Les extrêmes droites
Le Grand Continent, revue européiste et de la rue d'Ulm, mène une enquête sur l'extrême droite globale et interroge sur le concept, d'un point de vue "de gauche" à même d'illustrer ce que l'empire du mal appelle la "7èmedroate", la chose immonde qui justifie son (je parle de l'empire du mal) existence et le maintien suicidaire de son (toujours le même empire) détestable pouvoir.
Le contenu de l'enquête peut être résumé ici (1) et on peut fournir les notes prises à l'occasion, et donc fournir des définitions. On se contentera d'aller directement à l'essentiel: la volonté tyrannique dont le passage par les urnes n'est qu'un pis aller, un "préalable" à la réalisation du projet essentiel.
On notera donc ici l'essentialisation de deux pôles, démocratie libérale contre son adversaire, la "droite" intégrée à l'alternance acceptée se voulant toujours qualitativement distincte de ED, et donc libérale, tandis que l'ED qui se voit comme la "vraie droite" n'est que quantitativement distincte de ce avec quoi elle veut faire l'"union des droites", vieux marronnier des loosers éternels, réduits à se suicider régulièrement sur la tombe de leur maitresse après leur échec politique.
Toute la question est bien sûr dans cette conceptualisation préalable, qui est très exactement le point de vue antifa, juste recouvert d'une épaisse couche de merde érudite entièrement émise par des salopards sectaires qui seront toujours nos ennemis mortels en plus d'être ceux de la Nation elle-même et que l'histoire, en les condamnant régulièrement à l'échec, n'en finit pas de démontrer la nocivité, nocivité qui s'étend, il faut le dire, au succès parfois excessif des réactions à ce qu'ils sont. On citera donc le nazisme lui-même, dont on se permettra de résumer l'échec final comme celui de la social-démocratie allemande.
On voudrait donc décrire le monde autrement, en reprenant d'abord un athéisme radical qui ferait qu'on devrait cesser de "démoniser" le monde en attribuant au réel les caractéristiques des mots, et aux mots les caractéristiques du réel, les attributions identifiant par ailleurs dans l'histoire celles, les mêmes, qui furent faites à toutes les époques.
La Révolution
Les grandes références à la Révolution, dont a vu les conséquences qu'elles eurent ne serait-ce que dans son camp (celles de 1830, 1848 et 1870, par exemple) plus ne l'oublions pas celles d'Allemagne et surtout de Russie, ne sont pas anodines, et la question de son évitement se pose historiquement en plus de celle de son refus comme référence positive, qui peut faire partie de toute opinion raisonnable.
La Révolution française fut une erreur, une ignominie et un chaos, et cela aurait très bien que l'on s'en passât. Cette opinion raisonnable peut structurer bien des idéaux acceptables et l'on se doit de le dire, bien qu'étant inacceptable aux opinions communes et ne préjugeant rien quant à la tyrannie qu'on souhaiterait instaurer en lieu et place.
À partir de là, qu'un complexe projet politique ait pu naitre à l'époque moderne comme alternative à la Révolution, faisant de celle-ci, de fait non pas simplement un repoussoir, mais un évènement fondateur, n'est pas "forcément" c'est là que l'essentialisation fait son effet, une volonté tyrannique, pas plus d'ailleurs, que réciproquement, la tyrannie effective que fut le projet révolutionnaire ne couvre forcément l'évolution politique qui lui succéda !
On en vient alors à la définition de la "droite" surtout que celle-ci, traumatisée par des échecs historiques dus à plus fort qu'elle et en particulier à son isolement idéologique lié aux accusations qu'on lui faisait de faire le jeu de ce dont elle s'était désolidarisée à tout prix, s'est finalement jointe à un bloc central conspué de toute part, au point de fondre comme neige au soleil, après tout de même quinze ans de règne sans partage... Peut-on parler politique au bout du compte, face à l'échec retentissant, moral, national, éducatif, militaire, énergétique, économique, fiscal, sécuritaire et démographique d'un pays à l'arrêt, démoralisé, et en passe de sombrer à nouveau dans ses terribles travers moraux et sociaux ?
Car le drame, en fin de compte, est bien l'échec apparent de la démocratie libérale en Europe, et le constat mérite d'être fait ! Échec multiple, comme on l'a dit plus haut, et aussi échec de la méthode, du fameux État de droit, voire de la philosophie politique, bref des lumières elles-mêmes: l'Europe moderniste est confronté à sa fin, et à sa sortie de l'histoire. Se plaindre de l'extrême droite dans ces circonstances semble incongru, hors sol, voire décliniste: les pires intuitions se sont vérifiées et nous voilà quasiment dans l'abime du fait de son contraire qu'elle a bien raison de déplorer, faute d'avoir rien pu faire par ailleurs, la pauvre...
Et l'on peut alors reprendre toute l'analyse, et dérouler le constat, et prenant les exemples, expliquer les motivations anciennes, aujourd'hui justifiées.
Les deux fondements
Les deux premiers fondements de E.D. seraient donc le rejet de l'égalité et de la liberté dans le cadre du rejet historique de l'évènement révolutionnaire qui aurait brisé un ordre harmonieux. Égalité des droits fondamentaux des femmes et des esclaves, déjà pratiquement acquis de par les progrès des moeurs qui avaient fait accepter les choses? Les femmes furent les grandes ignorées de la Révolution, et les esclaves furent libérés par l'Angleterre en 1815. Quant à l'égalité, elle ne fut certes pas celle des proscrits de la tyrannique Révolution, ni celle des ouvriers de la société libérale promue par la Révolution bourgeoise, et dont les droits ne furent conquis que bien plus tard, et pas plus tôt qu'ailleurs en Europe.
Parlons de la liberté, avec donc la tyrannie brutale révolutionnaire puis napoléonienne: un symbole face à la fausse oppression nobiliaire qui n'était, dans le cadre d'une civilisation européenne déjà première au monde, qu'autoritarisme résiduel de lui-même en train de se libérer, précisément, du pire. De la propagande, et on aurait pu s'éviter la catastrophe chaotique et violente, ou du moins la révérer moins pour elle-même, objectivement.
Que l'opposé global fantasmé dans un extrême suscité par l'évènement et ses excès qui introduisirent le thème, il faut le souligner, et avec une ampleur que ne méritait pas la tranquille décadence qui conduisit à la catastrophe veuille restaurer une autorité fondée sur des hiérarchies moins cruelles, absurdes ou bourgeoises, voilà qui n'est point absurde, et sans doute pas à la hauteur des tyrannies que la Révolution permit ! Bref c'est celui qui dit qui y est: la menace était-elle réelle ? Elle ne s'accomplit jamais, contrairement à l'autre dont on a bien senti la violence et la cruauté.
La seule vraie exception, le nazisme, peut-il être considéré d'"extrême droite" ? Certes, la théorie politique peut bien le qualifier ainsi, en oubliant qu'inclure un tel excès dans une telle catégorisation revient à en rendre absurde la notion même, l'identification entre idée et instance rendant ici philosophiquement impossible, au sens européen, la conceptualisation devenue ainsi anhistorique et impensable !
En réalité, toute la sinistre, confuse et étroite pensée "politique" menée par l'Européen décadent blotti dans son cénacle bourgeois pour théoriser gentiment avant d'aller assister aux déshonorantes séances de l'Assemblée nationale de son époque, quand ce n'est pas aux déshonorantes séances du Conseil constitutionnel qui valide ou invalide les horreurs ou les pis aller de la précédente, toute cette "pensée" n'est qu'absurde impuissance inculte de l'acte de réfléchir et d'évaluer, et doit être abandonnée et moquée. Mort aux cons !
Les trois moyens
On en vient aux trois moyens de l'E.D:
La destruction de la démocratie libérale, on vient de le dire, devient nécessaire, et la discussion sur le budget de la Nation française en ce mois d'octobre 2025 la rend indispensable: un cénacle de crétins abrutis de sous culture, trafiquants de drogue, drogués eux-mêmes ou alcooliques (voulant d'ailleurs s'interdire, par sagesse, l'accès à la buvette de l'assemblée), décident de 40 milliards d'impôts supplémentaires pour le pays à la spoliation fiscale la plus élevée du monde, mis à l'arrêt du fait des errements fiscaux d'une gouvernance paralysée d'absolument tout y compris de ce qui résoudrait la situation, sa démission immédiate !
Personnages imbéciles, velléitaires, vicieux, ils sont la preuve par leur existence et leur action de la nocivité et de l'absurdité de ce qu'on appelle la démocratie, hideuse discussion dans le noir entre abrutis.
Et puis il y a l'explication par le complot, ou cause extérieure. Faute de s'en prendre à la volonté vicieuse du Diable qui gèrerait personnellement ces monstruosités, tellement étendues qu'on ne puisse imaginer qu'elles soient d'origine humaine, on doit bien qualifier quelques forces historiques en marche, prenons en trois: l'Union européenne installée par une Amérique dominatrice, ce que l'histoire, connue, confirme largement; une volonté maintenant explicite et longtemps sous-entendue car refusée hautement par certains (les gaullistes, pour ne pas le dire) de fédéralisation de l'Europe et donc de l'abaissement définitif des pouvoirs nationaux; une volonté partagée par les milieux économiques d'installer en Europe des migrants africains aux prétentions salariales moindres et palliant une tendance à la réduction quantitative et à l'embourgeoisement des jeunes natifs. Invraisemblable et complotiste, ou expression de la plus stricte réalité historique ?
Les trois choses sont bien d'indicibles et inavouables réalités, balayées depuis toujours avec hauteur et dont tout le monde accepte pourtant l'évidence. Le voilà le complotisme inhérent au fascisme moderne !
Et puis le pire: le refus du progressisme.
Longtemps identifié aux progrès concernant l'humanité elle-même, du moins la partie d'entre elle engagée dans l'aventure communiste soviétique qui dura tout de même soixante-douze ans, le renouveau social et identitaire du prolétariat humain qui devait régner heureux sur le monde après avoir exterminé la bourgeoisie, partie non désirable de la nouvelle humanité, le terme muta, car le progrès humain toujours sociétal s'exprima par autre chose d'un peu différent. Toujours adepte de changement fondamental dans la nature humaine, on déclara à nouveau la supériorité humaine de certains, qu'ils soient racisés, ou sexuellement autres, en tout cas à la fois minoritaires et principaux, de quoi soumettre le reste des gens au respect envers une nouvelle aristocratie. Le progrès étant la progressive admission de ces nouvelles règles, à rebours du bon sens, il n'y a de révolution qu'en mettant les évidences cul par dessus tête.
La contre révolution
La réaction contre ces absurdités, qui plus est largement acceptées sans recul ni discussion, à part des imprécations contre une résistance fantasmée (qui n'eut pratiquement pas lieu, l'opinion se rengeant à toutes les inventions par lassitude et déintérêt) ne peut se manifester que par un élitisme bien senti (mon sentiment de supériorité quasi raciale envers les abrutis qui dévoilent leurs "opinions" ou "idéaux" de ces sortes n'ayant jamais failli, au point d'en faire un sentiment partagé avec mes amis, membres de la même organisation secrète des désespérés).
Il y a la violence. Première et évidente dans les années trente, la violence fasciste qui eut son heure de gloire dans les années 70 fut complètement éteinte assez rapidement. D'abord par bien plus violente et nombreuse qu'elle, ensuite, par une action déterminée et autoritaire des pouvoirs organisés par, il faut le dire et l'admettre, les parents des gauchistes en fait maitres de la rue. Nous en sommes toujours là et l'extrême droite aujourd'hui n'a pour milices, nervis, ninjas et sicaires que de braves colleurs d'affiches, souvent des retraités terrorisés que des hordes de racisés et d'antifas tabassent impunément au nom de l'antifascisme.
L'intransigeance, la troisième réaction, est par contre réelle. Le passage au vote "national" est définitif et le mépris haineux pour l'adversaire qui vous insulte devient structurant. Pas de retour en arrière tant l'offense est profonde, et on ne mesure pas la chose, au point de donner raison à la prévention contre nous: comment nous vengerons nous quand nous pourrons le faire ? Ce thème, celui de la vengeance, mériterait d'être creusé et analysé.
La vengeance est en cours, par exemple en Amérique avec les actions de Trump, on en est à la destruction systématique du fonctionnariat fédéral en profitant d'un désaccord parlementaire, le blocage têtu et égoïste de l'action fédérale de la fédération américaine durant depuis un mois avec des dommages humains déjà perceptibles.
Les sources
(1) Le Grand Continent et la nouvelle histoire de l'Extrême Droite https://legrandcontinent.eu/fr/2025/11/02/comment-ecrire-lhistoire-de-lextreme-droite-une-conversation-avec-baptiste-roger-lacan/