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Les autorités

Alors que la maison blanche est assiégée après que l'Elysée ait été menacé, que l'état français et sa politique sanitaire ait été défiée absolument par un expert régional qui mena en pleine tempête une action radicalement contraire avec de biens meilleurs résultats, on peut se poser la question de l'autorité, concept et puissance dont le pouvoir semble vaciller en Occident. On ne parlera pas du pape, on ne parlera pas de Dieu lui même, toute espèce d'autorité a priori étant considérée comme menacée et en proie dans tous les cas de son exercice à de radicales contestations. Le mot "contestation" lui même, qui berça mon enfance de post soixante huitard, n'en finit plus d'exercer sa nouveauté... 

On glosera sur ce qui permet à l'autorité de s'exercer, en l'occurrence les discours qui la soutiennent ou qui la font s'exercer, par domaines.

 

La quadripartition du discours

Définissons: dans nos sociétés on a des discours dans des lieux différents dont le politique, le journalistique, le policier et le scientifique.

Le discours politique ou l'argumentation soumise au vote se doit de respecter et de flatter le destinataire, est le lieu du symbolique sentimental et madré, dispensateur de promesses et de bons sentiments.  

Le discours policier ou étatique est le lieu de l'autorité qui a le monopole de la violence et le droit de saisir au collet, au moins les délinquants, mais aussi d'éborgner les gilets jaunes. Au service de cette partie du politique qui peut provisoirement lui donner des ordres. Le discours est celui, judiciaire et policier, du droit abstrait que le "juste" se donne de sévir. L'hypocrisie, la cruauté mais aussi l'aveugle indulgence y règnent en maitre. 

Le discours journalistique est celui, second, de l'information pure, soit disant libre mais évidemment manipulé par tous les intérêts objectifs, les délices de savoir la rumeur salace ou le chiffre qualifiant l'évènement n'étant que plaisirs de la vie et une voie pour transmettre qui les promesses du politique, qui les obligations d'une loi qu'on peut trop facilement ignorer. Un tuyau, qui peut se mettre à penser: certains y font carrière, mais de moins en moins, l'automatisation apparente du processus d'informer a fait considérablement baisser le niveau d'une activité qui s'apparente de plus en plus complètement au divertissement pur. 

Reste le discours scientifique en relation avec la vérité et son autorité indiscutable tant qu'on ne la discute pas, et sa prétention qui à la liberté souveraine de la prétention de n'importe qui, qui à la nécessaire "communauté" que certains croient en  charge de vérifier l'application d'une méthode que certains croient unique. Domaine ignoré nécessairement que le sommet de l'activité symbolique et cognitive humaine, celui qui ne dépend d'aucune institution, qu'on peut épouser, révérer ou maudire à volonté de tous les autres endroits... 

Ce n'est que récemment que ce discours là a acquis le pouvoir de vraiment fasciner. Alors qu'on ne considéra jamais l'aiguisage des lames comme une science comparable à l'astronomie, elle même inutile à la guerre jusqu'aux conquêtes océaniques et encore, ce qu'on appelle la techno science ne devient vraiment décisive qu'à la deuxième guerre mondiale, qui épuisant le concept dépassé de "science juive" fit de l'ordinateur et du nucléaire les vrais vainqueurs de toutes les magies simplement techniciennes de l'hyper motivation. 

Ce faisant, le discours scientifique fut subordonné à la guerre et donc au politique, le scientifique en bon patriote se devant l'état à dominer la nation et à la manipuler, via un journalisme tout aussi guerrier... 

Pourtant, il dispose d'une indépendance structurelle étonnante et aussi d'une capacité à se dérouler dans ce que n'abordent pas les autres ou en sont dépourvus: la question du "véritable" en son sens de réel et de tangible, cela par delà les limitations qu'on aurait pu croire attribuer au concept. 

C'est pourtant le scientifique qui détruisit le concept de vérité en l'expulsant de sa nécessité religieuse. Galilée réussit l'exploit en détruisant le relativisme nécessaire au nom du simple et surtout de l'observable: la théorie héliocentrique est bien plus mauvaise que sa concurrente, et même si le réfutable du vrai provisoire a recouvert le monde, le "vrai" absolu n'en finit plus de souffrir sa mort, à la fois effective, regrettée et nécessaire... Le vrai discours scientifique reste subversif et inconnu. 

Qu'au nom d'une "méthode scientifique" certains continuent à exiger que tout acte de connaissance se plie à des simagrées procédurières ridicules infaisables ou inutiles (on pense aux fameux essais cliniques en double aveugle plus ou moins truqués dont l'actualité nous a épuisé), montre bien que le vrai et le prouvable continuent de hanter les cerveaux et les psychés, y compris dans un monde éduqué qui vit littéralement de ces procédures, le grand nombre de thèses et de diplômes venant justifier l'activité d'humbles laborantins persuadés de faire de la science alors qu'il n'essuient de des burettes remplies de vieux jus. Sans parler de la bureaucratie en superstructure, qui fait de la science décisionnelle en attribuant les budgets au nom de ses visions lointaines qu'elle s'épargne de confirmer en demandant l'avis des scientifiques eux mêmes, réduits à proposer ce qui semble plaire en ne rédigeant que de demandes de resources et de "moyens", seule vraie activité d'un chercheur de nos jours... 

Procédures et rites absurdes à tous les niveaux. Sauf là ou ça bouge vraiment, et il y a toujours des endroits ou l'intelligence et la faconde font fi des contingences et réussissent à tromper vexer et finalement moquer tous les bureaucrates. Ainsi, la question du vrai, que cela soit celui de la manière ou du contenu continue de tarauder le domaine, de fait exclusivement consacré à son service... 

Les "c'est pas vrai" permanents associés par le professeur Raoult à toutes ses déclamations y montrent un scientifique obsédé par la dénégation, et d'ailleurs il le dit lui même: il ne veut rien de moins que la ruine prouvée des certitudes, selon lui nombreuses et injustifiées. Le vrai comme réfutation du trop bien connu. Nous sommes bien là en tout cas au coeur du non manipulable désir de réfuter et de contester, tout et toujours. 

Les discours s'assurent et se manifestent par des actes illocutoires ("en plus", le message, d'après Austin), qui sont la promesse du politique, l'information non vérifiée du journaliste, l'arrêt du juge ou la "prévision" du scientifique. Parlons en, et Raoult l'aura assez nié, cette fonction divinatoire du successeur de l'astrologue, celui vers lequel le politique se tourne pour prendre ses décisions. Il refuse donc de prédire, ce contentant d'affirmer la fin de l'épidémie sur la base d'un probabilité élevée, un virus de maladie respiratoire ne revenant pas, en général. Sa certitude basée sur le savoir est plus puissante que le pari du devin foutraque ou escroc. 

Parlons en: il semblerait que ce qui fit si peur aux dirigeants de toute la planète soit issu d'un calcul foireux mené par un anglais matheux qui en dix milles de lignes de C++ (2) annonce l'apocalypse de manière indéterminée, pour le moins: le stochastique de ses méthodes rend des résultats différents à chaque fois. En voilà du ventre de pigeon ! 

Et nous voilà dans les figures qui m'enchantent: 2 formes d'opinions et de forfanteries qui contrecarrent comme expliqué l'opinion et la forfanterie tout en étant, et de belles, avec deux résultats différents. Il est pourtant évident que basé sur l'observation celle de Raoult est supérieure, et d'ailleurs confirmée par les faits, alors que le modèle mathématique brillant déconnecté lui ne l'est pas et n'est pas non plus une prédiction tout à fait en l'air: une technique est utilisée, et des entrailles fumantes versées sur une table... 

Pour confirmer au delà de tout la chose, un élève de Ferguson, Simon Cauchemez (3) consomme la décadence de l'institut Pasteur en confirmant ces prévisions et modèles pour le compte du système décisionnaire français. Dés la mi Avril, Raoult avait des éléments, en particulier venus d'Islande, confirmant que les enfants, et par extension les moins de cinquante ans disposaient d'une immunité a priori contre le SARS COV 2 et donc pouvaient être sorti des calculs d'immunité croisée. L'épidémie s'est finie en Mai, on pouvait déconfiner en Avril... On a fait le contraire. La poursuite de la folie a donné à la France la pire récession du monde occidental, merci les modèles. 

Cette confrontation entre les modes de savoir illustre au delà de tout la différence d'autorité entre observation du réel, et intelligence de cette observation, et la prétendu application des "méthodes" qui quand elles sont basées sur des présupposés irréels ou faux ne conduisent qu'à la catastrophe. Les deux acceptions de science dans le monde d'aujourd'hui: faute de l'instinct du vrai, qui n'habitent que les intuitions des gens qui réfléchissent, la misérable folie suicidaire prétentieuse qui détruit les intellects dégénérés ravage le monde.  

Carmignola a gagné son pari et a fait confiance à De Gaulle. Désespéré par la connerie irréductible et désespérante d'un pays, d'un peuple et d'une civilisation qu'on fait semblant d'aimer, on prévoit, on hurle et on perd: on n'a pas convaincu. La plainte de Raoult, qui produisit un moment de sincérité déchirant dans son interview à Ruth Elkrief en fait l'écho: "j'ai parlé à tout le monde, j'ai fait tout ce que j'ai pu, et j'ai échoué". Il y a 80 ans un drame similaire se produisait et un pays entier, le même pays de pauvres cons, courut au désastre unanimement. 

 

Les Vérités

Un chapitre entier mérite d'être rajouté. C'est la différence entre les vérités présentées par les journalistes et celles présentées par les scientifiques. Une vérité journalistique est un compromis entre opinions exprimées, arbitré non pas par un vote mais la fausse objectivité du journaliste qui ne conçoit la vérité que comme l'équilibre entre les options que fabrique son esprit et qu'il veut imposer à ses lecteurs. Une fabrication de point de vue qu'il sert bien sur hors ses sources, celles-ci n'étant que faire valoir trié. 

La science se fait arbitrer par l'expérience plus exactement par le pouvoir de conviction exprimé par un résultat d'expérience tel qu'il vu par lui même. Construite par le discours scientifique, la fameuse expérience finit par se substituer au réel et constitue LE réel, la supposition d'un réel abstrait derrière cette réalité manifestée suffisant à solidifier cette conception là de la vérité. Bien sur il y a le consensus scientifique, mais celui n'existe pas de fait: il n'est que le résultat, comme disait Einstein, de la mort de vieillesse des opposants les plus acharnés à la nouvelle théorie... 

La position de Raoult sur sa potion est ici manifeste et s'oppose directement à la conception faussement objective du journaliste ironique, en fait balancé entre les influences et girouette mue par le vent. L'assurance de Raoult est réelle, à la hauteur de sa conception de la réalité, qui indépendante de l'opinion (il ne lit pas les journaux et ne regarde pas la télé) se fait exclusivement sur le monde qu'il manipule, théorise, expérimente et cerise sur le gateau, parfaitement en plus, il "soigne", c'est à dire applique au bien de ses concitoyens le résultat de son savoir. 

Cette capacité de soigner est un "plus" de la science médicale: l'utilité n'est pas technologique mais bénéfique et cela change tout. "Avez vous déjà soigné quelqu'un ? " lance Raoult à Bourdin. La puissance de cette vérité là est impressionnante. 

Les crédibilités

C'est pour cela que Raoult se ramène à la "crédibilité" (d'ailleurs immédiatement justifiée  par un sondage  qui lui donne raison, l'opinion le préfère au ministre de la santé) des "champions". Il n'y a pas de vérité, et s'il faut croire quelqu'un c'est lui et il l'affirme, avec autorité... L'autorité de celui qui a déjà eu raison et à qui on doit faire attention. Ce rétablissement du "fuhrerprinzip" est à mon sens particulièrement bienvenu: que faire in fine au cabot enfantin, dont la seule critique, qui était déjà une révolte de petite fiotte contre une autorité détestée, se résume après cela à la seule critique que l'autoritaire prince de la science aurait "la grosse tête" ou "voudrait se faire mousser"? Le frapper, bien sur. 

Un point est bien sur la notion d'expert décrite en (4) et conduisant assez vite à découvrir que Raoult lui même est un authentique expert scientifique, l'un des premiers au monde. Cela n'empêche rien à la disjonction des autorités de discours, la différence étant splendidement exposée pendant cet interview: le politique, c'est autre chose... 

Tous les tropes de la dénonciation vicieuse, hors de propos et misérable de l'autorité furent accumulés contre le professeur qui en vient donc à se déployer avec munificence comme absolument souverain et impérial prince de l'élite scientifique menacé par des envieux de seconde zone. Et il se trouve que cette position, toujours perdante en général se trouve là absolument victorieuse et convaincante, pas loin de la victoire totale assumée, avec en plus, et là la "punchline" comme on dit est admirable, le reproche justifié au conseil de d'ordre de ne pas avoir été défendu contre les insultes publiques inadmissibles de certains de ses collègues. 

Cet admirable retour aux fondamentaux d'un prince de la communication, réincarnant la parole gaulliste, digne et puissante, guerrière et victorieuse est absolument merveilleux. De la jouissance pure pour les connaisseurs. D'une certaine manière, on pourrait y voir la vengeance contre Mai 68, le "ferme ta gueule" de Cohn bendit lui ayant été renvoyé comme cela aurait du être fait il y a 50 ans. La dénonciation de l'autorité enfin remise à sa vraie place, celle du guerrier face à l'état failli devant un peuple souffrant, et non pas celle du révolté libertin, du pédophile empêché. Juin 40 contre Mai 68: Avril 2020.  

Encore mieux, cette révolte du soldat mettant en ligne sa division testante et soignante se fait au nom de la déconstruction et du rizhome parangon de la remise en cause philosophique des certitudes du sujet, contre le fondateur de Nanterre, Ricoeur, l'employeur du président !! Et au nom du "contre la méthode" de Feyerabend. Revendiquées par le vieux druide, ces déjà anciennes philosophies de la remise en cause, celle qui abattirent De Gaulle, précisément servent à nouveau, pour autre chose. 

Tout le panel des symboles autoritaires se trouve ainsi exposé, déchiré et agité dans un combat public essentiel et profond, au coeur de ce qu'il faut bien appeler une tragédie, humaine, sanitaire et maintenant économique. 

On a donc en action une figure de l'autorité dans le domaine le moins autoritaire qui soit, et pourtant le plus critique qui soit, sa propre image ayant été précisément trainée dans la boue par d'autres petits jeunes, cette fois défenseurs de la méthode, de la rigueur et du sérieux... Mieux ! Face à ces accusations débridées, le vieux prince se réclame de l'élite et se reposant sur ses lauriers (il a tout eu), il s'affirme ETRE l'élite que les seconds couteaux veulent abattre. En y ajoutant sa peur explicitement décrite de la panique des populations, qu'il se trouve prêt, en bon médecin, à soigner et traiter en toutes circonstances, il se situe à très grande hauteur face au monde, à la foule haineuse déchainée, aux évènements malins. Un grand homme, en fait. 

Il se trouve que ce genre de figure, exemple de la "bonne" autorité, celle qui est à la fois refusée par les pathologies secondaires, hontes depuis toujours du caractère français, et qui ne peut se montrer dans sa vraie grandeur qu'au milieu du désordre français, est ce qui régénère périodiquement l'histoire de notre nation en rendant possible au moins de temps en temps le nécessaire respect envers l'institution, enfin dotée pour un temps d'un représentant respectable. 

Car les trop longues périodes de temps où le drapeau n'est servi que par des misérables use le respect envers celui ci et cela pourrait finir par en détourner les désespérés, trop dégoutés de devoir baisser la tête devant des hommes ou des déguisements qu'ils méprisent. La science est possible, la révolte saine et constructive contre l'Etat est possible, la preuve: un exploit herculéen, à l'antique, a eu lieu devant nous et le monde s'en est trouvé mieux: il s'en souviendra. Pardon d'un lyrisme, dont on imagine bien qu'il pourrait susciter de la part de la lie intellectuelle, (la glaire vérolée des sceptiques dont je boucherais la fosse sceptique (je ne me lasse pas de cette contemplation scatologique de la punition nécessaire) après mon jet de grenades) bien des sarcasmes, mais une telle figure régénère le symbolique, le fera revivre pour une nouvelle période, par opposition à ce qui fait le contraire, le dégénéré qui abaisse et salit le monde, et plonge le peuple, nous, moi, dans la peine et le dégout du monde. 

L'autorité dans son beau sens de méritée, d'active, de respectable et de nécessaire s'en est trouvée ainsi illustrée.

Pour finir, le ministre des deux interdictions de la dangereuse chloroquine, décisions prises à chaud sur la base de deux études bidons et signalées comme telles, nous exorte début Juin: l'épidémie n'est pas finie dit il. Les foules se pressent sur les terrasses et manifestent collés serrés malgré l'interdiction, l'autorité de l'Etat est elle en jeu? Le dégout de tout cela est indicible... 

La bonne autorité

Bien sur et pour confirmer la figure de style, le contraire fut illustré tout autant et au combien. Le succès de Raoult est à la hauteur des effroyables dérives qui ont justifié les points de vues acharnés à le contredire et surtout à faire adopter les mauvaises décisions celles qui hélas eurent gain de cause. Car il faut bien l'admettre: Raoult a perdu et sa faconde échoua. 

Car l'autorité manifeste suscite sa contestation au point qu'on pourrait imaginer la "bonne" autorité comme celle qui tout en affirmant le vrai, le ferait d'une manière qui contenterait la contestation et l'éviterait. C'est le mythe de la "bonne" autorité au sens non pas de la "bonne" direction, mais de la "bonne manière", celle qui séduit même ses opposants. On avait raison de critiquer Raoult: de par son être même il échoua à faire admettre le bien et donc se trouve responsable de l'échec collectif. Jésus est responsable de sa mort de part son "impuissance" (il fut "incapable") à convaincre la foule de son origine divine. On lui préféra Barabbas et c'est sa faute à lui s'il fut crucifié. 

L'exemple chrétien fait le lit du mythe de la bonne autorité: notre civilisation est construite sur son refus, c'est bien le mythe contraire qui prévaut, ou du moins deux de ses acceptions, elle même contradictoires: soit c'est bien le peuple pêcheur qui est responsable et les juifs (plus ceux qui en tiennent lieu) paieront l'addition, soit c'est Dieu lui même qui insista pour qu'on crucifie son fils, dette au diable à payer pour sauver l'humanité. 

Appliquée à Raoult, la seconde thèse nous lance sur des pistes intéressantes, la condamnation sacrificielle de Raoult ne paraissant pas pour l'instant établir une nouvelle religion, mais patience, Saint Paul est à peine né... 

De fait la figure christique de Raoult se fondrait elle dans celle de la défense d'une conception du savoir qui serait "bonne", c'est à dire libérée des deux écueils qui la menacent depuis toujours: l'assurance directe de l'idéologie incontestée et la soumission aux rites de répétition ? Une "bonne" science, celle qui donnerait aux évolutions du climat leur vraies raisons et aux homme la "bonne" vie qui convient. La question est une question moderne, qui fait face à l'avenir. 

"Dégout du monde"

Quelle meilleure illustration de ce qui peut conduire un petit groupe de chasseurs cueilleurs isolés par le froid dans une malchance géologique et alimentaire à se disputer férocement et à consommer la destruction du groupe et la mort de tous. Enfuis et traumatisés, les survivants de ces malheurs se sont ils jurés de ne pas recommencer et de toujours respecter certains principes qui les sauveraient cette fois? A l'origine des sociétés, de ce qu'il faut faire collectivement, on trouve cela, bien sur. Souvenir des réussites (le sacrifice fondateur) ou des échecs ( ce qui revient au même, le fait même du souvenir valant succès, c'est à dire survie du remémorateur ?). 

Nous voilà donc chez Girard, et la foule déchainée, alimentée par l'information manipulée et l'injuste police au service du corrompu se jette sur sa victime. A part que cette fois, cela n'a pas marché. Comment l'institution va-t-elle se former donc ? 

Un chemin est la "post modernité" inévitable, théorisé par (1) comme refus de l'autorité et aussi de la contre autorité moderne: réunis en tribus les peuples se forgent au hasard des collectifs des avis ballotés par les circonstances sans y attribuer de vraie puissance: des modes de vies et  avis comparables, des points de vue silencieux, ceux qu'on entend de la part des pauvres gens sans passion qui cherchèrent à se faire un avis "de journaliste" en équilibrant les forces en présence et en évitant de prendre des risques. Nulle recherche d'un parti, d'un avis principal: la foi au moyen terme d'une confrontation indistincte d'égaux tous animés des mêmes "bonnes" intentions. 

Et bien cela est une définition de la post modernité tribale à la Maffesoli: les éthiques contre la morale, voilà le sens de "l'avenir". A partir de là, on ne cherche que la prévision comme arbitre suprême, tout se valant et on ne peut croire finalement qu'à ce qu'on est sur de ne pas avoir à croire: à l'astrologie, qui est le seul rituel convenant finalement à tout le monde, le "vrai" post moderne étant en lui même, dés son émission, assez flou pour être à la fois remis en cause et accepté par tous. C'était écrit. 

Alors que tout est en place pour la suite, c'est à dire l'éviction et la punition des incapables, gouvernementaux et scientifiques responsables d'un désastre à la fois humanitaire et économique; alors que les journalistes stipendiés et haineux devraient être trainé(e)s dans les rues et lynchés, alors que tout montre que tout le système s'est déchainé contre la raison et la sauvegarde nécessaire de nous tous pour de mauvaises raisons, il ne se produira sans doute, la loose étant attachée au bien, rien de tout cela, et aucune leçon ne sera tirée. Le mal aura vaincu et le monde, ce monde misérable qui échoue toujours, n'en sera encore et toujours, que plus dégoutant. 

Le Paris vide du mois d'Avril était sinistre, et tout cela me révulse. 

 

(1) Maffesoli chez Taddeï  : https://youtu.be/anj-q63ijiI

(2) le github de ferguson (dérivé) https://github.com/mrc-ide/covid-sim

(3) https://www.axa-research.org/fr/news/simon-cauchemez

(4) interview Raoult sur les experts: https://youtu.be/ThxEa22vcWs

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