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  • Les prévisions

    Johan Chapoutot, connu pour ses descriptions complexes et novatrices du nazisme est hélas un woke perdu et un dingo "phobe", voyant maintenant des nazis et des années trente partout (1).

    Tout d'abord, une description historique, détaillée et informée, de la montée de Hitler au pouvoir. Les deux légendes, qu'il a été élu et qu'il ait été majoritaire sont balayées et il faut le réaffirmer: Hitler a été nommé par Hindenburg et le NSDAP n'a jamais dépassé les 40% des voix en Allemagne.

    Mieux ! C'est le "centre" (centre droit) de Weimar qui a voulu jouer et s'allier à Hitler en voulant profiter de sa nette baisse électorale pour une petite manoeuvre de dernière minute. Le Reichstag a alors brulé, toutes les lois d'exception que permettait la constitution de Weimar furent activées et tout à commencé. Que la constitution de la Vème république contienne aussi une loi d'exception à la Schmitt est évoqué et c'est aussi parti côté Chapoutot: nous sommes dans les années 30, Marine Lepen c'est HItler, et Macron est Von Pappen. 

    Passons sur l'affaire allemande, avec une Afd en ascension et un chancelier conservateur dans la même position: s'allier ou non avec l'extrême droite ? Il n'y a pourtant ni communistes en Allemagne, ni bolchéviques en Russie, ni surtout de traditions violentes récentes (80 ans de paix tout de même). 

    Il y a par contre cette pensée de la forteresse assiégée et d'une société dégénérescente, à faible natalité et envahie par des races étrangères, ce que la germanité a toujours détesté. Mais bon: quel projet à la hauteur du projet nazi pourrait-il bien germer aussi bien en Allemagne qu'en France, au-delà du rattrapage woke et de l'expulsion d'envahisseurs envahissants ? 

    Peut-on dire que la Russie de Poutine est vue en Europe comme l'équivalent du Staline des années trente ? Que les musulmans d'Europe sont les juifs de notre temps et que nous devons coloniser les plaines de l'est, Ukraine compris pour installer notre puissance régénérée ? Serait-ce cela le projet de Soros et des européistes, qui ne diffèrent donc des nazis que par le fait que la race supérieure est maintenant africaine et turque ? 

    À ce point, les choses se croisent et on peut commencer à rigoler, les arguments, dans ce genre de discussion, ayant tendance à se croiser. 

    Partisans de l'alliance russe, ennemis des éoliennes et de l'immigration, l'Afd se trouve aujourd'hui bien moins guerrière que le nouveau Chancelier allemand qui hurle au réarmement avec une présidente de commission européenne toute aussi schleue, qui veut réformer la liberté d'expression pour assurer un pouvoir bizarre, qui lui n'inquiète pas Chapoutot... 

    Ce n'est pas tout à fait vrai, par contre: Chapoutot, tout en votant Macron pour éviter Hitler le suspecte et c'est son point: ces gens vont finir par amener Hitler au pouvoir, la responsabilité des wokes et de la gauche en général n'étant bien sûr pas engagée. 

    Pourtant c'est bien là le point et la ressemblance avec le passé est pourtant là tout aussi éclairante et remet en cause, en fait, la "démocratie", incapable ainsi, en période de crise, de gérer les situations complexes. 

    La chose est pourtant connue et se trouve être la grande motivation du royalisme en général, et cela depuis les grecs, en passant par Rome. La démocratie élective est toujours en échec quand les choses deviennent trop complexes, seule une volonté permanente "bonne" construite sur l'héritage d'un devoir familial sacré peut assurer la pérennité de l'Etat. Laissé à un peuple versatile et inconstant, la corruption le minera et le donnera à la première puissance venue un peu violente, forte ou cruelle.

    On rira de réaliser qu'une solution "moderne" au problème, l'impérialisme napoléonien a précisément chuté à cause de sa faiblesse (la guerre étrangère perdue décidée en solitaire) et que l'État fut alors réinstauré par le vainqueur indulgent, tandis que les démocraties qui en furent issues, eurent bien du mal en 14 (Clémenceau fit des miracles pendant la guerre, mais rata la paix) et s'effondrèrent carrément en 40, puis en 58 et presque en 68. La règle générale est difficile à édicter. 

    On se retrouve donc à concevoir les activités humaines comme ouvertes, et laissées à la bonne appréciation de celui qui réussit, celui qui échoue ayant eu forcément tort. Qui peut dire que les communistes et autres socialistes de l'Allemagne des années 30 eurent raison ? Ne sont ils pas autant responsables que les autres de la catastrophe qui arriva à leur pays et aussi au monde ?

    Mais la question sociale fut résolue par Hitler, ce qui permit au peuple allemand de bien vivre toute la guerre de 40, alors que les pénuries de 14 furent insupportables, le pillage de l'Europe au bénéfice exclusif des allemands justifiant la violence raciale exercée sur les "autres". Voilà donc ma compréhension du nazisme et l'extrême résistance jusqu'au bout est partiellement explicable par cette adhésion fondamentale à un projet culturel et social pour le moins cohésif. Il est vrai par contre qu'il ne tenait que par Hitler, dont la mort arrêta tout, autre contradiction.

    La solution nazie au problème du partage des ressources dans une société s'inscrit par contre dans l'histoire moderne et le problème actuel de l'"extrême droite" s'inscrit dans ce schéma-là: le nationalisme renaissant ne veut pas partager avec l'immigration, les ressources sociales et culturelles sont refusées à un étranger avec qui on se mélange pas. Préférence nationale et droit du sol comme marqueurs de l'extrême droite le serait donc du ... nazisme. 

    En face, la question sociale dont la compréhension évolua pour le moins, depuis la victoire du prolétariat et l'extermination de la bourgeoisie devenue inutile jusqu'à la tranquille sociale démocratie en lente lutte contre la "droite" qui finit de nous ruiner. Car enfin victorieuse, elle peut, du fait de la capacité d'endettement de l'Empire dont elle s'est dotée, se permettre de résoudre complètement le problème, en se privant de toutes les barrières mises à la satisfaction complète des besoins du peuple, peuple étendu aux peuples arrivant d'Afrique ou du Moyen-Orient. Problème universel donc que cette question de la misère, étendue au monde entier et résolue pour le monde entier à condition qu'il nous envahisse ! Fédérés par la fédération qui s'occupe de tout, ces peuples-là n'ont pas à être considérés étrangers et le faire est coupable: ils sont devenus "nous" et vont nous payer nos retraites. 

    D'autant plus que les arguments en leur faveur sont légion: ils furent victimes de nos pères et nous leur devons réparation.

    Depuis les "Ouradours sur glane "commis sous la rune emblème d'un pays martyrisé dont nous révérons le nationalisme russophobe que nous nous ruinons à entretenir (l'Ukraine "libre") mais que nous avons perpétré cent fois lors de l'inutile conquête d'où nous avons été renvoyés une main devant une main derrière; jusqu'à l'infâme esclavage dont nous avons libéré les peuples sédentaires de la boucle du Niger.  Ceux-ci nous avaient sucré notre café un siècle avant,  capturés par leurs compatriotes qui vendaient aussi aux innocents pratiquants de la grande religion de paix qui en plus castraient, mais pour la bonne cause, apparemment, il nous faut maintenant les laisser prier dans nos rues.  

    Quant aux Ouradours sur Glane commis 500 ans sur les côtes d'Europe par des barbares (esques) venus de ces côtes-là, et qui ne terminèrent leurs rapines que grâce à la flotte américaine venue la veille de la conquête régler des comptes que nous n'avions jamais soldés, et bien on les a oubliés à tort. Nulle revanche de l'homme blanc, sinon bien sûr les enfumades dont on ne se vente pas et qu'il faudrait pourtant agiter à titre de menace contre leurs descendants indument présents dans des paysages qu'ils ne méritent pas. La valise ou Ouradour sur Glane, était ce que voulait dire, en fait, Jean-Michel Aphatie ? 

    Tout cela fait beaucoup de détresse logique et on ne peut que féliciter un philosophe qui renvoie dos à dos les "revanchards" de toute espèce (2)(3) , nous ne sommes (je ne suis) qu'un revanchard de plus, désespéré par un monde absurde dont (je, il) souhaite la destruction à cause de cela. Ah Berlin 1945 ! On y vit les derniers vrais héros français. Car bien loin de se faire faire prisonniers par des communistes viets, ils défendirent avec loyauté et sans raisons un Hitler qui ne les remercia pas. Puis ils s'enfuirent ou moururent sans rien dire, ne laissant que des ruines aux violeurs. 

    L'histoire est injuste. 

    Qui dénonça l'extrême droitisme des marches de la mort des revanchards asiates contre les troupes coloniales, viets collabos, ex nazis réengagés ou provinciaux français en mal d'exotisme ? Le communisme impie de l'époque accueillit avec des insultes les survivants tout juste débarqués, la gauche qui en fut issue se vautra dans le maoïsme puis le kanpuchéisme vingt ans après puis chia les merdes humaines qui nous accusent de fascisme sous Macron. 

    De fait, pour (me, se) consoler du revanchisme qu'il faut bien sûr maintenant abandonner, je dirais que l'absurde de l'histoire inclut ses dénonciations quelles qu'elles soient. Le philosophe se doit donc de déplorer absolument toutes les souffrances inutiles, y compris les dernières de la pile, celles dont je me plains donc à raison. CQFD.

     

     

    (1) Chapoutot les irresponsables: https://theconversation.com/pour-les-extremes-droites-mondiales-soutenues-par-musk-trump-milei-ou-bolsonaro-le-nazisme-reste-une-reference-indepassable-251730

    (2) Vincent Citot https://www.lefigaro.fr/vox/societe/la-societe-des-revanchards-un-point-de-vue-psychosocial-sur-les-clivages-contemporains-20250314

    (3) Portrait de Citot: https://www.les-philosophes.fr/agora/vincent-citot.html