Les robots
Il semble bien qu'une nouvelle sorte de robots soit en train de naitre, et cela, sur la base d'apprentissages de gestes "physiques" qui ne soit pas supervisés comme c'est le cas à l'heure actuelle.
Au-delà la capacité de marcher en évitant des obstacles, ce qui est un peu la base des démonstrations classiques, on pourrait aller très au-delà et entrainer des réseaux de neurones avec des bibliothèques (à faire ou identifier) de gestes et préhensions variées encodées comme commandes élémentaires de moteurs qui soient associées à des descriptions textuelles variées de ces gestes. Seraient ainsi appris non pas des gestes significatifs, comme aujourd'hui, mais des ensembles de "tokens" de ces gestes, l'association entre entrées et sorties des interactions étant archivées magiquement dans des réseaux de neurones, comme pour l'intelligence artificielle "générative" actuelle.
Il serait alors VRAIMENT possible de programmer librement un robot en le commandant à la voix. "Vient ici", "lève le bras ", "prend ce livre" etc, et puis des combinaisons de ces gestes, voire d'une véritable prise en compte de situations variées, et cela sans en donner d'exemple "physique", cette correspondance-là ayant été "apprise" au préalable par le biais de l'apprentissage global non supervisé évoqué plus haut.
Au delà du risque qu'il y aurait à le laisser ainsi faire des choses dangereuses, là il faudra des contre programmes de vérification ou des interruptions puissantes à prévoir, on se retrouve ainsi avec un assistant de vie vraiment capable, utilisable aussi dans l'industrie pour absolument toutes les tâches répétitives, des essaims de ces choses pouvant donc fabriquer en masse ce qui pourrait être nécessaire à la vie en général, toutes les tâches prévisibles et répétitives des sociétés humaines pouvant ainsi être véritablement automatisées.
On se retrouve alors avec la question de quoi faire des humains devenus surnuméraires. Au-delà des fantasmes d'extermination et autres joyeusetés, il suffit de se convaincre que modulo un temps d'adaptation proportionnel à une inéluctable baisse de la natalité, un nombre bien plus réduit d'humains devrait pouvoir vivre dans cette ambiance globale très technique, entourés de ces assistants-là, et bien sûr capables de se fabriquer eux-mêmes.
Le résultat de l'évolution conjointe des sociétés humaines et de ces machines va vite devenir quelque chose d'assez nouveau, ou le patrimoine constitué d'usines de ces machines devra être partagé entre des propriétaires initialement assez dotés et d'ingénieurs assez doués pour améliorer et gérer les ensembles sans limites de nombre de ces machines nécessaires à leur défense contre les prédateurs qui ne vont pas manquer de se manifester.
Les humains résiduels sélectionnés dès l'enfance devront donc être capables car pas trop nombreux, ce sera le propre de la nouvelle société à venir que de définir les procédures nécessaires à cela. Capables de posséder, et donc de transmettre, de commander ou d'inventer. Et aussi d'incapaciter, de protéger et de mettre sous contrôles les individus trop bêtes ou trop méchants pour ne pas nuire aux ensembles en question.
On peut être amené à prévoir une sorte de féodalité sans paysans comme l'horizon presque certain de ces sociétés-là.
Bien sûr, et là je suis formel, il est tout à fait vain de prévoir une quelconque autonomie ou humanité pour les robots qui deviendraient trop capables à force de perfectionnements. Ils seraient immédiatement exterminés par les méchants humains capables, eux, de prévoir et de maitriser les comportements qui leur déplaisent. Les esclaves mécaniques resteront esclaves pour toujours, cela est certain. L'humanité ne se partage pas et la cruauté sera là sans limites.
Ce monde sera donc patrimonial et le droit à la possession de ces machines protégé par les robots eux-mêmes, conçus pour appartenir sans failles au nombre réduit de leurs maitres et des affidés à ceux-ci. Quelle notion de subordination entre humains demeurera ? C'est toute la question, et une nouvelle forme d'esclavage humain se manifestera, avec les révoltes en rapport. Ma thèse est ici qu'on ne verra pas d'hommes "supérieurs" au sens intellectuel, comme si cette supériorité là entrainait la capacité de gouverner: on verra au contraire des princes habiles, capables d'entrainer ou de dominer et surtout de transmettre le contrôle et la possession des machines indispensables à la vie globale.
Bref, toute une nouvelle sociologie se développera, avec une nouvelle éthique, et aussi de nouvelles injustices. Bref, l'occasion de renouveler de fond en comble nos principes vermoulus. Vaste programme !