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  • Les empires

    Afin de révolutionner les sciences politiques et la science des relations internationales, j'introduirai ici le concept de souveraineté-puissance, qui structure l'histoire et par delà toutes les "dominations" explique vraiment ce qu'est la puissance nationale à la fois individualisée dans les tyrans et les chefs d'État, et collectivisée dans les grands ensembles populaires et civilisationnels. 

    Au début il y a eu l'Empire Romain, première grande souveraineté, puissance vraiment mondialisée, régnant sur la totalité du monde. Bien sur il y avait la puissance chinoise, au-delà des montagnes mais elle n'avait pas de relations avec l'Europe ou très peu; disons qu'il y avait deux mondes de chaque côté de la terre. 

    Bien sûr il y avait eu Alexandre et il fut en fait le vrai premier, mais, et c'est là un critère, cela n'alla pas au-delà de sa personne et cela est rédhibitoire pour ma théorie. 

    Démembré assez tôt en Occident, il subsista assez longtemps en Orient et quoiqu'on en dise, maintint tout ce temps l'essentiel du concept: égoïsme sacré, cruauté dynastique, violence légitime totale et pérennité au nom d'une idée de l'Empire à la fois collective et personnalisée avec ce qu'il fallait de folie à chaque génération pour tout mettre en oeuvre afin d'accéder à l'impérium. Au final il fut vaincu, mais militairement. On prétendit que c'était le sexe des anges, mais en fait il n'avait plus de soldats...  La souveraineté puissance qui lui succéda en Anatolie, l'empire Ottoman, dura moins longtemps, mais fut redoutable et le mythe de la force des turcs obséda l'Occident pour assez de siècles. 

    Le moyen âge instaura en Europe un régime particulier de petits royaumes, qui à part l'épisode Charlemagne, lui aussi beaucoup trop individualisé, ne donna que ce saint empire germanique, qui introduisit en Europe une double expression de mon concept. 

    D'une part un partage entre royaumes assez complexe dont la seule expression impériale fut la germanique sans souveraineté et sans puissance, d'autre part l'impériale puissance Autrichienne avec une belle pérennité au centre de l'Europe, la succession multi séculaire de Charles Quint certes, mais sans l'Espagne, et sans l'Allemagne. Puissant et pérenne, l'empire d'Autriche n'avait pas de nation centrale, pas d'histoire donc, le désespoir final et monacal de Charles l'ayant décapité par avance... 

    Vienne, quoiqu'on en dise, était faible et ne fut défendue contre les Ottomans que par la Pologne, le prince Eugène ayant sauvé l'honneur de la France, mais pour des raisons qui lui étaient propres. 

    Les royaumes (à par l'Empire de Napoléon, historiquement une farce, en fait) s'opposaient basés sur des nations, toutes souveraines et puissantes mais, c'est le charme de l'Europe, non impériales. Les royaumes barbares qui avaient succédé à Rome semblaient vaccinés. Pour en revenir à Napoléon, le grand oncle rêva d'Empire, et celui du petit neveu ne fut que colonial, puis se transforma en République. 

    Ensuite arriva le XXème siècle et la volonté impériale Allemande, qui en trente ans d'une guerre atroce (1914-1944) détruisit pour toujours l'Europe. Du moins ruina pour longtemps toute souveraineté puissance en cet endroit du monde. Nous y sommes.

    On avait oublié ici la Russie: persuadée (en fait à raison) d'avoir succédé à Byzance, une souveraineté puissance impériale de première grandeur se construisit avec les siècles au point de constituer un immense empire eurasiatique. Confortée par le bolchevisme puis le Stalinisme, ce qui s'effondra qu'en 1991 restait important, et on vit assez vite, mais encore identifiée à une seule personne (Poutine bien sûr) une resucée vigoureuse de puissance souveraineté impériale qui cherche à exister et qui devra se pérenniser pour vraiment convaincre. 

    On avait aussi oublié aussi les USA. Empire continental mais puissance thalassocratique qui fit des européens émigrés rassemblés en Amérique le grand empire mondial qui finit de dominer le monde ces jours-ci, il protège, domine et instrumentalise ce qui reste en Europe de la grande saignée du XXème siècle. 

    Au fait qu'est-ce qu'il reste en Europe ? Et bien il ne reste rien de cette fameuse puissance souveraineté et c'était ce que je voulais dire. L'idée, le concept, le sentiment s'y sont effacés complètement. 

    Il y eut bien la France. Conscient des réalités du monde, mais exclusivement nationaliste au sens de la tradition royaliste Française, De Gaulle ne comprenait pas les empires et ne les voyait que comme les excroissances de leurs cœurs nationaux. 

    Il se débarrassa d'ailleurs de celui que la France s'était fait en Afrique pour se venger de l'échec napoléonien, et tenta quelque chose de très original, qui reste une voie possible que pourrait prendre l'avenir incertain: une nation souveraine, dotée de la puissance nucléaire et de la jalousie qui va avec, mais sans empire et sans volonté impériale et capable de faire la balance dans un monde maintenant exclusivement impérial et abominablement puissant et cruel.

    Car nous sommes maintenant des nains au spectacle: 3 empires sont en train de se partager le monde, et l'Europe n'est qu'une province américaine qui fait semblant et pérore dans le vide et la choucroute (et je ne plaisante pas, l'Allemagne s'y complait) et ne réalise même pas que faute de puissance, elle est convoitée sur son propre continent. 

    La Russie joue son destin, ayant pensé s'allier à l'Occident, mais inconsciente des haines qu'elle avait suscitées, elle est maintenant clairement poussée vers la Chine. C'est bien elle la puissance "d'équilibre" velléitaire si tant est que l'Amérique le souhaite, car seule une vraie bipolarité peut assurer la victoire, le camp du bien ne pouvant se diviser sous peine d'être trop manipulé et donc trop affaibli. On l'avait expliqué: les USA souhaitent que la Russie qu'ils méprisent économiquement soit exclusivement asiate plutôt qu'Européenne, car l'alliance Russie Europe représentant le possible 3ème larron qui pourrait l'affaiblir dans sa lutte contre la Chine, elle doit absolument être évité. 

    On en vient alors à la souveraineté puissance telle qu'elle se manifeste dans l'esprit des dirigeants, des vrais... 

    Le sentiment est pour ainsi dire ignoré complètement des honnêtes gens de notre temps. Managérisés, moralement castrés, privé de sentiment religieux ou historique, les individus démocratiques occidentaux sont entièrement moralinisés et n'ont aucune envie autre que le maintien du confortable statut qu'ils estiment devoir à "leurs" luttes. Abrutis, inconscients et en déni complet, on pourrait avoir envie de les voir s'"éveiller" et la perversion woke quelque part, répond à un besoin. Personne parmi eux ou leurs "élites" n'a en effet aucune chance, vélléité ou capacité de l'éprouver. 

    Ce fameux sentiment est d'abord profondément amoral et égoïste, et correspond à ce "sens de l'Etat" qui met la nécessité du commandement au delà des conventions et des idéaux. Mais cela n'est pas toute l'affaire: il faut aussi ressentir l'impérieuse nécessité de créer ou de transmettre une puissance agressive expansionniste persuadée de sa supériorité. Il faut vouloir dominer et transmettre, et cela d'autant plus qu'on est conscient des sentiments équivalents qui règnent dans les autres parties du monde. Exemples des volontés de puissance vitale des animaux qui luttent pour leur survie, on n'est jamais méchant ou dominateur que pour éviter d'être victime de plus méchant ou dominateur. 

    Car le monde est sans pitié et les sentiments et les volontés sont celles-là, par définition, structures et réalités du monde. 

    C'est pour cela qu'une chose comme la "paix" peut exister: elle n'est jamais négation du mal ou sanctification des hommes, mais négociation entre tueurs invétérés, d'autant plus abominablement cruels qu'ils règnent sur plus grand. 

    Poutine, Biden ou Xi sont des monstres froids cruels et sans limites, qui doivent assumer la ruine des peuples et le meurtre des bébés, je dirais bien sûr et c'est leur fonction. Imaginer autre chose est une naïveté et on ne considère ici que leurs intérêts propres, poursuivis en toute occasion et sans limites morales ou humaines. Vae victis. lls sont nommés par des infrastructures qui les soutiennent et qu'ils représentent ou dominent mais c'est la même chose. 

    C'est ce sentiment assis sur le collectif national puis impérial qui dicte sa loi à ce qui sont LES dominations régionales des souverainetés puissances, forces qui régissent le monde humain depuis toujours. 

    Ce type de "gouvernance" n'a bien sur rien à voir avec la tranquille direction d'une mairie, ou ce qui revient au même des gentils arbitrages entre partis des petites démocraties et autres états de droit pépères du centre Europe. Se croyant supérieurs, ces gentils royaumes de contes de fées jugent de tout avec hauteur et régentent le monde, convoquant devant leurs tribunaux tous les criminels de guerre de toutes les guerres auxquelles leurs journalistes assistent, corrompus et ou  intoxiqués. Réunis dans une union dirigée comme d'habitude par de travailleurs et (pour l'instant ) silencieux germains, nos villages de schtroumpfs pérorent et jacassent, se pensant puissance mondiale... Tour à tour, un roumain, un portugais, un letton dirigent l'Union 6 mois. En ce moment c'est la France... 

    La France assista silencieuse à un élargissement post chute du mur qui fut précipité mais jugé indispensable par l'Allemagne qui reconstitua en temps de paix ce que la guerre avait fait péniblement: un hinterland sous-payé très supérieur en efficacité à l'ex empire colonial français, lui installé à grand frais à demeure avec ses problèmes, n'en parlons pas ici. Elle perdit à l'occasion, socialisme impécunieux et ruineux oblige, toute possibilité de peser vraiment, l'autorisation qu'elle donna à l'Allemagne de se réunifier en échange de sa monnaie étant la dernière chose qu'elle imposa, profitant ainsi par la suite de 30 ans de gaspillages sans conséquences financières mais pas sans conséquences économiques, n'en parlons pas ici non plus. 

    Toujours détentrice de sa bombe, de son siège à l'ONU et de sa prétention, la France a une situation instable, qu'il ne tient qu'à l'Allemagne d'exploiter maintenant. En tout cas, on est loin de la souveraineté puissance, qui pourrait bien disparaitre complètement du seul pays d'Europe qui en détenait encore quelques restes. 

    De mon point de vue, la réélection de Macron devrait en sonner la disparition complète. Mais je m'attriste sans doute trop tôt, profitons encore quelques semaines d'un espoir fou. 

    Glosons encore un peu sur l'Allemagne qui pourrait vouloir (ou pas) disposer de la puissance après l'instauration de sa souveraineté complète sur une Europe qu'elle domine maintenant seule, comme on l'a dit. Après tout, l'historique de Charlemagne est là pour servir enfin. Une théorie serait qu'elle se contente de tout donner aux USA, après tout ce ne serait que justice. Seul peuple à n'avoir jamais émigré aux amériques, la France le ferait enfin, en commençant par ses élites entièrement en télétravail. Ca c'est le scénario US, qui utilisera avec force promesses l'Europe en s'arrangeant pour lui vendre assez d'armes pour qu'elles s'estime protégée, et eprête au grand combat contre les forces asiates rassemblées qui pourraient bien se toquer d'aller enfin faire boire à leurs chevaux l'eau salée de l'Atlantique. Faut il vraiment détruire le monde pour éviter cela ? Et bien ce sera aux USA d'en décider et après tout, chacun son continent, cela est plus simple, les puissances souverainetés aiment ce qui est limpide. 

    Pour finir, distinguons ce qu'on appelle les "occidentaux" du reste du monde du point de vue de la puissance et du sentiment de sa maitrise, la souveraineté, la conjonction des deux faisant les volontés nationales. Cette différence s'exprime dans le conflit en cours en Occident et Russie. On évoquera trois points, exprimés d'ailleurs en Russie et totalement inconnu à l'ouest de l'Eurasie: les valeurs, l'idéal LGBT, le woke. 

    On commencera par fameuses "valeurs" présentées par les occidentaux et qui marquent tous leurs discours, non seulement internes mais externes, brandis en permanence sous la forme de credos internationaux et qui président aux motivations exprimées publiquement dans toutes les organisations financées par les USA, et progressivement phagocytées, qui par les pays du tiers monde, qui par la Chine, maintenant fortement impliquée dans celle-ci avec d'autres prétentions, en tout cas, décrites différemment...  Ces valeurs brandies à toute occasion sont non négociables. Or, le retrait de certaines choses importantes du caractère négociable de toute opposition ou séparation des points de vues est un facteur de conflit essentiel et une source majeure de méfiance. C'est ce qui rend le monde définitivement clivé, et le caractère moral des sanctions appliquées à la Russie par l'Occident le démontre définitivement. 

    La question de l'idéal LGBT est bien plus importante qu'on ne croit, il allie dans la moitié du monde un instinct social de rejet basé sur l'homophobie "naturelle" de toutes les sociétés traditionnelles avec l'idéologie manifeste, disons les "valeurs" des dirigeants de tous ces pays. Elle tient à l'officialisation de la fameuse égalité entre les deux sexualités. Sans parler de l'interdiction des pratiques homosexuelles, liée à la tolérance, essentiellement variables des différentes sociétés, prétendre que l'institution du mariage, perçu comme hétérosexuel par définition et symbole de la famille fertile, soit accessible à l'homosexualité est absolument inacceptable pour la moitié du monde. Lier cette conception à une valeur universelle obligatoire est un facteur majeur de division du monde et signe une incapacité complète à relativiser une pratique culturelle particulière pour en faire une "valeur" essentielle. 

    Le dernier point est la mode "woke" qui fait des ravages dans les universités américaines et qui commence à infecter les milieux académiques européens. Il se caractérise par une rupture essentielle avec une notion essentielle liée à la puissance souveraineté telle qu'on l'a décrit ici: l'acceptation inconditionnelle du passé national garant de l'éternité de la souveraineté, et gage de son apparition dans l'histoire. Vouloir au nom d'idéaux réformer le passé et changer l'histoire est le suicide national par excellence gage d'une tyrannie nouvelle et refus de la vraie puissance souveraineté qui ne tire sa légitimité que de son passé respecté. 

     

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