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  • Les théories de l'esprit

    A l'occasion d'un vagabondage, (1) illustre rapidement ce qui prend des dizaines d'heures de vidéo à grasp.

    On remarquera le degré de branchitude: "grasp" plutôt que le stupide francocisisme "grasp-er" en conformance avec le jeunisme qui consiste à ne plus franciser les infinitifs de manière à s'abstraire de cette terrible faute de français qui en imposant de faire sans cesse la différence entre participe passé et infinitif humilie et abaisse le semi-francophone qu'il soit remplaçant ou remplacé, bref. 

    La "cognition" est donc modélisée comme un "flow", un processus perpétuel d'adaptation à un état de fait et non plus comme une expression d'un savoir, qu'il soit expérimental ou propositionnel. Tout est dit et nous avons la main sur le futur de l'éducation et du contrôle social. Exprimé dans l'opinion, la relation à la vérité et à juste représentation qu'on sait discutable, la cognition représentation, destinée à élaborer via le beau la phrase séduisante qui entourloupe le crétin, il faut l'éthique du vrai pour s'y soustraire, et aussi atteindre le sublime du vrai, l'absolument beau qui signe le bien du vrai.

    Le flow est adaptation pure, précise adéquation du geste et du but, l'ajustement permanent au contexte étant le rôle du système cognitif programmé pour cela. 

    On y associera les concepts de "relevance" ce qui est approprié à l'exécution de la "tache" (ouh ouh) et de "realisation" ce qui objectifie le but cherché. Il y a aussi le concept de "recursive" plus obscur, qui semble installer le processus de feedback absolument partout, entre les sous systèmes humains (perception, emotions etc) et avec l'extérieur bien sûr.

    Bref, un gourou, une théorie et la boucle de rétroaction qui vous lie au gourou via ses perceptions transmises quant à votre compréhension de ce qu'il dit, ce qui fait que non seulement il vous note, mais aussi que vous lui donnez de l'argent sachant (pardonnez-moi, je me lâche) qu'en plus il baise votre femme. Ici le gourou a des boucles d'oreilles et des tatouages mystérieux sur les bras. 

    On notera ainsi la disparition progressive en Occident du concept de vérité, la chose ayant été prouvée absolument cette année par la conjonction brutale de 3 évènements l'ayant fait disparaitre peut être pour toujours: le woke, le covid, la guerre en Ukraine donne l'occasion à l'ensemble du sociétal occidental soumis aux médias et à la démocratie de dysfonctionner complètement, donnant lieu à un unanimisme complet en faveur du médiocre, de l'absurde et du faux, guidé par l'hypocrisie cynique et peut être la franche folie. Satan règne sur le monde, et lui fait faire et dire n'importe quoi.

     Ce concept occidental de vérité est, il faut le dire, d'origine chrétienne, l'originalité fidéiste chrétienne qu'est la résurrection matérialisant complètement une chose qui pour ne pas être absurde et invraisemblable doit être absolument vraie. La chose fondant le consensus religieux ayant réussie, la vérité aussi, celle-ci étant représentée par une foi commune en un espoir fabuleux mais fondateur, dont la représentation magnifique marque tout de même magnifiquement deux mille ans d'une histoire assez glorieuse. 

    Cette époque se termine. Dernier morceau du monde occidental (si l'on excepte la Russie, mais là on a un autre problème) à avoir résisté à l'athéisme de masse, les USA viennent d'y succomber et c'est Todd qui le dit. L'abolition des vieux réflexes se généralise, et donc, nécessairement, ce qui nous rattachait à la "vérité" aussi. 

    Le dysfonctionnement global de l'Occident est patent. Il avait jusqu'ici réussi, grâce à la vérité immanente d'une foi transcendante à juguler les problèmes que posent la liberté grâce à la sainteté naturelle que lui offrait une civilisation encadrée par un souvenir encore vivant. Cela lui avait permis de vaincre les démons nazis et communistes. Il est maintenant lui-même démoniaque et va s'effondrer dans un grand incendie, cela devient son destin. 

    Comment caractériser cette perte de contact avec l'évidence ou plutôt avec ce qui jusque-là l'était ? 

    On a d'une part une exacerbation du sentiment de regret vécu face à l'abaissement d'un bien perçu, et aussi manifestation barbare de la volonté d'imposer le bien. Deux sentiments enseignés dans la morale chrétienne et qui étaient l'atténuation de l'impérium civilisationnel lié au religieux. Car le fidéisme est absolu et ne s'accommode pas de ce qu'il méprise: le religieux. Or c'est bien le religieux qui s'est effacé; et il ne reste alors que la volonté de revenir aux origines, une forme de djihadisme chrétien, qui bien sur fait fi de la sagesse originelle compréhensive que le religieux avait pour rôle de transmettre. 

    Détaillons. 

    Un bien souhaitable peut ne pas se produire, et il faut le regretter tout en le comprenant et en l'acceptant : mort d'un proche, ruine d'un commerce, bien des injustices de la vie doivent être assumées et le religieux ou ce qu'il en reste facilite cette acceptation/compréhension: fatalisme, capacité de se projeter sur ce qui reste et qui doit être protégé, refus du désespoir complet: bien des réactions positives peuvent être mobilisées pour surmonter le terrible et le navrant. Du moins pas quand d'autres sentiments du type "plus jamais ça" sont montés en épingle. Or toutes les souffrances d'aujourd'hui sont refusées par principe et exigent donc leurs exemplarités: tout est vécu comme crucifixion et exige à tort, ce qui est un contre sens, une loi pour la rendre désormais impossible, un "quoi qu'il en coute" pour mobiliser le monde entier à son service, une guerre ruineuse pour que l'éloigné ne souffre plus, bref contre ce qui nous soudainement devenus insupportable. Cette folie sociétale, qui remplit les tribunaux de "travaux de deuil", les cabinets psychiatriques d'enfants de divorcés, les lois d'alinéas débiles, les journaux de fait divers incroyables, anime notre monde en permanence, le remplissant d'ordures navrantes et désespérantes. 

    Le bien hypostasié comme le contraire de ce que notre siècle de progrès ne peut pas supporter, l'expression "au XXIème siècle , cela n'est plus possible" fait flores, doit s'imposer par la force. Sentiment barbare, celui qu'exprima Clovis lors de son catéchisme tardif, quand il se convainquit qu'avec un peloton de ses guerriers, il aurait facilement défait les gardes du mont des oliviers et sauvé Jésus, il consiste à subordonner le mal de la violence colérique au bien de la délivrance du bien, celui-ci par définition excusant tout. On sacrifie l'économie d'un pays développé aux valeurs qui consistent à garder vivant de grabataires quelques mois de plus quoi qu'il en coute, on fait la guerre à son fournisseur d'énergie pour sauver un pays corrompu qu'on croit agressé, on justifie un mois d'émeutes au nom d'un défoncé mort d'une résistance insensée à la police. Cette exagération démoniaque et imbécile de la folie violente au nom d'un idéal du bien tellement anormalement valorisé qu'il excuse, justifie et permet le mal absolu est propre au démoniaque, là encore. 

     

     

     

    (1) un méta pointeur :  https://www.psychologytoday.com/us/blog/theory-knowledge/202101/john-vervaeke-s-brilliant-4p3r-metatheory-cognition