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  • Les amalgames

    À l'occasion de la déposition de Ghaleb Bencheikh à l'assemblée nationale (1), quelques commentaires sur le très gluant et ambigu musulman. 

    D'abord la tendance déplaisante et au combien du monsieur à l'allusif name dropping prétentieux et à la confusion des termes, voire à l'enfumage vicieux. 

    Sur la mention de l'exigence des oulémas algériens des années 30 de voir appliquer la loi de 1905: il s'agissait pour eux de rétablir leur autorité religieuse et pourquoi pas étatique face au colonisateur qui en prudent dominateur, contrôlait et nommait l'infrastructure religieuse qu'il savait bien influente sur les populations colonisées... Qui plus est ces oulémas étaient influencés par les "réformateurs" (Rida, Abdu) c'est à dire par les fondateurs de l'islamisme moderne, les frères musulmans ayant commencé en 1928. De quoi alimenter encore l'influence méconnue de l'islamisme au sens strict sur la guerre d'indépendance, les oulémas algériens ayant en fait pris parti et motivé l'"indépendance".

    Islamisme

    Au passage, le monsieur définit "l'islamisme", après le sempiternel rappel de l'inocuité du mot, (c'est le but de la manoeuvre réthorique ) utilisé par Caratini ("le génie de l'islamisme") comme l'était "christianisme" et transformé en terme négatif lorsqu'on utilisa l'expression "islamisme radical" (Bruno Etienne) qui se transforma en "islamisme" plus tard... Le monsieur se réfugie alors derrière la dichotomie Islam/islam, celle de Rémi Brague, par ailleurs bien connue, et qui permet de réunifier l'islam, au passage... 

    Revenons à "islamisme" défini donc par "idéologisation de préceptes autres que spirituels aux fins d'un projet politique". On complète la définition par "discours alternatifs puisés dans la tradition islamique, sirènes qui attirent notre "jeunesse française".  On voit là l'amorce du fond du message du monsieur: l'islam est en France, et il faut, il le dit clairement un contre discours pour aider les "jeunes français" à s'intégrer. Le thème revient plusieurs fois et se trouve être le message, en fait triple, dont un, subliminal, rien moins que menaçant.

    D'abord des jeunes qui peuvent être séduits par les sirènes islamistes (voilà la menace) ne sont pas français par définition et cela contrairement à ce qu'affirme un peu vite le monsieur comme si c'était fait. Largement binationaux, on peut les déchoir de leur nationalité et les renvoyer à leurs origines. C'est la fameuse "tenaille" identitaire, qui veut rendre équivalentes les identités française de souche et les identités colonisées algériennes. Et faire un compromis en atténuant simultanément les deux ? 

    Issus de l'immigration au point de pouvoir, si on ne prend pas soin d'eux, verser dans le pire des fanatismes allogènes, en fait des ennemis à priori, et  c'est ce que rejette à priori le monsieur. Voilà le drame. Et le remède, c'est le 3ème point, est qu'il faut un islam "gentil" pour amadouer tout cela. 

    Adepte d'un soufisme mou qui prône ouvertement et ici même une sorte de réforme, le monsieur qui pourtant avait accueilli lors d'une inauguration en France un hiérarque saoudien responsable de l'OCI et ministre de la justice fouetteur de dissidents, nous sert le fameux congrès de Grozny en 2016 quand, à l'initiative russe, on déclara les wahhabisme/salafismes comme sectaires. Al Azar, présent, atténua la chose auprès de Riyad, bien sûr. On a ici une sorte d'ambiguïté: dire qu'à Grozny, on déclara le salafisme comme sectaire, est ce dit pour séduire le blanc ou pour regretter qu'on l'ait fait? 

    Les chantiers

    On veut donc ouvrir des "chantiers théologiques". Les buts à atteindre montrent la vraie nature de la situation actuelle. Il s'agirait donc d'abord de désacraliser la violence et de mettre au clair le djihad, et aussi de séparer croyance et connaissance pour permettre une vraie herméneutique  (tant qu'à faire). Il y a aussi la formation d'imams éclairés, compétents courageux, la désintrication religion et politique, l'égalité entre les humains, la liberté d'expression et de croyance, l'Etat de droit. Tout cela est un travail "titanesque" à mener (...)

    Qui plus est, ces chantiers ne sont possibles qu'en Europe, où règne la liberté. Liberté qui permet aux musulmans de s'affranchir de l'expression à refuser qui est le "respect des valeurs de la république": soit on respecte la loi, soit non et c'est tout... Cela naturellement avant que les fameux chantiers soient terminés. En attendant, on doit se coltiner un islam menaçant laissé aux fanatiques qui endoctrinent une jeunesse fragile avec une violence politique d'essence religieuse et une confusion entre savoir et croyance. Et surtout, ce qui est radicalement contradictoire, conserver une estime globale pour quelque chose qui est à revoir de fond en comble et dont l'état actuel est responsable de toutes ces ignominies. 

    Pour ce qui concerne la théologie, le monsieur a de l'ambition, et dans (2) on trouve des choses assez extraordinaires, qui me semble-t-il n'ont pas encore reçu l'approbation de tous les musulmans... En gros, sous le vocable comique de la volonté de guérir de la "sclérose en place" (l'ironie manifestée ici s'applique-t-elle aux propositions faites?): 

    • considérer que la partie prescriptive de la révélation n'est que jurisprudence du VIIème siècle arabe
    • déjuridiser la révélation (encore mieux)
    • admettre l'égalité ontologique entre homme et femme
    • désacraliser la violence

    La politique

    Pour ce qui concerne les frères, et le fameux rapport, et bien une seule et brève réponse (brièveté à la hauteur des interminables laïus qui ont précédé): les frères musulmans se sont "délités", ils ont vieilli, et il n'y a plus rien de comparable aux rassemblements du Bourget d'antan. Point barre. 

    Pour ce qui concerne la France Insoumise, pour qui votent en majorité les musulmans, la raison en est simple: ils sont les seuls qui ne les insultent pas !!! L'affirmation, et l'explication est lumineuse, mais hélas infamante pour le monsieur, qui se lance alors dans une véhémente contestation du mot "islamo-gauchisme" qu'il considère (mazette) non scientifique et contraire au bon sens... 

    Le parti Reconquête, le RN, insultent les musulmans, selon lui, et comble du comble, au sujet du voile, dont il se réclame ennemi (la chose n'est apparue qu'après 1979), un ministre de l'intérieur a dit, alors que ce n'était pas son rôle, "à bas le voile". Gluant? En effet. Se prononcer contre le voile sans être musulman c'est perturber des discussions théologiques argumentées, et ... à venir ! 

    L'islamophobie

    Et puis, il y a l'islamophobie. Là, le radical "islamo" n'est plus gênant et le monsieur nous sert la défense classique frériste sur le mot, alliance de la révocation de l'interprétation comme création des khomeinistes (le mot fut utilisé intensivement par eux, et cela suffit) et de l'attribution du mot à la France de 1910 (qui voulait éviter qu'on donne des droits républicains aux indigènes mieux gérés, à moins qu'on soit islamophobe, par les coutumes religieuses, mais il ne le précise pas). Et puis le laïus sur les bénéfices de la critique de l'islam, les musulmans étant même "demandeurs" nous plonge dans le malaise hilarant, comme s'il s'était mis torse nu en hurlant "nike ta mère"... 

    Le monsieur se lance alors dans la proposition d'un autre mot, "misislamie" (haine de l'islam) qui serait l'hostilité aux musulmans et à tout ce qui est islamique, et qui serait puni par la loi... L'imprécation contre la religion ET ses adeptes.

    Très exactement la fonction de "islamophobie", racisme anti musulmans permettant de fermer les portes de la détestation de la vérole islamique, sous le prétexte qu'on ne peut mépriser en public ce qui est respecté par certains. Précisément ce qu'on veut dénoncer : l'association identitaire entre le musulman et le putain de texte dégénéré qu'il révère à tort. 

     

     

     

     

     

    Personne physiquement désagréable, et laissant un sentiment d'hypocrisie agressive et prétentieuse, Ghaleb Bencheikh succéda à Jean Pierre Chevènement à la tête du FIF (Forum de l'Islam de France ). Il est membre du FORIF (le successeur du CFCM qui ne fait ... rien, le règlement de compte est sanglant) et voyage... Il ne représente rien et pérore pour masquer l'effrayante nocivité de la religion invasive du tiers mode qui vérole coeurs et esprits et se fait instrumentalisée par les pires fanatiques auxquels personne ne s'oppose vraiment et surtout pas lui, son rôle étant de continuer par étalage de sa fausse culture, à garder respectable cette pourriture. 

    Car le message de respectabilité islamique de Bencheikh est aussi un plaidoyer pour l'intégration des citoyens discriminés (pourtant d'après lui-même à juste titre, vu leur arriération à corriger qu'il reconnait et affirme) de l'immigration et là est sans doute le fond de sa vocation inquiète. 

     

     

     

     

    (1) Ghaleb Bencheikh https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/videos/CRVANR5L17S2026IDV17521416?timeCode=599

    (2) On a lu aussi "le petit manuel pour un islam à l'usage des hommes"

     

  • Les Apocalypses

    J'ai enfin tout compris à Thiel (1), et sur l'Apocalypse.

    La théorie

    En gros, le troisième grand trope chrétien après le Christ sauveur du monde, et le Dieu trine,  c'est la forme compliquée que prendra la fin du monde (ou fin des temps): elle sera précédée d'une période intermédiaire de mille ans, celle-ci étant initiée par la victoire d'Armageddon du Christ (revenu lors de la Parousie) sur l'Antéchrist. Une variante mentionne la Parousie à la toute fin, après la dernière bataille contre Gog et Magog décrite par l'Apocalypse. L'orthodoxie catholique identifie tout cela en un seul évènement. 

    Personnage mystérieux, l'Antéchrist est un séducteur, un trompeur quasi christique qui entend lui aussi sauver l'humanité, mais de la fin du monde. Son apparition est ainsi signe de celle-ci, mais aussi d'une tentative d'y échapper.

    Le katechon, concept subtil, vise s'opposer à l'eschaton, en "retenant" l'apparition de l'Antéchrist. Identifié à l'Église, il est la force conservatrice qui tient le monde. 

    Son interprétation

    Suivant l'interprétation de Schmitt, chaque époque a son katechon, à nommer. 

    Aujourd'hui pour Thiel, la fin du monde est causée par l'homme sous la forme des menaces atomiques ou climatiques, l'homme étant, c'est le christianisme qui le révèle, la vraie cause de la violence  (Girard est là) et donc de la violence extrême capable de détruire le monde. 

    L'Antéchrist est alors celui qui va se proposer pour maitriser cette violence. Greta Thunberg est l'Antechrist...

    Plus généralement, la figure de l'Antéchrist est celle de toutes les organisations mondialisées visant à forcer à la maitrise de la violence (ou aux mauvais comportements en général)  par la contrainte. L'Antéchrist du libertarien ! 

    Pourtant l'opposition est bien entre deux pôles: Antéchrist et Fin du Monde. 

    Thiel élabore à partir de là un discours complexe, visant à proposer une troisième voie, un katechon 2.0, pour détromper sur l'Antéchrist tentateur qui veut en fait instaurer une gouvernance mondiale éternelle privant l'homme de toute liberté. 

    Pour cela, il propose à la fois des formes nouvelles d'innovation et aussi une méfiance ambiguë contre tout katechon illusoire qui serait en fait une forme de l'Antéchrist lui-même. 

    Toute la question est de savoir si on peut développer l'humain dans une liberté qui maitriserait sa violence ou son inconséquence. Belle ambition, et à la hauteur du sujet ! 

    Les situations

    Thiel est à la tête de Palentir qui vit des contrats logiciels de l'a

    (1) Les notes interdites par Thiel https://legrandcontinent.eu/fr/2025/10/24/peter-thiel-pensees-de-lantechrist/

  • Les IAs

    À l'occasion d'un extrait du dernier livre d'Eric Sadin (1), la question de l'IA et de sa vraie nouveauté se pose. 

    Les 3 effets pervers

    On passera d'abord sur les 3 grands effets pervers qu'on se doit de dénoncer et qui ressortent de son pouvoir d'illusion, la vraie portée de l'IA "générative", due à sa capacité de manipuler le langage naturel, produisant une (fausse ) impression de présence humaine à l'origine de la fameuse génération. Ce qui entraine l'installation d'un monde simulé qui virtualise encore davantage la nature des informations qu'on manipule. 3 domaines sont concernés: 

    1) La relation sentimentale: affectant 20% des utilisateurs, il s'agit de discussions avec un partenaire, sentimentales ou érotiques. Addicitives et attachantes les pratiques en rapport sont hautement toxiques et déceptives. Elles peuvent participer d'une structuration pathologique de la sentimentalité et de la sociabilité de millions de personnes, similaire aux résultats des attaques à la prise massive de drogue qu'on vit dans la passé. 

    2) La production de fausses images, paroles ou musiques. À des fins de production de contenus en général, la technique permet de produire à peu de frais, à l'aide d'un interface en langage naturel des illusions de prises d'informations réelles permettant toute forme de chantage, faux témoignages, mais aussi croyances politiques ou informatives variées. Un pan entier de la perception du réel devient manipulable à toutes fins. 

    3) L'automatisation sur foi d'interaction simulée. L'interface utilisateur en langage naturel peut être utilisé pour saisir l'information nécessaire à l'activation d'automatismes variés. La richesse de la prise d'information en question et son ambiguïté fondamentale pourra alors être utilisée par la bande pour des prises de décision à l'insu des utilisateurs en utilisant leurs caractéristiques personnelles exprimées dans leurs discours. 

    Les trois effets non voulus d'une généralisation de l'usage des techniques en question sont clairement inquiétants et se situent à la frontière d'usages "pratiques" de cette technique. 

    Mais la thèse d'Eric Sadin concernant les méfaits de l'IA est bien plus globale et plus fondamentale, bien qu'on puisse la relier aux trois points concrets exposés ici. 

    Un pouvoir global

    En gros, et la chose est complexe, un pouvoir global invisible se met en place, qui remet en question la relation à la vérité de l'ensemble de la société ou plus exactement les processus d'accès à la vérité mis en oeuvre par la société. Cette remise en question conduit à une remise en question de ce que nous appellons la démocratie et à l'instauration d'un système nouveau de domination politique. Rien que ça.

    La chose ici dénoncée ressemble étrangement à ce nouvel être infiniment plus intelligent que nous qui va acquérir une conscience au-delà de la nôtre. D'une certaine manière, elle l'est, mais avec une autre acceptation, en fait en ligne avec les images de la domination de la technique élaborées au XXème siècle par Ellul et les autres. 

    Le Covid et la Science

    Une manière d'appréhender le problème est de réfléchir aux pratiques et obligations mises en oeuvre à l'occasion de la crise du Covid, quand le rapport politique à la vérité fut mis en cause gravement et dont les effets, soyez en sûr, n'ont pas fini de se faire sentir. 

    En gros y fut proclamé une conception de la science en général radicalement nouvelle et en désaccord fondamental avec tout ce que la culture avait pourtant proclamé depuis l'aube de la modernité. Soi-disant en charge d'une vérité validée de manière certaine, qui plus est par un processus d'évaluation "par les pairs", la science se doit d'être respectée comme valide et comme "méthode", tout ce qui s'en écarte étant coupable et se devant d'être dénoncé, voire interdit. 

    Assis sur ces considérations, un pouvoir politique est ainsi fondé à imposer par des décisions unilatérales non discutées par quiconque, un changement radical des modes de vie des administrés condamnés pénalement si réluctants à y obéir. Un régime de vérité, une politique, quelle plus magnifique démonstration des concepts abstraits de la philosophie sociale et politique ! 

    Pourtant la science en général n'est absolument pas ce qui a dit plus haut. Il s'agit en fait d'un processus conflictuel d'accès à des vérités provisoires enchevêtrées, perpétuellement remises en cause et hautement dépendantes des modes intellectuelles, des rapports de pouvoir entre commanditaires et de processus d'élaboration hautement variables, tous différents et surtout complètement dépendants des domaines de connaissance abordés. 

    Le coté relatif et conflictuel des connaissances élaborées et réélaborées en permanence constituent un régime de vérité, étrangement originaire de l'époque où fut séparée les notions de vérité humaines et divines et où, sur fond des terribles guerres de religion, furent élaborés des systèmes politiques pluralistes à l'origine de nos démocraties actuelles. 

    L'idée de base pour ces constructions culturelles, sociales puis politiques est que la vérité est construite collectivement puis soumise aux interactions à l'intérieur d'une collectivité et non plus édictée centralement. 

    Le scientisme est à la science ce que le communisme est à la politique: la soumission d'une collectivité en interaction pour déterminer les bonnes décisions, à un impérium décidé par certains sur la base de l'édiction d'une vérité considérée absolue, ou de pratiques procédurales respectueuses de certaines vérités elles aussi édictées. 

    Et bien nous sommes menacés par cela, en bien pire, et d'une autre manière. 

    La gestion du Covid en attribuant le qualificatif de "scientifique" à des pratiques comminatoires de soumission à des pratiques (confinement, port du masque, vaccination généralisée) qui n'étaient aucunement certaines et pour toutes violemment contestées pour des raisons scientifiques avérées. Une fétichisation technocratique du scientifique fut mise en oeuvre en contradiction avec tous les principes de prudence et d'élaboration collective et spécialisées des décisions. 

    Il est aujourd'hui établi que le confinement a augmenté les contaminations, que le port du masque a nui grandement aux enfants des écoles, et que la vaccination eut des effets secondaires évitables aux personnes qui n'étaient pas concernées par une maladie dont la contamination n'était pas empêchée par la vaccination. Des décisions majeures d'obligation privative de liberté furent prises au nom de, et en fait en contradiction flagrante avec, la vérité scientifique ! 

    Les discours de vérité

    D'abord la chose (l'IA)  est technique, et nantie de son attrait "d'utilité" indéniable, elle diffuse des discours de vérité dans le cadre de cette utilisation. Cela suffit à transformer l'activité humaine qui consiste à comparer au niveau de chaque individu des sources d'informations distinctes, en une activité de consultation d'une conclusion déjà mâchée, et considérée véridique. De fait, cela revient dans tous les domaines où cela est appliqué, à abdiquer ce qu'on appelle la "démocratie". Pire, comme la nouvelle source d'information censée rassembler elle-même les différents points de vue possible peut évidemment être manipulée et instrumentalisée, elle devient enjeu de pouvoir et outil de domination. 

    Elle émet un discours déjà discuté, éventuellement en faisant référence à des disputes antérieures, mais déjà arbitrées et c'est cela le problème. Car cela correspond directement à l'abdication scientiste de la connaissance comme dynamique et conflictuelle par essence. En cela, le discours de l'IA devient virtuellement un monde simulé, donc déjà maitrisé, ce qui est le contraire exact du réel, lui en incertitude permanente. 

    On le voit déjà, et les exemples sont nombreux. Prenons-en un au hasard. Dans ses mémoires Obama parle de Sarkozy en le décrivant par ses origines familiales ( demi hongrois, quart de juif grec) en plus d'une description peu flatteuse de ses prétentions. Questionné, ChatGpt, même après qu'on lui demande la référence à l'allusion familiale refuse de mentionner l'allusion à la judéité et affirme qu'il n'y en a pas. Même réponse de DeepSeek, qui finit par cracher le morceau, mais après qu'on ait insisté. Un autre exemple plus technique est la fourniture de références chiffrées absolument fantaisistes pour des valeurs pourtant normalisées et bien connues de sites de références. 

    Tout sujet scabreux ou vaguement ambigu pour n'importe quelle raison est traité ainsi, et avec des affirmations d'autorité étranges. l'AI est un producteur d'information extraordinairement biaisé, et sa mise en position centrale, voire la prétention qu'ont certain de lui voir "remplacer" des productions humaines en fait une source de pollution grave de la cognition.

    On se retrouve donc face à une technique à maitriser, et d'abord à maitriser personnellement: l'information produite doit être soigneusement validée. On a déjà des exemples de rapports produits par des entreprises de conseil en temps record qui contiennent des absurdités inquiétantes. l'AI pollue, et pas que l'air ambiant. Mais c'est si pratique, si souvent...  

    LES IAs

    Tout poison ayant son contre poison qui lui ressemble étrangement, il se trouve que l'IA qui comme expliquée se substitue à la démocratie en éliminant les procédures compétitives associées aux humains pourrait être contrôlée par d'autres IAs. 

    L'idée, que n'importe qui peut mettre en oeuvre en vérifiant avec Deepseek  ce qu'affirme parfois à tort Chatgpt, consiste à disposer d'informations vérifiables automatiquement par une diversité d'outils. Les IAs sont concurrentes commercialement et doivent pouvoir se critiquer les unes les autres. 

    On se retrouve alors avec  un monde qui est redevenu plural, et le terme "La IA" chosifiant un être mythique qui évidement n'existe pas et n'a jamais existé, est impropre: il convient de disposer d'outils établissant et encodant nos problèmes d'humains dans des dossiers susceptibles d'être vérifiés par d'AUTRES outils, conçus indépendamment et capable de détecter erreurs, malfaçons, tromperies et autres biais. 

    Bref, il s'agit bien d'introduire  une post vérité, mais contrôlée et cela de manière multiple. L'essentiel est de déposséder "l'ordinateur" de son unicité totalitaire et de proclamer et d'affirmer la nécessaire essentielle disparité conflictuelle de l'information. Evidemment, ces contrôles doivent être technicisés et non pas assumés par d'autres autorités concurrentes prétendant à leur tour à l'universalité !  En cela, l'objectivité technique bêbète d'un artefact logiciel pourrait être, enfin, un outil de libération. 

    Que voilà un bel optimisme. Aïe ! Ca pique. 

     

     

     

    (1) Eric Sadin : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/10/03/pouvoir-total-lia-et-la-fin-de-limagination/

  • Les insoumis fréristes

    A l'occasion d'une audition saignante de la part d'un Syrien naturalisé français, et qui au contraire de Rima Hassan se proclame amoureux de sa nouvelle patrie, et se comporte comme un assimilé idéal, défenseur de sa nouvelle patrie, on peut réfléchir sur ce qu'il faut faire ou penser. 

    L'audition de Omar Youssef Suleiman à l'Assemblée Nationale est édifiante. C'est un journaliste, Syrien naturalisé français qui témoigne devant la commission sur les liens entre mouvements politiques & réseaux islamistes.

    Rima Hassan est une militante qui soutient clairement le Hamas et la flottille fut organisée par un militant Hamas.
    L'organisation Urgence Palestine, en pointe dans ces manifestations est une émanation du Hamas.
    Les députés de la France Insoumise, Bompart, Portes, Soudais, Panot ont manifesté aux côtés de militants Hamas.

    Toutes les manifestations en faveur de la Palestine organisée depuis deux ans sans réactions de l'État est ainsi directement organisée par la mouvance islamiste manipulée par les frères musulmans dont le Hamas est une émanation. Ils utilisent la France Insoumise comme paravent d'un entrisme politique caractérisé et revendiqué par des prêches menés depuis le Qatar à travers des média ouvertement fréristes. La France Insoumise en est consciente, l'encourage et mène délibérément une politique de stimulation de l'électorat musulman au sujet de Gaza pour gagner les 400 000 voix qui lui ont manqué pour être au second tour de l'élection présidentielle.

    Que faut-il de plus?

    Il faut impérativement que l'organisation des frères musulmans soit déclarée terroriste, comme c'est le cas dans totalité du Moyen Orient à l'exception du Qatar. Il faut fermer toutes les associations qui lui sont rattachées. Tout de suite.
    Il faut dénoncer et condamner les représentants de LFI qui se sont compromis avec ces organisations.

    Par contre l'essentiel de la discussion porte sur les musulmans en général et sur l'immigration musulmane en général, dont Omar Youssef Suleimane fait partie. Si l'on se place sur le plan démographique pur, l'entrisme islamique est directement lié à cette immigration dont il cherche à prendre le contrôle globalement. C'est ainsi un argument utilisé par les "séparatistes" que de lier explicitement islam et immigration, et la propagande islamiste associant explicitement identité ethnique et religieuse en un seul bloc dont elle dénonce la stigmatisation.

    Souleimane exprime clairement un point de vue "laïque" qui vise à séparer immigration et religion, en faisant la promotion d'une pratique laïque, disons privée de la religion musulmane qui deviendrait ainsi respectable. L'interdiction de l'islam politique frériste permettrait ainsi de sauver l'immigration musulmane du soupçon séparatiste.

    À ce point, on pourrait lui donner raison: imposer autoritairement une pratique privée de la religion musulmane est sans doute souhaitable, mais suppose précisément de se débarrasser non seulement de l'islam frériste, mais aussi de toutes les pratiques publiques sur lesquelles il construit sa suprématie idéologique au nom du respect de l'islam. Hallal, voile, ramadan sont des prescriptions islamiques. Peut-on les distinguer du frérisme et les considérer innocentes et acceptables, pourvu qu'on se soit débarrassé au préalable des frères musulmans ? C'est toute la question.

    Pour ce qui me concerne, tout en prenant l'argument, je considère que l'immigration musulmane, en fait africaine doit être arrêtée en urgence pour des raisons culturelles, la pratique de l'islam n'étant pas, même sans être sous influence directement frériste, acceptable en Europe, étant porteuse de principes fondamentalement inacceptables et irréformables. Je considère que l'un des moyens de pousser les populations porteuses de ces pratiques à quitter la France et l'Europe, ce qui est maintenant nécessaire, est d'empêcher ou de limiter ces pratiques, de manière à pousser explicitement et autoritairement à leur abandon ou au départ.

    Par contre, j'accepte tout à fait de comprendre que ce débat entre partis également conscient de la dangerosité du frérisme, peut être hautement contre productif, et utilisé par nos adversaires.

     

     

    (1) audition de Omar Youssef Souleiman à l'Assemblée : https://www.youtube.com/watch?v=Yd5SRliVMTM

    P.S. ceci est un commentaire d'article de Causeur. Le style s'en ressent. 

  • Les discours de Poutine

    Lisons un discours de Poutine (1). 

    Tout un ensemble de considérations sages, raisonnables et décrivant exactement la situation actuelle. 

    Tout d'abord, ce qui est sans doute le sommet de la raison de la position russe: l'ordre libéral global, tel que décrit d'ailleurs clairement par Zbigniew Brzezinski. Il suffisait d'en faire partie et d'y vivre heureux sans se poser de questions, on s'occupe de vous. C'était la place allouée à tout le monde, y compris à la Russie et c'est certainement la place de l'Europe, avec qui Poutine entretient d'ailleurs le dialogue pour le reste du discours. 

    Il faut comprendre que ce statut ne convient pas au monde qui devient multipolaire, et cela du fait même de l'établissement et maintenant de la tentative de préservation de l'hégémonie globale. Cela car rien ne s'oppose à la force, sinon une autre force...

    Le monde veut vivre dans l'harmonie d'accords globaux satisfaisant toutes les parties, et pas en étant obligé de respecter des "règles" conçues "dans la brume". La soumission de la minorité à la majorité, valable du temps de la domination hégémonique laisse la place à des approches multilatérales, respectant les intérêts légitimes affirmés de chacun. 

    Nous y sommes, les élites du monde occidental pour conserver leur pouvoir maintenant contesté, sont prêtes aux pires mensonges, aux pires manipulations de leurs opinions, et aux pires manigances à l'extérieur.  

    Le cadre est posé, et les motivations profondes posées. Le monde évolue et il va falloir en tenir compte. Toute la conflictualité est liée au refus des Occidentaux et de l'Europe, de s'adapter à une nouvelle donne qui change son statut. 

    La Russie a été victime de sanctions à un niveau jamais vu, et cela sans résultats. Le système mondial dont a voulu l'expulser continue d'avoir besoin d'elle et cela sans qu'on cesse de vouloir lui infliger une "défaite stratégique" voire sans manifester de honte de "faire souffrir le peuple russe". Serait-il temps de souffler ? 

    Poutine évoque alors une nouvelle ère pour la diplomatie, celle du XXIème siècle, qualifiée de "haut vol". Refus du principe hiérarchique, volonté d'obtenir des accords et refus de l'hégémonie, incapable d'assurer la sécurité. 

    L'Europe accroché à une volonté d'hégémonie devenue anachronique, incapable de résoudre ses problèmes multiples, dette, insécurité, crise sociale et migratoire, glissant hors de la compétition mondiale, se cherche un ennemi commun: la Russie, l'ennemi séculaire. Ses dirigeants, menteurs ou incompétents, délirent. 

    Veut-elle vraiment s'armer ? L'Allemagne veut-elle vraiment l'armée la plus puissante d'Europe? 

    Poutine décrit alors un principe d'indivisibilité de la sécurité, quand celle-ci, faute d'être mutuelle, ne peut exister pour personne. Et bien ce principe n'est pas conçu par les Européens et les Occidentaux, qui se croyant vainqueurs de la guerre froide, ont accumulé pendant trente ans des erreurs manifestes qui ont conduit à la situation actuelle. 

    Or dans un monde multipolaire, le règlement des conflits ne peut être mené que dans le respect mutuel et la considération des intérêts respectifs des parties prenantes. L'Occident et ses règles, voulant imposer avec condescendance par la contrainte ses intérêts exclusifs n'est plus en adéquation avec ce monde nouveau. 

    L'Ukraine est l'une de ces erreurs: excité au nationalisme, armée contre les intérêts de la Russie par ceux qui objectivement se foutaient des intérêts de l'Ukraine et de son peuple et les résultats sont là. 

    Le commentaire du Grand Continent

    À ce stade du discours, le Grand Continent commente le cynisme de Poutine, engagé dans une guerre d'agression contre le peuple Ukrainien victime de ses bombardements. 

    À Normale Sup, donc on ne comprend rien et on ne veut rien entendre. Pourtant, les choses sont claires. Mues par les nécessités historiques et les intérêts des États, les évènements de l'histoire ne sont pas moraux, ils sont réels et aboutissent à des états des choses objectifs que l'on ne peut éviter, s'ils sont nuisibles que par des actions en rapport. Déplorer, accuser, condamner c'est du verbiage inutile et vain.

    Poutine continue

    Aurait-il pu en être autrement ? La réponse est oui, et Biden aurait pu faire autrement. 

    À ce point, Poutine s'interroge: la fin du communisme aurait-il pu engendrer une "grande fraternisation" ? Il n'en a rien été, les intérêts géopolitiques (encore eux) étaient à l'oeuvre, et l'idéologie n'y joue aucun rôle. Aurait-on pu éviter la situation actuelle en Ukraine ? Oui, si on avait tenu compte des intérêts respectifs en présence, au lieu pour l'Europe, et les USA jusqu'à récemment, de poursuivre obstinément une escalade et qui n'a à mon sens, aucun autre objectif. 

    Et Poutine de rappeler encore et encore l'attitude à avoir au sein du monde multipolaire en prenant conscience de ses intérêts propres, sans qu'ils soient déformés par de funestes idéologies expansionnistes de toute nature, Union Soviétique, puis USA. L'absence d'antagonisme doit être érigé en principe fondamental. Ceci devient propre à une "majorité mondiale" de pays. 

    L'ONU garde un rôle à jouer en cette matière, mais en respectant la majorité mondiale au lieu de tenter  d'unifier les traditions respectives des différents pays. Un exemple est la restauration des relations entre Russie et USA, maintenant basées sur des expressions abruptes mais franches, ce qui évite l'hypocrisie et les faux semblants et favorise donc un règlement pacifique quelle que soit la dureté des négociations. 

    L'histoire de la Russie fut difficile et douloureuse. Cette complexité la prépare sans doute mieux que d'autres à affronter une configuration mondiale complexe. Elle reste une force avec qui il faut compter pour atteindre l'harmonie et l'équilibre.

    Que voilà un discours fondateur et éclairant, décrivant le monde bien mieux que beaucoup peuvent le faire. Il montre en tout cas, qu'il y a des dirigeants du monde qui savent ce qu'ils veulent. 

     

     

    (1) Discours de la conférence Waldei octobre 2025 https://legrandcontinent.eu/fr/2025/10/05/le-moment-maga-de-poutine-le-discours-de-valdai/

  • Les foutages de gueule

    À l'occasion d'un colloque sur Jacques Ellul et l'islam(1), on a l'occasion d'entendre d'éminents musulmans et puisqu'on est dans le Bordelais, nous avons Tarek Obrou, l'imam de Bordeaux à la manoeuvre. 

    Ex frère musulman est connu pour ses positions ambiguës et retorses qui en font un frère, frère un jour, frère toujours, notre imam sanctifié par celui qu'on appela "Ali Juppé", critique Ellul en se livrant à un ébouriffant foutage de gueule à destination des braves protestants qui tous, 1) prétendent engager un dialogue avec l'islam 2) se proclament ignorants sur la question de l'islam.

    Au passage, ceux-ci se permettent de "critiquer" les positions un peu dures d'Ellul sur la question précise de ce dialogue là, et d'écouter religieusement le prêche de Obrou, qui se révèle un tissu de faussetés manifestes concernant les traditions islamiques, et un foutage de gueule caractérisé à destination des pauvres blancs incultes. 

    Pour commencer, la position d'Ellul sur le dialogue entre christianisme et islam, qu'il voit comme une sorte de conversion obligée à des thèses qu'il juge fausses. 

    Les critiques d'Ellul

    D'abord, le "livre", et les "religions du livre". Les livres des 3 religions ne sont pas de même nature. Incréé le Coran est parole révélée de Dieu, valable en tous lieux et en tous temps, ce que ne sont absolument pas ni la torah ni les évangiles, tous témoignages humains accumulés. De fait, les religions dites du livre, interprétées et incluses dans l' islam par les traditions islamiques ne peuvent être que des précédents altérés à la véritable et dernière révélation divine, celle qu'apporte le Coran. Ils ne sont pas sources indépendante de révélation, même si thora, psaumes et évangile sont considérés être des révélation divines à Moise, David et Jésus, d'où le qualificatif attribué de religions "du livre". On notera que l'évangile "révélé à Jésus" a été perdu, les évangiles chrétiens n'en étant que des témoignages indirects. 

    On peut distinguer la récupération faite par les chrétiens de la torah, sous la forme d'un "ancien testament": il est bien considéré comme un livre saint simplement complété par les évangiles. C'est ce qu'on appelle le "judéo christianisme", comme religion dédoublée, le judaïsme ajoutant à la torah les talmuds et autres traditions ignorées des chrétiens. L'islam n'a pas cette délicatesse et c'est le Coran qui juge de la justesse des textes anciennement révélés. 

    Ensuite le monothéisme. Quoiqu'on en dise, le judéo christianisme, qui affirme une conception trinitaire de Dieu n'est pas monothéiste au même sens que l'islam. Celui-ci d'ailleurs ne s'y trompe pas et la qualification d'"associateur", crime suprême selon le Coran s'adresse bien aux chrétiens, suivant toutes les traditions islamiques. Pour le monothéisme obsessionnel qu'est l'islam, le christianisme trinitaire est bien un polythéisme, et les notions de fils de Dieu ou d'Esprit de Dieu sont inconcevables en islam. 

    Pour finir, la filiation abrahamique. Brague en avait parlé en détails, et l'appropriation du patriarche juif par l'islam est tout à fait caractérisée. Considéré comme le premier des musulmans, Abraham n'a pas d'existence originelle dans les traditions juives, il est un personnage du Coran, le premier des musulmans. 

    La question de la filiation abrahamique, multiple du fait des descendances d'Isaac et d'Ismael voire des autres enfants d'Abraham (il en eut 6 autres), ne signifie pas grand chose, dans la mesure où la Genèse attribue à Isaac la totalité de l'héritage, et le charge d'accomplir la promesse de Dieu. Nous ne sommes pas "tous" les enfants d'Abraham, et précisément la prédication chrétienne destinée aux nations, permet au salut divin de s'exercer hors d'une quelconque filiation. 

    Qu'est ce que l'islam ? 

    On considèrera ici que l'islam c'est l'islam sunnite et ses traditions, hadiths, Sirah et tafsirs connus et recommandés. 

    Les textes sont disponibles dans des versions littérales commentées qui confirment les sens usuels qu'on peut leur apporter. Ils sont commentés depuis mille ans et offrent une stabilité et une universalité conséquente. Les théologies islamiques certes diversifiées, ne le sont que sur des points secondaires, liés aux manières et méthodes à employer pour déduire des vérités révélées les cas non couverts par les écritures. J'exagère à peine. Il n'y a pas entre les écoles théologiques ou juridiques de différences de l'ordre de celles qu'on trouve entre réforme protestante et catholicisme, ou même entre sectes protestantes elles-mêmes. 

    Ce sont les islams "chiites" nombreux et ramifiés qui offrent de vraies différences entre eux et avec l'islam sunnite. On ne le considèrera pas, ils sont extrêmement minoritaires et bien trop compliqués à appréhender. 

    Il faut considérer l'islam "soufi" qui a plusieurs apparences, dont une liée à l'abandon (et à l'interdiction) de la philosophie en islam par Al Gazhali éminent savant sunnite, soufi à ses heures, mais profondément attaché en fait aux dogmes sunnites dans toute leurs rigueurs, comme si le mysticisme ne pouvait se manifester que dans la plus grande orthodoxie. Les autres soufismes, qu'on peut (trop vite) assimiler au culte des saints transmetteurs des sagesses s'y assimilent. 

    Les théologies douteuses de Tarek Obrou

    Nous voilà donc rendu au grand foutage de gueule, mené tout sourire et phrasé pseudo érudit par Obrou.

    D'abord le grand déni sur LES théologies islamiques, il y en aurait de multiples et de différentes, par exemple la Mutazilite.

    Le mutazilisme refusé de manière sanglante vers l'an mil, considère le Coran comme créé. Cela fait de la doctrine, en fait, un autre islam car tout l'islam proclame depuis mille ans que ce n'est pas le cas: le Coran est incréé comme parole de Dieu, attribut divin depuis toujours. Se référer à cette théologie comme à une autre est une hérésie refusée absolument par tous les musulmans actuels et l'évoquer autrement que comme cela est du foutage de gueule caractérisé. 

    Ensuite, l'Amour. Le mot n'est mentionné dans le Coran que pour désigner l'amour des richesses et l'amour de Dieu. Une conception du type "Dieu est amour" n'est pas pensée en islam, Dieu n'aime pas, il est miséricordieux et c'est tout. Obrou le dit bien, amour, miséricorde, aucune importance... Obrou évoque alors Al-Jawzilla l'auteur du "jardin des amoureux", qui décrit en détails les différents degrés de la force de l'univers qu'est l'Amour, depuis la sensualité jusqu'à l'amour de Dieu. Nous y sommes: Dieu ne nous aime pas donc... Le foutage de gueule qui affirme que l'amour musulman vaut son pesant d'or est donc en contresens théologique complet avec l'amour chrétien, qui s'exerce dans l'autre sens et dont l'amour humain doit s'inspirer entre les hommes et envers Dieu. 

    Et puis Ismael. Nommé directement dans le Coran plusieurs fois il est bien l'ancêtre des arabes et se trouve bien d'après les principaux interprètes de la tradition, le sacrifié (et non pas Isaac) mentionné seulement comme "le fils" dans le Coran. Que Obrou en profite pour dire qu'il n'y a pas de filiation dans le Coran, alors que que le roi du Maroc est descendant du prophète et qu'Obrou est d'ascendance marocaine fait bien rire. Mais on peut aller plus loin, et évoquer le "Jésus fils de Marie" qui tout en affirmant faire une place quasi oecuménique à Jésus en réinterpréte complètement l'existence et le message: là encore la réinterprétation agressive du passé est la marque des prétentions islamiques. 

    Les dhimmis : Obrou se met en colère ! Ce serait une plaisanterie !  S'il n'y avait pas eu ce statut il n'y aurait eu plus aucun juif ni chrétien dans le monde musulman (étrange saillie, à relents menaçants ou embrouillés).  Le dhimmi a un statut sacral, et paie pour être protégé par la contribution du sang du musulman, qui lui paie la zakhat ! Statut humilié du mécréant interdit de porter les armes il fut aboli dans l'empire ottoman entre 1840 et 1860. Et tous les juifs ont quitté le monde arabe dans sa totalité dans les années 50 et 60. 

    Et puis une sortie confuse en un français avec accent qui donne envie de marchander, sur l'inocuité de l'islam, avec une admirable saillie sur la plupart des musulmans qui ne lisent pas le Coran et ne le comprennent pas... 

    Car il faut comprendre. Vient alors l'impossible de la lecture du Coran sans être prévenu. Nous le voilà donc, et les différents contextes type de versets sont indispensables à connaitre. L'abrogeant et l'abrogé, les circonstances de la révélation, les versets principiels qui appellent à la paix, à la justice, au pardon, il y a les versets circonstanciels qui correspondent à une agressivité.

    Pour l'esclavagisme, un morceau de bravoure: il n'a pas été aboli (si mais en 1960 sur le marché aux esclaves de Ryad), mais "encadré dans la perspective de l'affranchissement" et là, la totale:  

    "c'est à dire que la prise en considération du modèle anthropologique du moment coranique n'est pas une canonisation de ce modèle, mais une prise en considération dans un compromis entre la valeur absolue et la réalité anthropologique des Arabes tout simplement. Malheureusement les intégristes, ils veulent reproduire l'anthropologie arabe pour pouvoir appliquer le Coran à la lettre. Ils inversent un peu le centre de gravité." 

    Au coeur de la différence entre islam et islamisme, et l'obligation de ne pas faire d'amalgame. L'argument reste pourtant étrange et associe le Coran au modèle anthropologique des arabes de l'époque, ce qu'on croyait avoir compris, mais semble en déduire la validité de ce message indépendamment de ce à quoi on l'excuse donc de correspondre. Mais pour dire quoi ? 

    On continue avec Maimonide, qu'il a lu en Arabe, et qui introduit la théologie dans la religion juive. Et alors ?

    Et puis, la pensée arabo musulmane enseignée au Moyen-Age à Paris et Saint Thomas et Albert le grand tout cela est "né" de la rencontre avec la pensée philosophique arabo-musulmane. Ce rappel véhément de nos origines de la part d'un vendeur à postériori fait fi de certaines réalités. D'abord que l'apport fut surtout celui de traductions d'Aristote issues des arabes, ensuite que la pensée arabo-musulmane fut surtout combattue sous la figure du "maudit Averroes".  Quand à dire qu'il y a de l'intrication voire de la subversion... C'est pourtant ce qu'a dit De Libera, et justement la figure d'Averroes comme repoussoir a pu subsister comme l'introducteur non pas de l'autre musulman, mais de l'autre tout court. Et puis Averroes fut oublié par l'islam. Complètement. 

    Dire que l'islam s'est "hellénisé" est aussi un peu fort, même si c'est vrai, le "kanun" musulman ressemble au canon (cest un mot grec) romain et byzantin. La sortie sur la "pollution heureuse" soit sur l'interfécondation entre les religions par le dialogue a des relents contemporains qui ne se manifestèrent pas à l'époque, et c'est le moins qu'on puisse dire. Raymond Lulle ne voulait pas "féconder" l'islam, mais bien convertir les musulmans au christianisme... Cette pollution réciproque est ensuite bien agressive, voire prétentieuse, surtout de la part de ce qu'on connait de l'islam. Cela "sent" l'entrisme frériste, ricanement oblige. 

    Pour finir, la reconnaissance des désaccord fondamentaux est bienvenue, enfin. Ellul a donc en partie raison: la trinité ne passe pas, et théologiquement, il faut bien l'admettre, le Dieu chrétien n'est pas le Dieu musulman. Rien à voir. 

     

     

    (1) colloque sur Jacques Ellul et l'islam https://www.youtube.com/watch?v=hZLAsAFOUFY