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Les Hérésies

En ces temps de fièvre, contagieuse qui plus est, considérons les hérésies, assimilées par Tertullien à la fièvre, précisément (1). 

"Mais voilà ! comme chacun sait que
la fièvre est un fléau et par sa cause et par ses effets, nous
l'abhorrons plus que nous n'en sommes étonnés, et nous nous en
garons dans la mesure du possible, faute de pouvoir l'extirper à
notre gré. [4] Tandis que devant les hérésies qui apportent la
mort éternelle et l'ardeur d'un feu autrement redoutable,
certaines gens préfèrent s'étonner de leurs grands effets au lieu
de paralyser ces effets en s'y soustrayant : ce qui dépend d'eux."
 
Il fallait le dire... 
 
Et tout à l'avenant, la description du rapport à la vérité, de la faillibilité des hommes, de la victoire de l'erreur est haletante, exaltante et surtout, profondément séduisante. 
 
En particulier le: 
"Jugeons-nous de la foi d'après les personnes ou des personnes d'après la foi? "
est assez saisissant et montre une belle agressivité, qui est d'ailleurs celle de Tertullien tout entier et dont la forfanterie affirmative, impérieuse et magnifique me parait enviable et imitable et splendidement appliquée à tout. 
 
Et quand à la fidélité, la voilà bien décrite: 
"Ils sont sortis d'entre nous , est-il écrit,
mais ils ne furent pas des nôtres. S'ils avaient été des nôtres, ils seraient à
coup sûr demeurés avec nous". Fataliste et philosophique en fait: on reste ce qu'on est, et on est ce qu'on reste, ce qu'on est demeuré... 
 
Bon en résumé, cette histoire d'Hérésie revient à considérer que la vraie foi est un "précepte", la chose qui désigne, non pas la doctrine secrète qu'"ON" va maintenant vous révéler mais bien la chose qui les déclare toutes non avenues, le contraire exact de la théorie du complot, en quelque sorte... 
Cette histoire de "prescription" de la vraie foi est le point de Tertullien, son point fixe, focal. 
 
"Etsi angelus de caelo aliter evangelizaverit citra quam nos, anathema sit" (et quand bien même des anges venus du ciel vous prêcheraient un autre évangile, qu'il soient anathèmes).
 
Un autre aspect est l'aspect nécessaire des hérésiarques: ils rendent nécessaire les écritures: pour les contrer mais aussi pour qu'ils fabriquent leurs élaborations. Nécessaires mais non souhaitables, et là encore la prodigieuse énergie sarcastique du Tertullien acharné à la vraie vérité fait merveille.  
 

(1) http://www.patristique.org/sites/patristique.org/IMG/pdf/Prescriptions.pdf

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