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Les guerres

Alors que nous voilà concernés par une guerre en Europe, qui, même si elle de même type que ce qu'on a vécu dans les années 90 dans la Yougoslavie démembrée, semble inquiéter les gens à un point bien trop exagéré; il importe de réfléchir à ce qu'elle signifie exactement et cela à plusieurs titres. 

D'abord il faut définir la guerre. Dans la mesure ou le mot s'applique à des violences causant la mort volontaire de milliers de personnes, cela pour exclure les guerres économiques, les maintiens de l'ordre et les guerres froides, on doit considérer 3 types de guerre. 

D'abord la guerre nucléaire généralisée. Devant causer sans aucun doute la destruction et la stérilisation d'une grande partie de la terre, même si cela ne devrait pas interrompre complètement la vie (à mon avis), la perte de la quasi-totalité de l'humanité et la destruction complète de toute son activité est quasiment certaine. 

De fait, elle ne peut pas se produire, non pas au sens que tout se passerait comme si les bombes n'existaient pas, mais au sens que des comportements quasi automatiques se manifestent systématiquement pour l'éviter si l'occasion peut s'en présenter. 

Un exemple est la zone d'exclusion aérienne demandée la semaine dernière par le président Ukrainien et une partie de l'opinion tant en Ukraine qu'en Occident: marque de la nécessité humanitaire d'empêcher les bombardements de civils que certains pensent systématiques et volontaires, elle fut refusée sèchement par l'OTAN au nom de l'évidence: cela signifierait prendre le risque d'actes de guerre directs entre des puissances nucléaires. OR, comme certains semblent l'ignorer, cela n'est pas "possible". 

De la même manière, qualifier de "munichois" certains renoncements à des confrontations directes avec la Russie est un anachronisme patent. Les armes nucléaires n'existaient pas en 38, et ce nouveau type de guerre, type de ce qui ne peut pas se produire, pèse sur les appréciations, et bien sur les décisions. 

Tout cela pour dire que ne pas le prendre en compte, de la part d'adultes s'exprimant en public est marque de cynisme et de volonté de manipuler les bêtises et les fanatismes (de la part des propagandistes Ukrainiens, leur président compris) et d'inculture complète, voire de la forme de bêtise qu'on appelle "connerie" pour les occidentaux qui s'y livrent.

Par exemple Jean Dominique Guliani (1) président de la fondation Robert Schuman, s'est permis d'évoquer l'argument "munichois" pour demander à l'Europe une activité agressive plus forte, cela d'un ton ému, mu par une nécessité intérieure en proie à des sentiments brouillés. Un tweet vengeur, du genre "Comment peut laisser parler en public un pareil connard?" semblait justifié. L'homme voit la Russie comme un ennemi et décrit en termes peu amènes, hostiles et militant ce qu'il appelle la tyrannie Russe dont la dictature selon lui est pire que celle de la Chine (2) ! 

L'homme affirme que l'Europe a l'habitude depuis les années 30 des dictateurs paranoïaques, il vit dans tout son esprit et toute sa chair cette époque dont il n'a pas compris qu'elle a scellé la sortie de l'histoire de "son" Europe, qui a renonçé, précisément, à l'arme nucléaire et dont il n'a manifestement aucune idée de la nature. 

"Pour arrêter la force brutale, il faut être fort; la Russie ressemblera à la Corée du Nord après les sanctions". 

A quoi l'Europe va ressembler si la Russie arrête dès demain ses livraisons de gaz à l'Allemagne ? 

Le deuxième type de guerre est la guerre "classique" dite de "haute intensité" utilisant des armes lourdes (chars, artillerie, missiles) et qu'on peut caractériser par le bruit terrible et assourdissant d'explosions destructrices proches 24 heures sur 24. Causant de terribles souffrances aux populations civiles prises dans ces destructions, elle peut aussi les épargner complètement si elles sont derrière les lignes de front. Ce type de violence ne peut se vaincre que directement avec des armes en rapport et des puissance de feu supérieures, éventuellement du premier type, des tirs nucléaires "tactiques" pouvant détruire rapidement les concentrations de matériels lourds qui y sont associés. De manière générale, ce type de guerre est très dépendant de la logistique, qui peut être mise en défaut par des encerclements ou des embargos.  

Elle peut se trouver mise en échec si on renonce à priori aux bombardements systématiques sur les populations civiles, des guerrillas sur des territoires étendus pouvant rester actives longtemps après une défaite de ce type. Ce qui mène au 3ème type de guerre. 

Notons toutefois, que la guerre du 2ème type est absolument gagnante face à toute guérilla si les populations civiles sont déplacées avant les bombardements lourds systématiques (ce qui fut fait en Algérie par exemple) ou tout simplement négligées (par exemple lors de la fin de la 2ème guerre mondiale) mais avec les conséquences qu'on a vues. 

Le troisième type est la fameuse guerre asymétrique qu'on vit au Moyen-Orient ces dernières années. Une armée du deuxième type face à une guérilla qui exploite et utilise des populations civiles au milieu desquelles elle vit comme des "poissons dans l'eau". On a là à la fois la défaite inéluctable après enlisement (Viet Nam, Afghanistan) ou la victoire pénible et affreusement douloureuse (Syrie, Irak) avec les prises de ville maison par maison tels que lors des cauchemars de Kerbala ou Mossoul, avec ou sans évacuations des populations civiles. Confronté au problème en Syrie, la Russie a sans doute des stratégies à mettre en œuvre pour la conquête des villes Ukrainiennes. L'avoir provoqué à faire cela, sans réaliser les épouvantables et inhumaines souffrances que cela peut entrainer, soulève le cœur. Concentrer exclusivement ses critiques ou ses condamnations sur l'auteur direct de ces souffrances, en considérant inhumain cet auteur, c'est faire fi, DONC, de la seule responsabilité "humaine" dans cette affaire: la nôtre.

Enjeu diplomatique et humanitaire de toute guerre, les populations civiles sont donc au centre de toute réflexion sur les guerres, et doivent en permanence occuper les esprits quand on parle de cela. 

Pour évoquer des polémiques récentes et confirmer ce que je veux dire, il faut évoquer la stratégie Gaulliste lors de la deuxième guerre mondiale, qui consista, tout en refusant de capituler, à faire la guerre de l'extérieur du pays, à faire renoncer les résistants aux attentats meurtriers générateurs de représailles sanglantes et inutiles, et à revenir en étant sûr de gagner en faisant la "vraie" guerre avec une "vraie" armée. Le contraire de Munich mais aussi de Kiev quand on distribue des armes individuelles à des civils peu formés pour les exposer inutilement à des armes lourdes contre lesquelles ils ne pourront rien et qui ne feront, -dans le but précis d'émouvoir les opinions publiques internationales- qu'exposer des civils. La guerre avec des boucliers humains qui plus est de sa propre population est fondamentalement non-éthique. Cela discrédite complètement (à mon avis) les dirigeants Ukrainiens. C'est le concept de guerre totale des nazis, et cela doit être absolument et toujours rejeté. 

Une distinction à faire toutefois.  Dans la doctrine de la "totale krieg" qu'évoquait Goebbles, il y avait l'évocation héroïque de la disparition totale de l'Allemagne (et de sa population civile) en cas de sa défaite. Grandiose et meurtrier ! Hitler évoquait en plus comme justification de ce sacrifice suprême la disparition totale des juifs etc etc. Condamner des milliers de ses concitoyens (à qui on ne demande pas plus son avis, d'ailleurs) à une mort similaire sous l'écrasement destructeur du feu de l'ennemi, cela à seule fin de convaincre une opinion occidentale qu'on souhaite plonger dans la même violence est du même ordre à mon avis, et justifie l'appellation de "nazi" que Poutine utilise pour désigner de tels gouvernants. 

Zelenski est tout simplement un clown assoiffé du sang de ses compatriotes, un fou délirant qui ne mérite que d'être assassiné dans son bunker. Pourvu que cela arrive vite. 

Qu'un ministre des finances Français (Bruno Lemaire) ait pu utiliser l'expression "guerre totale (économique)" est ainsi une folie absurde du même ordre qui me le rend à tout jamais antipathique, comme crétin, et comme proto nazi, lui aussi. 

Il n'y a pas de guerre totale ! Sinon la guerre nucléaire, qu'il faut rendre possible physiquement et impossible diplomatiquement, pour éloigner à tout jamais le spectre de ses intérêts vitaux violés, c'est-à-dire l'effroyable misère que pourraient subir tous les êtres fragiles de notre peuple !  

On en vient alors à cette fameuse guerre économique, celle qui se profile et qui pourrait, hors du miliaire, provoquer AUSSI bien des souffrances, et que les niais, les imbéciles et les salopards de va-t-en-guerre pourraient bien provoquer. On avait dit qu'on ne parlerait pas, mais on va violer la promesse pour conclure. 

Malgré toutes les rodomontades, l'Europe n'a aucun moyen de mener une quelconque "guerre économique" véritable face à la Russie. Si elle persiste au-delà de la victoire Russe (qui ne devrait pas tarder, la durée de ce type de guerre n'excède pas le mois ou disons 40 jours) à tenter de gêner outre mesure la Russie, les contre sanctions pourraient devenir instantanément extraordinairement cruelles. Il s'agirait de l'arrêt des hydrocarbures Russes, de la nationalisation sans indemnités de tous les avoirs Occidentaux en Russie, et du split du système financier mondial, la Chine pouvant fournir systèmes de paiement et monnaie de réserve. L'Europe comme puissance globale émergente serait alors définitivement condamnée et sa progression, contrairement aux naïfs et aux fous qui espèrent le contraire brutalement stoppée. 

On attend une réaction de l'Allemagne à l'arrêt de Nord Steam 2, principal but de guerre des USA atteint dès les premiers jours et surtout à la menace directe de coupure du gaz et du pétrole, pas encore formulée (tout le monde n'est pas Bruno Le Maire) et qui mettrait à rude épreuve les économies Allemande et Française en quelques mois, malgré les réserves. 

Certains en Allemagne seraient prêts à prendre le pari, et de le faire pro activement (2). La victoire militaire Russe aura des conséquences intéressantes. 

Il faut noter l'accomplissement d'un autre but de guerre, que le président Macron présente à son avantage et qui serait le renforcement de l'Europe, et en particulier le renforcement de la "défense européenne", chimère stupide qui supposerait le don de l'arme nucléaire à l'Europe, alors que la réalité (on pourrait dire heureusement) est la soumission à l'OTAN, et d'ailleurs bien sur l'Allemagne vient de décider d'acheter les F35... 

Les USA à la manoeuvre, enchainent définitivement l'Europe à leurs intérêts, au prix de laisser la Russie s'allier à la Chine. Cela a du sens au demeurant, car la Russie en paix avec l'Europe, voire assurant sa défense, aurait constitué un 3ème larron qui aurait dangereusement divisé le camp de la "liberté". On a préféré pour la grande confrontation à venir revenir à un monde binaire qui reconstitue d'ailleurs anthropologiquement (et c'est Todd qui le dit) la grande fracture entre les humains. On rappellera en effet, que Todd lie la longue durée des communismes en Russie et en Chine à la prédominance des familles dites "communautaires", autoritaires et égalitaires, et en cela radicalement opposées aux systèmes du monde occidental... 

L'alternative est donc quasiment faite, et pour longtemps, on pense à ces européens qui auraient voulu jouer l'URSS à la sortie de la guerre, et qui ont pensé qu'on pouvait envisager une sortie du capitalisme à l'occasion du grand bouleversement. De grands esprits s'adonnèrent à la chose. Mais la tyrannie était bien trop visible, et même si le McCartysme était haïssable, il valait nettement mieux et puis disparu rapidement, lui. 

Il y eut les non alignés du tiers monde, qui pensèrent possible de se développer ET de rester libre, hélas ils échouèrent deux fois: économiquement (leurs penseurs en ce domaine était socialistes) et culturellement (la religion fanatisée devint la seule ressource qu'il resta à ces peuples sans conscience en explosion démographique).

Il y eut le Gaullisme, forme occidentale du non alignement avec peu ou prou les mêmes objectifs, plus de vieilles ambitions, et qui fonctionna tant que son génial promoteur put parler la grande langue magique impossible à imiter. Rattrappée par les sordides envies de consommer déguisées en socialisme partageur puis en progressisme égoïste, la chose n'eut qu'un temps. 

Les choses risquent maintenant d'aller vite. Les despotismes asiates propres à ces peuples vont vite rendre les mondes communautaires eurasiatiques absolument impénétrables et nous auront pour toujours raté l'occasion de considérer Rackmaninov comme un membre de la famille. Je ne peux pas m'y résoudre. 

(1) https://laref.org/intervenants/jean-dominique-giuliani/  

(2) https://radionotredame.net/emissions/legrandtemoin/01-03-2022/

(3) https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/09/guerre-en-ukraine-en-allemagne-des-experts-soutiennent-l-embargo-sur-les-importations-energetiques-russes_6116751_3234.html

(4) https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-francois-hollande-appelle-a-arreter-les-livraisons-de-gaz-venant-de-russie-pour-l-europe_4999770.html

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