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Les dissuasions

Tsirkon Hypersonic Missile

Les armes nucléaires sont elles utilisées, en fait? 

L'"opération militaire spéciale" de la Russie qui est en cours utilise-t-elle, ou pas, les armes nucléaires Russes ? 

La question est d'autant plus intéressante qu'elle est posée par des experts Américains (1). En fait la réponse est bien sûr oui, car c'est bien la présence publique de ces armes qui -dissuade- les américains et les européens d'intervenir directement dans le conflit armé avec l'Ukraine... Seule une participation indirecte est possible et cela affaiblit assez le camp Ukrainien pour prouver l'affirmation. 
Peut-on s'en tenir là ? Et bien c'est toute la question. 

Tout d'abord, on doit savoir qu'il n'y a (presque) plus de traités de limitations des armes nucléaires entre USA et Russie. 

Dénoncé en 2018 par Trump, le traité INF signé en 1987 entre Reagan et Gorbatchev, empêchait les USA de développer des armes nécessaires contre la Chine et fut aussi l'occasion d'une accusation contre la Russie de ne pas le respecter.

Le traité New Start, signé entre Obama et Medvedev a été reconduit au dernier moment en Février 2021 par Biden et Poutine. Il limite le nombre de lanceurs (700) et celui de têtes nucléaires (1550) et ne mentionne pas le nucléaire tactique.

Pourtant, il y a des doctrines  nucléaires publiques. Depuis 2020, la Russie affirme ne jamais vouloir employer l'arme nucléaire en premier, seulement en cas d'attaque nucléaire, de détection d'attaque nucléaire, ou de mise en cause de l'Etat Russe par des armes conventionnelles. Cela excluerait donc les armes de théatre... 

L'arme absolue

La fameuse conférence de Poutine révélant l'existence de missiles hypersoniques est alors le sujet. Elle eut lieu le 1er mars 2018 et annonça la disponibilité de missiles capables de voler à des vitesses supérieures à Mach 5. 

On passera sur le terme hypersonique, on parle de mach > 5, on doit parler du point de fusion le plus élevé des métaux, 1800° pour l'aluminium, 3000 ° pour le tungstène. 2500 ° pour les tuiles en carbone de la navette spatiale. 

A Mach 1, l'air n'est pas chaud, à Mach 2, c'est 150°, à Mach 3 on est déjà à 500°. À Mach 10, c'est 6000°. 

Aucun matériau solide ne peut constituer un objet volant à Mach 10. C'est pourtant la vitesse que Poutine annonce pour son missile fonctionnant à l'énergie nucléaire: portée illimitée, vitesse illimitée. 

Comment ne pas comprendre le côté gentiment prétentieux du tsar de toutes les Russies ? 

On citera alors la théorie de Jean Pierre Petit (3, 4) : les Russes utiliseraient une technique considérée obsolète depuis 50 ans, et qui est la MHD (Magnéto Hydro Dynamique), permettant d'annuler la "vague d'étrave" de la résistance de l'air (en fait de tout fluide dans lequel on veut se déplacer) en émettant des forces électriques au voisinage des bords d'attaques de l'objet en mouvement. Les Russes auraient maitrisé la technique et la mettrait en œuvre avec vingt à trente ans d'avance sur le reste du monde. 

Le résultat est un ensemble d'armes invincibles, c'est-à-dire hors d'atteinte de toute défense, capables de transporter sans être détectées ni contrées des bombes de toute nature en n'importe quel point du globe. On note que la technique rend les objets ainsi équipés très manoeuvrants, et donc capable d'une grande précision et aussi d'éviter par agilité, toute interception. 

Prétendant disposer de telles armes, les Russes veulent donc s'affirmer comme invincibles et donc spécialement respectables. A respecter donc. Par exemple pour un ministre Français de l'économie, cela aurait pu consister à éviter l'expression "guerre économique totale" censée être gagnée à coup sûr. 

On passera sur le fait que maintenir secret un tel pouvoir aurait pu permettre de le mettre en œuvre de manière cachée. Un bombardement d'un centre de recherche Américain ou Britannique sur leurs territoires respectifs, cela de manière non revendiquée, pourrait constituer des actes d'agression qui s'insèreraient dans une confrontation hybride, du genre de celles qui se profilent à l'heure actuelle. Sans que de telles actions soient complètement certaines, elles restent en principe possibles, le bluff communicationnel pouvant être manipulé et l'expertise en ces domaines ne pouvant être refusée aux Russes. 

À ce propos, on ne peut qu'évoquer une tactique possible, et qui consisterait à mener une "double dissuasion": frapper un pays de l'OTAN de manière précise avec une de ces armes, mais sous la forme d'une pique douloureuse surtout pour la fierté. Un entrepôt d'armes destinées à l'Ukraine, en territoire Polonais juste avant l'embarquement. Cela serait une bourrade qui ferait pousser des hauts cris, mais provoquerait-elle une riposte de la Pologne ? On aurait alors une provocation irresponsable indépendante de l'OTAN, et que l'on pourrait punir une deuxième fois. Une riposte de l'OTAN ?  ON aurait alors une atteinte directe délibérée et une frappe classique tout aussi précise mais bien plus douloureuse (des armes servies par des américains par exemple) pouraient marquer le début d'efforts réels de négocation avant la catastrophe, toute la séquence étant hautement non souhaitable de la part des USA: la bourrade décrite pourrait être laissée sans réponse, une salve de sanctions pouvant suffire, au grand dam des Polonais. Ceux ci doivent mesurer leurs actions ou leurs dires, l'opportunité de cette pique là pouvant se trouver motivée... 

 

Le respect dû à priori à la puissance affirmée est donc sans aucun doute le but premier de l'annonce, déjà ancienne et qui ne fut que peu relayée en Occident, caractérisé par sa fatuité et son incapacité à se mettre en scène à son désavantage, comme à de brefs instants (on pense à l'évacuation de l'Afghanistan) vite oubliés.  

Dès lors, impossible de ne pas tenir compte des desiderata du monsieur, au moins en principe. Que faire avec lui ? 

D'abord, la question est celle de la menace: disposant de telles armes, et en nombre suffisant, ce qui n'est pas encore publié et sans doute encore largement pas le cas, se produit l'effet le plus terrifiant : celui d'une possible attaque de saturation surprise qui annihilerait les postes de commandement USA et Européens: toutes les capitales réduites en cendre de manière soudaine (l'attaque est indétectable) rendrait muet les envois d'ordre d'attaque en retour aux sous marins nucléaires ou aux bombardiers en veille, seuls vecteurs encore imparables au moins en principe. Cette menace, absolue, n'est pas supportable dans le long terme, et suppose de la part de sa victime potentielle des actions variées visant à s'y opposer. 

Développer des armes équivalentes est donc évidemment absolument nécessaire, mais aussi faire payer à l'avance au plus grand prix possible le développement de celles-ci l'est tout autant. 

D'abord, et ceci pourrait expliquer cela, l'agressivité en retour à l'égard de la Russie extrême ces dernières années et qu'on ne peut pas ne pas mettre en rapport avec l'annonce de l'invincibilité affirmée de la Russie. La raison du contexte, tout de même surprenant de violence initiale, de l'affaire Ukrainienne fin 2021, serait-elle celle-là? 

Après tout, rejeter la Russie dans un camp anti-occidental affirmé, tenter donc de la priver de toute la technologie hardware mais aussi software de l'Occident afin de l'affaiblir de toutes les manières possibles, le temps que le retard technologique soit comblé n'est pas une stratégie invraisemblable. 

On en revient à la nature des équilibres militaires quand l'équilibre de la dissuasion semble rompu. On se souvient de la proclamation par Reagan du programme de la "guerre des étoiles", système de bouclier antimissiles qui rendait ou rendrait obsolète les attaques de missiles Russes et donc l'ensemble de l'équilibre de la terreur: il déséquilibra la situation est/ouest et contribua largement à la panique qui s'empara du système industriel et économique Russe, qui réalisa son terrible retard de puissance autarcique: il n'avait pas les circuits intégrés et les processeurs que l'ouest développait à tour de bras. On se souvient de ces machines de jeux d'arcades volées par l'espionnage Russe... 

Poutine refait-il après coup le même pied de nez à l'adversaire ? Quelle sorte de panique s'est emparée des américains après l'annonce ? On se plait à voir les essais ratés de missiles "rapides" américains qui se succèdent, et aussi les terribles déboires du F35, qui semblent montrer que le hard et le soft  Américain subissent à l'heure actuelle un Pearl Harbour à la puissance dix du fait de l'incapacité totale de faire fonctionner raisonnablement le logiciel Alis de maintenance informatisée de l'avion, et aussi l'incapacité totale de faire fonctionner le moteur de l'avion, en panne en permanence. 

Bref, un déséquilibre au sens "judo" du terme amène l'adversaire à anticiper un balayage subit, et à prendre ses positions en conséquence. La dissuasion reste là, mais se trouve terriblement manipulée, certaines zones rouges n'étant pas loin. 

On parlera d'abord, comme évoqué, de l'utilisation de charges classiques avec les vecteurs invincibles: de quoi, et cela fut "démontré" par le tir de Kinjal qui eut lieu vers Kiev, disposer d'une arme ultra précise employable partout dans le monde. En particulier, le caractère manoeuvrant de l'arme la rendant "opportuniste" mais à grande distance. Virevoltant à une altitude indéterminée au-dessus d'une capitale, elle rend son dirigeant extrêmement fragile. À partir de quel niveau de tension, le président US doit-il cesser totalement d'accéder à l'espace libre en public, et vivre en permanence caché, sous béton? 

On doit citer les nouvelles armes exhibées par les Russes: le missile Zircon porté par les navires de guerre, et le planeur "Avant Garde" hypersonique, Mach 20 à haute altitude. Pour en revenir à JPP, les Russes disposent de la technologie qui caractérise depuis les années 50 les "soucoupes volantes" observées par les UFOlogues: un machin technique silencieux, allant très vite et apparaissant puis disparaissant. 

Cela s'applique bien sûr à tout déploiement de force à toute formation identifiable d'une cible qu'un bombardement précis pourrait neutraliser. On ne parlera pas des bombes nucléaires de faible puissance, qui pourrait ne pas justifier de réponses stratégiques... La réduction considérable de l'incertitude de l'attaquant sur la précision de la mise à disposition de la charge avec en même temps, l'énorme incertitude sur celle-ci que subit l'attaqué est pour le moins notable...

On remarque aussi que comme la première réaction de l'attaqué (les USA), lui même puissance menaçante dépendant déjà de grosses sommes dans le domaine (militaire), sera de redoubler d'agressivité à planifier dans tous les domaines. Cela est évidemment anticipé par l'attaquant (la Russie) qui se doit de redoubler de paranoïa et donc... 

Nous voilà dans la montée aux extrêmes classique et tous les moyens de seconde main sont candidats à être utilisés. 

Car le principe suprême demeure: il faut éviter la destruction mutuelle, seule la destruction univoque pouvant être considérée, mais avec attention. C'est là où je voulais en venir: légèrement "tordue" la destruction MAD de papa est en train d'être réformée à bas bruit, dans un monde nouveau qui commence à envisager des amendements aux vieux principes. 

Les doctrines 

On se permettra pourtant, au passage, de mesurer (au sens de limiter) l'agressivité russe, dont la doctrine nucléaire publiée en 2020 est assez claire (6) : 

1) pas d'utilisation en premier

2) emploi en second sur détection d'attaque ou attaque

3) emploi contre forces conventionnelles si l'Etat est mis en cause

On note l'absence d'armes de théatre et de menace première, telle que décrit plus haut. Nier cette situation c'est traiter les russes de menteurs, ce qui ne mange pas de pain, ou bien de fou, comme dans "docteur folamour" quand on explique à Dimitri qu'il fallait expliquer publiquement le fonctionnement de la fameuse réponse automatique gardée secrète. 

 

(1) https://www.19fortyfive.com/author/mark-b-schneider/

(2) http://newsnet.fr/read/poutine-met-l-hypersonique-hors-dissuasion

(3)  la vidéo de Jean Pierre Petit: https://www.youtube.com/watch?v=_tEABSuLjNc

(4) le thinkerview de Jean Pierre Petit : https://www.youtube.com/watch?v=VanOVShKsCM

(5) Le traiter New Start : https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_New_Start_de_r%C3%A9duction_des_armes_strat%C3%A9giques

(6) https://www.idn-france.org/dissuasion-nucleaire/russie-decryptage-de-la-nouvelle-doctrine-nucleaire-russe/

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