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Les dissuasions du faible au fort

Il est un fantasme humain bien ancré et qui est pour équilibrer le poids du réel et de la domination patriarcale du plus fort et du plus gros, consiste à magnifier à titre de légende la victoire du petit sur le grand.

Le lion et le moucheron, la souris et l'éléphant, partout un petit domine un gros à titre de fait unique appelant à la sagesse, et donc de nécessité pour l'ordre établi de se préoccuper de l'infime. Soucieux de respecter le petit, celui-ci (l'ordre) peut donc faire accepter l'inégalité et faire respecter le gros, qui assimilé au sage, peut alors être exploité sagement par le petit avec la même sagesse du réel à qui on ne reproche plus, donc, l'inégalité des tailles, fondant ainsi l'harmonie du monde... 

Dévoyé comme le reste le beau principe fut bien sûr interprété par les modernes comme il fallait qu'il ne le fut pas et fut considéré comme une recherche de règle, le petit se devant d'humilier le gros pour le mieux détruire, celui-ci étant coupable de l'humiliation du petit et devant en être puni. Bref, un renversement des valeurs se produisit. Ce qui justifiait et exprimait la différence de taille, la capacité supérieure de destruction devint oppression intolérable, persécution permanente et se devait donc d'être combattue. Comment ? 

Le faible donc menace et exige, en vertu de sa capacité à attaquer, son attaque désespérée mettant sa vie en danger étant aussi périlleuse que la mise en cause du gros, pourtant du fait de son importance supérieure, supérieurement à protéger. 

Tel n'est pas le cas: engagé lui aussi dans l'équilibre du monde, le petit est en fait aussi important que le gros et sa destruction aussi insupportable: il peut donc risquer d'attaquer et c'est cela sa dissuasion et son pouvoir de nuisance tout entier, à la hauteur qui plus est de sa petitesse: on ne peut rien lui refuser. Cela vaut avant l'attaque quand il ne fait que se plaindre, s'attirant toutes les faveurs des passionnés de justice, les tenants de la balance qu'on doit absolument compenser, à la hauteur du déséquilibre, fictivement rompu et donc à corriger. Cela vaut pendant, le combat se devant d'être compensé par la mise à l'équilibre des armes respectives: le petit ne pourrait combattre sinon ! Et cela il le mérite de plus par son astuce supérieure de petit malin, à récompenser donc par une masse de munitions qui rendront sa fronde imbattable. Cela vaut pendant aussi par la licence qu'on lui accorde à trahir, torturer et écorcher hors des lois de la guerre la maudite méchanceté de son adversaire, mauvais car plus gros: tout est permis quand on est petit. Cela vaut bien sûr après, le pardon pour les cruautés de sa victoire se devant d'être à la hauteur de la crainte qu'on eut qu'il perde... Et puis cette victoire est la nôtre à nous tous qui rassemblés pour faire un plus gros que le gros, ce qui fait qu'en fait on l'a battu, nous permet d'échapper aux regards soupçonneux qui se dirigent vers nous: il y aurait il un autre gros à abattre ? 

Une fois chauffé à blanc par ces beaux arguments, le petit, ou du moins sa jeunesse téméraire, peut se lancer à l'assaut: il ne peut que jouer gagnant et sa victoire est certaine. 

Sauf si l'équilibre du monde et le pouvoir des Dieux est respecté et je souhaite de tout mon coeur que le grand Zeus, à rebours de toutes les modernités que je hais de toutes mes forces ne frappe avec sa foudre le honteux vermisseau, l'écrasant en une goutte de sang sur un bras et oubliant presque aussitôt sa présomptuosité. 

Que se tordent dans le malheur les Ukrainiennes et les Palestiniennes tringlées de la honte d'appartenir aux races funestes destinées à éduquer les humains soumis aux forces de l'harmonie du Cosmos: un meurtre collectif d'écrasement de la présomption de temps en temps, voire ici en même temps, ne peut pas faire du mal. Malheur aux vaincus, ils ne nous apprennent que l'évidence. 

Mais ce n'est pas fini ! Car dans les deux cas, les deux puissance écrasantes sont en fait elles mêmes des petites choses condamnées par le reste du monde: Israël et la Russie sont isolées et détestées par la bonne conscience d'un reste du monde coalisé et déconnant, habité par de faux sentiments humains qui ne sont qu'habitudes morales dégénérées. 

Pourquoi donc, en vertu de mon théorème, ne doivent-elles pas être punies ? 

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