de gouvernement suivant qu'il sépare ou non formation et exécution des lois, ce qui distingue la raison du despotisme. Kant en établissant cela pose tout le débat: la liberté c'est la loi, et la démocratie a deux sens suivant qu'on l'identifie à la liberté ou au pouvoir. Cet admirable mic mac est le terrain de jeux des manipulations, des hypocrisies et aussi de l'histoire... 

    On introduira alors deux axes supplémentaires, l'un de Montesquieu qui introduisit la notion du principe accepté du pouvoir (vertu, honneur ou crainte) et ainsi les notions d'homme public et privé,  l'autre de Machiavel qui introduit les notions de politique intérieure et extérieure. Les deux dualités sont constitutives de tout système de pouvoir et on pourra y voir son caractère d'"ouvert" ou de "fermé".

    Le totalitaire serait alors ce qui dissout les deux distinctions: l'individu est entièrement public et le gouvernement mondial. 

    On commencera par l'individu: l'homme citoyen est égal à tous les autres, et l'homme individu différent de tous les autres. La distinction vie privée, vie publique est fondamentale car elle distingue droit et morale et fonde par là même le possible du droit respecté. Le totalitarisme s'opprime la distinction: la loi règle la morale et la représente. Par là même elle interdit à la personne d'être plus indulgente ou plus sévère que la loi, elle abolit donc le jugement moral, devenu inutile car, forcément, entièrement assuré par la loi. L'homme n'est plus juge, ni de lui-même, ni des autres ni de rien: la loi s'assure complètement de régler toute évaluation. 

    On continue avec le gouvernement mondial: l'homme n'a pas de nation et pas de région, sinon un département dans une administration mondiale, une sous préfecture de l'unique pouvoir. Cela pour sa paix: toute appartenance fractionnaire est source de revendication territoriale ou sociale et se trouve un facteur de guerre. Soumis à une unique loi, on y revient toujours, l'individu n'a qu'un seul président. Le dissident porte atteinte à la paix et se trouve donc fauteur et cause de guerre et du mal suprême: il est donc l'objet de la guerre civile, la guerre juste, la seule, celle que va lui faire le monde entier qui l'entoure. 

    Les lumières

    Il faut bien comprendre que ces deux formes extrêmes de l'oppression sont d'abord des idéaux fondamentaux issus des lumières du XVIIIème siècles, idéaux poursuivis jusqu'à aujourd'hui par toutes les vraies élites et cultivés par les vrais philosophes ceux qui, au sommet du monde, au milieu des plus riches, se sentent investis du pouvoir de régler et d'améliorer le monde dans son ensemble. 

    On note que Kant qui parle de la confédération des peuples et de l'impératif catégorique, inspirateur du juridisme pur est l'un de ceux, sinon celui qui préside au fameux complot. Est-ce un complot ? Plutôt un rêve éveillé qui continue de bruler les coeurs, et notamment ceux des nouveaux jeunes maintenant complètement détachés des derniers feux du nazisme et du communisme et qui ne furent jamais brulés donc par les flammes de l'enfer sur terre du XXème siècle. Ils reprennent tout à zéro... 

    Il suffit pourtant d'avoir connu un militant trotskyste des années 70 pour savoir et comprendre ce qui anima un Netchaiev. Trop effrayés de ce qu'ils avaient pratiqué en secret dans leurs cénacles, les monstres se convertirent au libéralisme social pour faire leur carrière, n'osant partager ce qu'ils avaient vécu. Exactement ce qu'avaient vécu leurs pères nazis ou pétainistes ou bolcheviques : la honte éternelle et impardonnable d'avoir vibré et joui à l'assassinat nécessaire des méchants.

    Les lumières dénoncées par le cardinal Lustiger et par tous les contempteurs des droits de l'homme furent elles justiciables de toute cette infamie. On verra pourtant le concept de Nation se forger dans la révolution bien au delà des idéaux mondialisés des philosophes, comme si l'Europe avait d'abord besoin de se fractionner avant de s'unir, tout en s'unissant pourtant, et ce fut le cas de l'Allemagne, de l'Italie, voire de l'Autriche et de la Hongrie... 

     

    Contre le totalitarisme 

    Qu'est-ce qui peut s'opposer au totalitarisme ? Et bien il n'y a pas grand-chose. Une occasion unique pour les grandes philosophies adossées au christianisme et qui se sentent chargées de restaurer la grande foi que ce monde a maintenant complètement abandonnée. On pourrait conclure avec l'essence de ce qu'avec la religion, l'Occident a abandonné, c'est-à-dire le concept de "salut", seule vraie raison d'avoir besoin (on ne prie que ce qui peut rendre service) de quelque chose d'autre. Il n'y a que quelque chose d'autre qui pourra nous sauver du totalitarisme qui est déjà là... 

    Car le totalitarisme une fois en place agit. En particulier et là Arendt introduit le concept de terreur, il s'agit de rendre la situation effectivement comme on l'a prévu à l'avance. Suppression des classes et des races il faut accomplir dans le réel ce que l'on a théorisé et pour cela bien sur retirer tout obstacle à cela. 

    Le totalitarisme progressiste comme idéologie veut éliminer toute négativité. Par conséquent, sera détruit comme négatif justement tout ce qui critique et dévalorise, seul le positif acquiescement étant toléré. L'éducation et la rééducation sont donc permanentes et constituent l'axe essentiel de la domination, le dressage comme but en soi. 

    Cette boucle fermée de l'éternelle amélioration positive et positivée de soi est l'objectif et la raison d'être d'un savoir technique suprême, seule manière de faire mieux avec soi. Voilà  je crois, le ressort secret de ces formations à n'en plus finir, de ce culte omniprésent du développement personnel, seul objectif de tous. Ou presque. 

    Le groupe "reinfo covid" (1) mentionne et concrétise les deux caractères essentiels du totalitarisme mis en oeuvre lors de la folie covid. Langue et idéologie. 

    La langue

    La langue transformée du monde totalitaire est bien sûr celle qu'a décrit Klamperer, elle fut lors du covid, d'abord une tentative d'effacer le passé et tout le savoir accumulé sur le domaine à considérer: celui des maladies infectieuses. D'abord, on n'a pas un "virus" mais le Sars Cov2 ce qui radicalement différent et niveau, non pas une "grippe" mais "la" Covid. Tout le bon sens médical dispensé par la médecine fut dénié et remplacé par un langage global technocratique entièrement confisqué par l'État. Cela alla jusqu'à l'organisation d'une défiance explicite envers le conseil scientifique, par ailleurs mis en scène selon les besoins. 

    Plus généralement, on notera bien sur l'abus de mots "concepts" destinés à introduire de nouveaux objets comme radicalement nouveaux. Un exemple récent est le fameux "Conseil National de la Refondation". Scandale absolu pour le bon sens (refonder quoi? Rome?), l'histoire (le Conseil National de la Résistance arriva à la fin de la 2ème guerre mondiale, et se trouve un référent transpartisan), et bien sur pour le Conseil Economique et Social, constitutionnel et soigneusement tenu à l'écart de ce qu'on veut dire et faire. Le pouvoir s'exerce par la langue, et le nouveau pouvoir par la nouvelle langue. 

    L'Idéologie

     

    L'idéologie est un scientisme, tel que défini assez précisément en (1: 1.07) et la modélisation abusive, telle que présentée  au début de la pandémie et qui a convaincu les dirigeants occidentaux est sans doute la cause racine du basculement. Il s'agissait d'appliquer l'onction mathématique aux deux domaines collectifs les moins susceptibles d'être modélisés comme peut l'être la physique: l'épidémiologie et l'économie. Ces deux domaines, abusivement mathématisé, et cela d'ailleurs initialement afin de modéliser leurs concepts explicatifs généraux permettent à un discours public mis en oeuvre explicitement de décider péremptoirement.

    On nous annonce ainsi que 1) la modélisation épidémiologique justifie le confinement 2) la modélisation économique justifie le pass sanitaire. Deux foutaises totales que rien, absolument rien ne justifie: bien au contraire, des simples comparaisons entre pays montrent que le confinement n'eut pas d'effet globaux notables et les simples mesures montrent que le vaccin ne protégeant pas de la contamination, son obligation généralisée n'eut pas d'utilité. 

    Le scientisme qui peut se définir comme une conception profondément faussée de la science, qui vise à la considérer comme expression de la vérité sur la base d'une idôlatrie de sa méthode. Tous les discours qui imposent les fameux critères méthodologiques (échanges entre pairs, expérimentation, pratiques) comme critères du vrai sont scientistes, transformant des critères locaux pratiques en critères du vrai. Les fameux critères du "scientifique" qualifient non pas la vérité des résultats scientifiques, mais le discours scientifique lui même (celui qui organise sa réfutabilité) seule possibilité pour produire des résultats provisoirement acceptables, la "vérité" bien sur étant définitivement hors d'atteinte. 

    Outil des idéologies classiques du XXème siècle, le scientisme est aujourd'hui l'idéologie des technocrates, les membres des classes sociales élitaires sous éduquées, ou exclusivement éduquées aux savoirs utilitaires du droit et de la politique, à l'exclusion des sciences, qu'ils ignorent et ne pratiquent pas, et des techniques, jugées secondaires ou à importer. Comme idéologie et donc comme méconnaissance et ignorance, la science scientiste est instrumentalisée comme fétiche, ses tenants n'étant que des subalternes soumis au politique. Car le technique, tout comme le médical et le militaire ne sont que des domaines administrés soumis par définition et donc manipulables. Leurs vérités ne sont que de méthodes, donc de procédures à vérifier et à manipuler à loisir.  

    Formés à l'administratif, les praticiens de haut niveau de ces domaines n'ont bien sur plus de vraies compétences, juste le vernis permettant de dominer les opérationnels et de convaincre les politiques de leur donner tout pouvoir sur les carrières. Loin de la méritocratie, la soumission et l'instrumentalisation deviennent la règle: plaire est le moyen. La conséquence est actuellement en place, partout: tous les domaines techniques deviennent "consultables" c'est à dire organisables par une seule methode de direction, qui ne se trouve même plus politique, mais managériale. 

    Que vous soyez militaire, technicien ou médecin vous ne dépendez plus que du même jeu de slides qui vous hiérarchise et vous met en situation de répondre aux questions et surtout d'obéir. 

    Cette perte d'autonomie des secteurs savants est organisée, d'abord au nom de la gouvernance mondiale. Localisés dans l'OTAN, les grands groupes industriels mondiaux et les laboratoires pharmaceutiques les autonomies créatives ne sont plus nationales et ne se connectent que via les grandes alliances et les discussions transnationales. Elle caractérise aussi bien sur les entreprises "individuelles": il n'y a plus de possibilités d'individuation créative hors le passage dans la moulinette massive industrielle: point de startup qui ne soit d'abord rachetée, point d'entreprises qui ne soit contrôlée par un grand groupe ou par des alliances nécessaires. L'individu local ne peut exister: il est nécessairement inclus dans une structure organisée, qui plus est, et par définition transnationale. 

    Le religieux

    La disparition du religieux traditionnel est général et se trouve être l'une des causes du développement du totalitarisme, ou du moins un phénomène associé à son développement. Se pose alors la question du totalitarisme lui même comme phénomène religieux de remplacement.

    La question est ancienne et tient à la polémique avec le Marxisme, qui introduisit le terme "idéologie" pour désigner le capitalisme et ses soutiens intellectuels, avant de se faire désigner lui aussi comme "idéologie" (cela viendrait de Karl Mannheim dans Idéologie et Utopie). Mais avant cela, Marx décrit bien l'idéologie comme une fausse conscience auto justificatrice à l'intérieur du mécanisme de la superstructure, soumise au moteur violent de l'histoire de la lutte des classes. L'idéologie ne disparait que dans le monde de la victoire finale du prolétariat, qui abolit la distinction. 

    De fait, une telle description du monde est du religieux au sens strict, une réalité souterraine dirigeant un monde créé et qui se consume finalement dans une parousie. Un peuple élu, marqué par son destin célèbre en permanence les rituels de l'abolition de l'individu... Là se marque par contre ce qu'il y a de non chrétien dans le totalitarisme celui-ci voulant abolir l'essence du christianisme qui est l'absolutisation de l'individu, caractère de sa liberté. 

    D'une certaine manière, ce religieux là rompt avec la forme finale du religieux (si l'on peut définir le christianisme de cette manière, sa foi étant en fait abolition du religieux classique) au nom de la mécompréhension de ce qui fut à l'origine de sa décadence terminale actuelle: le refus de la responsabilité morale de l'individu qu'impose sa liberté. L'association moderne de l'état souffrant de l'homme à des circonstances extérieures (sociales ou historiques), rompit avec la seule raison de cette souffrance: l'éloignement du divin, seule justification de la foi qui anime le religieux chrétien. 

    Il ne resta alors que la nécessité du rituel, et de l'histoire totale, le tout basé sur une foi explicite en l'assujetissement du sujet. On en vient alors aux prétentions kantiennes d'Eichman, qui se prétendait bureaucrate aveugle, simplement inséré dans un système de lois. Il mentait. Persuadé par l'histoire nazie, par la supériorité de sa race et la nécessité de l'extermination des juifs, il fit ce qu'il fit avec conscience, volonté et efficacité. Le totalitarisme est voulu, car convainquant, enrichissant et vu comme nécessaire. Ses soutiens sont persuadés par sa nécessité et se battent en conscience, ne l'oublions jamais. 

    On en revient alors à ce qui peut s'opposer à cela. Je parle en connaissance de cause, car je devrais en être... Libéral, post chrétien avec ma génération, anti marxiste enfant je suis le macroniste typique et pourtant je vais voter Mélanchon presqu'à coup sur de manière à exprimer ma haine totale de cette infamie. Que m'a-t-on injecté pour que ma cutie vire de cette sorte là ? 

    Une fille de philosophe (quel macho ! Stiegler est philosophe elle même) nous explique (2) la différence entre les conceptions individuelles et collectives de l'intelligence et de l'inadaptation. Croyant en l'intelligence individuelle (alors qu'elle n'est que collective et socialisée) et donc en la bêtise individuelle (alors qu'elle n'est que collective et socialisée), le monde au pouvoir a substitué lors de la pandémie une gestion institutionnalisée des affaires publiques (en gros l'Etat Nation dont on dispose depuis le moyen âge) par une gestion déléguée, toutes les décisions et leurs mises en oeuvre étant le fait de cabinets de conseils qui ont bypassé tous les experts, tous les profs, tous les scientifiques, tous les ex ministres. Ceux ci ont inventé des moyens inédits de domination du peuple acceptés car c'était pour son bien, et qui ont remplacé défintivement tout débat, représentation ou respect d'iceux : les commissions parlementaires se sont succédées ont évoqués certains problèmes, mais cela fut sans conséquence. Le pouvoir fut reconduit. 

    Comment résister ? La dame pose la question et parle de collectifs variés, il y en a. Encore une tentative pour remplacer  ce qui l'est déjà: la démocratie traditionnelle a cessé d'exister, déjà. 

    (1) https://www.arianebilheran.com/post/interview-avec-vincent-pavan-pour-le-cnt

    (2) Un exposé récent de Stiegler: https://www.youtube.com/watch?v=Z71oV00aqxk