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  • Les histoires de Zemmour

    À l'occasion d'une brillantissime présentation de Zemmour, que je fais exprès de citer par un interview de Maréchal Lepen, la blonde éducatrice de l'avenir dans son science po po à elle (1), je crois qu'il faut décrire ce qu'est pour Zemmour l'histoire, il nous en raconte plein et je crois qu'en fait, il est ... historien. 

    Il s'agit en fait d'une présentation du "destin français" son livre de 2018 et à part un jugement lapidaire sur l'avenir (soit la démographie produira une submersion ou une partition, soit il y aura une guerre civile) il ne parle pas du tout de l'immigration. 

    Il  faut bien sur citer les thèses et elles sont de tous ordres, elles situent Zemmour à la fois dans son combat de propagandiste politique (à l'heure ou je vous parle, il n'est toujours pas candidat) et à la fois dans le rôle d'un historien à thèse, celles ci étant instrumentalisées bien sur mais effective et exprimées sur un plan qui appartient effectivement à ce qu'on appelle l'histoire. Car après tout, il y a des tendances trans-historiques, les polémiques historiques du passé continuent à vivre et en cela font partie de l'histoire car précisément, elles "servent" à l'histoire et finalement la font, ceux qui écoutent (ou produisent) ces histoires là  pouvant ou pas se jeter dans l'action... 

    Ne pas savoir l'histoire qu'on fait est ainsi partiellement la refaire aussi et c'est toute la question. On ne peut donc pas échapper à ce que dit Zemmour. 

    Il y eut des tentatives de contredire ou de ridiculiser ses propos, mais ils se situent en fait tout entier dans ses lectures: reprenant des thèses du passé, il n'est qu'un agitateur et n'invente sans doute rien, à part des saillies et des intuitions. Nous n'avons pas un historien "créatif" (quoique certains de ces choix le sont, clairement) mais un grand lecteur et une belle intelligence apte à la synthèse. Reprochant à Macron de finir avec son quinquennat par un "stage à l'Ena", il se fend juste avant la retraite d'un prodigieux oral de l'ENA qu'il avait raté en son temps, prolongé partout et il faut le dire avec talent. 

    On commencera par Maurras, et Zemmour se verrait bien en Maurras juif, franchement il n'en est pas loin et c'est bien l'enjeu d'une certaine contemplation de l'histoire, pénétrée de la forge d'une volonté pour l'objet de l'histoire, son histoire, et donc précisément ce qui en la seule source d'énergie: son histoire, sa nation. 

    En 1905, 40 ans avant sa condamnation à l'indignité nationale, Maurras écrit "de Kiel à Tanger" (2). Quand on ose dire que l'Europe, Allemagne et Italie sont nos créatures et que la France peut "manoeuvrer" dans un monde devenu multiple et remplis de nations à rebours des empires, et bien on inspire la politique étrangère de De Gaulle, devenu "maurassien", mais dans un sens précis... 

    Car lecteur de l'action française avant la guerre de 14, De Gaulle fut bien sur anti allemand au delà de tout et l'identification simpliste du vieillard maniéré décrit dans "les décombres" de Rebatet à l'intellectuel phare de l'avant 14 est une bêtise, qui plus est "historique". Rendons grâce à Zemmour de nous libérer, au nom de l'histoire, de l'histoire marxiste de ce XXème siècle remplie des propagandes au long cours de l'idéal français dévoyé. 

    Car notre rôle et notre responsabilité dans ce monde finissent par paraitre effarante... 

    Depuis la révolution, la grande, dont De Gaulle disait que "nous n'avons fait que décliner depuis" (elle est pas mal celle là...), et bien sur depuis bien avant, nous avons en effet produit un ensemble de projets, d'idées et de prodigieuses réussites proprement hallucinant... On ne parle pas des échecs et des stupidités qui les accompagnent... 

    Zemmour évoque sans arrêt LE projet. Il s'agit bien sur, depuis Clovis, de reconstituer l'Empire Romain, ce qui est l'idéal de l'Occident et parait il, la thèse est plaisante, celui des rois de France. Même si les carolingiens furent abattus, on choisit un robertien à la place, l'idée était là. Peu connue cette thèse fut reprise par Napoléon pour sur, mais ce fut bien la première foi depuis Charlemagne et la Nation française, impériale par nature est donc une "thèse de Zemmour". 

    Je suis par nature, jeune moderne, opposé à ce projet et désespéré du couronnement de Bonaparte, une erreur fondamentale selon moi... Mais la discussion existe et les histoires de Zemmour demandent à être creusées. Peut-on faire l'histoire (au sens "scientifique") de cette pulsion là ? On deviendrait alors les tenants d'une vision de l'histoire tout court qui pourrait bien faire fi des études actuelles d'une université entièrement vérolée qu'on pourrait subvertir , faute de l'investir à la Lugan, c'est à dire de tenter et de réussir le coup d'Etat du savoir qui consisterait à jeter par les hautes fenêtres de la Sorbonne la bande de tarés progressistes woke qui y officient, après bien sur, leur avoir coupé les oreilles... 

    En tout cas l'Europe des 6 de 1962, dont De Gaulle voulait être le "jockey" est bien l'Empire de Napoléon, on l'avait refait, mine de rien. Voir maintenant une Europe à 27 dirigée par une allemande incapable dans son pays écraser de son faux fédéralisme les songes creux d'un gamin taré est affligeant... 

    Un autre point sur De Gaulle: la France et la "République" mot isolé qu'on oublie d'accoler à "Française" pour en faire la fameuse idéologie universelle qui dispute à la Nation l'âme de la France, et cela depuis toujours, il faut oser le dire... Zemmour nous sert en effet l'opposition millénaire entre universalisme et nationalisme, la France étant le pays dont tout les traitres, de l'évêque Cauchon à Briand et Laval n'étaient animés que de l'esprit de la Paix ! 

    La catholicisme inspirait les collaborateurs avec l'Autriche opposés à Richelieu et justifiait leur pacifisme... Thiers et même Gambetta à table avec la Paeva espionne allemande, a soumis la France à l'Allemagne. Ces constantes et leur illustration et aussi leur projection dans les sentiments actuels (Macron n'est que l'ignoble rejeton de cette vérole millénaire, français jusqu'au bout des ongles, comme les cons et les veaux qui l'on élu) sont l'histoire de Zemmour, en fait celle de De Gaulle, la seule qui compte. 

    On en vient à 14 et à une rêverie (la vidéo data de 2018, lors du centenaire célébré comme il se doit dans la plus gluante et la plus infâme dégueulasserie pacifiste, on a même failli avoir du rap) issue de la vidéo de l'INA de la célébration de 1968 à Douaumont (3). On y trouve un éloge de Pétain et un éloge de l'Europe signé De Gaulle, comme "foyer capital de la civilisation". Mais cela seul De Gaulle peut se le permettre, et il conclut par la "vocation éternelle de la France". 

    Les trognes des survivants sont là, il faut les regarder. Péguy disait selon Zemmour: "Regardez ce peuple ! Vous ne le verrez plus". C'était 6 mois après la gignolerie. En 14, les français ont effectivement tout donné et en sont morts beaucoup trop nombreux pour leur natalité, effondrée au XIXème siècle. La phrase de Aron: "La France a failli mourir en 14, elle fut sauvée par 40" parle-t-elle du baby boom qui suivit sa plus horrible défaite ? 

     

    Bien sur Zemmour en profite pour nous expliquer que Pétain en avait conscience et que cela explique l'armistice. Même si cette "explication" (on se souvient de la polémique avec Valls au sujet de la "justification") est au cœur d'un malentendu avec Zemmour (quoiqu'avec lui il faille se méfier), la question reste entière. Justifier ou expliquer ? On ne justifie que ce qu'on accepte et on ne peut accepter que ce qu'on soutient. Pleurer comme Zemmour à la Bérézina alors que ce fut le lieu de polémiques terribles sur ces soldats abandonnés dans le froid qu'on déconsidéra alors qu'ils avaient sauvé l'armée autant que les pontonniers , et ne pas éclater en sanglots et vomir de rage à l'annonce infâme qu'il faut "cesser les combats" me surprend. Mon Napoléon à moi c'est De Gaulle, et je ne lui reproche rien. 

    Clémenceau fut cité par Macron de manière incomplète: le "soldat de Dieu" du vendéen fut oublié par le minable petit trou du cul. 2018 fut honteux. 

    Les thèses "familiales " de Zemmour sont bien intéressantes: la frénésie anti féministe de la Révolution, que les lamentables féminitoïdes ignorantes et stupides tentent de nous faire oublier fut construite sur les détestations des putains des rois, et la pauvre reine autrichienne fut finalement accusée d'inceste ! Ces femmes au pouvoir ou de pouvoir furent rejetées, c'est le moins qu'on puisse dire...

    Un autre point, toujours au sujet de la révolution: la suppression du droit d'ainesse fit elle les enfants uniques des familles inégalitaires révoltées peu fécondes du XIXème ? Le déclin démographique, amorcé par les funestes secrets du XVIIIème, ne fut visible qu'au XIXème, certes, mais n'est pas du à la Révolution, il me semble. Enfin c'est à discuter nous fûmes rattrapés (et écrasés) par l'Angleterre et l'Allemagne après la révolution cela est sur... 

    Que l'histoire des prénoms date de Montaigne qui critiquait les prénoms bibliques des protestants fanatiques qu'il détestait et qui a dit de la Saint Barthélémy qu'il "fallait la faire" est assez croquignolesque. Merci Zemmour ! 

    Pour en revenir à cette conception de l'histoire comme contexte du présent, et dont la connaissance éclaire les jugements et fortifie les choix, cette conception gaullienne en fait, toutes les pensées ou paroles du vieux  que nous avons en sont imprégnées, est la pensée profonde du stratège politique, obligatoirement, et cela depuis toujours. Comment pouvons nous accepter des dirigeants qui n'en soient pas imprégnés et obsédés ? 

    C'est pourtant ce que nous avons fait et mes enfants ont raison de me reprocher d'avoir voté Sarkozy, le minable aventurier hongrois et bourgeois dont on pensait qu'il romprait avec l'inaction de Chirac... Cet abruti de seconde zone, qu'un Hussein Obama avait raison de considérer comme un arriviste juif complexé et ridicule a vérolé l'espace public avec des corneculades indignes. Au fait, Patrick Stefanini a révélé que la décision de Besson d'abandonner les tests ADN dans les consulats signa l'arrêt de la politique migratoire courageuse de Sarozy. Carla Bruni était contre, au fait... 

    Nous voilà donc dans l'immigration. Une prédiction historique de Zemmour: les deux guerres mondiales ne forment qu'un seul épisode guerrier, ce qui nous attend ne sera que la poursuite de la guerre d'Algérie. 

    Car nous avons épuisé la grande réforme qui nous fit sortir de notre ruralité et qui nous couta un siècle de socialisme, il est temps de passer à autre chose. 

    (1) interview de Maréchal Lepen à son école https://www.youtube.com/watch?v=TNmzIIh_17k

    (2) Kiel et Tanger, le texte: https://maurras.net/textes/47.html

    (3) https://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00255/ceremonie-a-l-ossuaire-de-douaumont.html