Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Emily

    EmilyNoether.jpg

    Lire la suite

  • Todd est à la retraite

    On a vu Todt à la télé (1)(3). Il n'arrête pas de se plaindre qu'il est à la retraite, un peu sentencieux et se perdant parfois dans ses disgressions, il vieillit un peu. Il est pourtant un authentique "génie" et homme de savoir avec en plus une sagesse parfaitement respectable. Il est néanmoins un peu faux cul et sa volonté de rester membre de l'establishment qui l'a si bien servi et depuis si longtemps est tout de même patente. Bien sur il se dit "à la retraite", pour tout dire vieux, mais veut rester séduisant...

    Car ses points de vues sont originaux en ce qu'il se veut d'abord une sorte de scientifique, contemplant une nature qu'il mesure, surpris. Malgré toutes ses obsessions et tropismes variés (qui ne font que son charme), il reste face à un monde qu'il ne connait pas à priori et qu'il essaye de décrire honnêtement, quelque chose d'extérieur, une sorte de réel donc, et cela est infiniment précieux. Il n'exprime pas une vision ou des opinions, mais des réactions par rapport à quelque chose qui existe hors de lui: il est homme de connaissance, au vrai sens du terme. Il compare des modèles possible d'explication et finit par l'avouer: il ne sait pas. C'est rare... 

    On connait ses dérapages, toutefois, au milieu de ses éclairs de génie. Il sous estime tout à fait l'immigration, quoiqu'il semble reconnaitre dans cette vidéo récente, au sujet de l'Allemagne, qu'il puisse y avoir des problèmes d'assimiliation quand des masses de populations s'installent trop brutalement... Qu'est ce qu'on rigole. Et puis il faut le dire, alors qu'il a rendu populaire la notion de "transition démographique", il n'a toujours pas vraiment théorisé que celle du maghreb qu'il avait décrit avec gourmandise, s'est inversée. Que dit-il là dessus ? 

    On se réjouira toujours, par contre, de son assimilation de l'islam à la pratique du mariage entre cousins, le nom du mouvement, les "frères" le montrant assez. Enjeu essentiel de la rivalité enfantine entre proches gamins obsédés de justice, la femme se doit d'être soustraite aux jeux dangereux des "compagnons", d'où son déguisement qu'on peut juger nécessaire. J'adore cette théorisation des choses, objectivité du réel humain, exposant la nécessité de la nature, dans sa cruauté et sa normalité. 

    Pour ce qui concerne la démocratie et l'Europe, Todd est toujours aussi croquant: de même qu'il y eut des élections au Danemark en 1943, il y eut une élection en France en 2017. Pas mal: les grandes gueules m'ont toujours été sympathiques, et celle là affirme de plus que si la démocratie c'est un dirigeant qui fait ce que veulent les gens, ALORS la Russie est plus démocratique de la France.

    On doit aborder la question de l'inégalité. Tout à ses considérations démographico anthropologiques, Todd semble évoquer le fait que l'acceptation de la différence inégalitaire n'est QUE culturelle. Peut être est ce un mauvais procès, et sans doute ne suis qu'un stupide étudiant, qui réifie des propriétés conceptuelles. C'est pourtant la clé de l'interprétation du macronisme du maitre: l'acceptation des inégalités intellectuelles sanctifiées par le diplôme et l'abandon de la simulation généralisée du gauchisme dans les classes moyennes supérieures: un coming out anticipé par un jeune aventurier qui a vu ce que personne n'avait vu, tout en ayant profité d'un accident, et d'une illusion (celle qu'il pouvait remplacer Fillon). Il est par ailleurs qualifié d'imbécile: tout cela, c'est pour ne rien faire.

    Sauf bien sur suivre une tendance préoccupante à l'autoritarisme, par ailleurs en ligne avec les valeurs centrales d'une Europe dirigée par la culture autoritariste par excellence, l'Allemande. A ce propos la germanophobie scientifique de Todd, ses saillies sur une Ukraine démembrée pour peupler l'Allemagne et sur une Europe, vu ses différences de niveaux de vie, bien plus inégalitaire que les US sont évidemment toddalement splendides. 

    De fait, c'est plutôt Todd qui fait son coming out: sa contemplation des invariants géographiques (la fameuse "mémoire des lieux" lui fait reconnaitre que non seulement les nations sont xénophobes, mais qu'il faut comprendre qu'elles le soient. Bien sur que les migrants ont droit de voyager (ma famille elle même, mon fils est devenu britannique...), mais il faut faire une "transaction" avec les natifs. Cette naïveté un peu gênée de l'exposition montre bien le lieu d'où l'on vient et l'ampleur du déni global dans les fameuses élites qu'on conspue: extrême...  

    Puisqu'on parle des femmes, Todd s'intéresse maintenant au futur matriarcat, rendu inévitable par le dépassement des hommes par les femmes dans l'éducation. Suivant le plafonnement à 30% de l'éducation supérieure dans la population et donc le nécessaire fractionnement de la population, cette progressive domination féminine doit avoir des effets. Il s'agit de l'arrivée inéluctable de ce qu'on appelle le matriarcat, régime anthropologique où les femmes dominent, les hommes étant réduits à des rôles d'exécution sans prestige, comme par exemple la guerre ou le labourage. 

    A la question naïvement et complètement féministe chtarbée d'une matrone de l'assistance, Todd planta un dar anthropologue magnifique: masculinisme et féminisme sont des rôles assumés indépendamment des gonades, et les choses peuvent changer, sans qu'un bien ou qu'une essence immanente soit à l'oeuvre. De quoi ruiner et humilier bien des théories, mais toutes ne le savent pas. Il n'y a pas que les cons, il y a les connes aussi. 

    Il ne précise pas toutefois la conjonction malheureuse entre éducation féminisée et éducation plafonnée. Comme si le peuple et le peuple masculin se détournaient spontanément d'une haute culture jugée bien trop "féminisée" au sens péjoratif du terme. Un certain fractionnement donc. 

    Et puis les immigrés parlons en d'un point de vue anthropologique: ces femmes voilées ne seraient elles pas la juste réaction à cette libertairianisation féministoidale ? A nous les djihadistes, allions nous contre les chtarbées, on en profitera pour les exciser, elles vont enfin nous foutre la paix... La fin du règne des amazones s'annonce, du moins pas avant les milles ans d'oppression qui se profilent, comme il se doit. 

    A moins que.

    Bien sur les seuls signes d'espoir, et Todd a l'air finalement bien catastrophé par ce qu'il découvre, se trouvent dans les populismes et la nécessaire prise en compte du peuple. Les anglos saxons, Trump et Brexit à l'appui semblent avoir compris, et négocieraient entre élite et peuple, voire se préparerait à un futur qu'ils auraient compris. Cette négociation en cours dans le monde anglo saxon n'existe pas chez les latins, éperdus à rattraper leur retard libéral et féministe qu'ils pousseront, comme toujours au maximum possible: jusqu'à l'effondrement. 

    Todd aussi a compris: il y a corrélation entre hausse des suicides et régions US concernées par la concurrence chinoise, et cela Trump le prend en compte. On sait que l'entrée de la Chine dans l'OMC, malgré toutes les garanties de l'administration Clinton, fut parfaitement non contrôlée et exploitée malhonnêtement par la Chine. Là encore Trump a raison, non pas de succomber au protectionnisme (Todd s'arrête là), mais de se battre, voilà mon avis et les raisons sont là. 

    La France et l'Europe non de Visegrad semblent hésiter, voir se perdre dans des délires absurdes, voire ridicules: leur populismes sont là pourtant et attendent impatiemment les prochaines élections. Qui peut croire, qui peut encore espérer que Macron puisse réussir ? 

    Revenons au matriarcat: il s'identifie aux hautes classes, donc. Todd a sur ces sujets la théorie de la "décadence par le haut": c'est en devenant sédentaire que l'homme inventa les régressions (communautarisme, sacrifice) qui firent son malheur, on en avait déjà parlé (2). Il l'applique au libéralisme moderne bien sur, et la force d'innovation reviendrait donc aux pauvres, ce qui flatte le tropisme prolétarianisant du monsieur...

    Par contre, il l'évoque, le statut des femmes n'a rien à avoir avec les salaires diminués des congés de maternité, et l'innovation qui consiste à pénaliser aussi les maris pour rétablir l'égalité n'est pas encore en place. Faudra-t-il une dictature pour l'instaurer ou pour l'empêcher ? Bref, la question de la démocratie se pose et Todd la considère: c'est un régime d'abord basé sur un consensus anthropologique et la xénophobie, tout comme le droit de vote réservé au groupe dominant en sont des conditions essentielles. C'est d'ailleurs à ce propos qu'il parle de fragmentation: à l'issue de la grande alphabétisation de la fin du XIXème siècle, il y eut l'égalité et donc les points de vue égaux qui conduisirent à la république. Avec l'isolation et le repliement sur soi des classes éduquées, en circuit fermé dans leur cultures absconses, la question se repose à nouveau. Todd parle en rigolant d'Avignon, temple de l'entresoi culturel assumé, inaccessible et inaccédé... 

    Todd devrait se féliciter du foot, seule occasion, c'est bien pour cela que je la méprise d'ailleurs, d'unifier tous les enthousiasmes... Quoique: n'est il pas un prétexte, un outil de communication qui plus est au service de la grande corruption internationale ? 

    Et puis il y a les vieux, Todd en est, et rigole de ne pas avoir eu dans sa jeunesse à se poser la question de l'augmentation de la CSG pour ce qui le concerne. Un démographe ennemi de Todd eut parait il le génie de comparer l'arrivée du baby boom à la retraite comme la migration soudaine d'un peuple de vieux, avec tous les effets culturels qui y sont attachés...  L'idée est bonne, et condamne certainement toute possibilité de révolution violente dans l'immédiat... Bref, l'inertie a augmenté et les prévisions faites seront sans doute peu anti auto réalisatrices... 

    Nous y voilà donc dans le déluge qu'un vieillard ironique (à qui je m'identifie) prédit pour après lui, donc en s'en foutant complètement. Est il vraiment temps de dire "Gute Nacht" ?  

     P.S.  Cette question de l'inégalité me taraude. On est au coeur de la pensée sociologique, celle définie par Weber comme l'étude de l'acceptation de la "domination". Systèmes de valeurs, systèmes familiaux ou économiques, nous avons là la préoccupation des grands penseurs qui cherchent la clé du monde. L'inégalité est pourtant, hors tout système de valeurs accepté d'avance, une réalité que j'ai humainement observé partout: son explication est relative, certes, mais c'est cette explication qui l'est, pas la chose. A partir de là, si l'éducation supérieure, qui produit traditionnellement l'inverse de ce que dit Todd (la volonté de détruire les privilèges absurdes, brutalement décrits scientifiquement comme illégitimes) se retrouve brutalement l'instrument qui au contraire les légitime, on a là un saut périlleux de retraité qui ressemble à la retraite de Russie... 

    Comme si le coming out dont on parlait était en fait plus large qu'on pourrait le penser: il s'étend au concept même de la gauche et le "je suis de gauche, la question de l'égalité etc" est bien en cause. C'est l'ensemble des opinions dites de gauche qui ont basculé soudainement et c'est bien ce camp là, celui qui, au pouvoir actuellement, bénéficie de la dernière apparence de légitimité culturelle sous les regards navrés et ... silencieux (pas mal celle là, non?) des derniers marxistes. Dont, manifestement Todd, désormais à la retraite. Il était communiste en 68.

     

     

     

    (1) https://www.youtube.com/watch?v=Z10gaVcaDuY

    (2) http://francoiscarmignola.hautetfort.com/archive/2018/02/09/la-fin-de-la-prehistoire-6025072.html

    (3) https://www.youtube.com/watch?v=wXd1cEhSogc

  • Les démocraties

    churchill.jpg

    Lire la suite

  • La fraternité

     

    herrou.jpg

    Lire la suite