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  • Les Nazis

    Engagé il y a bien longtemps dans une interminable conversation avec un concurrent de Johann Chapoutot, Jean Louis Vuillerme (1), la question du nazisme n'a jamais cessé de m'intriguer... Voilà qu'avec son livre sur le management nazi, deux questions importantes de notre époque se télescopent, et pour le plus grand bonheur des combinatoires: Rappin s'y met (2).

    Mais d'abord Chapoutot, dont l'offensive médiatique récente, un certain nombre d'entretiens vidéos passionnant sont présents ici et là, illustre une forme nouvelle de l'appréhension du nazisme, qui décidément n'est pas ce qu'on croit.

    Il y a à cette occasion, moyen de mélanger les arguments contradictoires, et il ne faut pas résister au plaisir de s'y livrer sans retenue et il y a de quoi faire. 

    Un projet et un idéal

    Loin de l'identification exclusive à la folie barbare que fut le projet d'extermination des juifs, le nazisme est en fait un projet et un idéal, deux choses qu'on n'attendait pas.

    Le projet est celui de la colonisation de l'Europe, principalement à l'Est, et l'apogée du projet c'est la vision à la mi 41 d'une union soviétique vaincue, démembrée et colonisée, ce qu'on venait de faire à la Pologne.

    L'idéal est celui de la liberté acquise par la race germanique supérieure dominant enfin la totalité de son espace vital historique. Cette liberté se trouve être l'accomplissement humain et social majeur des individus supérieurs d'une race supérieure. 

    L'antisémitisme là dedans n'est qu'une conséquence logique, et se trouve second: présent sur les territoires à conquérir, le juif doit disparaitre et sa mort programmée, d'ailleurs décidée sur le tard n'est que le sort le plus extrême que l'on réserve aux colonisés d'abord à chasser de la première zone d'installation de la colonisation à mener: en gros la Pologne. Sa population à classifier doit être germanisée pour une part, esclavagisée, chassée et finalement exterminée d'autre part. Le juif, absolument non humain, et qui n'est même pas un esclave acceptable, est un bacille dont il faut se débarrasser absolument. 

    Le projet fut particulièrement important: il est décrit, planifié, organisé, et rêvé par l'élite allemande de l'époque acquise au nazisme. Ce rêve fut un caractère fondamental de la puissance nazie: les allemands se battaient à l'est pour eux mêmes ! 

    L'idéal (cela m'avait toujours intrigué que des nazis puissent parler d'un "idéal") est lui aussi fondamental: l'homme germanique voit, à condition d'être un germain, une possibilité d'accomplissement absolu de son humanité, et cela inclut une liberté idéale et un bonheur parfait ! 

    Cette description là du nazisme, résolument originale et nouvelle a l'immense mérite de faire justice de tous les dénis français concernant une possible "collaboration" dans une Europe allemande nazie: la France était une zone de colonisation et le maintien de son gouvernement une méprisante habileté pour inhiber plus fortement la neutralité espagnole, et puis les nazis français des esclaves combattants de seconde zone, a peine mieux considérés que des nègres ou des arabes. Tous les degrés du fascisme français étaient ainsi, objectivement, totalement racisés et méprisés: s'y livrer redouble la honte qu'il y eut à le faire et cela à un quelconque degré. 

    Chapoutot, bien plus subversif qu'on ne croit consume là la honte française, celle qui eut dans les années trente l'opportunité de combattre efficacement le "projet" et l'"idéal". Il mit le feu au monde, et nous n'avons même pas essayé d'éteindre l'incendie quand cela était encore possible, alors que tout était là, quasiment décrit et explicité: projet et idéal. 

    Racisme civilisationnel

    Pardon de ma petite tentative à moi de conceptualiser, mais le nazisme comme exaltation de sa race germaine, il ne s'agit pas ici de sa cousine, mais de sa patrie, se pose un peu là: le germain est à l'origine de tout, origine de tout. Ce qui est germain, bien sur, le reste sans même avoir à parler du juif étant de la merde vraiment barbare. 

    Ce racisme propre à la civilisation, intrinsèque à l'appartenance raciale est un chef d'oeuvre d'autocentrement: quand on est à l'intérieur on doit en être profondément et définitivement satisfait. La jouissance de cette appartenance là, qui vous fait "déjà sauvé" doit être intense. Bon bien sur, il y a les classifications et il y a plus germain que d'autres: au sommet est le SS et il y a des gradations. Le polono-germain d'extraction mal définie est tout en bas, mais a droit au travail dans la joie, comme les autres. 

    Les intermédiaires sont commandés ou suspectés, ou même menacé à l'occasion, mais virilement: un système social extrêmement généreux leurs accorde les résultats des pillages du reste du monde sans limites aucunes: jusqu'au bout, on mangea et bu confortablement en Allemagne et les femmes violées par les russes étaient girondes. Rien à avoir avec les terribles restrictions de la première guerre mondiale. Prédateurs ultimes, les germains nazis mirent le monde qu'il soumettait en coupe réglée au service de leur confort.

    Croire collaborer ou avoir "collaboré" avec cette spoliation opulente est marque d'un déni corrompu inadmissible et inacceptable, autant le rappeler. 

    Au passage on refait l'histoire: les germains sont les vrais grecs et les vrais romains, la civilisation étant issue du monde nordique aryen. Ce sont les juifs et donc (le "Donc" a toujours une importance capitale en ces matières) les chrétiens qui détruisirent l'empire et les germains firent tout pour le sauver !!! Il furent contaminés cependant par tout ce que le juif et le chrétien inventèrent pour abolir les moeurs libres et naturels des germains.  

    On a donc les bon et les mauvais barbares (comme il y a les mauvais et les bons chasseurs, pour les inconnus) et les germains clairement sont les bons. On se réjouira d'un mélange de sang à succès entre germain et asiate: Gengis Kahn était roux et ne dut sa puissance qu'à sa germanité ! 

    On en vient alors à ce qui motive le caractère extra germain essentiel du juif: son Dieu et sa loi. On a là le contraire exact des Dieux germaniques mortels et faillibles et surtout de leur absence de conception de la loi. Seule la nature sauvage, avec survie du plus apte sans autre règlement que la violence peut être considérée ici comme une "loi". 

    Ce refus de la loi extra nationale, de la loi "divine" est essentiel et se retrouve partout dans le caractère civilisationnel de la germanité dont les moeurs libres, issus naturellement du sang et de la race ne se résument que dans des droits discutés entre égaux racialement, à l'exclusion du reste des humains, qui d'ailleurs ne sont PAS humains, tout simplement. 

    L'autocentrement naturel humain et racial de la germanité nazie est complet, irréductible et essentiel. Un état de fait. 

    Revenons sur cette histoire de "loi". En l'associant à la juiverie pour mieux la déprécier, les nazis en vinrent, il faut le réaliser, à déconsidérer la science. Dés le moment qu'il peut y avoir une science "juive", c'est à dire assimilée à l'étude talmudique d'un livre divin, c'est toute la science qui se trouve contaminée: faute d'avoir gardé Einstein, les nazis se sont privés de la trop enjuivée bombe atomique et cet échec à la fois scientifique et technique nous les fait bien mériter de Heidegger: "la science ne pense pas". Tu parles: ce sont bien les nazis qui n'ont pas pensé, malgré leurs armes secrètes, à conserver et à manager une science qui pouvait leur donner l'avantage. Le paradoxe est saisissant et il n'est pas le moindre. Le nazisme, déconsidéré comme technique de mort est fait une authentique barbarie, rendue impuissante par les cultes magiques. Un autre exemple est le Messerchmidt 262: Hitler voulut absolument en faire un bombardier, ce qui est un gachis effroyable: conçu comme le chasseur suprême la merveille scientifique et technique est "pensée" comme un engin de démotivation de l'adversaire au lieu de servir efficacement à lutter contre l'ennemi. 

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    Adolf Galland

     

    On a donc ici atteint les limites de ce racisme là: une connerie qui fait perdre la guerre. Tant mieux mais pourquoi dire de ces gens qu'ils sont "techniques" ou même "occidentaux"?  Des germains débiles encore tatoués avec leur cochonneries de moeurs cruels de leurs forêts: une pensée?  

    De fait, et je maintiendrais l'avis défendu mordicus devant Vuillierme, on a bien une pensée religieuse à l'oeuvre, la pensée qui est le contraire de la non pensée (la scientifique): la contemplation émerveillée de son érection barbare, jusqu'à la mort, ici franchement peu glorieuse: les beaux nazis, tous morts ou en amérique du sud laissèrent leurs chères épouses blondes se faire trombiner à mort par les asiates, au point de les dégouter de continuer la race, maintenant en voie d'extinction, une grande perte. 

    Par contre, refuser le caractère religieux à cette religion là sous le prétexte fallacieux et justifié (bien sur) qu'on a quelque chose de très différent des religions juive ou chrétienne (tu parles) me parait informe, et illogique. C'est tout le sens de mon argumentation de l'époque. Le nazisme et ses cérémonies sont une forme de résurrection d'un chamanisme ancien avec possession publique et terreur collectives exprimées et animées. Une religion, oui mais avec DES dieux, disons des démons, tout ce que le surnaturel décore dans la nature terrifiante où ne règne que la puissance et la violence des forts, rendue supportable exclusivement aux forts, c'est à ça qu'on les reconnait. 

    Passons sur l'autre paradoxe nazi, à rebours des lieux communs:  l'Etat y est détesté, au moins autant que la loi. L'état nazi n'est pas vraiment un état, mais un foutoir incroyable d'"agences" en concurrence qui toutes se réfèrent à un Fuhrer négligent qui se contente d'arbitrer au sommet entre des propositions toutes plus violentes et radicales les unes que les autres pour obtenir l'assentiment. 

    Le cas de Galland est un peu exceptionnel: il réussit à obtenir la confiance d'Hitler pour faire un peu de chasse; mais resta l'ennemi personnel de Göering qui le poussait au suicide (sauvé du suicide par Hitler, fallait le faire !). 

    Mais sinon, la déperdition d'énergie de la "polycratie" nazie fut considérable. Paradoxalement la disparition de la loi,  organise un "état d'urgence permanent" et donc une police politique omnipotente, capable de destituer tout fonctionnaire ou juge s'opposant aux principes de conduites nazis. Cette haine de la bureaucratie est typiquement nazie mais paradoxalement génère aussi des féodalités administratives multiples. 

     

    L'Etat

    On en vient alors à la thèse du livre récent de Chapoutot ("Libres d'obéir"), qui a d'ailleurs suscité une polémique, tant il dérange aussi bien les dénonciateurs traditionnels du management, tous acharnés contre le néo libéralisme, que les libéraux eux mêmes (on les traite de nazis), sans parler des réactionnaires semi nazis, que l'on traite ici non seulement d'antisémites, mais de libéraux ! 

    Car le discours du management nazi fut d'abord celui d'un disciple de Schmitt, le fameux Reinhard Höhn, découverte du livre de Chapoutot. Disciple ? Renégat plutôt, car Schmitt fut un nazi déçu, un étatiste qui fut méprisé et Höhn démontra en théoricien le caractère obsolète de l'Etat comme hypostase: il n'est qu'un instrument au service du pouvoir, la "Führung". Il est d'autre part dépositaire d'une autorité qui viole la vraie liberté germanique. 

    Il est d'autre part organisateur et c'est comme ça qu'est vu la sécurité sociale Bismarckienne, comme empêchant le laisser mourir nécessaire au darwinisme social idéologique qui marque tant le nazisme. 

    Au passage, on remarquera la théorisation "néo darwinienne Spencerienne" du mal nazi par Chapoutot: on a là le point commun avec le néo libéralisme néo darwinien tant condamné de nos jours... Au passage, on fera remarquer que Spencer est un optimiste, et sa théorie plutôt "pré" darwinienne à mille lieux de la violence du plus apte... 

    Ainsi, le Reich n'est pas un Etat, il est un "règne", une "ère", une "epoche". Va régner la belle anarchie de la "liberté des forêts", célébrée par tous les libéraux, qui se retrouvent donc ... nazis. 

    Et puis on a l'admirable et explicite opposition entre l'état promoteur de l'individualisme et la communauté qui promeut la vraie liberté. Toutes les opposition croisées du libéralisme se retrouvent ici renversées... On ne gouverne plus, on dirige. Le Führer n'a pas de sujets, mais des compagnons qui le suivent.

    On oppose donc explicitement le menchenführung (management) à la Verwaltung (Administration), typiquement l'administration despotique "française". Tout le mal vient de Louis XIV, l'Etat c'est moi.  

    Au passage on parlera de la liberté: non pas à l'orientale, le "despotisme asiate" selon Hegel faisant du souverain le seul homme libre, tous les autres étant esclaves, mais à l'allemande, c'est à dire celle de tous (tous les germains). C'est ainsi que la communisme est représenté: un esclavage asiate, dont d'ailleurs on ne souhaite pas, bien au contraire, en changer le cours: slave esclave un jour, esclave toujours... La propagande anti soviétique est donc à la fois un repoussoir: voilà ce que vous serez et une prédiction: voilà comment ils vivront quand ils seront NOS esclaves.

    La performance

    Leistung c'est l'action, et l'action efficace, la performance. 

    L'homme nouveau est celui qui dépassant l'aristocrate et le bourgeois (Ernst Junger) fut l'idéal du XXème siècle: moderne, industriel, guerrier, badaud et travailleur, jouisseur des loisirs modernes, massifié... Cet homme là est AUSSI nazi, bien sur. Aussi au sens que le nazisme fut de son époque, tout simplement. Ces jeunes sportives, ces propagandes des années 30 et 40, elles sont toutes les mêmes et leur pendant nazies autant que davantage. 

    L'approche nazie reprend donc l'idéal mais a l'originalité de penser l'exclusion de ce type humain là: ceux qui ne sont pas jugés conformes doivent périr. Au point qu'Hitler considérait à la fin que l'incapacité allemande à gagner signait son arrêt de mort, du fait de son infériorité prouvée. 

    Mais et ainsi là encore, une dialectique sombre est à l'oeuvre: soigner la faiblesse et sélectionner le plus apte a un recouvrement car une hygiène "préventive" doit être à l'oeuvre. Au coeur de l'empathie moderne pour la maladie à soigner (si possible gratuitement) se situe l'injonction à s'adapter au monde et à ne pas provoquer la maladie, que ce soit en fumant ou en sortant dans la rue lors des confinements. 

    Le docteur Kötschau, spécialiste du "Leben führen", spécialiste de la "révolution nazie de la médecine", homéopathe et naturopathe est un partisan de la Vorsorge (prévention) plutôt que de la Fürsorge (assistance). 

    Revenons au "social". Même si le mot, qui irritait Hitler et justifia l'élimination physique de tous les prolétaires un peu trop sociaux, les SA en l'occurrence, ne fut d'abord qu'un attrape ouvrier lors de la conquête du pouvoir, l'organisation du social nécessite une considération du travailleur. D'où les slogans égalitaires, l'exaltation du mérite, puis la "joie", tout simplement à travailler. "Kraft durch Freude" , l'organisation (le KDF, une agence) d'un comité d'entreprise à l'échelle du pays, pas les congés payés, les congés organisés, le loisir de regénération de la force de travail, le KDF étant subordonné au syndicat (unique) le Deutsche Arbeitfront. La KDF wagen c'est la coccinelle, la Volkswagen, dont la production s'arrête net en 39 au profit de la Kubelwagen, la jeep quoi. 

    Karajan joue des symphonies dans les ateliers des usines, etc : le "chief hapiness officer" est déjà en place, au nom de la performance. 

    Les nazis

    J'avoue avoir toujours été ébahi par les histoires d'ex nazis reconvertis, qui ont donné lieu aux plus incroyables contresens, mensonges, fantasmes et légendes absurdes

    On commencera par Eichmann, décrit par Anna Arendt comme un fonctionnaire "Kantien" (c'était ses arguments de défense), alors qu'évidemment, et Chapoutot le confirme sans ambages, il s'agissait d'un nazi convaincu de la nécessité de l'extermination, acteur convaincu de l'histoire etc etc. 

    Cette histoire de Kantisme mérite d'ailleurs le détour: suspecté par Michel Onfray d'avoir dénoncé sa mère à la Gestapo, Kant fut effectivement enrôlé par les nazis, voire théorisé. L'impératif catégorique fut ainsi légèrement modifié pour la maxime porte sur l'action justifiée par un "universel" qui soit en fait la race nordique. Le caractère moral de l'extermination raciale se trouve ainsi affirmé et justifié par les lumières... Le voilà le kantisme d'Eichmann... 

    Que l'on puisse continuer à trouver sous la plume de crétins intellos abrutis de mielleuses considérations sur la "banalité du mal" reste ahurissant. Il faudra encore combien d'années pour que l'on cesse d'invoquer, au nom du féminisme, les conneries sans nom de la maitresse d'Heidegger ? 

    Et puis il y a les masques. Celui du professeur Schwerte, démasqué en 1995, car nazi et membre influent de l'Ahnenerbe, l'organisation qui combattit Harrisson Ford dans "les aventuriers de l'arche perdue", sans rire, l'organisation qui organisa des expéditions à Carnac, Montségur et jusqu'au Tibet pour trouver les origines de la race aryenne. Schwerte avait ré-épousé sa femme sous sa nouvelle identité et prof de littérature contemporaine Allemande, fricoté avec les gauchistes dans les années 60... 

    Et bien d'autres, qui continuent d'agiter la société allemande, les masques qui tombent aujourd'hui étant ceux de la RDA. On n'imagine pas la malédiction du mensonge, de l'imposture et de la cruauté qui hante ce peuple, que dis-je cette "race".

    Le Management

    Après la guerre, Höhn ne se cache pas: il se fait heilpraktiker, c'est à dire chiropracteur, imposeur de main et homéopathe... Herr doktor, mais il fut condamné pour cela tout comme il fut aussi condamné en 58 pour diffusion d'idées nazies à l'université: 1500 euros d'amende. Tout comme le Dr Six autre pilier de l'école de management de Bad-Harzburg: jugé à Nuremberg comme chef de Einsatzgruppen, il dirigea la publicité de Porsche, puis prof de Marketing, il en rédigea un manuel réédité en 71. A noter que Höhn n'a pas de sang sur les mains: un pur intello et on ne peut rien lui reprocher. Spécialiste d'histoire militaire, il réfléchit, gagne de l'argent et publie. 

    Ce qu'il semble avéré là dedans, c'est qu'il parle de tout ce qui l'a toujours intéressé, (racisme, extermination et colonisation mis à part): l'autonomie de l'individu libéré des règles écrites, et capable de s'adapter aux situations, le contraire du positivisme militaire (Frédéric II dont l'armée est écrasée à Iéna) et par suite, juridique. 

    Ce refus des règles érigées en système, de la machine militaire est typiquement nazi, donc. Mieux ! C'est de ne pas l'avoir été assez qu'est mort le III ème reich ! Trop autoritaire, trop mécaniste... C'est le célèbre "espèce d'imbécile, c'est à cause de crétins comme toi que nous avons perdu la guerre" de Michel Audiard. 

    On retrouve là l'extraordinaire dénonciation à contre emploi que Heidegger fait de la technique, supposée nazie (pour les hypnotisés) alors que le projet nazi était précisément de s'en affranchir, ce qu'il n'a pas fait ASSEZ, (hélas). Ah le beau sac de noeuds dont le fil se suit merveilleusement, à travers la quenouille. 

    Höhn fait ainsi l'éloge du voltigeur français de la révolution et surtout de l'officier de terrain entrainé à penser, la "tactique par la mission" théorisé par Scharnhost, et étudié par Höhn. Simplement, tétanisé par sa responsabilité, et fou d'angoisse, il reste la brute hurlante représentée partout et échoue finalement, violant les préceptes de la flexibilité nazie, on n'a pas été ASSEZ nazi. D'où l'opportunité (il faut faire de chaque échec une opportunité) d'une réforme (encore) et cela donne une nouvelle méthode de management dite "de Bad Harzburg" qui finalement trouve son plein succès dans la revanche finale: l'effondrement du mur de Berlin une nuit de novembre 1989. 

    On notera qu'en suisse alémanique, il y a aussi la fameuse méthode "de Sankt Gallen" (la ville ou se produit Bachstiftung, tout se recoupe). 

    Bref, on se retrouve avec un système réformé de l'administration de l'Etat ET des entreprises, la nouvelle gestion publique n'étant ni plus ni moins que le fameux "new public management", parangon de la révolte des fonctionnaires contre le management, thème d'actualité et là Rapin peut parler. 

    Car la méthode de Bad Harzburg est elle même remise en cause ! Effectivement bien trop tatillonne, et en plus dénoncée comme énoncée par un ancien nazi dans l'allemagne "rote armee fraktion" des années 70 (le chef du pratronat allemand Hans Martin Schleyr, ancien SS (il était jeune à l'époque) est assassiné par eux en 77), elle est remplacée par le très actuel management par objectifs, en fait du même genre.

    Bad Harzburg fait faillite, mais Höhn meurt en 2000, célébré pour son oeuvre. 

    Le succés de Höhn et de l'ordo-libéralisme allemand (magnifique oxymore, typik) fut par contre sur la période, éclatant. En tout cas effectif: des milliers de managers (les grades sont cités en annexe) furent formés et tout cela illustre une "explication" du nazisme : le fait que le nazisme a négocié avec le peuple allemand sa domination et aussi que le pouvoir de l'Allemagne de l'ouest négocia la "délégation de responsabilité" et la cogestion avec la société allemande d'après guerre, cela CONTRE l'est (le combat continua jusqu'à la victoire, il faut le rappeler). 

    Le livre de Chapoutot se situe alors dans un coup de pied de l'âne socialisant qui dénonce en expliquant notre société actuelle. De la même manière que Vuillierme voulait faire du nazisme un miroir de l'occident, Chapoutot veut combattre l'aujourd'hui avec l'explication du passé. Cela bien sur n'enlève rien à ses découvertes proprement historiques et il avait expliqué le coté déprimant de la fréquentation permanente des monceaux de documents nazis qu'il s'est tapé (il est payé pour ça). Il insiste cependant sur la nocivité (hélas non explicitée précisément) du darwinisme social et de la nécessité moderne d'être un "battant". 

    Il est par contre bien, donc, dans la réflexion moderne sur le rôle et la motivation de l'individu au travail, et qui connait des jeunes confrontés à ce monde appréciera l'ampleur et l'actualité du problème. 

    Disons que la question est celle de la liberté, d'abord de nature, puis limitée par l'objet du "contrat", c'est Rousseau, ou de la "communauté" entrepreneuriale c'est ... Hitler ? Il y a bien sur les projets d'autonomie, d'artisanat ou même d'entreprises "personnelles" (ce qui séduit)...

    La conclusion de la recension de Rappin est elle même décevante: il réduit la question à une impossible prise de position entre les responsabilités historiques dans la domination du management, Hitler ou Ford, et l'identification des deux maux l'américain et le nazi, garde un coté gênant et non crédible. Evidemment mettre en avant Staline a aussi des inconvénients, mais on dirait que Chapoutot se fait critiquer de ne donner comme alternative que de mettre en avant Hitler ...  

    Je dirais en bon synthétiseur européen que oui les nazis, et les plus talentueux d'entre eux, Schmitt, Höhn (l'un fut l'élève de l'autre, on a peut être là, malgré leur nazisme daté, quelque chose) furent tout simplement des hommes extraordinaires, liés à l'aventure nazie, mais comme Karajan finalement (qui était loin d'être communiste): ils révélèrent que par delà le naufrage absolu qui a détruit l'Europe, et déshonoré à tout jamais l'Allemagne et la France, une volonté propre, intellectuelle et créatrice, fut possible. 

    Quand au management, c'est une autre histoire, et la question de la dévastation nazie de la planète par le néo-capitalisme est d'abord, on le verra dans le futur proche, le résultat du communisme et de l'action des chinois, dont on rappellera qu'ils sont à l'origine, du fait de leur détestable cuisine à base de pangolin, de notre confinement présent. Pollueurs, contaminateurs: il faut faire quelque chose contre ces salopards de chinetoques !

    (1) https://disqus.com/by/jlvjlv/

    Mes humbles contributions, sur Disqus aussi, sont trouvables mais plus difficilement il faudrait un florilège que je ne livrerai que si on me le demande, c'est à dire jamais. 

    Bon le voilà j'ai trouvé:

    https://disqus.com/home/discussion/miroir-de-loccident/echange_avec_lauteur_45/#comment-1815145876

     

    (2) http://www.actu-philosophia.com/johann-chapoutot-libres-dobeir-le-management-du-nazisme-a-aujourdhui/

     

    La suite

    Chapoutot choqua et le confinement lava tout hélas. Il y a bien un problème. A l'occastion d'un interview bref, certaines bonnes questions sont posées et l'ire anti libérale de popolniette (le djihadisme c'est la foto jeux vidéos) fut stimulée. 

    On comparera donc néolibéralisme et nazisme dans le sens qu'ils auraient la même conception de l'individu atomisé, sur lequel on fait porter la responsabilité. Là Chapoutot évoque le sous officier prussien vociférant, en fait mort d'angoisse de ne pas pouvoir exécuter la mission qu'on lui a donné. On a un niveau intermédiaire, et paradoxalement, c'est cette figure, recyclée dans la légion étrangère qui donne aux unités combattantes allemandes leur extraordinaire efficacité tactique, due précisément à ces hommes là, en fait proches de la troupe, et compétants au delà du possible, les centurions de l'armée romaine !

    C'est au contraire la stratégie allemande qui fut fautive, et la culpabilité que les "managers" nazis voulurent évacuer (en suivant les préceptes managériaux nazis, par objectifs et décentralisés) repose en fait sur les épaules des supérieurs, finalement soumis à Hitler le stratège débile que les alliés ne voulurent pas assassiner, il était trop mauvais. 

    Cet amour "allemand" pour la valeur individuelle au combat est celle des structure ouvrières amoureuses du travail bien fait qui caractérisent les fameux artisans que défendit Marx et qui suscita d'ailleurs la seule révolution prolétarienne allemande réussie, la nationale socialiste ! 

    De fait l'opposition libéral/nazi et communiste/nouvel idéal ardamment recherché par popolniette et les autres a un coté délicieux: la rose caca d'oie effrayée par sa bourgeoise contamination noire, se réfugie dans le rose d'un idéal communautaire. "communautaire" ? Comme l'explique Chapoutot, le nazisme récuse l'Etat et ne croit qu'aux communautés germaines, rendues possibles par la race commune à tous: organisations décentralisées, agences formées par objectifs: bien mieux que le management centralisé ou bien expression du piège de la fausse autonomie? 

    De quoi vaciller. De fait, les nazis furent tout simplement modernes, et leur utilisation du fusil d'assaut ne fait pas de l'armée belge leur successeurs, pas plus que leur viol des polonaises ne dénature toutes les bites du monde... On a donc tout simplement l'utilisation nazie de principes d'organisations efficaces ou de structures performantes et la légion étrangère ne s'y est pas trompée, cela a fait des merveilles, sauf à Dien Bien Phu, mais là encore, comme à Stalingrad, on gaspilla une armée par bêtise. 

    Il y a plus: l'efficacité nazie, pour se manifester, doit pouvoir être soutenu par les constructeurs d'organisations, c'est à dire les hautes classes, au moins un temps visionnaires pour pouvoir se doter de telles structures avant de se lancer dans des grotesques conquêtes du monde racialisées. Ce qui justifie la venue au pouvoir de tels monstres est alors à étudier, et franchement dans certains cas, les choix sont difficiles à faire. C'est d'ailleurs là que le "progressisme" cherche à faire la leçon: mieux vaudrait à tout prix l'éclatante médiocrité démocratique plutôt que son seul contraire, le mal absolu. Mieux: la médiocrité en question est la seule solution et doit être recherchée à tout prix, par principe, elle est la marque du bien. 

    Ma forfanterie dans la comparaison serait qu'au nom de la possible (évidemment, mais cette évidence n'est partagée que par peu) résolution du dilemne par l'établissement d'une autorité généreuse ET efficace, je hurle à la mort contre le progressisme que je pourrais même à l'occasion qualifier d'"enjuivé" avec la plus extrême brutalité symbolique (ah que je voudrais voir ces migrants menés à l'abattoir et non pas gazés mais directement hachés en aliments pour bétail), MAIS au nom de mon mépris pour l'alternative insupportable décrite ici et que je réfute.

    Comprenne qui peut et oui, il faut abattre après les avoir torturés les immondes vieillards qui justifient le suicide de la société confinée au nom de la détestation dévoyées des crimes nazis. Ils n'ont rien compris et la lâcheté pacifiste qui laissa Hitler faire ce qu'il voulut 12 ans est toujours à l'oeuvre. Elle doit être brisée par la violence, c'est tout ce qu'elle mérite, c'est la seule chose qu'on peut prévoir... 

    (1) Popolniette s'interroge : https://tv.marianne.net/rencontres/johann-chapoutot-les-nazis-evoluaient-dans-u

    (2) Rappin recense Chapoutot https://baptisterappin.wordpress.com/2020/03/18/la-modernite-manageriale-nazie/

    Les Grades                    

            

             
    Reichführer Generalfeldmarschall   Himmler  
    Oberst Gruppenführer  Generaloberst  Général d'armée   Amiral

    OberGruppenführer

    General

    Général de corps d'armée Heydrich Vice Amiral d'Escadre
    Gruppenführer GeneralLeutnant Général de division      Vice Amiral
    Brigadeführer General Major  Général de brigade   Contre Amiral
    Oberführer        
             
    StandartenFührer Oberst Colonel  

    Capitaine de Vaisseau

    Cap de Vau

    ObersturmbannFührer Oberstleutnant Lieutenant Colonel   

    Capitaine de Frégate

    Frégaton

    SturmbannFührer sMajor Commandant  

    Capitaine de Corvette

    Corvettard

    HauptsturmFührer Hauptmann Capitaine Barbie,Mengele

    Lieutenant de Vaisseau

    Loufiat

    OberSturmFührer OberLeutnant Lieutenant  

    Enseigne de Vaisseau 1ème classe

    Enseigne

    UnterSturmFührer Leutnant Sous Lieutenant     

    Enseigne de Vaisseau 2ème classe

    Enseigne

             
             
    Sturmscharführer StabsFeldWebel Major   Major
    Hauptscharführer OberFeldWebel Adjudant-chef  

    Maitre Principal

    Cipal

    Oberscharführer FeldWebel Adjudant  

    Premier Maitre

    patron

    Scharführer UnterFeldWebel Sergent-chef  

    Maitre

    patron

    Unterscharführer Unteroffizier Sergent  

    Second Maitre

    chef

    RottenFührer OberGefreiter Caporal-chef  

    Quartier Maitre 1ère classe

    chouf

    Sturmmann Gefreiter Caporal  

    Quartier Maitre 2ème classe

    crabe

     

     

     

     

     

            

  • Les Hérésies

    En ces temps de fièvre, contagieuse qui plus est, considérons les hérésies, assimilées par Tertullien à la fièvre, précisément (1). 

    "Mais voilà ! comme chacun sait que
    la fièvre est un fléau et par sa cause et par ses effets, nous
    l'abhorrons plus que nous n'en sommes étonnés, et nous nous en
    garons dans la mesure du possible, faute de pouvoir l'extirper à
    notre gré. [4] Tandis que devant les hérésies qui apportent la
    mort éternelle et l'ardeur d'un feu autrement redoutable,
    certaines gens préfèrent s'étonner de leurs grands effets au lieu
    de paralyser ces effets en s'y soustrayant : ce qui dépend d'eux."
     
    Il fallait le dire... 
     
    Et tout à l'avenant, la description du rapport à la vérité, de la faillibilité des hommes, de la victoire de l'erreur est haletante, exaltante et surtout, profondément séduisante. 
     
    En particulier le: 
    "Jugeons-nous de la foi d'après les personnes ou des personnes d'après la foi? "
    est assez saisissant et montre une belle agressivité, qui est d'ailleurs celle de Tertullien tout entier et dont la forfanterie affirmative, impérieuse et magnifique me parait enviable et imitable et splendidement appliquée à tout. 
     
    Et quand à la fidélité, la voilà bien décrite: 
    "Ils sont sortis d'entre nous , est-il écrit,
    mais ils ne furent pas des nôtres. S'ils avaient été des nôtres, ils seraient à
    coup sûr demeurés avec nous". Fataliste et philosophique en fait: on reste ce qu'on est, et on est ce qu'on reste, ce qu'on est demeuré... 
     
    Bon en résumé, cette histoire d'Hérésie revient à considérer que la vraie foi est un "précepte", la chose qui désigne, non pas la doctrine secrète qu'"ON" va maintenant vous révéler mais bien la chose qui les déclare toutes non avenues, le contraire exact de la théorie du complot, en quelque sorte... 
    Cette histoire de "prescription" de la vraie foi est le point de Tertullien, son point fixe, focal. 
     
    "Etsi angelus de caelo aliter evangelizaverit citra quam nos, anathema sit" (et quand bien même des anges venus du ciel vous prêcheraient un autre évangile, qu'il soient anathèmes).
     
    Un autre aspect est l'aspect nécessaire des hérésiarques: ils rendent nécessaire les écritures: pour les contrer mais aussi pour qu'ils fabriquent leurs élaborations. Nécessaires mais non souhaitables, et là encore la prodigieuse énergie sarcastique du Tertullien acharné à la vraie vérité fait merveille.  
     

    (1) http://www.patristique.org/sites/patristique.org/IMG/pdf/Prescriptions.pdf

  • Le couillonadovirus

    Rhinolophus affinis.jpeg

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  • Liberté Egalité Fraternité

    Le bloc des 3 célèbre mots est souvent perçu manière confuse, et en restant bref, il faut clarifier tout ça. 

    On a lu (1) qui articule tout cela avec habileté. 

    Les types familiaux

    On connait les analyses de Todd qui identifient chacun des mots à un type familial, la liberté étant l'individualisme du bassin parisien avec ses familles nucléaires et indépendantes de leur parents; l'égalité à la famille souche, avec ses familles de frères qui se partagent l'héritage à égalité et la fraternité à ses familles communautaires qui restent à la maison et vivent ensemble. 

    Les trois déclinaisons sont trois polarités, trois archétypes et la fusion des trois est un bloc signifiant à la fois équilibré et fragile et dont toute l'histoire tente de s'approprier les pôles tour à tour. 

    En gros, il s'agit de la forme française de l'union des contraires, conceptualisée et claire, et scellée par l'histoire. 

    Elle est par contre datée par la révolution et bien sur niée par la conception éternelle de l'histoire de la France, dont elle ne peut que représenter un stade, ultime ou simplement récent, à moins qu'elle ne soit que la meilleure expression possible de toute cette histoire, et on en est pas loin.

    Penser le contraire c'est sauter dans l'inconnu, et on ne fera pas ici, bien qu'à mon avis l'historie n'étant jamais finie, on ne soit pas à l'abri de surprises dans le futur, et le concept servira de référence, cela par contre est tout à fait sur... 

    La révolution est un bloc 

    De fait le "bloc" que constitue la révolution c'est l'assemblage de ces trois blocs là, tout simplement, et on comprends mieux les choses en les disant. 

    Car l'écartèlement est patent et historique: fondée par la "Liberté" associée à la définition d'une constitution politique et de droits de l'homme décidés et proclamés, la révolution se consuma ensuite dans l'"Egalité" seule capable de maitriser le "vain fantôme" qu'est la liberté (selon Robespierre) par les règles d'une société de partage, puis dans la "Fraternité", les soldats de la Nation en armes étant rassemblés derrière leur général, puis leur empereur.

    A chaque fois un pôle disparaissait, et ces successives et déséquilibrées assemblages de devises perdaient une jambe au point d'en faire un de ces théorèmes structurels dont on peut se complaire: on ne peut jamais avoir les trois en même temps. 

    Affirmer les trois ensemble est donc une proclamation idéelle, un défi à l'impossible, un glorieuse et joyeuse affirmation de l'utopie, magnifique et fascinante, et c'est toute la gloire d'un certain esprit révolutionnaire et de sa synthèse dans la république française moderne que de le proclamer. 

    On parlera ici de la Nation, qu'on peut confondre avec Patrie et dont elle est la forme "active", la Patrie n'étant que race, celle qu'on a à la naissance, l'identité à qui on doit le respect. La Nation engage et permet d'exercer une volonté. Elle se conduit, elle se construit. 

    C'est cette notion, la plus récente des trois qui pose le plus de problèmes et qui constitue une invention moderne mais pourtant mondiale, car elle explique et justifie les mouvements des peuples, dans leurs évolutions historiques, présentes et futures. Elle est ce qui fait l'histoire sous nos yeux et exprime nos volontés. 

    D'abord la Nation c'est la fraternité, exprimée comme sentiment positif d'appartenance à un ensemble qui justifie à la fois solidarité et obéissance. C'est pour cela qu'elle le support du militaire et donc de l'autoritaire justifié par l'efficacité. Elle est aussi le lieu du choix, et de l'arrivée des nouveaux venus qui par serment, se joignent à l'ensemble. C'est en cela qu'elle est aussi le lieu de l'identité révolutionnaire à la fois menaçante et étrangère. 

    La Patrie

    La Patrie, que les naïfs, les ignorants, et les traitres veulent substituer à la Nation, est une autre notion. D'abord elle est ancienne, et d'une certaine manière pourrait bien être ce qui justifie la devise et la contient tout entière. 

    D'abord car elle est ambigüe. Elle peut être la région, le village, voire la famille ou la tribu et cela en fait une forme générique de l'association humaine, qui va jusqu'à la patrie comme celle du roi, rassembleur des pays et des régions, voire des sous royaumes nobiliaires, donc, "père de la patrie". 

    Et puis la patrie, comme mot, se manipule et donc on veut (et on peut, sémantiquement ) l'identifier à l'inéluctable, donc typiquement à ce qui est provisoire et qu'on veut rendre définitif. Car quand on insiste sur quelque chose c'est qu'on a un projet. La "patrie" devient la révolution elle même, et la défendre, c'est la défendre (la patrie, la révolution). Cette volonté d'utiliser le mot et l'énergie qui lui est associée pour autre chose que la simple patrie est typique. 

    Note: on cherche ici à comprendre le sens des mots en suivant ses évolutions, et cherchant ce qui est commun à ses différentes acceptions. Alors que l'analyse historique stricte suit le changement de sens en le considérant définitif à chaque occurrence, et finit par la voir déstructurante, voire déconstructive !

    Un mot n'a qu'un sens et n'a que des interprétations qui s'expliquent par l'histoire, et non pas l'inverse, voilà ce que je crois. 

    La Patrie devient alors le mot qui soutient les nationalismes et les justifie. Elle est ce dont le mot chargé d'énergie va mettre en avant et promouvoir, au point de s'y identifier ce fut le cas à la fin du XIXème quand on combattait pour puis contre l'instauration de la république. Le mot est donc baladeur et fut mis à toutes les sauces, au point que le manipuler encore doit être considéré comme suspect: il est un mot "bloc"... 

    On glosera sur le terme "apatride" identifié au cosmopolitisme et donc au "juif", et plus exactement ce qui est le contraire de la devise: sans loi (donc sans constitution, et sans liberté), sans foi (donc sans société, ni respect de l'égalité foi suprême), et sans nation, sans patrie donc... Manipulation confuse de vocabulaire et absence de clarté, il pourrit le mot de "patrie" et c'est bien le mot de "nation" qui représente vraiment ce qu'on veut dire quand on parle de la chose effective que l'on veut défendre. 

    Au fait, la première nation fut bien la juive, qui identifia peuple et projet (divin) national: l'essence de la nation est bien l'élection le rassemblement sacré des choisis, de ceux qui choisissent, c'est pareil. Conçue contre l'empire, en l'occurrence l'empire germanique auquel le royaume de France n'a JAMAIS appartenu, la nation ou royaume mit les rois juifs nationalistes au fronton de Notre Dame, et il n'y furent enlevés à la révolution que par contre sens: ils y représentaient le "verus israël", la véritable nation, la française. 

    Et c'est  bien "Vive la Nation" qu'on cria à Valmy. Et il ne s'agissait pas d'une sombre lutte ethnique, partisane ou revencharde, mais de la liberté de la patrie, la vraie, la seule. 

    On le répète et il faut le répéter, la fondation de la république française actuelle, en 1872 et qui magnifia la devise, fut une admirable construction idéologique, et qui résolut splendidement le problème de ce siècle. 

    La Nation Allemande

    Le discours de Fichte "à la nation Allemande" en 1808, serait le parangon de l'expression ethnique de la Nation, alors qu'il vient, il faut bien le comprendre, du coté Allemand, celui qui n'a pas de Nation, précisément, et qui vient de réaliser en voyant passer Napoleon, qu'il lui en faut une... En l'occurrence, il s'agit de "résister" à la France de Napoléon comme les germains ont résisté à Rome. 

    Car on décalque la France, royaume en opposition à l'Empire Germanique, dont l'état assimilé au Roi est policier, héréditaire et irrationnel face à l'état de droit électif rationnel, porteur de la spiritualité intrinsèque au social Allemand. Luther en 1520: "A la noblesse chrétienne de la Nation Allemande" (An den Christlichen Adel deutscher Nation).

    Le discours est fait le lendemain de Iéna (la bataille) par un membre de Iéna (l'Université). Fichte est à la fois un aufklärer et un romantique et peut être interprété de toutes les manières possibles. Il tente et c'est tout l'objet du discours, de concilier universalisme et nationalisme. Entre Goethe et Herder. 

    On a lu (2) qui exprime la complexité du discours, qui en expose tous les termes. Il y a des antinomies à dépasser, figurez vous !

    La pire est évidemment universalisme/différentialisme, qui à moi m'a toujours paru se résoudre dans l'universalisme du différentialisme (évident: tout le monde veut être différent, et cela justifie l'égalité et aussi le respect mutuel) , et le caractère différentiateur de l'universalisme (quand on proclame l'universel on se différencie bien sur de tous les chauvinismes). 

    Et puis il y a la langue et la patrie. Le point de vue allemand est que l'un est la marque de l'autre, le germain étant celui qui parle allemand et qui déjà refusa de s'assimiler à l'empire romain. Les deux points, constitutifs de l'identité allemande exprimée sont fondamentaux. Le peuple c'est la langue. "Au peuple Allemand" sur les frontons.

    C'est pour cela que la première caractéristique du discours de Fichte et de vouloir transformer ce peuple en nation, et le faire advenir au monde nouveau. Au passage, le caractère "moderne" du mot nation généralise l'originalité de ce peuple porteur de talents spéciaux, et donc destiné (il a maintenant un destin) à l'apporter à l'humanité. Uber Alles. 

    On retiendra au passage le schème "juif" : première nation au monde, peuple qui fut élu et désigné, le peuple juif est dépositaire d'une loi qui le constitue en nation première, certes, mais que le monde entier peut adopter à la fin. L'interprétation commune d'une telle destinée est bien sur la domination universelle (d'où le protocole des sages de sion etc) mais tout autant "bien sur", il s'agit de l'introduction d'une idée, d'un principe essentiellement réutilisable: chaque peuple peut avoir sa nations et faire "comme les autres". 

    Cette universalisme de la spécificité, cette imitation entre les peuples qui peuvent tous ainsi se doter d'une nation à leur convenance me parait être la conséquence de l'invention du nationalisme et toute l'histoire le montre c'est bien la bonne interprétation. On dit, à raison, et cela depuis longtemps: "LES" nations. 

    On voit ainsi qu'il résout tous les universalismes, par exemple le catholique (bien nommé !). Tous les chrétiens sauf les jésuites veulent vivre dans LEUR nation et en expulser les migrants illégaux. Il n'y a que les antisionistes et les papistes qui veulent voir dans l'universalisme une ridicule et impossible domination mondiale de chapeaux pointus, les uns contre, les autres pour. 

    Car contrairement à ce qu'on croit, le christianisme, né dans l'empire et au départ partisan d'icelui, fut ravagé par sa créature, la barbarie arienne germanique (celle que les germains des lumières prétendit être en fait une régénération). 

    Et bien le schéma s'applique à l'Allemagne. S'est il appliqué à la France ?  

    La fausse distinction

    On a lu aussi (3). En gros depuis science po, la conception "progressiste" de la distinction patrie/nation. 

    Voltaire: "La patrie c'est un sol, là où je suis bien"  

    Romain Gary: "Le patriotisme, c’est d’abord l’amour des siens, le nationalisme, c’est d’abord la haine des autres".

     

    Que de telles aberrations puissent éduquer nos dirigeants actuels, maintenant totalement incapable de gouverner, et dont l'exclusion et la punition sont maintenant indispensables est absolument révoltant. Au point de légitimer ce qui est nécessaire, et inéluctable à terme: l'incendie de leurs palais, le viol de leurs femmes et la pendaison de leurs enfants. Delenda est la république qui chie sur sa devise et son histoire, et qui parce qu'elle n'a pas pu maintenir sa nation face à l'histoire devant le national socialisme, s'est réfugiée dans le socialisme et maintenant abandonne sa nation à n'importe qui.

     

    (1) https://books.openedition.org/pur/16117?lang=fr#text

    (2) http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=1144

    (3) https://www.humanite.fr/non-au-nationalisme-oui-au-patriotisme-613343