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  • La dissonance cognitive

    Un facteur essentiel agissant de la psychée est le besoin absolu universel et général de compenser les dissonances cognitives qui peuvent se produire à tout instant et en toute occasion. Quelque soit l'état psychique, le système intellectuel et affectif que l'on maintient, c'est la vie, doit rester stable à tout prix et en toutes circonstances.

    En gros, on fait référence à (1), la théorie de Festinger étant en fait décrite d'une autre manière, quand la source de la dissonance est un acte de la personne, celle ci adaptant ses croyances pour rétablir l'équilibre. Le "paradigme de la soumission forcée" est ainsi un cadre d'expérience dans lequel on rémunère (ou on oblige) le "sujet"  a produire cet acte (ou discours) dissonnant afin d'étudier comment il le compense.

    Il peut bien sur évoluer avec le temps, voire se remettre en cause plus ou moins complètement en diverses occasions, mais cela ne se peut dans l'instant ou sous la contrainte. Dans ces cas là, et dans la plupart des cas, en fait, le système interne de la cognition se rend plastique pour réinterpréter la situation ou l'argument de manière à ce que l'intention et la conceptualisation courante demeure inchangée. Tout est mis en oeuvre pour cela, et c'est la force du mécanisme que d'être capable de créer alors à peu près n'importe quoi, depuis un système philosophique jusqu'aux théories les plus insensées, les mauvaises fois les plus abscontes, les délires moralistes les plus répugnants.

    C'est bien évidemment les systèmes fragiles, les constructions insuffisamment étayées ou réfléchies qui sont le plus susceptibles d'évoluer en cas d'accidents cognitifs dans l'absurde et l'insensé. C'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnait: poussé à leurs limites, certains hélas sont capables du pire.La contrainte peut être aussi sociétale ou étalée dans le temps et les victimes, des civilisations entières qui dégénèrent dans le n'importe quoi ou le ridicule au contact de l'étranger, ou de l'inattendu.

    Non pas que je m'abstraie de tout cela: ne suis je pas moi aussi humain, soumis aux mécanismes de ma race? Raison de plus pour tout envisager, et se prémunir de cela si possible, tout en moquant et plaignant les autres.

    Passons aux exemples et au premier d'entre eux, celui qui a mené Nicolas Sarkozy, président en exercice à laisser/commander un dépassement pharamineux des comptes de sa campagne présidentielle, à en signer frauduleusement/candidement une sous évaluation, puis à tenter de se faire reélire en considérant l'affaire comme sans importance.

    Entouré par des hommes intelligents, qui furent des ministres de la république importants,  Luc Chatel, Eric Woerth, François Barouin plus récemment, ceux ci semblent considérer une chose possible (la reélection) et l'autre impossible (la responsabilité).

    Des observateurs nombreux, intellectuels, journalistes, considèrent acceptable la campagne et la reélection, en commentent le contenu, supputent les chances de victoire, l'air de rien. Tout cela n'a pas d'importance, "tant qu'il n'y a pas d'enrichissement personnel".

    Des militants, sympathisants, supporters investissent émotionnellement et intellectuellement dans le soutien à un homme qu'ils considèrent nécessaire au futur de leur pays et dont les accusations judiciaires à son encontre leur apparaissent injustes(...), voire inventées de toute pièces.

    On a donc ici 6 dénis majeurs, 6 déséquilibres fondamentaux de l'entendement, 3 sont le fait d'un homme, les 3 autres de ses entourages, de ceux qu'il gagna dans son passé, celui d'un ex président de la république française, successeur du général De Gaulle.

    On ne va pas ici se préoccuper des intentions et de la méchanceté ou du cynisme ou quoi que ce soit qui aurait rapport avec le bien, le mal ou même l'intérêt supérieur bien compris de la nation. On va jauger de ce qui peut amener à accepter, voire assumer en acte de telles décisions alors qu'elles sont contraires à ce point (et à mon avis extrêmement) à la légalité, au bon sens, à la respectabilité en gros.

    Car une violation manifeste de la légalité, donc de la respectabilité d'un responsable de ce niveau génère mécaniquement des effets de décrédibilisation auprès de ce qu'il faut appeller le "public". La sanction de tels actes, ne serait ce que dans l'esprit et le vote d'électeurs, et cela avant tout jugement est forcément sévère, je dirais tout le monde s'y attendrait. Pourtant, il est négligé, nié. Ce déni là est celui des électeurs dans un pays démocratique, doté d'un état de droit: un président ne peut faire une chose pareille, donc il ne l'a  pas fait ou s'il l'a fait ce n'est pas grave.

    En fait, la chose est subtilement différente: tant que la chose n'est pas jugée, l'aspect improbable d'une telle action suffit à la considérer comme inexistante ou pas grave, c'est à dire commise en quelque sorte dans les règles, par exemple pour une bonne raison. A toute remarque sur la question, le drapeau de la présomption d'innoncence peut être levé et on continue. Conscient du mécanisme, bien des chefs d'état en exercice en ont abusé jusqu'à plus soif: Silvio Berlusconi, Lulla puis Dilma Roussef, et bien sur Jacques Chirac. Reconnaitre sa responsabilité c'est reconnaitre l'indigne, il faut donc nier jusqu'au bout. En core un exemple du fameux combat contre la dissonnance, et il y en a d'autres.

    Il me semble qu'il y a dans cela une mécanique de dénis successifs similaire à celui des réactions en chaines bien connues des atomistes: les neutrons émis d'abord fracassent avec un rendement supérieur à un les atomes en charge d'émettre les suivants. Chaque violation de l'impensable nécessite, pour compenser, de lui rajouter son contraire pour mieux persuader soi même et les autres que la chose n'a pas existé. On se retrouve alors avec une multiple fiction, celle que l'on décrit et qui semble depuis le début enchaîner ses prétentions malgré un contre pouvoir tout de même effectif et qu'il dénie pourtant de la même manière avec hauteur: les enquêtes en cours de la justice.

    Peut on considérer ces enquêtes, ces questions, ces conclusions comme un déni à son tour ? Une sorte de déni du déni, quasi hégélien ? Cela serait indigne disent-t-ils tous!

    Nous n'avions pas encore mentionné la chose: le ministère public enquête sur une violation caractérisée de la loi, précisément ce qui est  à l'origine des chaines successives d'évenements décrits plus haut. L'enquête, dont divers éléments ont été rendus publics de manièrest variées est maintenant terminée. Les réquisitions du parquet à poursuivre devant les tribunaux rédigées et rendues publiques. En gros, est considéré comme établie une violation de la loi au bénéfice de Nicolas Sarkozy, et là la phrase qui tue, qui plutôt nous fait tous mourir de rire: "les seuls élements à décharge sont les dénégations de l'intéressé". Comment caractériser mieux la dénégation ?

    Elle est celle que pratique instinctivement le chef mafieux au tribunal, la petite racaille dans le commissariat, le pédophile devant les médecins.

    Les dénégations de l'intéressé. Nous y sommes. La dissonance cognitive majeure: l'ex président est un tricheur et un menteur, deux fois menteur donc d'abord en consistuant le délit, ensuite en niant l'avoir fait, et cela est insupportable. Il est donc innocent, la réquisition du parquet obscène et doit être cachée, toute allusion à la chose condamnée, avec ceux qui osent s'y livrer, coupables de ce qu'il a y a de pire dans le monde politique: le coup en dessous de la ceinture, le viol avec violence de la présomption d'innocence. A part chier dans un église y a pas pire.

    Sarkozy nia d'abord le nombre de meetings selon lui en 2012 autant qu'en 2007, en fait 44 contre 32. Ensuite il fit raconter que ses comptes majorés initialement de 1,5 million par la commission des comptes de campagne, et donc soumis au non remboursement par l'état et à l'amende avaient été validés définitivement (non bis in idem), et qu'il ne pouvait s'occuper de vérifier lui même 42 cartons de factures... 11 millions d'euros, d'après Jerome Lavrilleux, auraient été facturés à l'UMP plutôt qu'à la campagne, ce fut le début de l'affaire.

    La fameux Sarkothon fut d'ailleurs de ce montant, équivalent à ce que rembourse l'état à une campagne validée et imposé à l'UMP par le non remboursement qu'imposa un premier dépassement détecté presque négligeable. Escroqué trois fois (on va le voir), le parti de l'alternance et ses militants vont voter pour leur voleur. Le déni de ces vols manifestes, entièrement prélevés sur leur cotisations est complet. Y faire allusion, c'est déchoir.

    Bien loin de là on se retrouve en fait au final avec deux sommes passés par l'UMP: 13,5 M de dépenses de campagne attribuées à l'UMP, plus 18 M dont on ne sait pas ce qu'ils sont devenus. Les comptes de l'UMP de l'année 2012, avec Jean François Coppé comme président sont entre les mains de la justice.

    Coppé n'est que "témoin assisté" de l'affaire, pour une raison mystérieuse qui m'échappe: il se considère donc innocent, (ce n'est pas tout à fait ce que dit le code de procédure pénale, mais cela est dénié), le proclame et se promène partout sourire aux lèvres, soumettant au gré de sa créativité diverses propositions. Il est candidat à la primaire de la droite et du centre.

    On fera un rapide aller retour sur ce fils de réfugiés juifs roumains sauvé par des des "justes" français, familialement porté pour devenir président de la république, au centre du pire scandale politique de la Vème république, et qui recommande pour l'école primaire l'uniforme et la levée du drapeau au son de la marseillaise. Il glosa longuement sur la haine qu'il ressenti profondément chez ses adversaires qui injustement tentèrent de briser sa carrière, il invoca Girard et le concept de sacrifice, le coupable lynché par la foule étant bien sur innocent, la preuve. 

    Il n'y a bien sur pas de limites à l'immense mépris que beaucoup portent au fripon infect qui insulte la république et ses partis politiques. Il faudrait le livrer séance tenante enduit de goudron à bouteldja, elle seule saurait quoi en faire. 

    Revenons à l'autre balkanique, celui là venu de hongrie, quand il signa en son nom personnel, mais il ignorait tout des actions de ses proches, ceux que, président en exercice à l'immense carnet d'addresses, il avait nommé. C'est ce qu'il dit. Pourtant, le caractère personnel d'une signature de ce type est officiel, connu et c'était la deuxième fois qu'il y procédait. Cette deuxième campagne aurait couté 46M au lieu des 22.5 autorisés. Le double, pile.

    Cela peut il obérer sa campagne, sa possible victoire à la primaire et à l'élection (beaucoup en restent persuadés) ? Non. Présomption d'innocence. L'ampleur et la puissance du déni est à la hauteur du scandale et se traduit par un grand silence à peine troublé par le frémissement des feuilles d'arbres en cette fin d'été. Les journalistes sont unanimes, un brin provocateurs: il peut concourir et même gagner. Mieux, la (relative, enfin quand même) faiblesse de la gauche confronté à son échec absolu, à l'infame ridicule qui accable tous ses dirigeants, ses divisions mortelles, le discrédit complet dont elle souffre dans l'opinion a enfin un excuse pour perdre: l'indignité de son adversaire. Pas mal comme possible dénégation de son état, et doublement vicieuse: car on pourrait avoir honte de perdre face à un tel ennemi, à moins que l'on ne soit à la recherche de la punition absolue, le mal ayant enfin gagné, je vous l'avais dit.

    Pour accentuer les choses le déni est pris en charge par tout ce que l'on compte d'experts, par exemple le président du parti les républicains, son successeur, qui se plaint du calendrier, et avec indignation. Signifiée terminée le 6 juin, l'enquête donnait 3 mois, jusqu'au 6 septembre donc, pour que le parquet renvoie. Tout est normal, donc, en fait. Certains dénis sonnent faux.

    Au fait, dès que les juges d'instruction prendront la décision de renvoi, Sarkozy deviendra "prévenu", c'est à dire "à juger en correctionnelle". Ca va faire bien sur son C.V. de candidat au poste de De Gaulle.

    L'autre déni est celui de Jérome Cahuzac. Sportif, ultra intelligent, champion socialiste des finances, deux ans président de la commission des finances à l'assemblée, ministre du budget, omniscient. Un député se souvient d'une question de sa part sur les comptes à l'étranger, en commission, demandant sans ciller si on pouvait aussi détecter des comptes fictifs à singapour. Il nia au delà du possible, le déni ici allant au maximum du concevable, devant le président (soit disant), celui ci bien sur niant aussi, la totale. Le pire crime aurait il été de mentir à Bourdin ? Il le commit.

    Pour ce qui concerne Cahuzac, il faut savoir qu'une équipe de communication lui fut affectée Stéphane Fouks pour organiser sa dénégation avant la révélation finale, puis après, pour en atténuer le choc. Anne Hommel, communiquante agrégée, (le jeu de mot n'est pas digne) déjà en charge des époux Strauss Kahn, grands contemplateurs des réalités qui ne les fachaient pas sont ses amis, tout ce monde là se fête ses anniversaires. 

    Après avoir gagné six mois pour des raisons procédurières, après donc tout de même trois ans d'enquête, il a tout avoué, tout dit (et son contraire), les yeux dans les yeux à tout le monde. Son procès  commence aujourd'hui par une révélation "zero day": c'est la faute à Rocard. S'ouvre alors (toute la journée d'aujourd'hui) un déferlement de plaintes, de nausées, de pleurs et de grincements de dents: comment cela peut il être possible ? etc . Un flot de dénis, un déferlement.

    Premier ministre pendant la durée de l'affaire Urba, c'est à dire des tentatives du gouvernement pour l'étouffer, il est remplacé par la maitresse homophobe du président complice du veld'hiv, puis mis en minorité au PS en 94 par Henri Emmanuelli, le banquier gauchiste condamné en 97 pour cela. Ses ministres célèbres furent Henri Nallet garde des sceaux, à temps plein sur Urba,  et aussi Claude Evin, celui qui interdit la clope et qui donc fut obligé, on n'est pas de bois, à reporter sur l'industrie pharmaceutique tout le poids de la corruption que l'industrie du tabac n'était plus motivée à financer. C'est que voulut dire Cahuzac, conseiller d'Evin, expert en médicaments bien après le départ de la gauche, et dont la fortune vient évidemment de là, alors que certains croient qu'il la fit avec ses 10% sur le salaire du coiffeur de Hollande...

    A chaque fois, l'incompatibilité entre le caractère sacré, voire divin, de la personne de Rocard, pourtant pourri socialiste bragard et amateur, vaincu et humilié par plus vicieux que lui, et la possible corruption de ses gouvernements génère la dissonance de la mort de l'âme, le gong affreux du pourrissement intérieur: quelle honte ! Cahuzac est donc encore pire qu'on l'imaginait, et sa vilenie, manifestement extrême, ne pouvait donc pas être détectée, à l'impossible nul n'est tenu, vingt cinq ans de magouilles au vu et au su de tout le monde, parceque devenant impossible à nier, doit l'être encore plus. On le chargera donc, mais moralement: il est indigne de s'en prendre à un mort !

    Chirac, élu en 95, fut accusé de tout jusqu'en 2002, mais président en exercice ne put être jugé, ni examiné par la justice, respect de son statut oblige. Bénéficiaire de truquages électoraux dans plusieurs arrondissements de la capitale lors des élections municipales des années 80. Tous les électeurs, y compris à gauche, furent obligés de voter pour lui malgré sa corruption, par peur du nazisme. Bruno Jeudy rédacteur en chef à Paris Match affirme à C dans l'air: il a gagné malgré les affaires: le brillant journaliste exprimerait il un avis trop rapide, ou un déni caractérisé ?

    Chirac fit condamner à sa place Alain Juppé en Michel Roussin en 2005. Rattrappé, mais gateux, il fut tout de même condamné mais après avoir pendant douze ans (moins cinq ans de cohabitation) maintenu la France dans une inaction coupable, paralysie due, c'est bien possible, à tout ce qu'il devait aux uns et aux autres.

    Faut il interdire à un mis en examen de se présenter à l'élection présidentielle ? "C'est ce que proposa Fillon" dit Bruno Jeudy. Là encore un déni, issu de la dissonance cognitive qui anime la presse, l'opinion et tout ce qui caractérise l'effroyable abaissement du sens commun et moral de notre époque. Fillon ne proposa pas cela. Jamais condamné ni inquiété, maire, député, conseil général, président de région, ex premier ministre estimé des parlementaires, il évoque l'abaissement en question et se contente de dire que lui, ne serait pas candidat si il était mis en examen. Ah oui, il mentionne aussi, l'indigne "Imaginez vous De Gaulle mis en examen?". Quelle horreur, quel crime.

    Pour toutes les raisons exposées dans le reste de ce texte, un grand nombre de gens considèrent indigne un tel coup en dessous de la ceinture, une telle ignominie, une telle violation de la présomption d'innocence. Certains réclament sa démission, d'autres la tête dans le cul, se lèchent l'anus en grognant. Je les conchie, les déteste les méprise et veut leur mort. Bientôt, si bien sur Fillon gagne inch'Allah.

    P.S. Dernière minute, l'allié de Juppé, François Bayrou enfonce le clou et proclame (le 7 Septembre) la gravité du truquage des comptes de campagne. Quelle horreur, là on n'est pas en dessous de la ceinture, on est dans le pantalon ! Il sera candidat si Sarkozy passe, et tout Juppé votera pour lui bien sur, un troisième tour des primaires et qui pourrait bien lui profiter, à lui ou un autre...

    P.S. Un certain Franck Attal, qui prétend connaitre Nicolas Sarkozy, ce que celui ci nie, parle de comptes dépassés avec l'assentiment de l'entourage du candidat. Il propose un "yeux dans le yeux", une sorte de "débat". Cela nous changera des "idées" qu'un nain hongrois déjanté devenu fou veut "proposer" à ce qu'il pense être son pays. 

    (1) Festinger 1957

    P.S. L'argument du  "non bis in idem" continue d'être mise en avant par Nicolas Sarkozy (Septembre 2016). Il considère que l'affaire du dépassement a déja été tranchée après l'amende infligée en 2012. Aussi simple que cela.