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  • Les échecs de Zemmour

    Bon c'est fini et sans doute pour longtemps, quelles que soient les tentatives pour reconstruire une ferveur qui a fini par être le problème et qui a échoué à mobiliser, voire a découragé: 7%. On pourrait dire, pour rigoler Z %...

    On distinguera parmi les thèmes l'immigration, l'amour de la France, le positionnement économique, la personnalité. 

    L'arrêt brutal de l'immigration avec toutes ses mesures immédiates explorant tous les cas possibles d'entrées sur le territoire et les fermant toutes était impressionnant. Son caractère d'urgence que même Le Pen dénonçait, reste pourtant entier et les "détails" tous mentionnés par tous les exposés de la situation nécessaires à aborder. Les caser tous dans un projet unique et immédiat était enthousiasmant et terrorisant... Expliciter dans le temps une telle réforme est il une critique ou une volonté de remettre le coeur à l'ouvrage pour redéfinir le projet ? Il le faudra bien. En tout cas, malgré l'arrivée des expressions "grand remplacement" et "remigration" dans le vocabulaire public courant, il semble qu'ils soient en fait déjà "casés", c'est-à-dire laissés à leur place sur une étagère que personne ne va plus regarder pendant longtemps. 

    La créolisation semble donc inévitable, et l'accent mis sur son caractère insupportable ne se traduisit pas vraiment par des explications sur ce qui doit advenir en réalité. Le "Liban en grand" et "l'Afghanistan à 1 heure de Paris" ne furent que des expressions. Comme si la visualisation du grand danger qui nous menace n'était pas possible. Car le dilemme pour la société est presque insoluble. Refuser tous les colorés c'est refuser ceux qu'on prétend accepter parce que déjà là et il en faisait partie. Cette contradiction insupportable qui nourrit l'accusation de "racisme", forme implicite de toute description de Zemmour qui tienne, d'autant moins explicitée qu'elle permet de refuser toute sa proposition est le point faible du discours du grand remplacement qui est donc, c'est le problème, à la fois déjà là et donc accepté et acceptable et en même temps, futur et improbable, aucun chiffrage effectif et vraisemblable de la couleur du peuple français dans un siècle n'étant fait, sinon pour réaffirmer qu'"il n'y a pas de grand remplacement". 

    Son acceptation est à la hauteur de la puissance de la civilisation française, censée absorber évidemment tous les étrangers possibles la preuve, Mbappé et Zidane, en plus on en a besoin et Zemmour le prouve lui-même.  Ceux-là d'ailleurs ne se sont pas assimilés, et donc ne peuvent l'exiger des autres, la preuve, on sait d'où ils viennent. 

    Salah Abdelslam est assimilé, d'ailleurs, il est français, et a demandé pardon aux victimes du Bataclan... 

    L'expérience Zemmour est sans doute terminale, et la prochaine offensive anti-immigration, (celle que mène Le Pen est déjà perdue à mon avis, on verra si je me trompe) devra ne pas en parler... Car il est de fait trop tard. La seule maitrise du problème qui pourra passer à l'avenir ne pourra être qu'une garantie supplémentaire de sévérité des tribunaux et de l'application de leurs décisions. Car le déni de démographie ne peut s'exprimer racialement dans l'espace public. Le rejet de l'autre ne peut être qu'implicite, désormais. De ce point de vue, à moins qu'il ne réussisse à force de députés, à influencer le débat public avec ces thèmes là, le silence va régner pour longtemps. Sauf si je me trompe, bien sur. 

     

    L'amour de la France laissait une arrière-gout. D'abord celui d'un regret générationnel de petit boomer qui vit arriver la télévision en couleurs. Plusieurs générations similaires sont passées depuis, sans parler de celles d'avant qu'il oubliait, préférant se réfugier derrière un archétype qui n'était pas identifié, ni symbolisé, en fait. Le micro de De Gaulle était faux, et l'échec de son clip de début de campagne, en plus condamné par la justice, a hélas pesé sur le thème. Cette France qu'on prétendait aimer plus que tout n'était pas représentée. Il essaya de faire des images supplémentaires (celles-ci autorisées) mais cela n'imprima pas non plus.  Qu'est ce qu'il lui trouve à la France ? En plus ingrate et oublieuse, elle court à sa perte démographique et nationale menée par un crétin corrompu qui continue de la ruiner et qui se fera, sauf miracle, réélire. Et cela était inscrit depuis le début de la campagne, qu'il n'a en fait perturbé que quelques mois... 

    La France n'est pas "aimable" et ses bégaiements lors de l'émission catastrophe où il se ridiculisa lui-même, tel un amoureux déjà éconduit, au bord des larmes, l'enterra sans doute bien plus qu'on ne peut le croire. Comme si ce seul vrai raté d'expression avait été définitif. C'était en janvier je crois, et cela m'avait glacé. 

    Son positionnement économique, ressassé inutilement pendant ses interminables redites devant toujours la même sempiternelle émission d"information", ces pensums TV auxquels Macron s'est à raison refusé et que Zemmour acceptait sans jamais rechigner, comme le bon élève qui refaisait sans cesse les oraux d'entrée à l'ENA qu'il a donc absolument tous raté... Son positionnement économique, donc était classique, rond et sans aspérités avec la dose de pouvoir d'achat en plus, le travailler plus pour gagner plus qu'il fallait (un gadget que Macron pourrait reprendre) une retraite à 64 ans et une volonté de réindustrialiser la France en réglant vraiment la question des impôts de production qui faisait plaisir à voir. 

    Par contre, pas d'équilibrage avec des économies, pas d'attaque directe des fonctionnaires, pas d'arbitrage entre particuliers et entreprises. Quelques allusions aux dégraissages des règlementations, mais pas vraiment exploitées. Tout l'accent était mis sur les fameuses économies tirées de la misère infligée aux étrangers non européens dont on avait du mal à se convaincre qu'elle était le pactole nécessaire... Les économies tirées de la récupération des fortunes fraudées ne font pas  un programme. Bref, avant qu'on ai capté qu'une période d'inflation arrive à toute vitesse, on rêvait encore un peu, comme d'ailleurs tous les autres candidats.

    Personne, et pas lui non plus, n'eut l'idée de mettre en avant l'essentiel: que 600 milliards avaient été dépensés pour rien et que l'augmentation prochaine des taux d'intérêts allait rendre la vie insupportable, il ne fallait pas gâcher la fête, et on ne tenta pas de la gâcher. 

    En tout cas, on verra après les législatives, mais les thèmes à venir seront économiques: le grand déclassement français se produira pendant ce quinquennat, et peut être même immédiatement du fait de la guerre qui va faire éclater les solidarités européennes. La France est trop endettée, et ne sera pas aidée: elle devra payer par une chute brutale de son niveau de vie les 20 ans de coquetteries sociales corréziennes qu'elle vient de s'offrir. C'était le cadeau d'adieu de Mitterand, la cave est bue, il faut passer à autre chose. 

    La personnalité laisse un peu hésitant. Sympathique et rigolo du temps de ses saillies chez Ruquier, passionnant et intéressant  à CNews, où il fit des merveilles, il se transforma petit à petit au fil de la campagne pour devenir un peu autiste, mécaniquement attaché à répéter ses éléments de langage, en se lançant de moins en moins dans les merveilleuses improvisations qui faisaient le prix de sa conversation. Ses dix dernières apparitions furent très peu variées, et, il faut le dire, un peu chiantes. 

    Pourquoi ces lunettes qui apparurent, se firent écraser plusieurs fois, et qu'il tripotait maladivement sans cesse ? C'est l'unique reproche sur son physique qu'on peut lui faire, physique à prendre où à laisser et qui le marquait, il faut le dire: Gargamel, Iznogood, bref, il ne pouvait s'en défaire malgré toute l'évidente (et réussie) gentillesse dont il fit preuve. Mais la nature avait parlé, et n'était pas à son avantage. Il n'était pas beau, cela est clair. 

    Sa maitresse, conseillère, compagne, enceinte en plus (parait-il) sans qu'on ose le dire a pesé aussi. Trop en gencives et qui ne fut pas présentée officiellement sinon au détour d'une trop brève confidence qui fut à la fois trop et trop peu, elle grand remplaçait une mère de famille de trois enfants et cela a déplu, c'est sûr. Étrange et sans importance, pourtant. 

    Au sujet de la bande de jeunes, incontestablement sympathiques et peu patibulaires qui soutinrent sa campagne, il faut dire qu'ils étaient très minoritaires dans leur génération, malgré leur branchitude internet et leur dynamisme. Comme ils ont bien bossé et comme ils doivent être déçus. Pourtant, les sondages ont tranché assez tôt et la guerre en Ukraine a eu bon dos: le plafond était atteint depuis longtemps. Le Pen était impossible à battre sociologiquement: Zemmour n'intéresse pas le populo et sans ralliements LR conséquents, il n'en eu il faut le dire, aucun, et il n'y put rien. Hélas, les Fillons qui étaient passé chez Macron à 50% pendant le quinquennat continuèrent leur exode. On plaint sincèrement les bulletins de vote Pécresse qui restèrent, le débat meurtrier que cette conne crut bon de tenir a sans doute découragé tout projet individuel réfléchi à l'égard des deux concurrents... 

    Voilà, l'histoire continue son cours inexorablement et tout espoir s'éloigne, cette fois définitivement. Il n'y aura pas de sursaut démocratique en France et il faudra attendre un vrai drame pour que peut-être des solutions effectives soient considérées. Comme d'habitude dans l'histoire. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, l'Occident n'a pas les ressources humaines ou même intellectuelles pour maitriser son présent et on futur, et il lui faut, une fois encore, courir à sa destruction violente pour qu'il puisse percevoir et sentir quelque chose du réel. On y va tout droit. 

    Le vote Macron, sans doute important y compris dans les parties les plus à gauche de l'opinion, les plus révoltées contre la personne et l'action directe du président, apparait ainsi comme un vote d'abandon: une sorte de plongée volontaire qui plus est, dans une eau inconnue ou toute responsabilité est abolie, toute volonté d'avance laissée au seul qui veut: l'arbitraire, l'européen, l'inévitable et inéluctable "consensus" qui recouvre tout de son apparente bienveillance immotivée et incompréhensible. 

    Pour l'instant on ne voit donc que l'abandon dans la plus lâche et la plus désespérante des absurdes conneries. Beuark. 

     

    P.S. les raisons de l'échec de Zemmour seraient à chercher dans les réfugiés Ukrainiens, de civilisation européenne, qu'on refuse... Plus un déficit de selfies sur les marchés, parait-il, alors qu'il y réussissait très bien. 

    Une autre affaire est le débat avec Pécresse où il se fait boxer les 20 premières minutes qui sont hélas celles diffusées par TF1 (5 millions de spectateurs, le reste du débat sur LCI n'en a que 500 000). 

    D'autre part, il aurait trop méprisé Le Pen, et donc son électorat populaire qu'il n'a pas réussi à capter, car trop bourgeois et perçu comme tel. Et puis le ministère de la remigration au pire moment est sans doute l'erreur capitale de communication. 

    L'urgence (le pouvoir d'achat) l'a emporté sur l'importance(l'immigration), le candidat de la fin de l'essence l'emporte sur le candidat de la fin de la France (P. de Villiers dixit). 

    (1) La pire des émissions, en 18:18  https://www.youtube.com/watch?v=xMUBZM37yyA