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  • Les Rwandas

    Un article du monde, le 2 Avril 2021, signé de Patrick de Saint Exupéry commente la remise du rapport Duclert sur le Rwanda, Duclert étant décrit comme un "spécialiste des génocides". Il est en fait spécialiste de l'affaire Dreyfus, et n'a jamais travaillé en Afrique. Ça commence bien. L'article continue et évoque la guerre secrète menée par des militaires français depuis l'Elysée:  

    "Une guerre qui permit la réalisation d’un génocide, le plus fulgurant, le plus brutal jamais vu, «un génocide sous sa forme la plus pure», nota l’historien Raul Hilberg".

    La confusion des affaires, l'inanitié d'une citation du génocide juif qu'on applique immédiatement au Rwandais pour accentuer rhétoriquement la culpabilité française est décisive pour le lecteur attentif: un putain de tutsi de merde membre des services de propagande de Kigali tient la plume. Le reste de l'article est une litanie d'accusations contre le complot français qui a caché la vérité depuis vingt-cinq ans... On peut néanmoins nuancer: la plume fut témoin de l'affaire de Bisesero qu'on décrira plus bas.

    Dans le même journal, la révélation d'un général: le général Varret parle d'un risque de génocide qu'il a évoqué en Avril 1993 (un an avant l'affaire)  auprès de sa hiérarchie et qu'on n'a pas entendu, en fait il a été évincé de son poste à la coopération militaire avec l'Etat Rwandais, alors dirigé par Juvénal Habyarimana. Un colonel coopérant lui demanda des armes pour "liquider tous les tutsi", "ils ne sont pas si nombreux". Horreur. Un problème, au nom du "devoir de réserve" et sur injonction, il ne le rapporta pas à Paul Quiles en charge d'enquête en 1998... Il fut au courant, avant de se faire dégager d'actions secrètes (évidentes bien sur) contre le FPR en Ouganda. 

    Alors impliquée contre une guérilla formée de tutsi exilés et venue d'Ouganda, la France s'employait à stabiliser le Rwanda militairement. Tout vient de là: la présence d'une guerilla de conquête menée par une minorité ethnique au Rwanda objet de la part de la majorité d'une haine ethnique séculaire et entretenue. 

    Poussée par des intérêts économiques opposés à la France,  qui justifiait sa politique, par ailleurs attachée à stabiliser aussi le Zaire voisin en pleine explosion (un ambassadeur français tué en 1991, tout de même), certains voulaient les diamants et les anglo-saxons de l'est, silencieux toute la période, aidaient les tutsis. La démocratie exigeait que le hutus gouvernent à condition de traiter convenablement les 20% de tutsis, et aussi de faire la paix avec la guérilla révoltée depuis toujours. La diplomatie française travailla et aboutit juste avant le génocide en 1993, aux accords d'Arusha (Octobre 93) qui lui permirent d'évacuer tous ses militaires. Ouf ! 

    Comme le TPI (Tribunal Pénal International) l'asserta au bout de vingt-cinq ans de ses assises, il n'y a pas de preuves de la préméditation du génocide et les Français n'y furent pas mêlés, et d'ailleurs ils évacuèrent complètement le Rwanda juste avant l'assassinat du président.  

    Assassinat mené clairement (du moins il y a des indices importants en faveur de cette thèse) par le FPR, le parti de Paul Kagamé, chef de la rébellion tutsi et qui reste le principal bénéficiaire de l'histoire, génocide compris. Mené en réaction instinctive et sauvage par tout un peuple, perpétré essentiellement à l'arme blanche par les voisins des victimes, il ne fut pas prémédité, fut absolument inouï et impensable, et continue de surprendre le monde. Les français n'y furent absolument pour rien et furent les seuls à faire quelque chose avec l'intervention militaire qui fut faite à sa toute fin. Perpétré en Avril et Mai, le génocide était achevé quand les français revinrent fin Juin avec l'opération Turquoise, chargée de protéger les populations tout en restant "neutre". 

    Les massacres de Hutus en représailles furent inouïs aussi, mais inférieurs en volume au génocide. Ils se traduisirent par des masses en mouvements de plus de deux millions de personnes réfugiées dans des conditions abominables. Submergé, l'est du Zaire fut la proie à un désordre sans nom et Mobutu en perdit le pouvoir. 

    Les crimes de guerres les plus inhumains eurent donc lieu dans ces régions, et continuent encore... "L'horreur, l'horreur.." C'est le cri de Kurtz dans "au coeur des ténèbres" de Joseph Conrad, repris dans "Apocalypse now". 

    Depuis, le Rwanda pays clairement prédateur des ressources minières de l'est du Zaire échangées par les milices diverses dont des tutsis délurés qui ne gênent en rien, est une dictature autoritaire membre maintenant du Commonwealth, qui n'en finit plus de se "réconcilier" avec la majorité de sa population privée d'expression démocratique pour toujours. Elle fait assassiner à travers le monde tous les opposants à son pouvoir et fait même juger pour terrorisme (2021) un héros national, le directeur de l'hôtel des milles collines Paul Rusesabagina qui sauva des centaines de personnes et dont un film à succès (Hotel Rwanda) raconte l'histoire. 

    Avec l'argent des diamants, on a donc acheté le Monde et aussi Macron qui fit nommer à la tête de la francophonie une rwandaise dont le pays a adopté l'anglais comme langue nationale et pour finir, commandite à un taré tout aussi corrompu un torchon ignoble qui tout en reconnaissant, bien obligé, l'absence totale de preuves, accuse la France, son pays, de complicité de génocide. Une infamie totale. 

    La même semaine, on ferme les écoles et la Macronie enfermée dans sa folie continue de faire sombrer le pays dans le n'importe quoi. 

    Le Rwanda

    Dernier pays d'Afrique colonisé par les européens (1894), il fit d'abord l'objet d'un coup d'Etat fondateur qui mit au pouvoir le roi Musinga (le Mwami) dont les belges, gagnant le pays sur l'Allemagne, héritèrent après 18. Ce n'est qu'en 61 que le dernier roi (Tutsi bien sur) se fait remplacer par un président Hutu Grégoire Kayibanda, plutôt anti tutsi, et l'exode en Ouganda des royalistes et de l'élite Tutsie eut lieu. Il se fit renverser par Juvénal Habyarimana, au départ plutôt pacifique et partisan de la fameuse "réconciliation" mais combattu par des extrémistes, ceux qu'on accuse de l'avoir assassiné en fait. 

    Tout partit alors de la Baule en 1990, quand selon Lugan, Mitterand lança la désastreuse injonction démocratique qui consacra la domination démographique partout, et en particulier au Rwanda. Déchiré par les désaccords dans le camp Hutu, le Rwanda explosa, accentua un terrorisme anti tutsi qui forgea la résolution tutsie ougandaise. Celle-ci mit alors tout en œuvre pour diviser l'adversaire, qu'elle se charge maintenant de dominer, comme elle l'avait fait pendant des siècles. 

    On notera que c'est à propos du Rwanda que la polémique sur l'"invention" des ethnies par les colonialismes bat le plus son plein. Inventé par les pères blancs qui christianisèrent (mal) les populations au début du XXème siècle, le caractère "nègre blanc" (dixit Wikipedia) des tutsis fut accentué, voire fut créé de toutes pièces, alors que la langue est la même, la cohabitation millénaire, le métissage avéré et les génétiques quasiment similaires (quoique pas tout à fait, en fait)...

    Le fait est que le contentieux était patent lors de la fin de la royauté, et le ressentiment Hutu soumis d'après eux au double colonialisme (tutsi et belge) était constitué. Voilà. On peut dire aussi que l'étape finale de la colonisation/civilisation que fut l'intervention européenne au Rwanda fut l'exigence de démocratisation, qui força le pouvoir Hutu à donner des gages à la rébellion tutsi. Dès lors, la "démocratie" fit exploser ce pouvoir morcelé entre modérés et extrémistes les derniers se livraient à des assassinats caractérisés dés avant le génocide, et cela avec une frénésie particulière. Frénésie qu'on retrouvait au Burundi voisin et sur les mêmes thèmes. 

    La "saison des machettes" de Jean Hazfeld est fatigant à lire et atterrant. Les milices villageoises étaient néanmoins encadrées, et sévèrement, avec des injonctions à tuer caractérisées et des sanctions pour les "lâches", mais pas par des généraux ni par des fonctionnaires, plutôt des milices diverses dont les fameux Interahamwe. Les journées de "travail" étaient parait-il partie prenante d'une coutume de travail collectif héritée du passé. Le phénomène reste mystérieux... On pourrait le situer dans une modernisation du type nazi chez des peuples avec des réflexes disciplinaires hérités des  profondeurs. Jamais la sauvagerie héroïque n'alla si loin chez les "paisibles" africains dont la barbarie sanglante est bien à la hauteur de celle des européens... Voilà. 

    Les questions touchant à la France sont liées aux actions un peu brouillonnes de la France, d'abord formatrice de l'armée Rwandaise du début des années 90, alors en prise à la guérilla Tutsie, puis inspiratrice (moyennant finances) de la "réconciliation" (qui en fait mis le feu aux poudres), puis qui abandonna le chaudron à son sort fin 1993. 3 Mois après BOUM...

    Et puis il y eut "Turquoise" avec l'affaire de Bisesero. L'un des derniers massacres du génocide eut lieu dans la région particulière de Bisesero. Le 27 Juin un groupe de survivants fut identifié et laissé sur place par un détachement français de quelques hommes qui promirent de revenir. Les secours n'arrivèrent que 3 jours après, donnant le temps au massacre de continuer... Le fameux Patrick de Saint Exupéry journaliste du Figaro fut témoin de la scène de l'abandon mais ne chargea pas personnellement les officiers français. La question du délai, à la charge des autorités françaises, complices ou incapables fait toute l'affaire. 

    L'autre affaire est celle de l'exfiltration de génocidaires par le fameux Jacques Hogard l'un des chefs de la légion à Turquoise. Là un autre acteur ; Guillaume Ancel, ancien militaire au Rwanda, accuse l'armée française d'avoir livré des armes aux génocidaires en fuite, ceci sur la foi d'un ordre donné mais sans traces et d'un témoignage de sa part sur des camions qui passaient. Cela est nié par Hogard (les armes auraient été du matériel humanitaire livré en Juillet) et c'est toute l'affaire. Dans les faits, l'obligation de neutralité et la situation des forces ne permettait pas  aux français d'agir sur la migration en cours (le flot de réfugiés Hutus qui fuyaient). Les génocidaires qui passaient purent s'enfuir au Zaire. 

    Le fond de l'affaire est que l'expression "zones d'ombre dans l'action de la France au Rwanda" est transformé par la propagande de Kigali en "participation de la France au génocide", et célébré explicitement comme tel dans toute la région, et bien sur utilisé par le pouvoir Rwandais pour maintenir sa dictature, comme indiqué. 

    Participer à la "recherche de la vérité"  au sens progressiste du mot est donc tout simplement une attitude typique de la modernité française, qu'assume la présidence actuelle, pour notre déshonneur et notre honte. De quoi vexer l'armée. Mais cela peut s'expliquer. La même semaine, Paul Kagame salue le rapport Declert et un cabinet d'avocats américains, mandaté par le gouvernement rwandais conclut à la responsabilité de la France dans un "génocide prévisible".

    Autrefois chasse de la France que l'on voulut garder au centre de l'Afrique, la région des grands lacs, par l'intermédiaire d'un petit pays sous-developpé de 12 millions d'habitants, fait chanter le gouvernement de l'ex puissance coloniale, qui chante. D'une voix aigue.

     

    P.S. Le rapport de Michel Rocard (3), premier ministre en 90/91, et bien sur écarté par Mitterand de tout rôle au Rwanda (...) illustre très bien ce qu'il fut, comme homme d'état, comme homme tout court. Il écrit en tant que président d'une commission du Développement du parlement européen qui visite le Rwanda en 97. 

    On notera le ton, qui est d'abord celui d'un premier ministre dont l'un de ses amis (le ministre de la coopération, Jacques Pelletier) qui ne peut "trahir la confiance" du président ne peut pas non plus rendre compte de ses actions... Rocard n'a donc jamais entendu parler du Rwanda, sachant que le soutien français jusqu'en 94, a préparé le génocide (cela ne peut être autrement, il le dit après)... Déni de responsabilité, et accusation ignoble envers son pays et le président qu'il a servi présenté sous l'angle de l'abscence de responsabilité due à l'ignorance, pas mal. Moi cela me soulève le coeur. 

    On notera la reprise verbatim du discours du pouvoir tutsi lors de la visite, en particulier de thèse de l'ethnicisation artificielle coloniale, oubliant que la royauté était tutsie, et fut abattue par une population majoritaire. Nulle mention de la guerre au Zaire, de l'éviction de Mobutu, ni bien sur de la dictature Rwandaise, elle normale... 

    Plus généralement, le ton illustre parfaitement ce qu'est un homme politique "socialiste" de cette époque, lâche et combinard, incapable d'un discours volontaire au nom de son pays, et exclusivement conduit à confronter des opinions: voilà la conception du "politique" de ces gens. Le coup de pied de l'âne au nom d'une prétention à l'honnêteté qu'on couche par écrit pour se dédouaner et qui ressort après la bataille. Dégueulasse et infâmant.

     

     

     

    (1) Chrétien contre : https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2009-1-page-121.htm

    (2) le rapport Duclert (pour) : https://www.causeur.fr/genocide-rwanda-le-rapport-duclert-195445

    (3) Le rapport exumé de Rocard sur ses souvenirs: https://www.liberation.fr/international/afrique/rwanda-la-declaration-censuree-de-michel-rocard-sur-le-role-de-la-france-20210526_TJB53RG5EBA2LHFMVEWYVNW6JY/