Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

BWV 99 Was Gott tut, das ist wohlgetan

Ce que Dieu fait est bien fait... Le inch allah luthérien allemand, mis en musique par Bach, lui même... 

Bon on suivra le texte suvant: http://www.bach-cantatas.com/Texts/BWV99-Fre6.htm

aprés avoir pété un franc suisse à Bachstifftung pour écouter ça dix fois. 

http://www.bach-streaming.com/what-god-doth-that-is-rightly-done-bwv-99-video.html

 

L'ouverture est guillerette, mais en fait à la Bach ultra hiérarchisée et complexe, toutes les nuances de la bonhommie étant explorées tour à tour, comme de juste. 

tadadam avec le rappel rentré, et hop ca remonte encore une fois pour bien poser la structure.

Apparaissent donc alors ce qui marquera la brêve période de notre temps précieux soustrait au monde: la présence simultanée et obstinée d'une flute et d'un hautbois (dit d'amore par la volonté du maitre).  Et puis les voix arrivent, par en dessus et ça le fait. En parlant de maitre, on est là dans l'affirmation de la paternité bienveillante, quasiment champêtre. Cela se développe, vous êtes pris. 

Un récitatif. Vous ne perdez rien pour attendre.

Puis l'air de ténor entièrement dissonant. La flute laissée seule se confond en désespoir par en dessous, et la voix ahahahah essaye de lui échapper. 

Erschüttre dich nur nicht, verzagte Seele,
Ne frémis donc pas, âme désespérée,
Wenn dir der Kreuzeskelch so bitter schmeckt!
Si le calice de la croix a pour toi un goût si amer !

Nous y sommes donc et la dissonance cognitive, spirituelle et le reste se manifeste puissamment: 

Obgleich die Süßigkeit verborgen steckt.
Encore que la douceur en soit cachée.

Et c'est bien tout le problème, la répétiton de la chose en descente délicieuse d'un mal au coeur délicieux qui n'en finit pas de descendre dans le désespoir de l'amertume faite musique pour notre délice... Ne frémis pas, non ne frémis pas... Tu parles et la flute, la flute.... La fin abrupte et aigüe, est la seule remontée musicale.

Un mot au sujet de la flute, instrument magique, sacré, préhistorique, terrifiant, ensorcelant: il enchante ce délire hors de tout, qui glisse dans l'au delà. Seule avec le ténor, on atteint là, brutalement un sommet de Bach et je ne rigole pas. 

L'Alto s'avance et tente de synthétiser. Mais ce n'est qu'un espoir, et il va falloir maintenant passer à la casserole. D'abord l'Alto qui récite. 

Wenn man genug geweinet,
Lorsqu'on aura assez pleuré,
Kommt endlich die Errettungszeit,
Viendra enfin le temps de la délivrance,
Da Gottes treuer Sinn erscheinet.
Où se manifestera la sincère loyauté de Dieu.

Ca se termine bien, en apparence. 

Viens alors le duetto de BWV 99, l'une des plus extraordinaires moments musicaux qui soit: la recherche réussie de l'accord absolu. Conçue comme une marche progressive de deux tacherons associés alto soprano comme humains, flute et hautbois comme machines toute la marche progressive vers le point suprême, est mené en plusieurs étapes pour finir dans un bref échange, redoublé dans deux motifs accordés en fait parfaitement et à quatre. Cela s'appelle la "crux" et quelque soient les significations multiples qu'on peut lui accorder, force est d'admirer le combat, et ce que l'on en obtient. 

Le bachstifftung est extraordinaire, à la bonne vitesse avec le bon équilibre des voix: https://www.youtube.com/watch?v=KBjvsHCv0Zk

Cela commence avec la machine flute et haubois, une première fois. Les voix d'abord dédoublées se synchronisent plusieurs fois, et à chaque fois cela repart avec le décalage pour finir finalement dans l'incroyable

Wird auch künftig nicht ergötzet.
N'aura pas non plus à l'avenir à se délecter.

Mais avant cela, il faut passer par le terrible 

Wenn des Kreuzes Bitterkeiten
Si les amères souffrances de la croix
Mit des Fleisches Schwachheit streiten,
S'attaquent à la faiblesse de la chair,

Méditation incroyable sur la terrible nécessité, recherche éperdue, l'argument retourné incroyablement tordu, qui reprend bien sur, c'est un miroir comme toujours, le "bitter schmekt". Mais bon sang, de quoi parle-t-il ? 

Cela se termine brutalement après le silence des voix, par les deux machines, elles aussi accordées en une brève reprise. Voilà. Combien de litres de larmes furent versés sur ces moments là? 

Puis, on en revient au début, c'est à dire à la maison, c'est fini, vous pouvez rentrer chez vous tranquille, papa s'occupe de tout. C'est ce que dit le choeur. Il en profite même pour vous faire un dernier retourné... Quel culot.

Drum lass ich ihn nur walten.
Aussi n'ai-je qu'à le laisser agir. 

C'est ça, bien sur. C'est court, et c'est fini maintenant. Le silence qui suit, accablé, nous laisse sur terre.

99 est ainsi donc une merveille totale, une cantate de Septembre, du deuxième cycle, jouée en 1725. C'est qui qui est l'auteur de ce truc ?

 

Les commentaires sont fermés.