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  • Les préfaces de Kant

    À l'occasion de l'édition commentée par Paul Clavier de la deuxième préface de kritik, quelques points nouveaux à remarquer...

    Nouveau? Pour moi... 

    D'abord le paysage dogmatique que Kant renversa. Descartes en est bien sûr l'initiateur et Leibnitz continua. En gros, Dieu est indispensable au système philosophique, comme garant de la vérité (Descartes) ou de l'harmonie préétablie (Leibnitz), ensuite tout se déduit de la raison, maths ET physique. 

    Pour Descartes, tout se déduit des maths, en fait on déduit le monde du général au particulier et il n'y a de vérité que claire et distincte, garantie par Dieu. Les idées et principes sont ainsi aussi dans les choses, données complètement et clairement. C'est pour cela qu'on est maitre de la nature et la réalité du monde ne vient pas de la perception, on a un rationalisme et un idéalisme. 

    Kant est donc celui qui pose la question de la connaissance possible et cela sans Dieu pour la rendre vraie. Mais son point de départ est surtout de l'opposition vaine entre Wolff et Hume. 

    L'un sans perception, l'autre avec uniquement la perception. 

    Wolff fait ainsi de la philosophe la science des possibilités, exclusivement basée sur le principe de non-contradiction, il en déduit même le principe de raison suffisante, (et donc Dieu, tant qu'il y est). Voilà la grande idée dite rationaliste: la physique et le monde sont comme ça et pas autrement et on peut les déduire de l'ontologie. Magique ! Pour qui appréhende la grandeur de l'ambition, se lève une grande envie, celle de la grande idée ! On a là une illumination qu'on pourrait dire cartésienne car elle est l'immense exaltation de l'esprit philosophique moderne qui réalise sa puissance d'auto-affirmation. Faut comprendre. 

    Pour les empiristes, passionnés exclusivement d'expérience, c'est le contraire : seule l'expérience peut déterminer le raisonnable. Hélas facilement soumis au scepticisme, la conception reste fragile et paradoxale et la guerre entre les conceptions de la philosophie totale. Un champ de bataille pour la métaphysique... 

    On pourrait dire entre Leibnitz qui intellectualise les phénomènes et Locke qui sensibilise les concepts... 

    Mais Hume en détruisant la métaphysique dogmatique avec son tout expérimental réveille Kant "de son sommeil dogmatique". 

    Contre Hume, Kant refuse le tout expérimental qui empêche toute généralisation et donc toute vraie connaissance. Mais son modèle pour l'expérimental est Newton, qui induit les lois de la nature depuis les phénomènes. Le rationalisme est donc inductif (et non déductif) et c'est toute l'affaire. C'est l'immense succès des sciences qui est donc le guide de la méthode kantienne.

    On commence donc par une "méthode" qui vise à obtenir une connaissance d'un type particulier, car "transcendantale", c'est-à-dire connaissance de la manière de connaitre. La "critique" est l'exercice et l'obtention de cette connaissance, par essence non expérimentale et donc "a priori". Cette critique n'est pas faite par les dogmatiques possédés par le pouvoir de la raison assimilée à la logique. 

    On considère alors la différence et distinction fondamentale entre sensible et intelligible, et donc in fine entre phénomène et noumène, les choses réelles, inaccessibles, étant différentes de ce par quoi elles nous apparaissent tout en restant pensables. L'apparition et la représentation des choses va donc dépendre de nous, le mystère de l'adéquation de ces représentations avec le réel restant entier, et le demeurant de nos jours. Le successeur de Newton qui fonda toutes les physiques modernes (elles sont 3, dont deux relativités et le quantique) Einstein l'a assez dit: l'incompréhensible et que les choses soient compréhensibles.

    La représentation ne contient donc que ce qui affecte le sujet, et le phénomène est une façon d'apparaitre. 

    A ce point on rentrera dans la critique et considèrera la vraie métaphysique, celle de la pensée pure, et de ses concepts a priori (causalité, quantité, temps) dont on doit autoriser l'application aux objets sensibles présents dans l'intellect par la représentation. 

    L'objet de la critique est alors d'examiner ce qui rend possible l'application du "non expérimental" (concepts purs) aux choses perçues du réel, autrement dit, la possibilité d'un savoir a priori (non expérimental) et synthétique (construit).

    On se retrouve donc avec un savoir qui fait obéir le sensible à l'intérieur de moi à mes principes intérieurs, le sensible se subordonne aux formes de ma sensibilité. C'est la forme suprême de l'adéquation du réel aux principes de mon entendement et aussi de ma soumission via l'obéissance à ces principes à la possibilité du réel. 

    La distinction analytique(explicatif)/synthétique(contenu) est ce qui permet à la métaphysique d'exister, c'est-à-dire d'être un vrai savoir (créateur de contenu, donc synthétique) tout en étant hors de l'expérience (a priori). On remarquera bien sûr que TOUS les jugements analytiques sont a priori. 

    L'accord des choses avec notre capacité à connaitre est présupposé a priori même s'il est reconnu comme contingent, mais par contre, assuré par le succès des sciences... 

     

  • Les Daechs

    À l'occasion de la crise actuelle, un franco italien spécialiste des frères musulmans nous explique le monde (1). 

    Allons y vite: le "globalisme" (dixit Del Valle) est une idéologie qui se situe en Occident comme les Djihadistes universalistes (Daech, Al Qaida)  en Islam. Elle promeut le LGBT, certes, mais pas que. Elle veut la mort des nations et instaurer dans un empire uniformisé la loi de l'individu calculateur, ce que le pauvre Michéa appelle le "libéralisme", la pauvre Stiegler le "néo libéralisme" et De Villiers le "Puit du Fou" (je rigole). 

    Car le vrai clivage n'est bien sûr plus la ridicule, discréditée et inexistante question sociale, mais plutôt l'identitarisme, le rattaché au local national et religieux, évidente arme des partisans du monde multipolaire qui s'installe aujourd'hui contre des USA déclinants, d'autant plus acharnés à rassembler son camp (en prenant définitivement la main sur l'Europe) qu'ils commencent à avoir peur. 

    Le petit aller retour sur Ursula Van der Lyen, en conflit avec la constitution européenne (elle la piétine en faisant ce qu'elle veut, euh ce que les US lui ordonnent) et qui doté d'un mari entreprenant poursuivi en Italie pour fraude aux subventions européennes (2) (3). Agent de la CIA, Jean Monnet ne peut plus se cacher dans son cercueil: l'union européenne dont on nous parle avec des sanglots dans la voix était bien le moyen globaliste pour asservir une Europe discréditée à jamais par le nazisme et donc à priver de toute souveraineté. Les barbares germains doivent être asservis, et d'ailleurs, c'est fait... 

    La renaissance de l'OTAN, voire sa résurrection, est en le signe définitif et la guerre en Ukraine le marqueur définitif de la soumission infernale d'une génération entière à l'impensable. 

    Mersheimer, Brezsinski, Kennan, Friedmann sont les géopoliticiens américains qui ont décrit la situation à l'époque soviétique: qu'en est-il en Europe ? Rien que l'effroyable servilité d'élites élevées " Rome" (les young leaders) .

    Que ce soit un Italien qui nous parle des moeurs mafieuses, ou des gallo-romains maniérés plus romains que les romains et d'autant plus ridicules aux yeux des romains eux-mêmes représente l'intérêt des localismes nationaux; il nous explique aussi que contrairement à ce qu'on croit en France, Melloni est en fait de "centre droit" et bien sûr parfaitement européanisée, elle est amie d'Ursula. Viva Italia ! 

    L'une des morales des lucidités qui s'expriment via Youtube (merci Google de m'espionner) est donc l'absolu cynisme du monde et le fait qu'on ne doit concevoir les choses qu'à partir des intérêts et volontés des acteurs. 

    Par exemple, qu'est-ce que le terrorisme sinon par l'organisation à distance de meurtres ignobles une communication envers les médias et les nations bien plus efficaces que tous les moralismes et toutes les publicités ? 

    Del Valle conclut: j'étais européiste mais pas fédéraliste, j'ai changé: mort à l'Europe. Mieux ! La soumission à l'Europe signifie la mort de la souveraineté, et cette odeur de pourri attire les vautours: "l'Europe est en voie de putréfaction" dit Erdogan. 

    Ainsi donc, il faut rejeter, moquer, détruire et punir les slogans infâmes: "l'Europe c'est la paix", "Les nations c'est la guerre", "Souveraineté européenne". Signes ignobles de l'asservissement et de la ruine. 

    Mais avant cela, le principe fondamental de tous ces intellectuels passionnés de cette discipline qui fait pièce à  l'histoire, la géographie et la démographie, la "géopolitique" dont on fait les "géopoliticiens" (terme ridicule au demeurant), caractérise d'abord le monde sous l'angle de la Nation, ce concept fondamental de la réalité que toute la culture européenne a abandonnée pour notre malheur. 

    On a lu Walzer. 

     

     

     

    (1) Del Valle pète les plombs. https://www.youtube.com/watch?v=-4Bp1rY_Jls

    (2) https://lecourrier-du-soir.com/gros-scandale-la-commission-europeenne-blanchit-le-mari-de-von-der-leyen-qui-a-touche-320-millions-de-lue/

    (3) https://lecourrier-du-soir.com/coup-de-theatre-la-societe-du-mari-de-von-der-leyen-qui-a-recu-320-millions-de-lue-etait-inactive/

  • Les terroristes

    À l'occasion d'une tentative de débat sur le fond (1), un échange sur les évènements récents en Israël.

    Michel Collon, défenseur connu des russophones ukrainiens et en pointe dans la dénonciation des propagandes russophobes se positionne ici en dénonciateur sans nuances d'Israël, voire même dénonciateur de mauvaise foi avérée sur deux points qu'il refuse de considérer, se contentant après un renversement du débat de poser des questions dont il se plaint qu'on n'y réponde pas. 

    Le Hamas est il terroriste ? 

    Dans sa direction, les deux questions concernant l'action "terroriste" ou pas du Hamas et le nombre de juifs qui occupent Gaza. Sa réponse, à côté, se trouve être:

    1) ce qui s'est passé le 7 octobre n'est qu'une "conséquence"

    2) il est "normal" que des gens comme ça, agressés en permanence, réagissent et se défendent.

    3) Il y a dans la charte de l'ONU, qu'on a le droit de choisir les moyens par lesquels on répond à une occupation. 

    On imagine donc que les réponses aux questions posées sont a)"non" b) "zéro". Il ne le dit pas, au demeurant. 

    On répondra (on en tremble de rage) que:

    1) tout évènement n'est que conséquence d'un autre, y compris la sortie d'Egypte, qui se trouve mythologique. Cela ne masque pas la réalité du fait. 

    2) la défense doit être proportionnée à l'attaque. Ce principe irréfragable de toute justice a une limite qui est le crime contre l'humanité. Le meurtre de civils endormis accompagné de voie de faits variées dont les détails exacts sont finalement secondaires en est un. Tout y est: l'intention sadique revendiquée, la phraséologie terrorisante, la haine manifestée, exprimée, démontrée, pratiquée sur des personnes inconnues supposées ennemies car "vraisemblablement" juives (elle habitent les kibbouz investis et donc...). 

    3) On ne trouve dans la charte de l'ONU, que des références à des moyens "pacifiques". Collon a mal lu l'article 33: 

    Les parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation, d'enquête, de médiation, de conciliation, d'arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d'autres moyens pacifiques de leur choix.

    Cela n'enlève rien toutefois à la résolution 45/130 (1990) (2) qui mentionne: 

    Reaffirms the legitimacy of the struggle of people for independance, territorial integrity, national unity and liberation from colonial domination apartheid and foreign occupation by all available means including armed struggle.

    C'est pour cela que je pense que la simple accusation de "terroriste" pour qualifier (en plus de force) les "crimes du Hamas" de "terroriste" est contre-productive. Pourquoi ne pas dire tout simplement : "approuvez-vous les meurtres de civils intentionnels revendiqués commis par le Hamas ?" La question n'est pas d'attribuer un mot infamant, la question est d'attribuer ou non à une organisation l'organisation de meurtres de civils, ce qui, en général, conduit à déconsidérer gravement cette organisation-là, quelles que soient les raisons qui l'ont pu conduire à ces meurtres-là. 

    Qui plus est, on remarquera que le 7 octobre un autre type d'acte fut mené: des attaques de bases militaires et des combats avec armes de guerre contre des militaires. Pourquoi ne pas s'être limité à ce type d'actions, qu'on peut sans peine assimiler à des actes de résistances ou en tout cas à des actes de guerre ? 

    Qualifier indistinctement de "résistance" des actes différents est donc critiquable. Tout en s'en tenant aux faits, il convient de reconnaitre inacceptable et surtout coupable les meurtres sadiques revendiqués de civils. 

    La méthode

    D'autre part, le caractère "intentionnel revendiqué" des meurtres en question les distinguent fondamentalement de toute autre accusation qu'on voudrait symétrique. En général, on attribue ainsi un caractère terroriste à de tels actes, qui ont lieu non pas sous forme de débordement barbares de troupes avinées, mais bien d'actes de communication politique, l'horreur de ces actes ayant pour but d'inspirer la peur, de décourager, voire de, et là on passe à une étape supplémentaire dont on pourrait accuser Michel Collon: par le dépassement des conventions morales associées à une action qu'on considère comme conséquence, on induit que la cause première est un acte de la victime, prouvé ainsi d'une gravité équivalente ou supérieure. 

    Cette méthode est ainsi une méthode de communication, comme indiquée, mais en plus accusatoire: l'acte sadique est preuve que la victime est encore plus coupable que son bourreau, sa culpabilité étant telle qu'elle justifie ce qu'on lui inflige, voire qu'elle est responsable et coupable entièrement de toutes ces violations de la morale: celle des actes qu'elle subit étant de fait, les mêmes que ceux dont on l'accuse par la présente, d'avoir commis. 

    Mais cette méthode est aussi acte de guerre et elle a pour objet, ce qui est suffisamment souligné par ailleurs, de provoquer une réaction exagérée dont la violence provoquera des dommages parmi la population civile palestinienne des dommages destinés à émouvoir le monde arabe, voire le monde entier. Le crime sauvage contre des civils a donc pour objet même de causer d'autres crimes ou du moins des actes qu'il sera possible de qualifier comme crimes. L'intention barbare qui fait que ces gens peuvent effectivement (à mon avis) être considérés comme des animaux et traqués et liquidés sans merci, est double: on tue des innocents ennemis de manière à provoquer sciemment la mort d'autres innocents ceux là de notre bord, pour mieux inspirer la pitié à NOTRE égard. 

    Il est frappant de voir de doctes personnes (par exemple Dominique de Villepin) utiliser cet argument là précisément pour condamner Israël de tomber dans un "piège" tendu par le Hamas. Comme s'il était devenu licite de faire la guerre avec les pires principes et interdit de s'y opposer sous peine d'en violer d'autres. La méthode en question devient donc acceptable voire recommandée vu l'efficacité de l'injonction à s'y soumettre, devenue morale. 

    Et cette méthode là, parfaitement infâme, permet à certains (dont Michel Collon) de surmonter la dissonance cognitive induite par l'atrocité de ces actes en se lançant des élaborations soit disant équilibrées. Elle est pourtant, à mon sens, absolument  déshonorante et cela quadruplement: en excusant les meurtres des premières victimes, en excusant celle indirect des deuxièmes, en assumant un déséquilibre flagrant du jugement au nom même d'une prétention à l'équilibre, en prétendant au nom de ce naufrage moral, à la moralité. BERK. 

    L'accusation 

    Venons-en à l'accusation. 

    Tirés des circonstances historiques de l'émergence du conflit au début du XXème siècle, les arguments sont:

    1) il y a spoliation violente de terres palestiniennes. 

    a) La Palestine n'a jamais existé comme état arabe distinct d'une région des empires ottomans puis anglais. 

    b) les juifs qui se sont installé au début du XXème siècles en Palestine achetèrent des terres aux féodaux palestiniens et allèrent jusqu'à mettre en valeur des terrains non occupés. 

    c) les organisations militaires juives furent crées dans les années 20 en réponse à des manifestations violentes commises contre des populations juives qui n'étaient pas armées à l'origine. Le "conflit" a son origine à cette époque. 

    d) ces organisations, embryons de l'Etat juif ultérieur, furent terroristes dans les années trente et quarante. Shamir et Begin en furent des chefs impitoyables et absolument partisans et praticiens de la violence armée pour parvenir à leurs fins, en l'occurrence la création de l'Etat israélien. Ils furent délibérément terroristes, cela n'est pas niable (bombes placées en public dans les années 30, tuant des civils arabes).

    e) La création de l'Etat juif fut une décision de l'ONU en 1947, immédiatement combattue par les organisations palestiniennes et surtout par tous les états arabes voisins qui se précipitèrent sur la Palestine en menaçant d'exterminer les juifs qui y vivaient. La nature des menaces se renversa en terreur panique pour les populations concernées quand le sort des armes devint en faveur des Israéliens: c'est cette panique qui fit la Nakhba, l'émigration au Liban et en Jordanie de 750 000 arabes palestiniens, dont les terres furent confisquées par les Israéliens. 

    f) Dans les quinze ans qui suivirent plus de 800 000 juifs quittèrent les pays musulmans où ils vivaient, soi-disant bien accueillis, depuis plus de 2000 ans... Sans indemnités, ni espoir de retour. De manière objective ce simple fait établit définitivement que le conflit israélo arabe n'a pas lieu d'être: il a déjà été soldé par des déplacements de populations similaires à ceux qui furent organisés au XXème siècle, en Europe, en Turquie et en Russie. 

    g) La revendication palestinienne comme revendication nationaliste n'a pas lieu d'être (pas de nation), comme revendication arabe non plus (l'échange des présences a eu lieu, le monde arabe devrait accueillir les Palestiniens, ce qu'il refuse), comme revendication populaire non plus (les Palestiniens peuvent vivre dans la nation israélienne comme des citoyens reconnus, 2 millions d'Arabes le font bien). 

    La revendication est donc autre. 

    2) De fait, et le second point de désaccord, le conflit est non pas politique mais religieux ou du moins existentiel pour le monde musulman. Voilà une carte de celui-ci et le petit machin rouge qui compte tellement à ses yeux est l'État "juif".

     

     

    Le petit machin rouge au milieu c'est ce dont on veut se débarrasser et qui insulte l'islam.

    Qu'est-ce que le monde musulman "politique" peut trouver à ce confetti d'empire pour se passionner de justice à son égard, alors qu'il ignore complètement les abominables massacres au Yemen, en Syrie, en Turquie ? 

    Comment une ordure patentée comme le sultan turc Erdogan peut-il oser se plaindre des massacres israéliens après ce qu'il fait aux kurdes, tout en refusant de reconnaitre le génocide arménien ? Comment les tortionnaires iraniens ou syriens peuvent ils oser faire de même ? 

    Le petit machin rouge au centre de la carte touche à la conception que le monde musulman fantasmatiquement attaché à une mythique "Umma", a de lui-même: une civilisation empire à vocation universelle qui ne peut tolérer une altérité au centre de son dispositif géographique. l'Etat "juif" est une insulte existentielle essentielle et doit être détruit. Cela touche au monde arabe, et par ricochet spirituel à la totalité de l'Islam (avec un grand I), civilisation meurtrie en conflit éternel avec l'autre, qu'il soit juif, croisé, et de fait occidental. 

    C'est comme si la Mecque était une enclave au centre de Rome, à la place du Vatican, mais avec une armée. Faut comprendre.

    Michel Collon ne va pas jusque-là dans son appréciation; il se contente d'agiter en idéologue pédagogue un narratif puéril, basé sur la métaphore de "la cabane au fond du jardin" dont le calme paradisiaque est perturbé par une arrivée soudaine, venue de nulle part, d'étrangers racistes qui la lui confisque. Que pensez-vous de cela ? Demande-t-il agressivement à ce qu'il considère comme une mauvaise foi enjuivée ricanante qu'il veut convaincre... À l'appui de ses dires, les écrits francs et sincères des dirigeants israéliens originels (Ben Gourion) qui ont annoncé leur politique de conquête de terres qui:

    1) n'appartenaient à personne 2) qu'il était impossible de partager du fait des prétentions unanimistes arabes

    C'est l'aveu d'un chef de l'OLP: "le peuple palestinien n'existe pas , la lutte palestinienne a pour objet de restaurer l'unité arabe". 

    Il s'agit là d'un débat, et l'affirmation que la chose n'est pas négociable est une prise de parti. On notera que la "solution à deux états" espoir du monde progressiste, et bien sur aujourd'hui abandonnée par tout le monde  et surtout par Israël lui-même, n'est même pas mentionnée par Collon.  

    Collon antisémite?

    Michel Collon est il "antisémite" ? C'est toute la question. Il parle de "lobby sioniste" et se consacre à la lutte contre le "colonialisme israélien", qui fait qu'Israël est "un état d'apartheid". En fait il est un porteur des opinions décrites par la croyance à la réalité des caractérisations ainsi exprimées qui convergent vers une position connue mais peu affirmer explicitement: l'Etat d'Israël est illégitime et doit disparaitre. C'est la revendication du Hamas, indépendamment des moyens mis en oeuvre pour y arriver. A revendication légitime, moyens légitimes, quels qu'ils soient... Est ce antisémite ? 

    Tout comme le qualificatif de "terrorisme" , le mot "antisémite" est un qualificatif essentialiste, qu'il est inutile d'employer, hors l'affirmation explicite de la nocivité d'une race juive. Y a t-il des antisémites cachés ? Ce débat là a un coté complotiste hors du débat sur le conflit israélo palestinien. Mais il mérite d'être tenu au demeurant. Et le comportement de Michel Collon, manifestement suspect, mérite d'être analysé: de manière manifeste, il refuse de répondre à des questions précises, et pose en retour des questions du même type avec une certaine habileté, d'ailleurs. Par contre, sa conclusion qui se situe dans le cadre du monde multipolaire à venir, Israël étant un "porte avions" américain comme l'Ukraine a un caractère haut niveau vraisemblable. 

    L'antisémitisme comme "antisionisme" c'est à dire comme simple volonté de détruire l'Etat juif et de rendre les populations juives à leurs errances millénaires est ainsi sans doute la pensée profonde de Collon. Cela n'est pas antisémite au sens strict, mais va assez loin dans l'imaginaire géo politique. En tout cas cette position suscite une forte opposition en Israël, d'ailleurs Etat souverain doté de la bombe atomique. Même comme "porte avions" des USA, il a une personnalité établie et forte. On peut imaginer effectivement que sa destruction comme pays souverain se produise, et on peut en être inquiet. Le fantasmer à toute force avec l'indignation des convaincus est toutefois problématique, et à mon avis pathologique. 

    Pour conclure, la "solution" inverse, qui est l'exil des palestiniens de Gaza en Egypte a de meilleures chances de se produire, tout comme celui des cisjordaniens arabes en Jordanie. Car c'est bien l'Etat palestinien qui n'existe pas, et qui n'existera jamais. Désolé. 

    Lutter contre le terrorisme

    La théorie du terrorisme par Jacques Baud (3) confirme les nuances qu'on doit apporter à l'utilisation du mot "terrorisme".

    Celui ci a ainsi plusieurs sens, selon qu'il se situe dans une agressivité d'atmosphère qui peut (c'est la théorie de Baud) être spontanée (Mohammed Merah aurait mal réagi à une communication pro israélienne trop affirmée) ou bien en fait posée par l'entité terroriste comme un filet permanent destiné à capturer des demi fous (ce qui est arrivé aux tchéchènes auteurs de l'assassinat de nos profs), ou bien encore issue d'envoyés manipulés par des agents terroristes étrangers. 

    L'essentiel est l'assassinat d'innocents, l'acte qu'il soit punitif ou purement profanateur ayant vocation à perturber et à faire changer d'avis. Sans parler de la provocation à la réaction violente exagérée, comme indiquée plus haut. 

    La lutte contre un tel phénomène peut bien conduire à des politiques de communication prudente, cela d'autant plus qu'on renonce à limiter le nombre de sympathisants de causes arabes variées, ou bien carrément à des politiques étrangères au moins aussi prudentes et pour les mêmes raisons. Cela suffit-il, et la soumission, pourquoi pas la conversion, pourrait aussi convenir... 

    On peut aussi penser à forcer certaines propagandes à être discrètes, les prêches enflammés devant être strictement limités et les associations musulmanes proche des salafisme agressifs, y compris les apparemment très civils frères musulmans, strictement réprimées. Car il faut lutter maintenant lutter contre le "djihadisme d'atmosphère" de Keple, vrai problème et qui est l'administration d'une propagande permanente, vicieuse et allusive, clairement directe face aux publics acquis, et qui a vocation à exciter des demi fous qui passent à l'acte. 

    On pourrait aussi penser faire la chasse à tous les mouvements susceptibles d'engager des stratégies de ce type et d'en exterminer tous les dirigeants: cela marche-t-il ou bien cela encourage-t-il au contraire à pratiquer la martingale qui consiste à se séparer des populations victimes de ces propagandes et à vider l'eau du bain en ne gardant que des bébés triés sur le volet, propres sur eux, rasés et sans voiles. 

    Dans le cas spécifique du séculaire terrorisme palestinien, la stratégie à long terme d'Israël peut paraitre discutable mais semble avoir marché au moins 80 ans... Total mépris pour le terrorisme, séparation des populations, et assassinat systématique des auteurs d'actes considérés comme soustraits aux lois de la guerre, quitte à accepter des dommages collatéraux considérables, le pari étant que l'injuste souffrance de ces victimes là soit finalement attribuée à ce qui la justifie: l'acte immoral à son origine et non pas les effets secondaires acceptés par la réaction justifiée à celui ci, comme ce qui semble toujours être le cas... 

     

    (1) le débat MIchel Collon Bruno Attal https://youtu.be/rRTgcXiMUP4

    (2) resolution 45/130 https://documents-dds-ny.un.org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/565/19/IMG/NR056519.pdf?OpenElement

    (3) théorie du terrorisme par Jacques Baud https://www.youtube.com/watch?v=ZCmjtF0YVBI